noscript

Please Wait...

Birmanie: climat toujours tendu après l’annonce d’un contrôle des naissances pour les Rohingyas

Birmanie: climat toujours tendu après l’annonce d’un contrôle des naissances pour les Rohingyas
folder_openAsie access_time depuis 10 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Trois femmes appartenant à la minorité musulmane Rohingya ont été tuées mardi 4 juin lors d'affrontements avec les forces de l'ordre dans l'ouest de la Birmanie, secoué par des violences communautaires depuis l’an dernier. Information donnée ce mercredi par la police locale. Ces trois nouveaux décès interviennent une semaine après la décision des autorités locales de limiter le nombre d’enfants à deux par couple pour les Rohingyas, une mesure accueillie avec circonspection par le gouvernement central et avec fureur par les ONG internationales.

Birmanie: climat toujours tendu après l’annonce d’un contrôle des naissances pour les Rohingyas

Ces trois femmes ont été tuées, mardi 4 juin, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre dans un camp de déplacés de l'Etat Rakhine. Quatre autres personnes ont été blessées.

La situation est très tendue dans l’ouest du pays depuis les affrontements très violents entre musulmans Rohingyas et bouddhistes Rakhines, l’an dernier. Des affrontements qui ont fait 200 morts et plus de 140 000 déplacés.

La tension est d’autant plus forte que, la semaine dernière, le gouvernement local, constitué de Rakhines, a décidé de limiter le nombre des naissances de la minorité musulmane Rohingya à deux enfants par couple, pour « limiter les tensions entre les deux communautés » - les bouddhistes, pourtant majoritaires dans le pays, se sentant selon leurs propres mots « envahis » par les Rohingyas.

« Contenir » les Rohingyas

Cette mesure de limitation des naissances date en fait du début des années 1990. Quelques années avant, les musulmans Rohingyas avaient été déclarés apatrides en Birmanie, et 200 à 400 000 d’entre eux avaient quitté le pays pour revenir au Bangladesh, la contrée d’origine de leur ethnie.

Mais Dacca n’étant pas particulièrement ravie d’accueillir toute cette population, un accord de rapatriement vers la Birmanie a été conclu en 1992. Et c’est donc à ce moment que les autorités locales de l’Etat Rakhine ont décidé de  « contenir » les Rohingyas de retour dans le pays en contrôlant leur natalité dans deux districts, musulmans à 95% : Buthidaung et Maundaw – le reste de l’Etat Rakhine est à majorité bouddhiste.

Il s’agissait d’interdire la polygamie, et d’obliger les couples Rohingyas à se limiter à deux enfants maximum - en cas de naissance d’un troisième enfant, celui-ci n’était pas enregistré, donc sans existence légale, pas de possibilité d’aller à l’école, etc.

Une nouvelle tentative des autorités locales


À l’époque les autorités centrales et locales étaient constituées de militaires. Depuis 2010, ce sont des civils qui dirigent le pays. Mais, concernant les Rohingyas, les mesures restent les mêmes, en tous cas au niveau local. Depuis la semaine dernière, les autorités Rakhines tentent d’imposer une nouvelle fois une limitation de la natalité dans les mêmes districts.

Pour expliquer leur décision, les autorités locales s’appuient sur le rapport d’une commission sur les violences, qui voit l’origine de ces tensions dans le fait que la natalité des Rohingyas est considérée comme « galopante » par les bouddhistes...

Mais si le rapport va complètement dans le sens des bouddhistes, en préconisant la mise en place d’un planning familial pour les Rohingyas et d’une éducation des femmes Rohingyas pour qu’elles fassent moins d’enfants, il souligne aussi qu’il ne faut pas mettre en place de mesures obligatoires qui « pourraient être vues comme injustes et abusives ». C’est pourtant la voie que les autorités locales ont choisie.

Source: Le Point


Comments

//