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Pourquoi ne voit-on pas les similitudes entre les rebelles en Syrie et ceux du Mali ?

Pourquoi ne voit-on pas les similitudes entre les rebelles en Syrie et ceux du Mali ?
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Par Ardavan Amir-Aslani

Au Mali comme en Syrie, une guerre civile oppose l'armée à des mouvements islamistes armés associés à al-Qaida qui tentent d'instaurer la charia. Or la France considère - à tort - que le conflit au Mali est plus directement menaçant pour ses intérêts.


Pourquoi ne voit-on pas les similitudes entre les rebelles en Syrie et ceux du Mali ?
En faisant mention d’un pays en proie à une guerre civile opposant l’armée régulière à des mouvements islamistes armés associés à al-Qaida que le pouvoir central qualifie de terroriste, le pays qui viendrait immédiatement à l’esprit serait la Syrie. En effet, aujourd’hui, nul doute qu’il s’agit d’une guerre civile en Syrie opposant principalement des groupes armés Salafistes à Damas. Il n’est pas par ailleurs contestable que la formation militaire la plus redoutable et la plus importante parmi les rebelles syriens est le "Jabhat al-Nusra", lié à al-Qaida en Mésopotamie et qualifié de terroriste à l’unanimité par la communauté internationale, les Etats-Unis en tête.

Or, quand on regarde la situation au Mali, à l’identique de la Syrie, on y constate également une guerre civile opposant l’armée régulière à des mouvements islamistes armés associés à al-Qaida. En effet, l’armée régulière malienne est en conflit avec le mouvement dit "Ansar Dine" composé de Touaregs, qui signifie en arabe les compagnons du chemin de la religion, en liens étroits et avérés avec l'organisation al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et au Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO).

Tant en Syrie qu’au Mali, les rebelles ont pour principal objectif d’instaurer la Charia et de transformer ces deux pays en une sorte de Califat modelé sur l’étendard des frères musulmans. En mettant côte à côte les partisans d’Ansar Dine au Mali et ceux du Jabhat al-Nusra en Syrie, il serait difficile sinon impossible de déceler une différence. Or contrairement à la Syrie, où elle continue, du moins moralement, à soutenir les rebelles, la France a décidé de qualifier les rebelles maliens de ce qu’ils sont réellement, c’est à dire des terroristes islamistes. Pourquoi alors ce deux poids deux mesures d’un conflit à un autre ?

La raison en serait peut-être que la France considère que le conflit au Mali est plus immédiatement menaçant pour les intérêts Français et les 5000 Français résidant à Bamako. Voire encore qu’il s’agit là au Mali d’un conflit où les rebelles ne seraient pas soutenus par les pétromonarchies du golfe persique. Or, il s’agit là d’une vision à courte vue. Si Assad devait tomber dans des conditions anarchiques, Damas, la capitale mythique et historique des Omeyades, qui gouverna le monde musulman de 661 à 750 tomberait entre les mains des Salafistes et leur procurerait une plateforme et une légitimité historique d’où ils pourraient lancer leurs jihad à travers le monde arabo-musulman. Déjà, par ricochet, le vent de la révolte commence à souffler dans les provinces sunnites de l’Irak avec un premier cas d’immolation hier, riche de symboles depuis le suicide de Bouazizi en Tunisie. Sans même faire mention de la tragédie vécue par les otages la semaine dernière en Algérie.

Si l’objectif que la France poursuit au Mali est celui d’éradiquer dans ce pays le fléau terroriste islamiste, il convient qu’elle change son regard sur le conflit syrien et qu’elle y voit la menace personnifiée par les rebelles syriens. Une menace qui vise à ramener le monde musulman deux mille ans en arrière avec l’instauration de la Charia et l’établissement du Califat.

Sans vouloir faire l’apologie du régime totalitaire syrien, il convient de comprendre que la solution proposée par les Salafistes n’en est pas une, en Syrie comme au Mali.


Ardavan Amir-Aslani est avocat au Barreau de Paris. Il conseille les entreprises françaises et étrangères dans leurs opérations de fusions-acquisitions transnationales ainsi que les grands fonds d’investissement. Il intervient dans le domaine du droit public international et représente plusieurs Etats à travers le monde.


Source: Atlantico.fr


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