Le Liban au bord de l’abîme: Dissuasion ou effondrement
Par Ibrahim al-Amine
Pas de suicidaire dans l'attentat de Roueiss et les meurtriers sont connus : les détails des plans ourdis par les groupes takfiris contre la résistance et son milieu
Depuis la déclaration du Hezbollah sur son enrôlement dans la bataille aux côtés de l'armée syrienne contre les groupes takfiris, les organes du parti ont abordé toutes les éventuelles réactions politiques, confessionnelles, médiatiques, sécuritaires et militaires.
On avait prévu des tirs de roquettes par les groupes de l'opposition syrienne à partir des zones frontalières vers les régions de Baalbek et de Hermel, ainsi que la nécessité de prendre des mesures rapides pour entraver cette possibilité.
La Résistance, tout comme les services de sécurité officiels ont de même prévu la possibilité, selon laquelle des groupes extrémistes, syriens ou autres, perpétreraient des attentats sécuritaires dans la profondeur du territoire libanais, non seulement dans la Békaa.
Les services de Renseignements de l'armée libanaise ont établi des rapports, en coopération avec des services de sécurité étrangers, sur les activités de groupes extrémistes pro-Al-Qaida au Liban.
Mais le problème fut dans la campagne menée contre l'armée par les partisans du 14 Mars, sous le commandement du courant du Futur. Ces forces ont démenti la présence de tels groupes au Liban.
En dépit de ce fait, l'armée a poursuivi ses mesures préventives, mais sans réussir à atteindre les lieux où ces groupes végètent dans le village Ersal ou dans son jurd.
Avec le temps, ces groupes ont décidé d'ourdir un plan d'action, profitant d'une série de facteurs, dont notamment, le chaos de sécurité, l'absence de la coordination entre les forces de l'ordre, et la couverture politique et médiatique qui arrive même à justifier leurs actions en attribuant au Hezbollah la responsabilité de tout attentat perpétré dans les régions de ce parti. S'ajoutent à ces faits, les campagnes menées contre toute tentative de l'armée d'entrer à Ersal ou dans certains camps palestiniens, ainsi que l'escalade verbale sans précédent contre l'armée, à la suite des évènements de Abra.
Le début fut par le pilonnage de la Banlieue sud par des roquettes Katioucha. Cette opération s'est répétée, mais à partir de Kesserouan, après les mesures de sécurité prises à Aramoun, Bchamoun et sur les collines surplombant l'aéroport et la Banlieue. Mais le laxime des services de sécurité a permis plus tard au même groupe de revenir à la charge dans ces régions. Ses membres ont effectué des opérations de surveillance et d'autres de nature logistique entre la Bekaa, Beyrouth, Saida et les camps palestiniens, où de nouveaux attentats terroristes furent préparés.
A la suite de l'explosion de Bir el-Abed, le 9 juillet dernier, la direction des Renseignements de l'armée a entrepris d'intensifier sa lutte contre ces groupes. Les renseignements ont été échangés avec les responsables de la résistance. Mais la branche des renseignements des FSI a conservé son état d'apathie, malgré sa communication avec les Renseignements de l'armée d'une part et avec le Hezbollah d'une autre.
Durant trois semaines, la collecte des données fut possible grâce à des erreurs commises par les malfaiteurs et à des investigations menées par des professionnels.
Les résultats préliminaires de l'enquête ont permis l'identification d'un certain nombre de suspects qui ont été arrêtés. D'autres ont pris la fuite, sachant que l'enquête confirme leur présence dans le village d'Ersal ou dans son entourage. Ces faits ne sont pas démentis par les officiers de la branche des renseignements des Forces de Sécurité intérieure (FSI).
A la suite de l'attentat de Roueiss, le commandement de l'armée a estimé que des mesures opérationnelles et publiques étaient désormais nécessaires, pour placer toutes les parties devant leurs responsabilités. Fut alors prise la difficile décision selon laquelle le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a publié un communiqué, divulguant les informations détaillées à la disposition de la direction des renseignements, surtout que l'armée souffre toujours de la campagne de dénigrement qu'elle subissait de la part du 14 Mars, notamment du courant du Futur, qui ont l'intention d'empêcher toute perquisition dans les villages Majdal Anjar et Ersal.
Selon des sources proches de l'enquête, cette dernière est parvenue aux données suivantes :
-Le groupuscule ayant lancé les roquettes sur la Banlieue sud renferme des Palestiniens, dont notamment Ahmad Taha, caché à l'heure actuelle dans le village Ersal. Cet homme est dirigé par un des responsables d'une organisation palestinienne islamique connue. Les roquettes ont été achetées d'un camp palestinien à Beyrouth.
-Le groupuscule qui a préparé et exécuté les attentats à l'explosif sur la route Chtaure-Masnaa et Chtaura-Zahlé, était basé à Majdal Anjar. Ce groupuscule surveillait les routes menant à la Syrie et à Baalbek. Il a établi une liste comprenant des véhicules qu'il croyait destinés à transporter des combattants du Hezbollah en Syrie. Cette liste est désormais aux mains de la direction des renseignements de l'armée. Cette dernière a tenté à plusieurs reprises d'arrêter certains membres de ce groupe, mais elle fut confrontée à des renforts dans le village Majdal Anjar.
-Le groupuscule chargé de préparer les voitures piégées pour les faire exploser dans la Banlieue sud, ainsi que les charges explosives sur la route de Hermel, est installé à Ersal. La direction des renseignements de l'armée a collecté des informations détaillées sur les membres de ce groupe. Le ministre de la Défense a évoqué certains de ces noms dans son communiqué, sachant que H. Houjeiri, est le plus célèbre, puisqu'il avait lui-même exécuté l'attentat de Bir el-Abed, le 9 juillet dernier.
-La décision relative aux attentats de la Banlieue fut prise depuis un mois et demi. Un groupe comprenant entre autres H. Houjeiri, fut chargé de se diriger vers Beyrouth le 8 juillet dernier à bord d'une voiture et de transporter une grande quantité d'explosifs et de détonateurs. On demanda à ces hommes de s'emparer d'une voiture dans une région proche de la Banlieue et puis de la piéger. Cette mission fut accomplie dans l'après-midi du 8 juillet, près de la plage de Khaldé. Deux hommes armés ont contraint les deux passagers d'une voiture Kia (Une jeune fille chiite en compagnie d'un jeune homme sunnite), à sortir du véhicule dans lequel ils ont transporté les valises bourrées d'explosifs, avant de démarrer en direction d'une zone limitrophe de la Banlieue sud. La propriétaire de la voiture a déposé une plainte dans une gendarmerie et décrit les voleurs et leur voiture. H. Houjeiri a conduit la voiture piégée (Kia) vers la Banlieue sud via la route de l'aéroport. Il l'a garée dans le garage de Bir el-Abed, pour la faire exploser plus tard à distance.
-Des membres du même groupuscule ont volé une voiture du type BMW, qui fut piégée par une grande quantité d'explosifs. Un des membres du groupe a conduit la voiture jeudi dernier vers le quartier Roueiss, où il l'a garée près d'un salon de coiffure, pour la faire exploser après 15 mn, comme a montré l'enquête toujours en cours.
-Les données préliminaires de l'enquête indiquent que le même groupe est derrière les deux attentats de la Banlieue sud, en dépit des tentatives d'induire en erreur les enquêteurs.
Toujours selon les investigations, la gestion du dossier des attentats est du ressort de personnes originaires de Ersal, lesquels n'appartenaient pas à des organisations islamistes. Ces personnes sont financées et dirigées par trois autres : un Syrien, un Palestinien et un Saoudien. Ces trois derniers sont à leur tour commandés, par l'intermédiaire d'une tierce partie, par un service de renseignements d'un grand pays du Golfe.
Article paru le samedi 17 août dans le quotidien libanais al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Pas de suicidaire dans l'attentat de Roueiss et les meurtriers sont connus : les détails des plans ourdis par les groupes takfiris contre la résistance et son milieu
Depuis la déclaration du Hezbollah sur son enrôlement dans la bataille aux côtés de l'armée syrienne contre les groupes takfiris, les organes du parti ont abordé toutes les éventuelles réactions politiques, confessionnelles, médiatiques, sécuritaires et militaires.
On avait prévu des tirs de roquettes par les groupes de l'opposition syrienne à partir des zones frontalières vers les régions de Baalbek et de Hermel, ainsi que la nécessité de prendre des mesures rapides pour entraver cette possibilité.
La Résistance, tout comme les services de sécurité officiels ont de même prévu la possibilité, selon laquelle des groupes extrémistes, syriens ou autres, perpétreraient des attentats sécuritaires dans la profondeur du territoire libanais, non seulement dans la Békaa.
Les services de Renseignements de l'armée libanaise ont établi des rapports, en coopération avec des services de sécurité étrangers, sur les activités de groupes extrémistes pro-Al-Qaida au Liban.
Mais le problème fut dans la campagne menée contre l'armée par les partisans du 14 Mars, sous le commandement du courant du Futur. Ces forces ont démenti la présence de tels groupes au Liban.
En dépit de ce fait, l'armée a poursuivi ses mesures préventives, mais sans réussir à atteindre les lieux où ces groupes végètent dans le village Ersal ou dans son jurd.
Avec le temps, ces groupes ont décidé d'ourdir un plan d'action, profitant d'une série de facteurs, dont notamment, le chaos de sécurité, l'absence de la coordination entre les forces de l'ordre, et la couverture politique et médiatique qui arrive même à justifier leurs actions en attribuant au Hezbollah la responsabilité de tout attentat perpétré dans les régions de ce parti. S'ajoutent à ces faits, les campagnes menées contre toute tentative de l'armée d'entrer à Ersal ou dans certains camps palestiniens, ainsi que l'escalade verbale sans précédent contre l'armée, à la suite des évènements de Abra.
Le début fut par le pilonnage de la Banlieue sud par des roquettes Katioucha. Cette opération s'est répétée, mais à partir de Kesserouan, après les mesures de sécurité prises à Aramoun, Bchamoun et sur les collines surplombant l'aéroport et la Banlieue. Mais le laxime des services de sécurité a permis plus tard au même groupe de revenir à la charge dans ces régions. Ses membres ont effectué des opérations de surveillance et d'autres de nature logistique entre la Bekaa, Beyrouth, Saida et les camps palestiniens, où de nouveaux attentats terroristes furent préparés.
A la suite de l'explosion de Bir el-Abed, le 9 juillet dernier, la direction des Renseignements de l'armée a entrepris d'intensifier sa lutte contre ces groupes. Les renseignements ont été échangés avec les responsables de la résistance. Mais la branche des renseignements des FSI a conservé son état d'apathie, malgré sa communication avec les Renseignements de l'armée d'une part et avec le Hezbollah d'une autre.
Durant trois semaines, la collecte des données fut possible grâce à des erreurs commises par les malfaiteurs et à des investigations menées par des professionnels.
Les résultats préliminaires de l'enquête ont permis l'identification d'un certain nombre de suspects qui ont été arrêtés. D'autres ont pris la fuite, sachant que l'enquête confirme leur présence dans le village d'Ersal ou dans son entourage. Ces faits ne sont pas démentis par les officiers de la branche des renseignements des Forces de Sécurité intérieure (FSI).
A la suite de l'attentat de Roueiss, le commandement de l'armée a estimé que des mesures opérationnelles et publiques étaient désormais nécessaires, pour placer toutes les parties devant leurs responsabilités. Fut alors prise la difficile décision selon laquelle le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a publié un communiqué, divulguant les informations détaillées à la disposition de la direction des renseignements, surtout que l'armée souffre toujours de la campagne de dénigrement qu'elle subissait de la part du 14 Mars, notamment du courant du Futur, qui ont l'intention d'empêcher toute perquisition dans les villages Majdal Anjar et Ersal.
Selon des sources proches de l'enquête, cette dernière est parvenue aux données suivantes :
-Le groupuscule ayant lancé les roquettes sur la Banlieue sud renferme des Palestiniens, dont notamment Ahmad Taha, caché à l'heure actuelle dans le village Ersal. Cet homme est dirigé par un des responsables d'une organisation palestinienne islamique connue. Les roquettes ont été achetées d'un camp palestinien à Beyrouth.
-Le groupuscule qui a préparé et exécuté les attentats à l'explosif sur la route Chtaure-Masnaa et Chtaura-Zahlé, était basé à Majdal Anjar. Ce groupuscule surveillait les routes menant à la Syrie et à Baalbek. Il a établi une liste comprenant des véhicules qu'il croyait destinés à transporter des combattants du Hezbollah en Syrie. Cette liste est désormais aux mains de la direction des renseignements de l'armée. Cette dernière a tenté à plusieurs reprises d'arrêter certains membres de ce groupe, mais elle fut confrontée à des renforts dans le village Majdal Anjar.
-Le groupuscule chargé de préparer les voitures piégées pour les faire exploser dans la Banlieue sud, ainsi que les charges explosives sur la route de Hermel, est installé à Ersal. La direction des renseignements de l'armée a collecté des informations détaillées sur les membres de ce groupe. Le ministre de la Défense a évoqué certains de ces noms dans son communiqué, sachant que H. Houjeiri, est le plus célèbre, puisqu'il avait lui-même exécuté l'attentat de Bir el-Abed, le 9 juillet dernier.
-La décision relative aux attentats de la Banlieue fut prise depuis un mois et demi. Un groupe comprenant entre autres H. Houjeiri, fut chargé de se diriger vers Beyrouth le 8 juillet dernier à bord d'une voiture et de transporter une grande quantité d'explosifs et de détonateurs. On demanda à ces hommes de s'emparer d'une voiture dans une région proche de la Banlieue et puis de la piéger. Cette mission fut accomplie dans l'après-midi du 8 juillet, près de la plage de Khaldé. Deux hommes armés ont contraint les deux passagers d'une voiture Kia (Une jeune fille chiite en compagnie d'un jeune homme sunnite), à sortir du véhicule dans lequel ils ont transporté les valises bourrées d'explosifs, avant de démarrer en direction d'une zone limitrophe de la Banlieue sud. La propriétaire de la voiture a déposé une plainte dans une gendarmerie et décrit les voleurs et leur voiture. H. Houjeiri a conduit la voiture piégée (Kia) vers la Banlieue sud via la route de l'aéroport. Il l'a garée dans le garage de Bir el-Abed, pour la faire exploser plus tard à distance.
-Des membres du même groupuscule ont volé une voiture du type BMW, qui fut piégée par une grande quantité d'explosifs. Un des membres du groupe a conduit la voiture jeudi dernier vers le quartier Roueiss, où il l'a garée près d'un salon de coiffure, pour la faire exploser après 15 mn, comme a montré l'enquête toujours en cours.
-Les données préliminaires de l'enquête indiquent que le même groupe est derrière les deux attentats de la Banlieue sud, en dépit des tentatives d'induire en erreur les enquêteurs.
Toujours selon les investigations, la gestion du dossier des attentats est du ressort de personnes originaires de Ersal, lesquels n'appartenaient pas à des organisations islamistes. Ces personnes sont financées et dirigées par trois autres : un Syrien, un Palestinien et un Saoudien. Ces trois derniers sont à leur tour commandés, par l'intermédiaire d'une tierce partie, par un service de renseignements d'un grand pays du Golfe.
Article paru le samedi 17 août dans le quotidien libanais al-Akhbar, traduit par l'équipe du site