Pour la sauvegarde de la Résistance…non du mouvement Hamas
On accuse le mouvement Hamas d'être impliqué dans les évènements de l'Égypte pour défendre les Frères Musulmans. On l'accuse de combattre en Syrie et de baisser le plafond de la confrontation avec «Israël». Ces accusations pourraient être justes ou fausses. Mais selon la logique de ses adversaires, ce mouvement doit demeurer dans son milieu naturel, la bande de Gaza... Hamas paye le prix fort de la politique des Frères Musulmans dans la région.
Comment les faits ont-ils dégénéré à ce stade?
Le mouvement a vécu dans le délire de l'accès des Frères Musulmans au pouvoir, dans certains pays du «Printemps arabe». Le président du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, fut reçu comme un chef d'État, en Egypte, au Qatar, en Tunisie et en Turquie. Les remerciements adressés à l'Iran et à la Syrie ont cessé, au profit des louanges du Qatar, d'Ankara et de l'Égypte de Mohammad Morsi, en dépit du fait que ces pays n'avaient jamais livré une roquette, aux résistants de Gaza. Ils avaient, par contre, maintenu leurs relations avec «Israël», même lorsque l'ennemi tuait les enfants et les femmes des combattants palestiniens.
L'exaltation aboutit souvent à des erreurs dans l'interprétation des faits. Certaines erreurs pourraient être fatales. Le mouvement Hamas n'était pas contraint, par exemple, de baisser le ton à l'égard de l'ennemi, d'évoquer les frontières de 1967 et de convenir la cessation des opérations militaires avec le président Mahmoud Abbas, comme a rapporté ce dernier ou selon des déclarations faites par Khaled Mechaal.
Le journaliste égyptien Mohammad Hassanein Haykal a écrit que «le Hamas s'était engagé lors de la médiation de Mohammad Morsi entre le mouvement et l'entité sioniste, à cesser le lancement des roquettes sur Israël. Ce fait aurait permis à Khaled Mechaal de visiter Gaza et de s'y déplacer en sécurité».
En outre, Hamas n'était pas obligé de couper les ponts avec la Syrie, l'Iran et le Hezbollah, avant de tenter de retraverser certains de ces ponts pour ne pas perdre le soutien financier et militaire...
Mais une question se pose dans ce contexte. Le problème du tandem Iran-Syrie-Hezbollah avec le Hamas a-t-il débuté avec l'émergence du «Printemps arabe» ou avait-il des origines plus profondes, datant notamment depuis le revirement pro-Frères Musulmans, opéré par le mouvement?
Certains évoquent à ce propos la fin de la première offensive israélienne contre Gaza, fin 2008, début 2009. Téhéran ne fut pas alors satisfait de l'absence de tout remerciement dans les déclarations de Khaled Mechaal au terme de la Guerre. Mechaal avait remercié plusieurs parties, à l'exception de l'Iran. Pourtant l'Iran fournissait les armes et les fonds au mouvement. Les responsables du Hamas, proches de Mechaal, expliquèrent qu'une telle attention à l'égard de l'Iran, pourrait affecter les relations avec certains pays, dont ceux du Golfe et l'Egypte.
La même attitude fut adoptée par Mechaal, à la suite de la deuxième guerre de Gaza. Il exprima ses remerciements à tous, excluant délibérément l'Iran et la Syrie. On lui conseilla, à la deuxième reprise, de rectifier ses déclarations. Il évita de le faire. Le chef du Jihad Islamique, Abdallah Challah et certains responsables du Hamas, dont Mahmoud Zahhar, ont alors comblé la lacune.
Mechaal et d'autres responsables du mouvement ont même adopté le drapeau de la révolution syrienne, contre le régime qui avait longtemps soutenu le Hamas.
Les faits se sont développés plus tard. Plusieurs rapports sécuritaires syriens ont évoqué l'implication de certains partisans du Hamas dans le conflit syrien. Les relations entre les autorités syriennes et le mouvement furent rompues définitivement. Ce dernier a même réclamé au Hezbollah de se retirer de la Syrie. Une personne proche du parti commente : «Quel serait le cas si le Hezbollah appelait Hamas à se retirer de l'Egypte à l'heure actuelle?».
La grande erreur commise par le Hamas, dans le contexte du «Printemps arabe», fut de s'être allié à de nouvelles parties qui ne seraient pas à ses côtés contre «Israël» lors du déclenchement de toute guerre. Ces parties l'encourageraient même à faire des concessions.
Le Hamas n'était pas contraint de suivre toutes les politiques des Frères Musulmans. Il n'était pas forcé de signifier à son partenaire palestinien qu'il se passait dorénavant de lui. Il aurait été bénéfique au mouvement d'observer la neutralité à l'égard des pays arabes en crise. Ce choix lui aurait assuré une plus large marge d'action.
Le Hamas aurait des justifications à ses agissements. Il aurait le droit, après plusieurs décennies d'attente, de devenir «le joyau de la couronne» des Frères Musulmans et de profiter de ce rôle pour améliorer sa condition face à «Israël». Il aurait peut-être le droit de décider, dans un moment de manque de vision arabe et islamique, qu'il ne pouvait que défendre les Sunnites contre le régime syrien, accusé par certains régimes contrôlés par les Frères Musulmans, de combattre cette communauté. La relation avec ce régime s'est dégradée et puis s'est rompue. Chacune des deux parties avance ses propres justifications. Mais Damas a accusé le mouvement de traitrise. L'Iran a suspendu ses aides.
En dépit de ces développements, ce qui se déroule ces jours-ci est plus dangereux. Il dépasse toutes les interprétations provisoires des faits.
En effet, après la réussite des ennemis de la Résistance, de l'arabité et de la souveraineté, à démanteler un certain nombre de pays arabes ayant soutenu la Palestine et les causes de la Nation, ces ennemis sentent qu'une occasion se présente actuellement pour éradiquer la résistance arabe. Le plan avorté de la discorde confessionnelle contre le Hezbollah, pourrait être suppléé par un conflit entre le Hamas et l'Égypte. La cause arabe serait alors perdue dans l'antagonisme des frères.
Le Hamas est bien sûr appelé à revoir sa stratégie. Il a besoin de rétablir son rôle essentiel. Celui de la lutte contre l'occupant sioniste. Il ne sera point lésé de reconnaitre ses erreurs dans certaines de ses stratégies. Mais les parties adverses ont besoin de bien lire ce qui se déroule au sein du Hamas et dans son entourage : Il faut comprendre que les ennemis traquent le mouvement. De surcroit, les nouveaux plans ourdis contre la région visent à éliminer tout ce qui représente la résistance au Moyen Orient.
Il se peut que le Hamas soit tombé dans les pièges tendus par d'autres. Ces derniers lui auraient fait miroiter d'autres choix. Le mouvement serait en train de payer le prix fort de ces choix. Mais qui serait plus satisfait qu'«Israël» par ce qui arrive à Hamas à l'heure actuelle?
Durant cette période critique, les réunions reprises entre le Hamas, l'Iran et le Hezbollah, semblent importantes pour les trois parties. Premièrement, afin de réduire les tensions confessionnelles et puis pour resserrer, à nouveau, l'axe de la résistance, dont l'affaiblissement est requis dans le contexte des tentatives de la relance des négociations israélo-arabes, à la base de l'échange des terres.
En revanche, la relation entre le Hamas et le régime syrien est toujours une plaie béante, qui ne pourrait pas être pansée dans les proches délais.
Le mouvement a décidé que le régime syrien est voué à la chute. Le régime a accusé le mouvement de l'avoir trahi. Rien n'augure un changement dans l'attitude de l'un ou de l'autre, malgré le rapprochement entre le mouvement, l'Iran et le Hezbollah.
Une importante question se pose à l'heure actuelle, à la suite de la campagne des pays du Golfe contre les Frères Musulmans, du retour de l'Arabie à l'avant-scène de la crise, des problèmes survenus en Turquie et de l'aggravation des relations entre l'occident et les Frères Musulmans : le Hamas dispose-t-il d'une issue de l'impasse? Quel serait le cas si le mouvement est affaibli pour faire passer un processus de paix injuste? Quel serait le cas si Israël lance une offensive contre Gaza? Qui fera face à l'ennemi? Quel régime arabe?
Ces questions sont bien sûr préoccupantes. Sur ce, une nouvelle lecture des faits par le Hamas est probable, ainsi que des changements dans la stratégie et le commandement. Par conséquent, il serait nécessaire d'assimiler le mouvement car la résistance demeure la base.
Article paru dans le quotidien libanais As Safir le 20 juillet 2013, traduit par l'équipe du site
Comment les faits ont-ils dégénéré à ce stade?
Le mouvement a vécu dans le délire de l'accès des Frères Musulmans au pouvoir, dans certains pays du «Printemps arabe». Le président du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, fut reçu comme un chef d'État, en Egypte, au Qatar, en Tunisie et en Turquie. Les remerciements adressés à l'Iran et à la Syrie ont cessé, au profit des louanges du Qatar, d'Ankara et de l'Égypte de Mohammad Morsi, en dépit du fait que ces pays n'avaient jamais livré une roquette, aux résistants de Gaza. Ils avaient, par contre, maintenu leurs relations avec «Israël», même lorsque l'ennemi tuait les enfants et les femmes des combattants palestiniens.
L'exaltation aboutit souvent à des erreurs dans l'interprétation des faits. Certaines erreurs pourraient être fatales. Le mouvement Hamas n'était pas contraint, par exemple, de baisser le ton à l'égard de l'ennemi, d'évoquer les frontières de 1967 et de convenir la cessation des opérations militaires avec le président Mahmoud Abbas, comme a rapporté ce dernier ou selon des déclarations faites par Khaled Mechaal.
Le journaliste égyptien Mohammad Hassanein Haykal a écrit que «le Hamas s'était engagé lors de la médiation de Mohammad Morsi entre le mouvement et l'entité sioniste, à cesser le lancement des roquettes sur Israël. Ce fait aurait permis à Khaled Mechaal de visiter Gaza et de s'y déplacer en sécurité».
En outre, Hamas n'était pas obligé de couper les ponts avec la Syrie, l'Iran et le Hezbollah, avant de tenter de retraverser certains de ces ponts pour ne pas perdre le soutien financier et militaire...
Mais une question se pose dans ce contexte. Le problème du tandem Iran-Syrie-Hezbollah avec le Hamas a-t-il débuté avec l'émergence du «Printemps arabe» ou avait-il des origines plus profondes, datant notamment depuis le revirement pro-Frères Musulmans, opéré par le mouvement?
Certains évoquent à ce propos la fin de la première offensive israélienne contre Gaza, fin 2008, début 2009. Téhéran ne fut pas alors satisfait de l'absence de tout remerciement dans les déclarations de Khaled Mechaal au terme de la Guerre. Mechaal avait remercié plusieurs parties, à l'exception de l'Iran. Pourtant l'Iran fournissait les armes et les fonds au mouvement. Les responsables du Hamas, proches de Mechaal, expliquèrent qu'une telle attention à l'égard de l'Iran, pourrait affecter les relations avec certains pays, dont ceux du Golfe et l'Egypte.
La même attitude fut adoptée par Mechaal, à la suite de la deuxième guerre de Gaza. Il exprima ses remerciements à tous, excluant délibérément l'Iran et la Syrie. On lui conseilla, à la deuxième reprise, de rectifier ses déclarations. Il évita de le faire. Le chef du Jihad Islamique, Abdallah Challah et certains responsables du Hamas, dont Mahmoud Zahhar, ont alors comblé la lacune.
Mechaal et d'autres responsables du mouvement ont même adopté le drapeau de la révolution syrienne, contre le régime qui avait longtemps soutenu le Hamas.
Les faits se sont développés plus tard. Plusieurs rapports sécuritaires syriens ont évoqué l'implication de certains partisans du Hamas dans le conflit syrien. Les relations entre les autorités syriennes et le mouvement furent rompues définitivement. Ce dernier a même réclamé au Hezbollah de se retirer de la Syrie. Une personne proche du parti commente : «Quel serait le cas si le Hezbollah appelait Hamas à se retirer de l'Egypte à l'heure actuelle?».
La grande erreur commise par le Hamas, dans le contexte du «Printemps arabe», fut de s'être allié à de nouvelles parties qui ne seraient pas à ses côtés contre «Israël» lors du déclenchement de toute guerre. Ces parties l'encourageraient même à faire des concessions.
Le Hamas n'était pas contraint de suivre toutes les politiques des Frères Musulmans. Il n'était pas forcé de signifier à son partenaire palestinien qu'il se passait dorénavant de lui. Il aurait été bénéfique au mouvement d'observer la neutralité à l'égard des pays arabes en crise. Ce choix lui aurait assuré une plus large marge d'action.
Le Hamas aurait des justifications à ses agissements. Il aurait le droit, après plusieurs décennies d'attente, de devenir «le joyau de la couronne» des Frères Musulmans et de profiter de ce rôle pour améliorer sa condition face à «Israël». Il aurait peut-être le droit de décider, dans un moment de manque de vision arabe et islamique, qu'il ne pouvait que défendre les Sunnites contre le régime syrien, accusé par certains régimes contrôlés par les Frères Musulmans, de combattre cette communauté. La relation avec ce régime s'est dégradée et puis s'est rompue. Chacune des deux parties avance ses propres justifications. Mais Damas a accusé le mouvement de traitrise. L'Iran a suspendu ses aides.
En dépit de ces développements, ce qui se déroule ces jours-ci est plus dangereux. Il dépasse toutes les interprétations provisoires des faits.
En effet, après la réussite des ennemis de la Résistance, de l'arabité et de la souveraineté, à démanteler un certain nombre de pays arabes ayant soutenu la Palestine et les causes de la Nation, ces ennemis sentent qu'une occasion se présente actuellement pour éradiquer la résistance arabe. Le plan avorté de la discorde confessionnelle contre le Hezbollah, pourrait être suppléé par un conflit entre le Hamas et l'Égypte. La cause arabe serait alors perdue dans l'antagonisme des frères.
Le Hamas est bien sûr appelé à revoir sa stratégie. Il a besoin de rétablir son rôle essentiel. Celui de la lutte contre l'occupant sioniste. Il ne sera point lésé de reconnaitre ses erreurs dans certaines de ses stratégies. Mais les parties adverses ont besoin de bien lire ce qui se déroule au sein du Hamas et dans son entourage : Il faut comprendre que les ennemis traquent le mouvement. De surcroit, les nouveaux plans ourdis contre la région visent à éliminer tout ce qui représente la résistance au Moyen Orient.
Il se peut que le Hamas soit tombé dans les pièges tendus par d'autres. Ces derniers lui auraient fait miroiter d'autres choix. Le mouvement serait en train de payer le prix fort de ces choix. Mais qui serait plus satisfait qu'«Israël» par ce qui arrive à Hamas à l'heure actuelle?
Durant cette période critique, les réunions reprises entre le Hamas, l'Iran et le Hezbollah, semblent importantes pour les trois parties. Premièrement, afin de réduire les tensions confessionnelles et puis pour resserrer, à nouveau, l'axe de la résistance, dont l'affaiblissement est requis dans le contexte des tentatives de la relance des négociations israélo-arabes, à la base de l'échange des terres.
En revanche, la relation entre le Hamas et le régime syrien est toujours une plaie béante, qui ne pourrait pas être pansée dans les proches délais.
Le mouvement a décidé que le régime syrien est voué à la chute. Le régime a accusé le mouvement de l'avoir trahi. Rien n'augure un changement dans l'attitude de l'un ou de l'autre, malgré le rapprochement entre le mouvement, l'Iran et le Hezbollah.
Une importante question se pose à l'heure actuelle, à la suite de la campagne des pays du Golfe contre les Frères Musulmans, du retour de l'Arabie à l'avant-scène de la crise, des problèmes survenus en Turquie et de l'aggravation des relations entre l'occident et les Frères Musulmans : le Hamas dispose-t-il d'une issue de l'impasse? Quel serait le cas si le mouvement est affaibli pour faire passer un processus de paix injuste? Quel serait le cas si Israël lance une offensive contre Gaza? Qui fera face à l'ennemi? Quel régime arabe?
Ces questions sont bien sûr préoccupantes. Sur ce, une nouvelle lecture des faits par le Hamas est probable, ainsi que des changements dans la stratégie et le commandement. Par conséquent, il serait nécessaire d'assimiler le mouvement car la résistance demeure la base.
Article paru dans le quotidien libanais As Safir le 20 juillet 2013, traduit par l'équipe du site