Le gite du terrorisme dans le jurd d’Ersal et les montagnes de Qalamoun: ainsi vivent les meurtriers
Par Radwan Mortada
Voici l’histoire des criminels impliqués dans les attentats de Bir el-Abed, de Hermel, de Wadi-Rafek et dans le lancement des roquettes.
Un groupe de trafiquants, mercenaires, a rejoint la vague de «la révolution syrienne». Ce n’étaient que des bandits, qui ont porté plus tard de longues barbes, en vogue à l’heure actuelle.
Ce groupe opère sous le commandement d’un jeune homme enturbanné. Il fut baptisé «la brigade des martyrs de Bab Amro».
Nul ne peut envier Ersal dans son état actuel. Son surnom de «capitale de terrorisme» et les terroristes, hante ses habitants.
On rapporte que des centaines, voire des milliers de miliciens fourmillent dans ses rues et son jurd. Ils confisquent la décision des habitants. Parfois, ils les agressent. Ils extorquent l’argent aux gens et opèrent des rapts en vue d’obtenir des rançons. Escroquerie, pillage et fraude. Leur slogan permanent: l’injustice à l’égard de la communauté sunnite. Sous ce slogan, ils s’arment pour combattre «le président syrien Bachar Assad et le Hezbollah».
Ces miliciens, à majorité de Libanais et de Syriens, se déploient dans les zones frontalières entre le Liban et la Syrie. Ils contrôlent les passages illégaux. Là, ils installent leur «mini-état». Ils se déplacent à bord de 4x4, dont la majorité est volée. Des véhicules aux vitres teintées, portant le drapeau de l’Armée syrienne libre, «brigade des martyrs de Bab Amro».
De cette manière, ils se distinguent des autres brigades armées, actives dans la région.
Ils adoptent une méthode ostentatoire, hollywoodienne : des uniformes militaires, deux pistolets fixés à la cheville, des mitrailleuses américaines couteuses du type «M4» aux dos.
Le corps de certains, entouré d’une lanière de balles. Les yeux dissimulés derrière des lunettes de soleil, dans une tentative d’imiter le super-héros Rambo, mais selon une version salafiste.
L’engagement religieux de ce groupe, le plus équipé parmi ses homologues, est uniquement illustré par l’aspect physique.
Tout le monde à Ersal a entendu parler de cheikh Raed el-Jouri (25ans). Ce jeune homme ne fut qu’un simple trafiquant avant le début de la crise syrienne. Depuis lors, il est devenu « cheikh Raed ». Le bandit s’est transformé en «révolutionnaire». Comme plusieurs autres. Raed a combattu à Bab Amro avant sa chute aux mains de l’armée syrienne. Il s’est dirigé vers Qosseir, à la tête d’un groupe armé, mais sans y demeurer longtemps. Les habitants l’ont expulsé. Il perpétrait le meurtre et les exécutions aléatoires avec un sang-froid. Il est passé au village syrien «Kara», limitrophe des montagnes Qalamoun. Là, il a annoncé la mise en place de «la brigade des martyrs de Bab-Amro».
A l’heure actuelle, il est installé dans la zone frontalière entre le Liban et la Syrie. Il contrôle les passages frontaliers. Rien et nul ne passent sans son consentement.
En dépit de sa mauvaise réputation, el-Joury a consolidé ses relations avec les groupes extrémistes installés dans les montagnes de Qalamoun; il entretient de bonnes relations avec l’émir du front Al-Nosra dans la région, le Saoudien Abou el-Houda Jazraoui et son adjoint koweitien surnommé «el-Karrar». Il leur offre les fonds et les armes pour les satisfaire et jouir de leur couverture religieuse.
La majorité de ses partisans sont des Libanais originaires d’Ersal. Des trafiquants métamorphosés en «insurgés», commerçants d’armes richissimes. Ceux-là sont impliqués dans des dizaines d’opérations de meurtre, de rapt et de cambriolage, sous l’alibi du «jihad en Syrie».
Parmi ces opérations, la prise en otage des journalistes étrangers. La dernière de ce genre fut celle du rapt du photographe Jonathan Alpeyrie, de l’agence Polaris, le 29 avril dernier. Il fut libéré depuis trois semaines, contre une rançon estimée à 450 mille de dollars.
Selon les informations, ces milices mandatés par le frère d’un député libanais, communiquent avec le groupuscule qui a enlevé en avril dernier à Homs, le journaliste italien Domenico Quirico, afin d’obtenir 500 mille de dollars comme rançon, qui serait distribuée plus tard entre eux.
El-Joury et son groupe assurent de même le transport des explosifs. A rappeler dans ce contexte, qu’une forte explosion a eu lieu depuis deux mois dans le jurd d’Ersal. On avait rapporté que ce fut l’explosion d’un camion de mazout. Mais le quotidien Al-Akhbar a affirmé que le camion chargé d’explosifs a sauté par erreur, faisant plus de dix morts parmi le groupe d’el-Joury.
On rapporte qu’el-Joury avait publiquement reconnu le meurtre des quatre jeunes hommes de la famille Jaafar, Amhaz et Oglu, à wadi-Rafek dans le jurd d’Ersal en juin dernier, sous le prétexte qu’ils formaient «une brigade de surveillance relevant du Hezbollah».
Il convient de noter que la majorité des noms suspectés dans l’attentat de Bir-el-Abed, le lancement des roquettes et le meurtre des militaires dans la Bekaa, ainsi que ceux évoqués dans le communiqué du ministre de la Défense, opèrent sous le commandement d’el-Joury.
Selon les informations du quotidien Al-Akhbar, ces hommes sont des meurtriers mercenaires. Ils ne sont guère motivés par l’engagement religieux ou les «fatwas». Leur unique motif réside dans leurs propres intérêts et dans les sommes qu’ils peuvent recevoir.
Quant à Ahmad Hmeid, accusé de participer au meurtre des militaires et à la préparation des charges explosives, il s’est avéré qu’il est le cousin de Khaled Hmeid, tué par les renseignements de l’armée à Ersal, en début de février dernier.
Selon les informations, «Ahmad Hmeid ne ressemble guère à son cousin Khaled. Le premier est connu par sa mauvaise ligne de conduite. Il est alcoolique et consomme le hachich (Cannabis)». La source rapporte ces propos pour nier tout motif religieux derrière la conduite d’Ahmad Hmeid. Ce dernier agit plutôt selon les directives de ses instigateurs.
Concernant les lieux des groupes précités, la même source affirme qu’ils sont installés entre le village syrien «Kara» et les montagnes de Qalamoun. «Ces combattants se préparent à la bataille prévue avec l’armée syrienne et le Hezbollah. Ils s’emploient à tendre les embuscades et les charges explosives dans le Qalamoun et à Yabroud».
Toujours selon les informations, ces combattants munis de roquettes modernes, préparaient une opération militaire pour récupérer le village frontalier de Joussieh, après avoir échoué à deux reprises à le reprendre.
Rappelons dans ce contexte que les montagnes de Qalamoun, entourées par plusieurs fiefs rebelles, sont une extension des jurds d’Ersal. Ces derniers constituent un passage obligatoire pour toute avancée vers les montagnes de Qalamoun.
Article paru le lundi 19 août dans le quotidien libanais al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Voici l’histoire des criminels impliqués dans les attentats de Bir el-Abed, de Hermel, de Wadi-Rafek et dans le lancement des roquettes.
Un groupe de trafiquants, mercenaires, a rejoint la vague de «la révolution syrienne». Ce n’étaient que des bandits, qui ont porté plus tard de longues barbes, en vogue à l’heure actuelle.
Ce groupe opère sous le commandement d’un jeune homme enturbanné. Il fut baptisé «la brigade des martyrs de Bab Amro».
Nul ne peut envier Ersal dans son état actuel. Son surnom de «capitale de terrorisme» et les terroristes, hante ses habitants.
On rapporte que des centaines, voire des milliers de miliciens fourmillent dans ses rues et son jurd. Ils confisquent la décision des habitants. Parfois, ils les agressent. Ils extorquent l’argent aux gens et opèrent des rapts en vue d’obtenir des rançons. Escroquerie, pillage et fraude. Leur slogan permanent: l’injustice à l’égard de la communauté sunnite. Sous ce slogan, ils s’arment pour combattre «le président syrien Bachar Assad et le Hezbollah».
Ces miliciens, à majorité de Libanais et de Syriens, se déploient dans les zones frontalières entre le Liban et la Syrie. Ils contrôlent les passages illégaux. Là, ils installent leur «mini-état». Ils se déplacent à bord de 4x4, dont la majorité est volée. Des véhicules aux vitres teintées, portant le drapeau de l’Armée syrienne libre, «brigade des martyrs de Bab Amro».
De cette manière, ils se distinguent des autres brigades armées, actives dans la région.
Ils adoptent une méthode ostentatoire, hollywoodienne : des uniformes militaires, deux pistolets fixés à la cheville, des mitrailleuses américaines couteuses du type «M4» aux dos.
Le corps de certains, entouré d’une lanière de balles. Les yeux dissimulés derrière des lunettes de soleil, dans une tentative d’imiter le super-héros Rambo, mais selon une version salafiste.
L’engagement religieux de ce groupe, le plus équipé parmi ses homologues, est uniquement illustré par l’aspect physique.
Tout le monde à Ersal a entendu parler de cheikh Raed el-Jouri (25ans). Ce jeune homme ne fut qu’un simple trafiquant avant le début de la crise syrienne. Depuis lors, il est devenu « cheikh Raed ». Le bandit s’est transformé en «révolutionnaire». Comme plusieurs autres. Raed a combattu à Bab Amro avant sa chute aux mains de l’armée syrienne. Il s’est dirigé vers Qosseir, à la tête d’un groupe armé, mais sans y demeurer longtemps. Les habitants l’ont expulsé. Il perpétrait le meurtre et les exécutions aléatoires avec un sang-froid. Il est passé au village syrien «Kara», limitrophe des montagnes Qalamoun. Là, il a annoncé la mise en place de «la brigade des martyrs de Bab-Amro».
A l’heure actuelle, il est installé dans la zone frontalière entre le Liban et la Syrie. Il contrôle les passages frontaliers. Rien et nul ne passent sans son consentement.
En dépit de sa mauvaise réputation, el-Joury a consolidé ses relations avec les groupes extrémistes installés dans les montagnes de Qalamoun; il entretient de bonnes relations avec l’émir du front Al-Nosra dans la région, le Saoudien Abou el-Houda Jazraoui et son adjoint koweitien surnommé «el-Karrar». Il leur offre les fonds et les armes pour les satisfaire et jouir de leur couverture religieuse.
La majorité de ses partisans sont des Libanais originaires d’Ersal. Des trafiquants métamorphosés en «insurgés», commerçants d’armes richissimes. Ceux-là sont impliqués dans des dizaines d’opérations de meurtre, de rapt et de cambriolage, sous l’alibi du «jihad en Syrie».
Parmi ces opérations, la prise en otage des journalistes étrangers. La dernière de ce genre fut celle du rapt du photographe Jonathan Alpeyrie, de l’agence Polaris, le 29 avril dernier. Il fut libéré depuis trois semaines, contre une rançon estimée à 450 mille de dollars.
Selon les informations, ces milices mandatés par le frère d’un député libanais, communiquent avec le groupuscule qui a enlevé en avril dernier à Homs, le journaliste italien Domenico Quirico, afin d’obtenir 500 mille de dollars comme rançon, qui serait distribuée plus tard entre eux.
El-Joury et son groupe assurent de même le transport des explosifs. A rappeler dans ce contexte, qu’une forte explosion a eu lieu depuis deux mois dans le jurd d’Ersal. On avait rapporté que ce fut l’explosion d’un camion de mazout. Mais le quotidien Al-Akhbar a affirmé que le camion chargé d’explosifs a sauté par erreur, faisant plus de dix morts parmi le groupe d’el-Joury.
On rapporte qu’el-Joury avait publiquement reconnu le meurtre des quatre jeunes hommes de la famille Jaafar, Amhaz et Oglu, à wadi-Rafek dans le jurd d’Ersal en juin dernier, sous le prétexte qu’ils formaient «une brigade de surveillance relevant du Hezbollah».
Il convient de noter que la majorité des noms suspectés dans l’attentat de Bir-el-Abed, le lancement des roquettes et le meurtre des militaires dans la Bekaa, ainsi que ceux évoqués dans le communiqué du ministre de la Défense, opèrent sous le commandement d’el-Joury.
Selon les informations du quotidien Al-Akhbar, ces hommes sont des meurtriers mercenaires. Ils ne sont guère motivés par l’engagement religieux ou les «fatwas». Leur unique motif réside dans leurs propres intérêts et dans les sommes qu’ils peuvent recevoir.
Quant à Ahmad Hmeid, accusé de participer au meurtre des militaires et à la préparation des charges explosives, il s’est avéré qu’il est le cousin de Khaled Hmeid, tué par les renseignements de l’armée à Ersal, en début de février dernier.
Selon les informations, «Ahmad Hmeid ne ressemble guère à son cousin Khaled. Le premier est connu par sa mauvaise ligne de conduite. Il est alcoolique et consomme le hachich (Cannabis)». La source rapporte ces propos pour nier tout motif religieux derrière la conduite d’Ahmad Hmeid. Ce dernier agit plutôt selon les directives de ses instigateurs.
Concernant les lieux des groupes précités, la même source affirme qu’ils sont installés entre le village syrien «Kara» et les montagnes de Qalamoun. «Ces combattants se préparent à la bataille prévue avec l’armée syrienne et le Hezbollah. Ils s’emploient à tendre les embuscades et les charges explosives dans le Qalamoun et à Yabroud».
Toujours selon les informations, ces combattants munis de roquettes modernes, préparaient une opération militaire pour récupérer le village frontalier de Joussieh, après avoir échoué à deux reprises à le reprendre.
Rappelons dans ce contexte que les montagnes de Qalamoun, entourées par plusieurs fiefs rebelles, sont une extension des jurds d’Ersal. Ces derniers constituent un passage obligatoire pour toute avancée vers les montagnes de Qalamoun.
Article paru le lundi 19 août dans le quotidien libanais al-Akhbar, traduit par l'équipe du site