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Pour le camp du 14 Mars, il faut empêcher «contagion aouniste»

Pour le camp du 14 Mars, il faut empêcher «contagion aouniste»
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Par Soraya Hélou

Depuis la conclusion de l’accord de Taëf, en 1989, c’est le même scénario qui se poursuit. Officiellement, à cette époque, il avait été dit que cet accord qui met un terme à la guerre civile qui avait débuté en 1975, repose sur le fameux principe «ni vainqueur, ni vaincu». Mais en réalité, une partie avait été bien vaincue, les chrétiens et une autre avait été victorieuse, les sunnites. Ceux-ci avaient en effet pris les pouvoirs qui étaient réservés aux chrétiens sous couvert de les donner au Conseil des ministres. Mais le rapport des forces étant ce qu’il était, ces pouvoirs n’ont jamais été à tous les ministres mais plutôt à leur chef, c’est-à-dire le Premier ministre, d’autant qu’il s’agissait du Premier ministre martyr, Rafic Hariri. Dans les chiffres, la parité consacrée par l’accord de Taëf était respectée, mais en réalité, une grande partie des députés et des ministres chrétiens étaient désignés par les musulmans, alors que les principaux leaders chrétiens étaient marginalisés. Cette situation s’est prolongée de 1990 à 2005 et pendant toute cette période, il était courant de faire assumer la responsabilité de l’injustice faite aux chrétiens à la tutelle syrienne. Toutefois, après le retrait des troupes syriennes du Liban, en avril 2005, rien n’a changé  pour cette communauté. Au contraire, la situation s’est aggravée depuis que les chrétiens ont commencé à réclamer leurs droits qui se résument ainsi : une participation véritable, en respect avec l’esprit de la Constitution et le droit de choisir leurs représentants, à l’instar des autres communautés. Le chef de file de ce sursaut chrétien est le général Michel Aoun qui considère que pour aboutir à un véritable changement dans les institutions étatiques et dans le système libanais, il faut commencer par rassurer les différentes communautés sur leur poids au sein du partenariat politique qui résume l’essence du Liban. Aoun bénéficie dans son combat de l’appui du Hezbollah qui considère que la présence chrétienne est une nécessité pour le Liban et pour la région. Ce point figure d’ailleurs dans le manifeste politique qu’il a publié en 2009. Mais les autres composantes qui gravitent autour du Courant du Futur dans ce qu’on a appelé le 14 Mars ne veulent pas entendre parler de ce combat. Depuis 2005, c’est donc une guerre sans merci qui est menée contre le général Aoun, ses partisans et ses alliés, dans une tentative de l’isoler d’une part et de le pousser ensuite au désespoir, pour étouffer dans l’œuf toute autre tentative d’arriver à un rééquilibrage du pouvoir qui empêcherait le Courant du Futur et ses alliés d’imposer leur hégémonie sur l’Etat et ses institutions.

Pour le camp du 14 Mars, il faut empêcher «contagion aouniste»

Au cours des onze dernières années, et en dépit des victoires électorales enregistrées par le CPL de Michel Aoun, en 2005 et 2009 pour les législatives et en 2010 et 2016 pour les municipales, ce dernier n’a pas pu obtenir des nominations au sein de l’Administration qu’au compte-goutte. Tous les postes ont fait l’objet d’ententes, sauf lorsqu’un candidat désigné parc Aoun était dans la course. Aussitôt, tous les moyens étaient utilisés pour empêcher une telle nomination et tous les prétextes étaient bons pour éviter de lui donner le moindre acquis. Il s’agissait en fait d’une politique systématique et planifiée pour empêcher le général Aoun de s’introduire dans l’administration car il aurait pu ainsi déranger les réseaux de corruption qui s’y multiplient. Il faut aussi reconnaître que le blocage venait souvent des autres composantes chrétiennes au sein du pouvoir, qu’il s’agisse du président de la République entre 2008 et 2014 ou des parties politiques représentées au sein du gouvernement. C’est donc à peine si, dans les gouvernements successifs (entre 2005 et 2016), Aoun a pu obtenir des portefeuilles importants. En même temps, dès qu’il en avait un, une décision occulte était prise pour l’empêcher de réussir dans les ministères dont il avait, avec ses partisans, la charge.

Tout ce rappel vise à expliquer ce qui se passe actuellement et qui est une continuation de la politique précédente de mener la guerre à Aoun et de l’empêcher de contrôler l’Administration et même d’avoir une part dans les décisions du pays. Le mot d’ordre est donc toujours le même : empêcher Aoun et les siens d’arriver à des postes de commande. Pourquoi ? Aoun a commis deux grands crimes aux yeux de ses adversaires : il a réveillé l’espoir chez les chrétiens et leur envie d’aboutir à un partenariat véritable avec les autres composantes du pays et il a conclu une alliance solide et stratégique avec le Hezbollah qui dérange les plans américains et israéliens dans la région. Deux crimes impardonnables donc aux yeux des puissances régionales et internationales, qu’il faut punir pour empêcher «une contagion aouniste» et éviter que le phénomène se propage. Ce qui  explique tout le blocage actuel...qui ne peut finir que si l’un des deux camps déclare forfait. Comme le général Aoun et le Hezbollah ne semblent pas sur le point de céder, il faudra peut-être regarder du côté du camp adverse...

Source : French.alahednews

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