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Iran, Syrie, Hezbollah, une même cible

Iran, Syrie, Hezbollah, une même cible
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Par Scarlett HADDAD

La priorité était certes de lever le sit-in de cheikh Ahmad al-Assir qui devenait insupportable pour les habitants de Saïda, mais il fallait aussi sauver la face du dignitaire religieux et ne pas permettre qu’il ait l’air d’avoir cédé sans avoir rien obtenu en échange. Et pour égratigner encore le Hezbollah, le cheikh islamiste a choisi de défaire son sit-in de 35 jours au moment même où le secrétaire général du parti chiite prononçait un discours devant les invités du comité de soutien à la résistance.

Peu importe, (sayed) Hassan Nasrallah en a vu d’autres. Et ce n’est pas parce que l’imam de la mosquée Abdel Rabah a exigé que le dossier des armes du Hezbollah soit « sérieusement » examiné à la prochaine réunion de la conférence de dialogue qu’il a consacré son discours de mercredi à la stratégie de défense. Il avait décidé d’en parler à ce rendez-vous qui avait été fixé dès le début du mois de jeûne, tout comme il a décidé d’évoquer la situation régionale à la Journée al-Qods, décidée par l’imam Khomeiny, le dernier vendredi du mois de ramadan.
 

(Sayed) Hassan Nasrallah a surtout voulu remettre certaines pendules à l’heure au sujet du document présenté par le Hezbollah en mars 2006 sur sa vision de la stratégie de défense. À tous ceux qui prétendent que le parti n’a pas encore présenté son document, le secrétaire général a clairement répondu en revenant sur les principaux points de l’étude qu’il avait lui-même développée devant les participants à la conférence de dialogue, avant qu’il ne cesse d’y participer personnellement pour des raisons de sécurité. Il a ainsi expliqué le concept de la complémentarité entre l’armée et la résistance qui est, elle, plus mobile et libre de ses actes, alors que l’armée est tenue par des règles rigides et, en tant qu’institution étatique, elle a les mains liées par les lois qui régissent les relations internationales entre les États. C’est ce qui a poussé (sayed) Hassan Nasrallah à parler d’une marge de manœuvre entre la résistance et l’armée qui permet une sorte de distribution des rôles qui est à l’avantage du Liban dans sa lutte pour la libération de son territoire et pour écarter la menace israélienne qui pèse sur lui. Mais le secrétaire général du Hezbollah reste convaincu que quoi qu’il dise ou fasse, il restera la cible d’une attaque systématique car ses détracteurs ne veulent pas d’un véritable dialogue. Ils ont surtout un objectif : détruire les armes de la résistance et la résistance dans son ensemble pour répondre à la demande explicite des Américains, lesquels agissent dans l’intérêt des Israéliens.

Les milieux du Hezbollah estiment que ce n’est pas un hasard si plusieurs événements ont eu lieu en même temps, visant tous à l’isoler sur la scène locale, alors que les combats font rage en Syrie et que l’Occident parie sur une chute du régime Assad. Aux yeux du Hezbollah, il est désormais clair que la guerre qui se joue en Syrie n’a absolument rien à voir avec la lutte pour la démocratie, les deux camps faisant preuve d’une violence qui n’a rien de démocratique. Même les médias les plus hostiles au régime syrien et au Hezbollah, comme le New York Times et le Herald Tribune, publient des articles sur la mainmise du réseau el-Qaëda sur l’opposition syrienne. C’est dire qu’il n’est vraiment plus question d’une lutte pour la démocratie, mais d’une volonté déclarée de faire tomber le régime Assad pour frapper l’Iran et le Hezbollah (...).

Pour les milieux du Hezbollah, l’équation est donc claire et la bataille qui se joue est vitale pour l’avenir de la région. L’enlèvement des onze pèlerins s’inscrit ainsi dans une volonté de soit pousser (sayed) Hassan Nasrallah à faire des concessions au sujet des positions stratégiques du Hezbollah, soit de monter contre lui la rue chiite qui devrait l’accuser de rester sourd aux supplications des proches des pèlerins pour des raisons politiques. Lorsque rien de ce qui était prévu ne s’est produit, c’est-à-dire que non seulement le secrétaire général n’a pas modifié sa position et que la rue chiite ne s’est pas soulevée contre lui, en dépit des vidéos largement diffusées dans les médias des pèlerins appelant le Hezbollah à appuyer l’opposition syrienne, les ravisseurs ont commencé à contacter eux-mêmes les médias pour les mettre en contact avec les otages et tenter de relancer le bazar. L’affaire reste en suspens, même si les pourparlers sont désormais entrepris par les autorités libanaises, mais (sayed) Hassan Nasrallah reste convaincu qu’elle ne le poussera pas à modifier ses choix stratégiques. C’est aussi dans ce contexte que Ahmad al-Assir a commencé son sit-in qu’il se promettait de ne pas lever avant le désarmement du Hezbollah. Si au sein de ce parti l’action du cheikh islamiste n’a jamais été prise très au sérieux, elle était quand même dérangeante d’abord sur le plan pratique, en bloquant un des accès au Liban-Sud, et ensuite sur le plan moral en cherchant à écorner l’image flatteuse de la résistance. Ce sit-in levé, on brandit maintenant la menace d’une annexe à l’acte d’accusation du procureur Daniel Bellemare qui, cette fois, citerait nommément Imad Moghnieh, non pas en sa qualité de proche de l’un des accusés Moustapha Badreddine, mais en tant que principal accusé lui-même. Il est aussi question d’ajouter d’autres noms tous membres de l’appareil sécuritaire du Hezbollah et donc d’accuser directement ce parti d’être derrière l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Sans parler des informations relayées régulièrement dans la presse occidentale et celle du 14 Mars sur des accusations portées contre lui tantôt de blanchiment d’argent, d’attaques terroristes un peu partout, de trafic de drogue, etc. Tout cela, estime le Hezbollah, vient d’une même origine et a un même objectif : détruire l’image de la résistance et désarmer celle-ci par tous les moyens, moraux, matériels et militaires et briser l’axe Iran-Syrie, Hezbollah-Hamas. Si (sayed) Hassan Nasrallah a donc choisi d’expliquer sa vision de la stratégie de défense (et de libération), ce n’est pas tant pour convaincre ceux qui ne le seront jamais, mais pour attirer l’attention de l’opinion publique sur le vaste plan destiné à faire plier ceux qui refusent d’exécuter la volonté américaine et israélienne. Il avait d’ailleurs utilisé ce procédé avant la publication de l’acte d’accusation, privant celui-ci de son effet de surprise et de son objectif de soulever la population contre « les assassins »...

Source: lorientlejour.com

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