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Sayed Nasrallah: Le peuple libèrera le reste des terres occupées si l’Etat reste absent

Sayed Nasrallah:  Le peuple libèrera le reste des terres occupées si l’Etat reste absent
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Discours du secrétaire général sayed Hassan Nasrallah le 1er août 2012-08-12

Je vous salue où que vous soyez dans les lieux de rendez vous, dans la banlieue sud, à Baalbeck, à Nabatiyé et à Tyr et je vous remercie pour votre présence qui exprime une fois de plus votre appui à la résistance et votre participation réelle à sa victoire et à ses réalisations. Je voudrais aussi avant tout autre chose bénir nos rencontres en ce mois sacré où l’on accueille Dieu, ce mois de méditation, de pardon et de générosité.

Je voudrais aussi remercier les frères et sœurs du comité de soutien à la résistance islamique et à leurs efforts permanents depuis des décennies pour aider cette cause.
Il faut aussi que je m’adresse en ce 1er août fête de l’armée, cette institution nationale qui rassemble, à l’armée, à ses officiers, ses sous officiers et ses soldats pour leur souhaiter une fête bénie, en ce jour de la naissance de l’armée. Je souhaite aussi que tous les Libanais collaborent entre eux pour préserver cette institution, garantir son unité et la renforcer pour qu’elle puisse accomplir la mission qui lui est confiée.

Je voudrais aujourd’hui parler de la résistance sous l’angle qui est soulevé depuis quelque temps. L’habitude instaurée veut que je parle de la situation au Liban pendant l’iftar organisé par le comité de soutien à la résistance et de la Palestine lors de la journée d’Al Qods, qui tombe le dernier vendredi du mois de Ramadan. C’est pourquoi mon propos aujourd’hui se limitera à la résistance et à travers ce sujet j’évoquerai la stratégie nationale de défense étudiée à la conférence du dialogue, les idées qui circulent et notre position à ce sujet.

D’abord, je voudrais rappeler que nul ne conteste le fait qu’Israël a été battu en 2000 et que le Liban a enregistré une victoire historique et stratégique. Israël a quitté le Liban défait et humilié, sans condition et sans la moindre contrepartie. Tout autre propos est faux et est dicté soit par la jalousie soit par la démence. Nous sommes donc face à une victoire claire et historique.

En deuxième lieu, je rappelle que nul ne conteste le fait que c’est la résistance qui est responsable de cette victoire, avec le martyre de ses fils et l’appui de tous ceux qui se sont ralliés à elle. Ceux qui ont réalisé la victoire ne sont donc ni la communauté internationale, ni la résolution 425, ni même l’Organisation du Congrès islamique.

Troisièmement, en général, les mouvements de résistance prennent le pouvoir après avoir remporté des victoires. C’est ce qui s’est passé en France, en Algérie, au Vietnam et dans beaucoup d’autres pays. Sauf au Liban Mais le Liban est une exception en toute chose.

Cette résistance n’a pas demandé à prendre le pouvoir, ni même à prendre une part du pouvoir. Elle a offert la victoire aux Libanais. Elle a demandé aux autorités d’assumer leurs responsabilités envers la bande frontalière libérée et elle a dit : il y a encore de grandes responsabilités que nous devons assumer ensemble et nous devons coopérer dans ce but.

Après la victoire de 2000, une demande américano-israélienne est apparue –si certains contestent le fait qu’il s’agit d’une  demande américano-israélienne c’est qu’ils ont un gros problème- exigeant la fin de la résistance et de ses armes. Cette demande est devenue un objectif et un plan pour l’atteindre a été établi. Israël s’est retiré du Liban, le dossier est clos et il faut donc en finir avec la résistance et ses armes. En fait, ils ne veulent pas les armes du Hezbollah qui peuvent servir sur le plan interne, dans une guerre civile en tant que milice. Non, ils veulent en finir avec les armes qui peuvent nuire à Israël, qui l’empêchent d’imposer ses conditions au Liban et qui protègent ce pays.
 
Depuis la victoire de 2000, une nouvelle cause est née dans la région, au Liban et dans le monde ainsi qu’au Conseil de sécurité de l’Onu. Cette cause a pour titre le désarmement du Hezbollah et en fait, celui du Hezbollah. Certaines parties politiques libanaises ont adopté cette cause, sachant ou non qu’il s’agit d’une revendication américano-israélienne –je ne peux pas juger les intentions.

Une nouvelle cause est donc née et nous nous sommes trouvés devant une nouvelle bataille politique. Il ne s’agit pas d’une bataille militaire, mais d’une bataille politique, d’une bataille médiatique et d’une bataille autour de l’opinion publique. Il s’agit d’une bataille de négociation et de débat au Liban, et une bataille de volontés en dehors du Liban.

Après 2000, des compromis nous ont été proposés par des parties américaines et occidentales. Je ne les développerai aujourd’hui car je l’ai déjà fait dans le passé. Mais ils sont liés au pouvoir, à l’argent et à certaines facilités, dont le retrait du Hezbollah de la liste des organisations terroristes. Nous avons refusé toutes ces offres car nous sommes convaincus que la présence de la résistance est un élément de force pour le Liban et pour son peuple que le monde entier avait abandonné en 1982 et il continue à l’abandonner.

Même en 2004, avant l’adoption de la résolution 1559, une offre a été présentée à la Syrie. Ici, je voudrais dire au 14 mars qu’alors qu’il se rendait chez les Américains et les Français et qu’ils misaient sur George Bush et Jacques Chirac pour obtenir le retrait syrien du Liban, des négociations discrètes étaient menées avec la Syrie, à ses dépens et à celui de son projet.

Un dirigeant arabe (Je ne suis pas autorisé à dire son nom. Un jour viendra où les Syriens le feront eux-mêmes) a proposé ce qui suit au président Bachar Assad : Nous voulons que vous restiez au Liban. Vous pouvez y rester des centaines d’années et même déployer une unité ou deux de l’armée syrienne au sud du Litani- qui était une ligne rouge pour l’armée syrienne. Bachar Assad a demandé : quelle est la contrepartie ? Et le dirigeant arabe a répondu : les armes du Hezbollah et celles des Palestiniens.
Au moment où l’opposition politique au Liban réclamait le retrait des troupes syriennes, un dirigeant arabe de ceux qu’on appelle les Arabes des Etats-Unis, faisait cette offre aux Syriens. Le président syrien a refusé l’offre. Il avait sa propre logique. Ici, je voudrais répondre à certains intellectuels qui avaient commenté mon dernier discours dans lequel je disais que la Syrie nous a donné des armes pendant la guerre de juillet 2006, en précisant qu’effectivement, la Syrie n’est pas une association de bienfaisance. Mais elle a une vision stratégique de la défense du Liban et de la Syrie contre Israël.

Bachar Assad a donc répondu au dirigeant arabe : Si Israël veut un jour imposer ses conditions au Liban et à la Syrie et que nous refusons, il peut balayer en quelques heures les deux unités syriennes présentes au sud du Liban. D’autant qu’au Liban, il n’y a pas de défense anti-aérienne. La véritable force au Liban, c’est la résistance populaire qui constitue une défense stratégique, tout comme la résistance en Palestine. Assad a donc refusé l’offre et la résolution 1559 a été adoptée. Les pressions ont commencé sur le Liban et la Syrie pour l’exécution de cette résolution.

Je voudrais encore ajouter que l’ancien ministre des AE de l’ennemi Sylvan Shalom avait déclaré en 2004 que la résolution 1559 est le fruit  de longs efforts diplomatiques déployés par Israël.

Cette résolution est donc israélienne, de l’aveu des Israéliens eux-mêmes. Naturellement, nous l’avons rejetée, alors que des parties politiques libanaises l’ont adoptée. A cette période et quelques mois avant son assassinat, nos rencontres périodiques avec le président martyr Rafic Hariri avaient commencé. Nous parlions de tout y compris des armes de la résistance. Les discussions étaient longues et nous avions finalement abouti à la conclusion suivante : les armes du Hezbollah doivent rester jusqu’à la conclusion d’un accord arabo-israélien global. Je me souviens que nous avions des divergences sur les propos utilisés : feu Rafic Hariri parlait d’une paix et je préférais le terme de compromis. Nous disions donc qu’après la conclusion d’un compromis global (autrement dit, la Syrie aura signé ce compromis, le Liban aussi et tous les Arabes), nous verrons que faire des armes de la résistance. C’est sur cette base que nous étions en train de conclure une alliance politique.

L’homme a ensuite été assassiné en 2005 et des événements graves se sont produits au Liban. Au début, nous ne voulions pas évoquer les armes de la résistance et nous estimions que ce sujet est hors du débat. Mais ensuite, parce que nous voulions rassurer les Libanais et nous montrer ouverts, nous avons fait une concession et nous avons accepté de discuter du sort des armes de la résistance. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé dans l’entente conclue avec le CPL en février 2006. Le texte du document précise que ce sujet sera évoqué « dans le cadre de la protection du Liban face aux menaces israéliennes et dans le cadre d’un dialogue national qui vise à l’adoption d’une stratégie de défense nationale qui a l’approbation des Libanais et dans laquelle ils assument leurs responsabilités et profitent de ses résultats ».

Le président de la Chambre Nabih Berry a ensuite convoqué à une séance de dialogue national en mars 2006. Nous y avons participé sans la moindre réserve et le sujet à l’ordre du jour était la stratégie de défense nationale. Nous savions toutefois que certains voulaient en fait discuter du sort des armes du Hezbollah. Nous avons quand même participé parce que nous pensions qu’il y a un grand sujet national qui porte sur la défense du Liban, de son entité, de son Etat et de son peuple. Nous nous sommes rendus à la séance du dialogue avec sincérité et sérieux. Nous avions aussi un grand espoir de parvenir à une entente nationale après l’entente avec le CPL. En fait, il y avait d’ailleurs une entente tacite avec cheikh Saad Hariri qui m’avait déclaré en présence de témoins : Je poursuivrai tout ce sur quoi vous vous étiez entendu avec mon père. Or nous nous étions entendus avec son père sur le fait que les armes de la résistance resteront jusqu’à la conclusion d’un compromis global. Nous nous sommes donc rendus à la séance du dialogue pour discuter sérieusement de la stratégie, car nous avons une vision, une logique, des arguments et une expérience concrète en 1982 et en 2000, l’expérience de la résistance et de la défaite d’Israël au Liban. 

A cette réunion, le président de la Chambre Nabih Berry qui dirigeait la séance, avait laissé ce point pour la fin, sachant qu’il posait un grand problème. Lorsque nous y sommes arrivés, il a invité les participants à prendre la parole, mais personne n’a voulu le faire. Personne ne veut discuter. J’ai alors demandé la parole et j’ai exposé la vision du Hezbollah de la stratégie de défense nationale. J’ai exposé en résumé la nature de l’ennemi, les formes possibles de son agression, ses visées, ses points forts et ses points faibles. J’ai exposé tout cela, mais rien n’a été discuté. J’ai ensuite parlé du Liban qui est la victime et l’agressé. J’ai exposé ses points faibles, et aussi étonnant que cela puisse paraître à certains, ses points forts. Le peuple en fait partie. Ces hommes et ces femmes, nous les avons vus pendant des années résister avec courage et détermination, attachés à leur terre. La géographie du Liban est un autre point fort, notamment les montagnes, les vallées, les routes escarpées, même les crevasses qui sont un point faible dans d’autres sujets peuvent devenir un point fort. Bref, nous avons exposé les points forts et les points faibles du Liban pour aboutir aux choix possibles. J’ai dit que nous avons besoin d’une stratégie de défense globale : militaire, sécuritaire, diplomatique, politique, économique, éducative et au niveau de l’infrastructure. Il ne s’agit donc pas d’une défense militaire. La sécurité nationale libanaise face à un ennemi aussi puissant exige une stratégie de défense qui englobe tous les domaines.

Lorsque je suis arrivé à la question militaire, j’ai expliqué que nous avons besoin de deux piliers : une armée forte et une résistance populaire forte, avec une complémentarité entre les deux, dans le cadre d’une stratégie de défense nationale unique. J’ai exposé que nous avons dans ce cadre une expérience réussie pendant l’attaque dite des « raisins de la colère » en avril 1996. J’ai précisé que qu’a fait l’armée, la résistance, la diplomatie et j’en suis arrivé au fait que l’ennemi n’a pas atteint ses objectifs. Nous avions alors conclu ce qu’on a appelé « les arrangements d’avril » qui ont constitué la base de la victoire de 2000. Ce résultat était donc le fruit d’un effort collectif, à la fois militaire, populaire, diplomatique, médiatique etc. Et j’ai cité à cet égard des propos de l’ancien Premier ministre Sélim Hoss qui avait déclaré : « la question est de protéger le Liban. La résistance est une nécessité stratégique pressante dans cette protection. Le problème est que les armes de la résistance sont entre les mains d’une partie déterminée qui appartient elle-même à une confession déterminée. Comment trouver une solution à ce problème, telle est la question. Nous voulons une armée forte, une résistance forte et une coordination au plus haut niveau entre elles sans que cette coordination ne se transforme en instructions de l’une à l’autre.

Autrement dit, il ne faut pas que la résistance soit sous les ordres de l’armée car dans ce cas, c’est l’armée qui sera frappée dans chaque confrontation avec Israël  et ce sera ainsi la fin de cette armée».C’est un responsable au sein de l’Etat qui tient ces propos.

Un des éléments de force que j’ai évoqués à la table du dialogue, c’est justement cette marge dans laquelle les Libanais peuvent bouger, en tant qu’Etat et en tant que résistance. Face à Israël et face à la communauté internationale, c’est cette formule qui a réussi à protéger le Liban depuis 2000 jusqu’à cette réunion. J’ai ensuite achevé mon exposé. Si je vous dis tout cela c’est pour arriver à un résultat. Car beaucoup de voix affirment aujourd’hui que le Hezbollah n’a pas présenté sa vision de la stratégie de défense. C’est un pays étrange, un pays où le mensonge atteint le niveau de l’arrogance.

 En d’autres termes, la personne ment en riant. Le Hezbollah a été le premier à présenter sa stratégie de défense et les autres se sont tus. La séance en était encore à ses débuts. Une fois que j’ai exposé ma vision, le président de la Chambre a invité les présents à faire leurs commentaires. L’un d’eux que je ne nommerai pas a déclaré : Ce sont des propos importants qui exigent une étude approfondie. Je suggère que la séance soit levée et reprise plus tard. M.Walid Joumblatt a déclaré : les propos du sayed sont très importants. Il y a des aspects techniques que nous ne connaissons pas et des aspects politiques qui suscitent des questions que nous ne pouvons pas poser maintenant. Nous avons besoin de réfléchir.

La séance a été levée. Il y a eu ensuite la guerre de juillet. Mais avant d’en arriver là, je voudrais rappeler que nous avons exposé notre vision de la stratégie de défense en toute clarté et avec précision. Tous les présents ont écouté et pris des notes. Le lendemain, il y a eu des fuites dans la presse, mais elles étaient partielles. Le lendemain, il y avait un congrès sur la culture de la résistance et dans la séance d’ouverture je me suis adressé à tous les Libanais et j’ai refait l’exposé. Autrement dit, le Hezbollah a présenté sa stratégie non seulement à la conférence du dialogue mais devant tous les Libanais. Dire que le Hezbollah n’a rien présenté et éviter de discuter du sujet est un mensonge flagrant et une diffamation.

Il y a eu donc ensuite la guerre de juillet qui s’est terminée comme tout le monde le sait. Tout ce que nous avions dit dans notre exposé a été appliqué pendant la guerre. Je n’ai pas le temps maintenant de présenter des témoignages et de donner des exemples. Mais tout le monde peut revenir à ce qu’avait publié la presse à ce sujet. J’avais dit à l’époque : l’aviation militaire israélienne peut détruire toute armée classique qui n’a pas de défense anti-aérienne en quelques heures.

Mais il ne peut pas détruire la résistance et il ne peut remporter une bataille contre elle. Après 33 jours de guerre, les Israéliens ont dit que l’aviation militaire ne peut pas remporter une bataille contre la résistance. Et j’avais dit lors de la réunion du dialogue : Dans toute confrontation terrestre, la résistance peut vaincre l’ennemi. L’armée ennemie aura du mal à occuper une géographie mais elle ne pourra pas s’y maintenir. C’est ce qui est arrivé pendant la guerre. Lorsque j’avais exposé les points faibles, j’avais déclaré : les colonies, Haïfa et ses usines, le tourisme au nord et la descente d’un million de personnes dans les abris  constitue un moyen de pression sur le gouvernement israélien qui le poussera à arrêter son agression. C’est ce qui s’est passé. La guerre de juillet s’est terminée par la victoire de la résistance de l’aveu même des Israéliens, et dans le déni permanent de ceux qui avaient misé sur cette guerre et qui refusaient de reconnaître que leur pari était perdu.

Il y a eu ensuite des événements à l’intérieur liés au TSL, aux manifestations, à la démission du gouvernement etc jusqu’à la réunion de Doha. Un nouveau président a été élu et le président Michel Sleiman a appelé à la tenue de la réunion du dialogue, avec un seul sujet à l’ordre du jour : la stratégie de défense nationale. Nous avons accepté d’y participer sans condition. Plusieurs réunions ont eu lieu, des documents ont été présentés mais à aucun moment, l’exposé du Hezbollah n’a été discuté. C’est là où je veux en venir. Ne disent-ils pas pourtant qu’ils veulent discuter ? Eh bien qu’ils le fassent. Personne ne l’a jamais fait. Jusqu’à présent, le document que nous avons présenté n’a été discuté ni à la conférence du dialogue ni en dehors de cette conférence !

En réalité, ils n’ont pas discuté et ne le feront jamais tant que ce qui est demandé -du moment qu’ils sont engagés avec les Etats-Unis (je ne veux pas dire avec Israël)- c’est le désarmement de la résistance. Vous avez beau leur dire : voilà les points forts de la résistance et les points faibles de l’armée classique. Regardez ce qui s’est passé en Algérie, au Vitenam, en Afghanistan et même au Liban, il n’y a rien à faire. Il n’y a aucune place pour les propos rationnels, scientifiques, techniques et humains. Tout cela est une perte de temps car l’autre camp a pris une décision ferme : rendez vos armes et finissons-en avec cette histoire ! Il n’y a pas d’autre raison et le débat à la table du dialogue n’a jamais eu pour objectif de protéger le Liban.

Nous sommes dans le mois du Ramadan et j’assume entièrement la responsabilité de mes propos devant vous et dans l’autre monde : Le 14 mars n’ont pas participé à la table du dialogue pour dire : venez que nous discutions sérieusement comment protéger le Liban, comment protéger les habitants du Sud, de Bint Jbeil, de Hasbaya, de Saïda, de Tyr, de Nabatiyé, de la Békaa ouest, de Beyrouth, du Nord, la montagne, comment protéger notre infrastructure…Non, pour le 14 mars, il y a un seul sujet : les Etats-Unis veulent les armes. Il faut les leur donner. Des personnalités du 14 mars ont présenté des documents ; lisez-les, ils ont été publiés dans la presse. D’abord, il n’y a aucune discussion de notre propre exposé. Ensuite, ils ne sont basés sur aucun exemple réel et enfin, ils ont un objectif : remettez les armes à l’armée et adieu. C’est cela la stratégie de défense du 14 mars. Je vous le confirme.

Il y a quelques jours une grande figure du 14 mars a déclaré : ne vous fatiguez pas avec la table de dialogue et avec la stratégie de défense.  Cette personne dit cela au président de la République : Ne vous fatiguez pas avec la table de dialogue. Demain, le président Bachar Assad tombera et le Hezbollah sera contraint à déposer les armes. Point final. Cette personne ne dit pas : demain le régime syrien va sauter, nous serons contraints de protéger le Liban dans toutes ses régions et avec tous ses habitants ainsi que notre infrastructure. C’est le dernier de souci. En fait, non, cela n’existe même pas dans sa pensée. Son seul souci est les armes pour aller ensuite dire aux Américains : nous avons rempli notre mission, laissez-nous prendre le contrôle du pays. De même, lorsqu’une personnalité du 14 mars déclare : ce dialogue est un dialogue de sourds. C’est vrai. Il sait de quoi il parle car ils ne veulent pas entendre et ne sont pas prêts à le faire. Ils sont sourds à ce sujet. Pas nous. Au contraire, nous sommes soucieux de parvenir à une stratégie de défense qui protège réellement le pays. Tous les Libanais ont les mains dans le feu mais ceux qui sont à la frontière le sont encore plus et ils sont les plus soucieux que leur Etat, leur gouvernement et leurs forces politiques adoptent une stratégie de défense et leur assurent une protection nationale.

En dépit de cette conviction, je vous le dis, nous n’avons pas l’intention de boycotter la conférence du dialogue et nous ne voulons pas la saboter. Tout propos contraire est dénué de tout fondement. Mais en même temps, je le dis clairement : nous ne voulons pas que la participation de telle partie à la conférence devienne un sujet de chantage pour le chef de l’Etat, le président du Conseil ou les forces politiques. Un moyen de chantage pour obtenir des acquis qui n’ont rien à voir avec le sujet du débat, concernant la data des télécoms ou un autre sujet. C’est ce qui se passe aujourd’hui et nous ne voulons pas céder au chantage car cela ouvrira la voie à tous ceux qui ont une revendication en suspens sociale ou autre relative aux nominations etc, pour qu’ils usent du même procédé et disent au président de la République : nous viendrons si …

Si l’objectif du dialogue- et je suis très précis- sincère et sérieux est de parvenir à une stratégie pour défendre le Liban et son peuple, cet objectif est plus sacré que toutes les autres causes en suspens. Il ne doit pas être saboté pour servir un autre objectif aussi important soit-il. Aujourd’hui un chantage contre l’Etat est exercé au sujet de la participation à la réunion du dialogue dans le but de faire chuter le gouvernement, non de le préserver. Ils ont dit que notre camp est favorable au dialogue pour préserver le gouvernement et le renflouer. Mais c’est faux. D’abord, le dialogue national ne renfloue pas le gouvernement. Ce qui maintient le gouvernement ou le fait chuter, c’est une volonté politique. Une des composantes de l’actuelle majorité s’en va et le gouvernement s’en va avec elle. Cela n’a rien à voir avec la conférence du dialogue. Nous n’avons pas demandé au président de la République de convoquer une réunion du dialogue. Allez donc voir qui l’a fait ! En tout état de cause, l’homme a suffisamment de sens national et de motivations pour le faire. Mais il y aussi des facteurs qui favorisent cela. Rappelez-vous donc qui a demandé au président d’appeler à la réunion du dialogue et qui vous a pressés d’y participer alors que vous ne le vouliez pas. Ce n’est certainement pas nous et notre camp politique.
Je voudrais conclure ce sujet en disant qu’en dépit de notre conviction, nous participerons à toute réunion du dialogue. Mais si elle ne se tient pas, cela n’a aucune influence sur le maintien ou non du gouvernement.  

J’en arrive maintenant à un sujet délicat qui est posé depuis quelque temps déjà mais à laquelle on nous demande de répondre dans le cadre de la réunion du dialogue. Il s’agit de l’équipement de l’armée. Ce sujet ne concerne pas seulement le gouvernement de Négib Mikati, mais le régime politique dans son ensemble. En principe, nous sommes tous d’accord pour avoir une armée forte. Mais ose-t-on équiper cette armée en puisant chez ceux qui sont disposés à nous donner des armes, à savoir l’Iran qui est prête à le faire comme elle l’a fait pour la résistance ?

Le régime politique, la table du dialogue et l’Etat sont-ils prêts à prendre cette décision ou bien craignent-ils les Etats-Unis? Nous avons un régime qui craint les Etats-Unis et pas seulement au sujet de l’armée, mais les centrales électriques venant d’Iran sont interdites. Vous vous souvenez comment juste avant la visite du président iranien au Liban à la tête d’une importante délégation, Jeffrey Fletman est aussi venu à l’improviste porteur d’un message : il est interdit de coopérer avec les Iraniens. Même si l’Iran veut nous aider avec l’armée, l’électricité, les routes etc et nous offrir leur expérience pour régler les problèmes de notre vie quotidienne, nous ne devons pas accepter. Telle est l’Iran que l’on veut nous présenter comme un ennemi. Elle est prête à aider et à entraîner des milliards d’investissements au Liban. Mais le régime politique libanais n’a pas le courage de prendre une décision. Il craint le véto américain. Les Américains ont dit : il vous est interdit de coopérer avec l’Iran et si vous le faites, nous paralyserons votre système bancaire sous prétexte de violation des sanctions contre l’Iran.

Certains disent : donnons alors les armes de la résistance à l’armée et le problème sera réglé car nous aurons une armée forte. La question est simple et elle n’a pas besoin d’une conférence de dialogue…
Je pose d’abord une question : si nous donnons à l’armée nos armes antichars et nos missiles Zelzal, Khaybar et Raad, où les entreposera-t-elle et où les placera-t-elle ? Resteront-ils indécelables pour Israël ou bien l’ennemi parviendra-t-il rapidement à les localiser ? L’armée classique est à découvert et ne peut pas se réfugier dans la clandestinité comme la résistance. En deux heures, l’aviation ennemie balayera les dépôts et les rampes de lancement. Avec tous mes respects pour l’armée, si nous en étions une, en une heure l’aviation ennemie nous détruirait et il lui faudrait deux heures pour l’armée classique. C’est la réalité. Ceux qui parlent de donner les armes de la résistance à l’armée perdent la résistance et font peu de cas de l’armée. D’ailleurs certains ne croient ni à l’armée, ni à la résistance.

Deuxièmement, si vous voulez une armée forte, nous irons en Iran et nous amènerons des armes comme celles de la résistance. Nous aurons ainsi une armée forte et une résistance forte. Comme cela, nous protègerons notre pays. C’est pourquoi comme je vous l’ai dit, depuis 2000, le fait de dire à la résistance de remettre ses armes à l’armée ne vise pas à renforcer celle-ci ni à protéger le Liban, mais à en finir avec la résistance.

Après avoir désespéré d’obtenir gain de cause au sujet des armes, ils nous ont accusés de tous les maux. Tantôt nous voulons prendre le contrôle du pays, tantôt nous sommes confessionnels etc J’essaie de simplifier la question pour l’opinion publique. Ils nous ont ensuite dit : OK, vous voulez garder vos armes, c’est bon, mais placez-les sous le contrôle de l’Etat, le problème sera ainsi réglé. En apparence, il s’agit d’une belle rhétorique. Mais s’agit-il d’un problème ou bien de la défense du pays ?  Nous disons qu’il y ait un dialogue véritable sur la question à la table du dialogue et nous répondrons scientifiquement et rationnellement aux questions.

J’ai cité les propos de l’ancien Premier ministre Sélim Hoss. Lorsque nous plaçons la résistance sous le contrôle de l’armée ou de l’Etat, la première chose qui saute c’est la marge de manœuvre. Et le plus important est le fait que ce qui protège actuellement le Liban c’est l’équilibre de la dissuasion et de la terreur avec l’ennemi. Je me contenterai de cette remarque et si ce sujet est débattu sérieusement à la table du dialogue notre frère le ministre Hajj Hassan donnera les autres arguments.

En d’autres termes, comme le Liban a peur d’Israël qui possède l’aviation militaire la plus performante du MO, Israël a lui aussi peur du Liban. Car le Liban n’est plus aujourd’hui une troupe musicale. Certains sont occupés à faire de la musique mais d’autres installent les missiles et c’est ceux-là que craint Israël. Lorsqu’il regarde le Liban, Israël voit désormais une menace. S’il frappe un village, des installations électriques ou autres, il sait maintenant qu’il y a quelqu’un pour riposter. Je l’ai dit et mon message a été reçu. C’est cela qui compte pour moi. Il est convaincu que nous pouvons agir et frapper. C’est cela l’équilibre de la dissuasion. Qu’est-ce qui assure cet équilibre ? Les armes certes, mais aussi la crainte de celui qui porte ces armes. Israël déclare si nous frappons l’AIB, une demie heure plus tard, le Hezbollah frappera l’aéroport Ben Gourion, un port il ripostera contre un de nos ports etc. Cette résistance a le courage et la capacité de prendre une telle décision. Si nous plaçons les armes sous le contrôle de l’Etat, cet Etat qui est incapable de résoudre le problème des journaliers de l’EDL, qui ne peut lever un sit in et qui ne peut résoudre le plus petit problème, quel que soit le gouvernement en place. C’est hélas la réalité. J’ai lu plusieurs ouvrages sur le passé. Il est arrivé à un gouvernement de sauter parce que ses membres ne parvenaient pas à s’entendre sur l’évaluation d’un terrain.

Ce pays doté d’un régime confessionnel est incapable de prendre une décision à ce simple niveau. Nous disons donc qu’à partir du moment où les armes de la résistance seront placées sous le contrôle de l’Etat, elles perdront leur pouvoir dissuasif, et les Israéliens seront rassurés. Pourquoi ? Parce qu’ils savent que les américains diront à l’Etat : Israël vous a bombardé, mais il vous est interdit de riposter. Si vous le faites, nous prendrons des sanctions contre le Liban et contre votre système bancaire. L’Etat répondra : Non, de grâce !. Et cela indépendamment des personnes aux commandes de l’Etat. C’est cela le système libanais. Les responsables, les ministres ont du courage, mais les mécanismes de décision dans notre Etat sont paralysés et impuissants. En conséquence, il n’y a plus d’équilibre de la terreur. Car dans cet équilibre, l’ennemi israélien doit rester inquiet, sur le qui vive et réfléchir à plusieurs reprises avant de prendre la moindre initiative. C’est notre point de vue que nous développerons à la table du dialogue. Nous pensons que la bonne stratégie en tenant compte du système libanais et des circonstances actuelles ainsi que des circonstances régionales reste la présence d’une armée forte, d’une résistance forte et d’une coordination et d’une harmonie entre elles. Ces propos sont ceux de Sélim Hoss et nous les adoptons totalement.

Je voudrais à cet égard reprendre les propos tenus par un responsable du 14 mars. Celui-ci a dit : si nous échouons à désarmer le Hezbollah nous ferons en sorte que ses armes se rouillent dans les dépôts. En toute transparence, si nous plaçons nos armes sous le contrôle de l’Etat, elles seront certainement rouillées. Nous ne voulons pas dire que la résistance doit lancer une guerre. Nous parlons de coordination et d’harmonie entre la résistance et l’armée dans le cadre d’une stratégie de défense nationale unique.

Le dernier point est l’adoption d’une stratégie de la libération. Il restera encore à développer la question de la détention des armes de la résistance par une confession et leur utilisation dans la discorde confessionnelle pour aboutir à la conclusion qui veut annuler les armes de la résistance. Mais je laisserai ce thème pour un autre discours.

Parler d’une stratégie de la libération n’est pas nouveau. Depuis des années, nous avions dit que nous voulons une stratégie de libération au même titre que la stratégie de défense. Je le répète aujourd’hui : une stratégie de défense parce que le pays est menacé par les visées israéliennes et par les violations israéliennes régulières de notre souveraineté et une stratégie de libération puisque les fermes de Chebaa, les collines de Kfarchouba et une partie de Ghajar sont occupées. Personne n’en parle. Si pourtant, l’affaire est une question de souveraineté, l’occupation de 1000 M2 ou d’un million, c’est la même chose. La souveraineté est indivisible. Où se trouve pourtant la libération de ces portions de territoire, dans leurs esprits, leurs cœurs, leurs cultures et leurs programmes politiques ? D’ailleurs, lorsque la bande frontalière était occupée alors qu’elle abritait des Libanais de toutes les confessions, sa libération ne faisait pas partie de leur souci et de leurs préoccupations. Ils peuvent aujourd’hui simplifier la question en disant : pourquoi remettre la stabilité en question pour quelques vallées et la moitié d’un village ?

Mais en matière de souveraineté nationale, la superficie n’est pas importante. C’est une question de principe. Ils disent alors il faut d’abord un tracé des frontières. Mais à Ghajar, il n’en est nul besoin. Les lignes sont claires. Oui, il faut une stratégie de libération. Nous la réclamons et nous demandons à la conférence du dialogue d’en discuter. Si l’Etat ne veut pas mettre au point une stratégie de libération et renonce à cette responsabilité, chaque Libanais, les habitants du Arkoub et du Sud a le devoir de chercher à libérer la terre encore occupée. C’est un devoir moral, national et religieux. C’est aussi un droit. La résistance est née en 1982 parce que l’Etat n’a pas pris en charge la libération du territoire. Les gens se sont organisés et ont libéré le territoire. C’est ce qu’ils pourront faire si l’Etat ne veut pas assumer ses responsabilités à cet égard.  C’est le second message de ce discours.

En conclusion, je dirais : vous savez pourquoi ils ne veulent pas d’une stratégie de défense alors que nous la réclamons depuis des années. Ils ne veulent pas non plus d’une stratégie de libération parce qu’elle confirmera la résistance. Vous vous réunissez aujourd’hui pour appuyer la résistance, qui est un esprit et une culture et qui représente désormais un patrimoine et une Histoire. Nous ne sommes pas esclaves des armes, de la terre ou de différentes entités. Nous sommes les esclaves de Dieu et lorsqu’Il nous a créés, Il nous a donnés le sens de la dignité, de l’honneur et du refus de l’humiliation et de l’injustice, ainsi que la volonté de combattre les occupants. C’est cela le sens de notre combat et nous refusons  que le sujet soit abordé sous l’angle  des armes. Nous acceptons le dialogue et la discussion lorsque les autres parties sont réellement soucieuses de protéger le Liban, les Libanais, leur sang, leurs biens, leur avenir et leur dignité. Nous sommes prêts à plus qu’un débat, à une entente et nous serons toujours en première ligne pour verser notre sang pour cette cause. Comme nous l’avons fait dans le passé. C’est ce que nous avons été et c’est ce que nous sommes et nous serons toujours.     

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