L’opération de Labbouné: une tactique à visée stratégique
Par Nasser Charara
L'incursion des forces israéliennes dans la localité libanaise Labbouné a suscité des interrogations sur les objectifs encore cachés de cette opération. Mais vu les données relatives à la nature de cette opération et au nombre de ses auteurs, ses visées stratégiques sont confirmées.
Selon les rapports de parties concernées, la force israélienne qui a participé à l'opération comprend une brigade complète, ou environ cent soldats, précédés par «la force d'attaque» regroupant 20 soldats. La brigade ennemie est directement commandée par le Premier ministre israélien et l'état-major. Elle est baptisée (l'unité 269), chargée d'exécuter les opérations spéciales, dont pour exemple, le meurtre du leader palestinien Khalil el-Wazir (Abou Jihad).
Toujours selon les informations, cette brigade effectue des opérations spéciales en Syrie, concernant notamment la traque des armes chimiques syriennes et le transport des arsenaux.
La brigade précitée renferme plusieurs groupes : «Une force d'attente», «une force d'appui», «une force de mitrailleurs» et une «force de reconnaissance». D'ailleurs, à la suite de l'explosion des deux charges explosives, signifiante fut la rapidité d'action de la force d'attente, laquelle a assuré l'évacuation des soldats au-delà de la Ligne bleue.
Plusieurs questions se posent sur les détails de l'opération. Un accrochage a-t-il eu lieu entre la résistance et les soldats israéliens?
En effet, des informations ont fait état d'un certain nombre de coups de feu tirés par une des deux parties, sachant qu'aucune d'elles n'a confirmé cette information.
En général, les combattants de la résistance provoquent un accrochage s'ils avaient l'intention de capturer des soldats israéliens. Mais les détails de l'embuscade de Labbouné ne prouvent pas cette éventualité, même si les Israéliens étaient convaincus que la résistance était en mesure de le faire durant une prochaine confrontation de ce genre.
Les caractéristiques de la zone
On estime que la topographie de la zone de l'embuscade à Labbouné, ne convient pas aux tactiques de la résistance. Sa nature géographique n'est pas idéale pour ouvrir un accrochage avec l'armée israélienne. La nature de cette zone est plutôt convenable aux tactiques de l'armée israélienne dans son conflit avec le Hezbollah. Sur ce, l'importance de la réalisation militaire de la résistance dans ce lieu, est limitée à sa capacité à priver l'ennemi de la possibilité d'exploiter la nature de la région, en menaçant son action. C'est ce qui a eu lieu durant l'embuscade tendue à Labbouné.
D'ailleurs, l'importance de cette région pour l'ennemi est apparue durant les négociations autour du tracé de la Ligne bleue en 2000. Les Israéliens avaient alors longtemps insisté pour la maintenir sous leur contrôle, vu son importance stratégique. En effet, cette région surplombe Tyr et le camp palestinien de Bass. Elle supervise de même la zone d'action de la Finul.
La discrétion marque encore l'objectif de l'incursion israélienne dans Labbouné. Visait-elle à surveiller le terrain ou à assener une certaine frappe contre une cible déterminée. Cependant, cette discrétion ne masque pas une importante vérité choquante pour «Israël» : tous les secrets de l'opération étaient connus d'avance par la résistance. L'embuscade suffit en soi pour confirmer que la résistance était au courant de l'opération depuis l'instant de la planification. La résistance en connaissait absolument le véritable objectif.
Ce dernier demeurera un secret, qu'il lui reviendra de révéler ou pas dans le contexte de la guerre sécuritaire sourde en cours entre les deux parties.
L'embuscade et les développements régionaux
Les analystes soulèvent plusieurs remarques autour des retombées de l'embuscade sur les développements en cours dans la région, notamment en Syrie :
Du point de vue militaire, le passage des unités spéciales israéliennes au-delà de la ligne bleue, fait partie du conflit ouvert entre Israël et la résistance. Chacune des deux parties collecte les renseignements et surveille les préparatifs de l'autre. Dans ce contexte s'inscrivent les opérations d'implantation d'engins d'espionnage israéliens dans certaines régions du Liban sud. La résistance ne parvient pas toujours à découvrir l'opération durant son déroulement. En outre, on peut supposer que la résistance exécute ses propres opérations, sans qu'elles ne soient découvertes par l'armée israélienne.
En second lieu, le déploiement par l'ennemi d'une brigade complète dans l'opération, réduit la possibilité selon laquelle cette dernière viserait à surveiller la région. L'intention de la brigade serait donc de cibler un objectif précis. Quel était cet objectif?
La réponse à cette question revient à la résistance, qui préfère observer le silence à l'heure actuelle. Mais certains estiment qu'«Israël» voulait tester la prédisposition de la résistance à agir dans un moment de spéculations autour de son occupation par une autre guerre en Syrie. Cette guerre censée affecter sa vigilance sur l'autre front.
Ces remarques sur les éventuels objectifs de l'opération de Labbouné confirment sa définition comme étant «un mouvement de tactique à visées stratégiques majeures».
Cette approche explique la nature de la riposte de la résistance; cette dernière a prouvé que sa vigilance n'a guère été affectée par les évènements syriens et que sa performance est toujours imprévue par l'ennemi.
De surcroit, la riposte de la résistance constitue un message à ceux qui veulent modifier l'agenda du dialogue national autour de la stratégie de défense nationale, sous prétexte du changement de la conjoncture locale et régionale. Selon ce message : «rien n'a changé».
Article paru dans le 12 août dans le quotidien libanais al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
L'incursion des forces israéliennes dans la localité libanaise Labbouné a suscité des interrogations sur les objectifs encore cachés de cette opération. Mais vu les données relatives à la nature de cette opération et au nombre de ses auteurs, ses visées stratégiques sont confirmées.
Selon les rapports de parties concernées, la force israélienne qui a participé à l'opération comprend une brigade complète, ou environ cent soldats, précédés par «la force d'attaque» regroupant 20 soldats. La brigade ennemie est directement commandée par le Premier ministre israélien et l'état-major. Elle est baptisée (l'unité 269), chargée d'exécuter les opérations spéciales, dont pour exemple, le meurtre du leader palestinien Khalil el-Wazir (Abou Jihad).
Toujours selon les informations, cette brigade effectue des opérations spéciales en Syrie, concernant notamment la traque des armes chimiques syriennes et le transport des arsenaux.
La brigade précitée renferme plusieurs groupes : «Une force d'attente», «une force d'appui», «une force de mitrailleurs» et une «force de reconnaissance». D'ailleurs, à la suite de l'explosion des deux charges explosives, signifiante fut la rapidité d'action de la force d'attente, laquelle a assuré l'évacuation des soldats au-delà de la Ligne bleue.
Plusieurs questions se posent sur les détails de l'opération. Un accrochage a-t-il eu lieu entre la résistance et les soldats israéliens?
En effet, des informations ont fait état d'un certain nombre de coups de feu tirés par une des deux parties, sachant qu'aucune d'elles n'a confirmé cette information.
En général, les combattants de la résistance provoquent un accrochage s'ils avaient l'intention de capturer des soldats israéliens. Mais les détails de l'embuscade de Labbouné ne prouvent pas cette éventualité, même si les Israéliens étaient convaincus que la résistance était en mesure de le faire durant une prochaine confrontation de ce genre.
Les caractéristiques de la zone
On estime que la topographie de la zone de l'embuscade à Labbouné, ne convient pas aux tactiques de la résistance. Sa nature géographique n'est pas idéale pour ouvrir un accrochage avec l'armée israélienne. La nature de cette zone est plutôt convenable aux tactiques de l'armée israélienne dans son conflit avec le Hezbollah. Sur ce, l'importance de la réalisation militaire de la résistance dans ce lieu, est limitée à sa capacité à priver l'ennemi de la possibilité d'exploiter la nature de la région, en menaçant son action. C'est ce qui a eu lieu durant l'embuscade tendue à Labbouné.
D'ailleurs, l'importance de cette région pour l'ennemi est apparue durant les négociations autour du tracé de la Ligne bleue en 2000. Les Israéliens avaient alors longtemps insisté pour la maintenir sous leur contrôle, vu son importance stratégique. En effet, cette région surplombe Tyr et le camp palestinien de Bass. Elle supervise de même la zone d'action de la Finul.
La discrétion marque encore l'objectif de l'incursion israélienne dans Labbouné. Visait-elle à surveiller le terrain ou à assener une certaine frappe contre une cible déterminée. Cependant, cette discrétion ne masque pas une importante vérité choquante pour «Israël» : tous les secrets de l'opération étaient connus d'avance par la résistance. L'embuscade suffit en soi pour confirmer que la résistance était au courant de l'opération depuis l'instant de la planification. La résistance en connaissait absolument le véritable objectif.
Ce dernier demeurera un secret, qu'il lui reviendra de révéler ou pas dans le contexte de la guerre sécuritaire sourde en cours entre les deux parties.
L'embuscade et les développements régionaux
Les analystes soulèvent plusieurs remarques autour des retombées de l'embuscade sur les développements en cours dans la région, notamment en Syrie :
Du point de vue militaire, le passage des unités spéciales israéliennes au-delà de la ligne bleue, fait partie du conflit ouvert entre Israël et la résistance. Chacune des deux parties collecte les renseignements et surveille les préparatifs de l'autre. Dans ce contexte s'inscrivent les opérations d'implantation d'engins d'espionnage israéliens dans certaines régions du Liban sud. La résistance ne parvient pas toujours à découvrir l'opération durant son déroulement. En outre, on peut supposer que la résistance exécute ses propres opérations, sans qu'elles ne soient découvertes par l'armée israélienne.
En second lieu, le déploiement par l'ennemi d'une brigade complète dans l'opération, réduit la possibilité selon laquelle cette dernière viserait à surveiller la région. L'intention de la brigade serait donc de cibler un objectif précis. Quel était cet objectif?
La réponse à cette question revient à la résistance, qui préfère observer le silence à l'heure actuelle. Mais certains estiment qu'«Israël» voulait tester la prédisposition de la résistance à agir dans un moment de spéculations autour de son occupation par une autre guerre en Syrie. Cette guerre censée affecter sa vigilance sur l'autre front.
Ces remarques sur les éventuels objectifs de l'opération de Labbouné confirment sa définition comme étant «un mouvement de tactique à visées stratégiques majeures».
Cette approche explique la nature de la riposte de la résistance; cette dernière a prouvé que sa vigilance n'a guère été affectée par les évènements syriens et que sa performance est toujours imprévue par l'ennemi.
De surcroit, la riposte de la résistance constitue un message à ceux qui veulent modifier l'agenda du dialogue national autour de la stratégie de défense nationale, sous prétexte du changement de la conjoncture locale et régionale. Selon ce message : «rien n'a changé».
Article paru dans le 12 août dans le quotidien libanais al-Akhbar, traduit par l'équipe du site