Bandar confronté aux appréhensions de Paris à propos de la Syrie
Par Mohammad Ballout
La France a opposé un veto clair à l’égard de la requête saoudienne de fournir des armes françaises à l’opposition syrienne. Paris a toutefois donné le feu vert pour armer cette opposition par les autres.
Le chef des Renseignements saoudiens, Bandar Ben Sultan, ne fut pas en mesure de convaincre le président français, François Hollande, d’acheminer des arsenaux aux rebelles syriens. Il n’a pas présenté assez de garanties pour dissiper les craintes françaises quant au retour de ces armes en Europe avec la rentrée des extrémistes européens, au terme de leur mission en Syrie.
La bataille de Ras el-Ein, près des frontières syro-turques, fut suivie de près par les autorités turques, après l’expulsion des membres du front al-Nosra par les combattants kurdes, de ce village.
Ankara et les Kurdes ont échangé les menaces. Le PKK a accusé dans un communiqué, le gouvernement turc de soutenir les groupes armés impliqués dans des affrontements avec les Kurdes du nord de la Syrie. Le ministre turc des Affaires Etrangères, Ahmet Davutoglu a mis en garde les Kurdes de la Syrie des répercussions de toute tentative de séparation.
Le président de «l’Union démocratique», Saleh Muslem Mohammad, a déclaré que les Kurdes mettront en place «une zone d’autogestion» dans leurs régions.
Un haut responsable syrien a annoncé qu’un obus de mortier lancé par des terroristes, s’est abattu dans le voisinage du mausolée de Sayyeda Zeinab au rif de Damas. Le directeur administratif du mausolée est tombé en martyre. Plusieurs autres ont été blessés.
Hollande qui s’est entretenu mercredi dernier avec Bandar Ben Sultan, a indiqué que le responsable saoudien ne fut pas en mesure de convaincre la France quant aux garanties empêchant la tombée des armes dans les mains des extrémistes.
Selon le site d’information «Press net», Hollande avait démenti la disposition de la France à armer l’opposition syrienne. Il a indiqué que d’autres pays aideraient l’opposition, soulignant toutefois les grands risques de l’arrivée de ces armes aux extrémistes européens.
En effet, les services de sécurité européens avait recensé jusqu’au juin dernier, la participation de 800 «djihadistes» européens au combat aux côtés des rebelles syriens.
Le président français n’a point divulgué un secret en confirmant le passage de la gestion du dossier du financement et de l’armement de l’opposition syrienne, du Qatar à l’Arabie saoudite. Il a constaté que le Qatar avait réduit ses activités à ce titre.
La déclaration présidentielle française connote un fait: le recul du front hostile au régime syrien. Ce front s’est dernièrement limité à certains pays du Golfe et à quelques services de renseignements occidentaux, à la suite notamment du renoncement de la France et de l’Angleterre à tout effort militaire qui assurerait un équilibre de force avec le régime syrien, en prélude aux négociations ou au consensus politique.
Le maintien des équilibres du 4 juin à Qosseir (Cette ville est tombée le 5 juin), était une demande française, américaine et britannique par excellence. Elle avait même avorté la conférence de Genève 2. Mais aucun de ces pays, en l’occurrence la France, n’ont entrepris d’aider l’opposition syrienne pour rétablir cet équilibre. De surcroit, les responsables français ne croient pas à la possibilité de modifier l’équilibre de force en Syrie, contrairement à d’autres pays. Ces derniers œuvrent pour cette fin.
Le chef des Renseignements saoudiens a donc échoué de convaincre les responsables français, mais aussi allemands et britanniques de modifier leur attitude. Ces derniers partagent les points de vue de Hollande quant à l’armement de l’opposition syrienne.
Les efforts de Bandar sont en course contre la montre en vue de modifier les positions européennes avant la réunion des ministres de l’UE, prévue lundi prochain. Cette dernière réunion des ministres des Affaires étrangers sur le dossier syrien avant l’échéance du premier août. Les ministres européens avaient fixé cette date pour libérer les pays de l’Union de leurs engagements à l’embargo sur l’acheminement des armes à l’opposition syrienne. Toutes les spéculations confirment un large retrait européen du front syrien.
Bandar Ben Sultan s’était rendu en Europe afin d’assurer une large couverture politique à la bataille menée contre le régime syrien et de prévenir la mise à découvert de la guerre autour de la Syrie, dans la mesure où cette guerre serait exacerbée notamment entre l’Arabie, certains pays du Golfe et des organisations extrémistes d’une part et le régime syrien d’une autre part.
Source: Assafir, traduit par l'équipe du site