noscript

Please Wait...

ramadan2024

La Turquie au nord syrien… Jusqu’où ?

La Turquie au nord syrien… Jusqu’où ?
folder_openAnalyses access_time depuis 7 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par Akil Cheikh Hussein

On a dit autrefois au sujet du célèbre poète arabe, al-Mutanabbî, qu’il est «Celui qui a rempli le monde et occupé les gens». Et au cours des années, personne n’a concurrencé avec lui pour lui arracher cette qualification. Sauf la Turquie. Ou en termes plus exacts, sauf Erdogan qui est devenu- dans une grande mesure et grâce aux liquidations massives, y compris physiques, des adversaires- celui dont la voix est la seule entendue en Turquie. Du moins depuis le coup d’Etat considéré par tous comme n’ayant pas réussi à renverser Erdogan, alors qu’il a permis à Erdogan d’assujettir la Turquie à son contrôle absolu d’une manière que même le sultan Salim, tout grand fut-il, l’aurait vraiment envié.

La Turquie au nord syrien… Jusqu’où ?

Et avec une vitesse qui a dépassé celle des Spahi (1) ottomans à Marj Dâbiq (l’actuelle Jarabulus), lorsque le sultan ottoman, Salim, avait écrasé les troupes de son frère en religion et en confession, le sultan mamlouk, Quansoua al-Gouri, il y a justement cinq siècles jour pour jour, les chars du sultan Erdogan ont fait irruption pour écraser, sur les mêmes lieux, les troupes de certains de ses frères en religion et en confession.

Il s’agit bien des Kurdes accueillis par la Syrie, il y a un siècle, lorsqu’ils fuyaient leur terre natale à l’Est de l’Anatolie sous la pression de la répression des Ottomans puis d’Atatürk.

Ces chars ont fait irruption pour écraser effectivement les groupes armés kurdes, alors qu’ils n’ont écrasé que virtuellement les groupes de «Daech», alors qu’ils ont traversé les frontières syriennes pour soi-disant les écraser, groupes qui, pour le moment occupent Jarabulus par procuration d’Erdogan lui-même et de l’Alliance atlantique dont il est un serviteur fervent.

Après Jarabulus, la nouvelle armée ottomane a investi les villages au sud de la ville syrienne où elle a imité l’ancienne armée ottomane en faisant usage de la pire violence, en faisant couler le sang et en répandant les incendies partout où elle passait. Personne ne connait le nombre des civils syriens qui ont été tués dan la localité de «Jibb el-Kousa» et dans d’autres localités tombées sous les mains des Turcs et des autres groupes terroristes les accompagnant dans leur avancée vers le sud, où se situe la ville de Manbij.

La question ne concerne pas seulement le nombre de morts et de blessés civils qui tomberont dans les dizaines de villages syriens situés entre Jarabulus et Manbij, la ville vers laquelle progressent l’armée d’Erdogan et celles des «oppositions syriennes» dont certaines portent des noms riches en suggestions du genre « Mouvement Nour ed-dine Zinki » (1), «Brigade du Sultan Mourad», « Brigade du Sultan Muhammad le Conquérant» et «Régiment des Martyrs Turkmènes »…

La question concerne plutôt la valeur de la thèse pour laquelle, selon les Turcs, leur armée évacuera le nord syrien après avoir accompli sa mission consistant à refouler les groupes armés kurdes vers la rive orientale de l’Euphrate ou, selon ce qu’ils prétendent, consistant à liquider les groupes terroristes dans la région en question.

En fait, il est facile de pénétrer dans les profondeurs des chimères qui trottent dans la tête d’Erdogan qui se veut une réincarnation du sultan Salim. Surtout pour ce qui est de son armée qui a atteint le Yémen et le Soudan, côté sud, et les monts Aurès, côté ouest.

Pourtant, ce qui est important, à l’instant pour Erdogan, est Manbij. Après Manbij, c’est au tour de la ville qui plus que jamais se dessine dans ses rues l’avenir de la région et probablement celui du monde entier. Il s’agit d’Alep. Qui ne la connait pas du temps où les étendards des Hamdanides flottaient au-dessus de ses murailles et citadelles lorsqu’ils stoppaient les attaques venues du nord des Byzantins visant -tout comme celles des Turcs actuels- à reconquérir la Syrie ?

Le vice-président étasunien, Joe Biden, arrive en Turquie le jour même du lancement de l’opération «Bouclier de l’Euphrate». Il veut sans doute se rassurer de la bonne marche du combat entre les abusés turcs qui rêvent de ressusciter leur défunt empire ottoman  et les abusés kurdes qui ont tant et tant été dorlotés par Washington et «Tel-Aviv» qui leur promettaient la création de leur Etat oublié par les accords Sykes-Picot. Les uns et les autres ne sont ni les premiers ni les derniers à être oubliés et devenus ainsi des produits jetables  après usage.

A part cela, rien que le silence. Même si ici et là nous entendons des condamnations verbales. Tout le monde sait que l’objectif affiché de la razzia turque n’est pas Daech. La plupart des combattants de ce dernier se sont repliés vers les territoires turcs pour y changer leurs étendards et les noms de leurs brigades et contingents avant de retourner et accomplir leurs missions aux côtés de l’armée turque.

Cependant, deux faits réels se sont lourdement plantés au milieu des données de la réalité. La guerre turco-kurde est entrée dans un tournant assez critique. Cela laisse transparaitre un événement à ne pas comparer au coup d’Etat dit «raté». Cet événement a déjà commencé à ébranler, à la fois, les assises sur lesquelles a pu survivre la Turquie après la première guerre mondiale, et les fondements sur lesquels se lève la totalité du rêve kurde. Ca c’est d’une part.

D’autre part, il y  le silence susmentionné. Si l’Iran, la Syrie et la Russie n’ont pas réagi après tous ces jours passés depuis le début de l’intervention turque, il est impensable qu’une telle attitude soit une expression d’impuissance. Quoi alors ? Nous nous approchons d’un moment où une surprise majeure éclatera et prendra la forme d’un événement qui verra se réduire, jusqu’à l’infini, par rapport à lui, la victoire remportée par la  Syrie à Darayya.

------------            

(1)- La cavalerie ottomane

(2)-  « Nour ed-dine Zinki » (1118-1174) officier Turc saljoukid qui, de gouverneur d’Alep, a fini par régner sur la Syrie, l’Egypte et le nord de l’Irak. Il a combattu les Croisés, mais il est célèbre surtout par la répression qu’il a fait subir aux Fatimides (chiites). Les Francs l’appelaient ‘Noradin’.  

   
Source : French.alahednews
 

 

Comments

//