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Assad-Ahmadinajad et Nasrallah ou l’établissement d’un nouveau rapport de force stratégique

Assad-Ahmadinajad et Nasrallah ou l’établissement d’un nouveau rapport de force stratégique
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Par Souraya Hélou


L’image est suffisamment rare pour être relevée : les présidents syrien et iranien traversant les couloirs du palais du peuple à Damas, à leur côté le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah. Il y avait de quoi frapper les esprits et le message clair a été vite saisi par l’ennemi israélien dont les médias ont consacré pendant tout le week-end une grande place à cette nouvelle.

Cette image largement relayée par les médias correspond en réalité à un scénario qui n’a rien d’improvisé. Si la photo des présidents syrien et iranien Bachar Assad et Mahmoud Ahmadinajad n’est pas nouvelle, les deux responsables tenant régulièrement des sommets, la présence avec eux du secrétaire général du Hezbollah constitue la grande nouveauté. Non seulement, les déplacements de celui-ci sont rarement rapportés dans la presse, ou alors avec un écart de temps considérable pour des raisons de sécurité évidente, mais de plus, il représente une résistance armée qui n’a pas l’habitude d’être placée au rang des chefs d’Etats. Mais d’un commun accord, les trois hommes ont sciemment voulu se montrer ensemble, marchant dans une cadence parfaite, affichant aux yeux du monde entier un front uni et une harmonie totale.

Les Israéliens ont d’ailleurs rapidement compris l’importance de ce message puisque leurs médias ont reflété une certaine confusion, voire de la panique. Le message qui leur est parvenu est d’autant plus fort que depuis des semaines, ils multiplient les menaces à l’égard du Liban, de la Syrie et de l’Iran. En même temps, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a invité les Syriens à rompre leur alliance avec l’Iran et à cesser de faire passer des armes au Hezbollah, tout en se décidant enfin à envoyer un nouvel ambassadeur à Damas. Ce  discours clair qui se veut à la fois menaçant et  attrayant, en brandissant à l’égard de la Syrie la carotte de la reprise des relations diplomatiques à haut niveau, aurait dû, dans l’esprit de l’administration américaine, être suffisant pour amener la Syrie à être plus conciliante avec les Etats-Unis et à prendre ses distances avec l’Iran. Or, non seulement, le président Ahmadinajad se rend à Damas dans une visite spectaculaire, jalonnée de rencontres populaires, mais de plus il rencontre le secrétaire général du Hezbollah et dîne à ses côtés à la table du président syrien sous les projecteurs des photographes. D’ailleurs, au cours de la conférence de presse commune entre les présidents syrien et iranien, Bachar Assad a déclaré avec humour : « Nous sommes en train de conclure un accord de rupture » tournant ainsi en dérision la demande de Mme Clinton de couper ses liens avec Téhéran.

A l’heure où les médias occidentaux s’étalent largement sur de prétendues divergences entre Damas et Téhéran, notamment au sujet de l’Irak et depuis la réconciliation entre les dirigeants syrien et saoudien, voyant même dans l’ouverture stratégique de la Syrie en direction de la Turquie l’indice de la volonté de Damas de s’éloigner de Téhéran, ce sommet et la rencontre tripartite qui l’a suivi constituent la preuve éclatante que le front dit de la « moumana’a » est plus solide que jamais.

En s’affichant ensemble, Assad, Ahmadinajad et Nasrallah ont clairement répondu aux menaces israéliennes par l’unité et l’alliance. Ils n’avaient même plus besoin de formuler leur réponse par des phrases, tant le message est clair : toute attaque contre un de ces camps, signifie une agression contre les trois et la riposte sera par conséquent totale. De même, les menaces israéliennes et même américaines ne leur font pas peur et les trois parties ont clairement pris l’option d’affronter, dans un front commun, toute éventuelle agression. Le choix de la résistance est devenu indiscutable et ceux qui avaient encore des doutes sur les positions de la Syrie peuvent désormais être rassurés. Damas est bel et bien au cœur de l’esprit de résistance et il n’est pas question de l’amadouer avec de petites miettes comme l’envoi d’un ambassadeur américain après cinq années d’absence.

En réalité, les deux présidents et le secrétaire général du Hezbollah ont exprimé par leur attitude, un nouveau rapport de forces face à "Israël", montrant, sans doute pour la première fois depuis l’émergence de l’entité israélienne, que l’équilibre s’est renversé et qu’Israël n’est plus cette force invincible qui, par une simple manœuvre militaire, réussit à faire trembler les Arabes et les musulmans. La région a bien changé et il est temps qu’"Israël" et ceux qui l’appuient le comprennent. Cela épargnerait aux populations du Moyen orient de nouvelles aventures militaires désastreuses, pour les Israéliens avant tout. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si le secrétaire général du Hezbollah, dont les déplacements sont généralement tenus secrets a bien voulu se montrer aux côtés des deux présidents. C’est un nouveau défi qu’il lance à l’entité sioniste qui le traque depuis des années. Si, malgré tous ces messages qui constituent autant d’avertissements, les Israéliens sont encore déterminés à provoquer une nouvelle guerre, il faudra qu’ils en assument les conséquences.



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