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Lecture du rapport des Nations Unies sur «les armes chimiques» en Syrie

Lecture du rapport des Nations Unies sur «les armes chimiques» en Syrie
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Le 24 août 2016, le secrétaire général des Nations Unies a adressé au Conseil de sécurité le troisième rapport de l’enquête conjointe entre l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques et l'Organisation des Nations Unies. Quelques jours plus tard, de nombreuses divergences ont submergé entre les différents membres du Conseil de sécurité au sujet du contenu du rapport. En voilà les aspects majeurs du rapport et la méthodologie adoptée.

Lecture du rapport des Nations Unies sur «les armes chimiques» en Syrie

Virginia Gamba d’Argentine est la responsable du mécanisme adopté pour l’enquête. Elle est assistée de deux adjoints, Adrian Nritani d’Albanie, également responsable des affaires politiques de la Commission, et Erhard Hanr d'Allemagne, enquêteur. Le groupe d’enquêteurs a plusieurs bureaux entre New York, La Haye et Damas, chaque bureau a une spécialité. À partir du bureau de New York, ils délivrent les analyses politiques et les questions juridiques. Alors qu’à partir du bureau de La Haye les analyses et les questions médicales et scientifiques ainsi que les raisonnements pénaux scientifiques et les analyses relatives à l’engin militaire. Un autre bureau à New York pour la planification et les opérations, et un bureau à Damas en contact avec le gouvernement syrien.

Le rapport ne contient aucune enquête sur le terrain réalisée par la commission. Selon le paragraphe 19 «la Commission s’est contentée des rapports du terrain écrits par des comités ayant enquêté sur les faits et les informations dont ils disposent», tels qu’ils sont «sans examen de validité des sources ou de la méthodologie de travail!».

Le paragraphe 28 a indiqué que la commission s’est appuyée sur le don volontaire des informations provenant de diverses sources et qu'ils ne pouvaient pas forcer les enquêteurs indépendants à fournir des informations ou des documents. Ce qui est surprenant, selon le paragraphe 9, est que le Comité a commencé une campagne pour collecter de l'argent supplémentaire hors budget pour soutenir ses activités et ses besoins matériaux et techniques.

Le rapport ne mentionne pas en toute transparence la provenance des donations, le montant des donations, et quelles étaient leurs fins. Toutes ces données suscitent le doute sur la crédibilité de l'ensemble du travail. Le rapport a également indiqué dans le paragraphe 15, que des demandes ont été envoyées à 28 pays pour obtenir des informations et que la commission a répondu à l'invitation de 11 pays, sans les mentionner.

Le rapport a cité neuf cas d’utilisation d'armes chimiques dans les régions de Kafr-Zita, Hama le 11 et 18 Avril 2014, et Telms, Altmanah, Sermin, Kamin et Banache à Idlib et Mareeà Alep, entre 2014 et 2015. Dans tous les cas cités le rapport ne mentionne pas le nombre précis de victimes. Remarquablement, le rapport a omis, ou peut-être reporté pour une prochaine enquête l’attaque de Khan Al-assal en 2013 qui a tué 25 personnes, dont 16 militaires syriens, et aussi l’attaque d’Al Ghouta au gaz neurotoxique qui a tué plus d'une centaine de personnes en 2013.

Le rapport a affirmé, dans le paragraphe 28, que le chlore était disponible en Syrie et que la société saoudo-syrienne pour les produits chimiques avait une installation contenant 400 tonnes de chlore, à 29 kilomètres à l'est d'Alep saisie par le front «al-Nosra» la branche syrienne d’Al-Qaida depuis Août 2012. Une autre installation à Deir ez-Zor contenant plus 12 tonnes de chlore a été occupée par un groupe d'opposition depuis 2012, comme l’a indiqué le rapport.

Toujours selon le rapport les groupes armés ont pris le contrôle des six aéroports dans le nord de la Syrie, y compris l'aéroport Taftanaz à Idlib et les aéroports Meng, Kwers, et AlJarah à Alep. Et à Taftanaz il restait 15 hélicoptères, dont 9 en état de navigabilité.

Le plus surprenant, est ce qui a été évoqué dans le paragraphe 48 du rapport, que les membres de la communauté ont mis en place dans la plupart des cas, un système d'alerte précoce qui peut prévenir les citoyens en cas d'approche des hélicoptères et capables même de préciser dans certains cas s’il y a une prétendue attaque aux armes chimiques, de plus des instructions ont été délivrées aux résidents à chercher refuge au sous-sol en cas de raids aériens et se mettre à l’opposé de la direction du vent lors d'avertissement d’attaque chimique! Comment les membres de la communauté locale dans cette région de la Syrie, ont pu mettre en place d'un tel système d'alerte ! Et comment ils peuvent savoir s’il y a lieu d’une attaque chimique et alerter les habitants? A croire que les membres de la communauté de la région ont un système d’alerte plus sophistiqué que tous les pays de la région ?!

Les paragraphes 69, 71, 73, 74, 76 et 78 qui font référence au manque d'information et aux contradictions ainsi qu’à l’échec à parvenir à une conclusion viable sont particulièrement intéressants. Cependant, la commission a prononcé deux chefs d'accusation accusant le gouvernement syrien d’avoir eu recours au chlore à Telms et Sermin à Idlib alors qu’elle a accusé «Daech» d’avoir utilisé du gaz moutarde dans la région de Maree à Alep.

Les charges tenues contre le gouvernement syrien ont été fondées sur des témoignages qu’un soi-disant hélicoptère a lancé de barils explosifs sur une zone dominée par le front Al-nosra (placé sur la liste noire des Nations Unies comme l'une des branches d’Al-Qaïda), et «Ahrar al-Sham» à Telms. Pareil pour la région de Sermin l’accusation est fondée sur des témoignages oculaires. Le témoignage officiel syrien déclarant que les hélicoptères n’ont pas survolé ces régions durant les batailles a été négligé.

Le rapport reflète une faiblesse évidente concernant les informations et leurs origines avec l’absence des méthodologies nécessaires à la mise en place d’une enquête rigoureuse et fiable qui nécessite le déplacement des enquêteurs sur le terrain. Le rapport est basé en majorité sur des témoignages des membres du front al-Nosra (Al-Qaïda) considéré comme terroriste selon la loi internationale.

Le travail de la commission manque de transparence financière en plus de l’absence d’information en ce qui concerne les pays ayant coopéré avec les enquêteurs. Il ne faut pas oublier que le Directeur général de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques Ahmet Üzümcü est un ressortissant turc, pourtant selon les lois de l'Organisation des Nations Unies les fonctionnaires d'un État prenant partie d’un conflit ne peuvent pas faire partie du comité d’enquête rattachée à ce conflit.

Il est peu probable que la communauté internationale adopte ce rapport et ces résultats. Le rapport sera un moyen pour attiser les différences politiques au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies pour son manque de précision et d'objectivité. Il deviendra comme de la fumée dans l’air sans pouvoir préciser sa provenance.

Article paru dans le quotidien As-Safir, traduit par l’équipe du site

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