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Birmanie: "les musulmans n’ont personne vers qui se tourner pour demander de l’aide"

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Trente-deux personnes ont été tuées en Birmanie après des violences entre bouddhistes et musulmans. Ces violences mettent en lumière un racisme contre la minorité musulmane, profondément inscrit dans la société.

Trente-deux personnes ont trouvé la mort dans la ville de Meiktila en Birmanie, après trois jours de violence entre bouddhistes et musulmans. Des quartiers entiers et plusieurs mosquées sont partis en fumée tandis que des corps calcinés restaient dans la rue.

Des photos et des vidéos prises à Meiktila, dans le centre du pays, témoignent d’émeutesBirmanie: et d’attaques à l’encontre de magasins tenus par des musulmans. Selon l’avocat et député Win Thein, originaire de Meiktila et membre de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d’opposition emmené par Aung San Suu Kyi, au moins 1 200 familles musulmanes, soit près de 6 000 personnes, auraient fui la ville, qui compte environ 100 000 habitants, dont environ un tiers de musulmans.

L’origine du conflit reste floue

L’origine du conflit reste floue. Mais la police locale et des activistes musulmans s’accordent à dire que tout a commencé mercredi matin, lors d’une dispute entre le propriétaire musulman d’une orfèvrerie et certains de ses clients bouddhistes. A partir de là, les récits divergent. Selon une source de police citée par Radio Free Asia, l’orfèvre aurait cassé un objet appartenant à l’un des clients, déclenchant une bagarre; mais pour des activistes musulmans, c’est un client qui aurait tenté de vendre du faux or au commerçant. Quoi qu’il en soit, il semble que la querelle ait rapidement créé un attroupement et la foule a attaqué le magasin et d’autres enseignes tenues par des musulmans.

"La violence de la foule organisée en amont"

Nay San Lwin est un activiste birman musulman qui vit en exil en Allemagne. Il contribue au site web Rohingya Blogger. Il a pu parler avec des habitants de Meiktila mercredi et jeudi matin. Les communications sont devenues plus difficiles jeudi après-midi, lorsque certaines de ses sources ont fui la ville et ont arrêté de répondre à ses appels.

Des témoins oculaires auxquels j’ai parlé m’ont dit que des centaines de bouddhistesBirmanie: s’étaient regroupés pour détruire des magasins tenus par des musulmans et que l’action s’était déroulée très rapidement, ce qu’ils trouvent louche, comme si ces attaques étaient préparées en amont. Ils disent que beaucoup avaient des bâtons avec eux, et les ont utilisés pour détruite l’intérieur du magasin de l’orfèvre et d’autres commerces. Plus tard dans la soirée, ils ont commencé à détruire des mosquées et à mettre le feu à des maisons appartenant à des musulmans. La police n’a pas bougé.

Les bouddhistes ont également encerclé une école islamique, piégeant les étudiants et les enseignants à l’intérieur. Plusieurs activistes birmans musulmans, citant des contacts sur place, estiment que certains des étudiants et des enseignants ont été tués après que le feu a été mis à l’école jeudi matin.

Les musulmans avec qui j’ai parlé à Meiktila sont terrifiés. Beaucoup se sont enfermés dans leur maison, de peur d’être tués s’ils quittent la ville. Mais beaucoup d’autres ont déjà fui Meiktila. Ils ont le sentiment qu’il n’y a personne pour les protéger.

"Parler des musulmans signifie perdre des votes"

Au cours des dernières décennies, les autorités birmanes ont tenté d’inciter la population à la haine des musulmans. Beaucoup de leaders politiques utilisent des termes péjoratifs pour parler des musulmans en public, comme le mot "kalar". Récemment, les choses ont empiré avec le conflit dans l’Arakan et l’influence croissante d’un moine, Wirathu. Ce moine est connu pour ses positions islamophobes. Selon des activistes musulmans, il s’est récemment rendu à Meiktila où il a critiqué le fait que beaucoup de magasins sont tenus par des musulmans. Nous n’avons personne vers qui se tourner pour demander de l’aide, car en Birmanie, parler des musulmans signifie perdre des votes.

Les musulmans représentent officiellement 4% des 60 millions de Birmans, mais aucun recensement n'a été mené dans le pays depuis 30 ans. Beaucoup sont d'origine indienne, chinoise ou bangladaise, installés de longue date dans le pays.


Source: France24, édité par : moqawama.org

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