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Pour satisfaire Riyad...

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Soraya Hélou

Comme par hasard à la veille de la visite qualifiée «d’historique» du roi Salmane d’Arabie saoudite en Egypte, les autorités du Caire ont décidé de suspendre la diffusion de la chaîne Al Manar sur Nilesat. Quelles que soient les justifications d’une telle décision sur une prétendue violation des dispositions du contrat signé avec la chaîne, il est clair qu’il y a un lien entre les deux développements. En tout cas, la décision de Nilesat est arrivée à point nommé pour satisfaire le roi d’Arabie et sa cour qui ne décolère pas contre le Hezbollah.  Des sources journalistiques égyptiennes confirment d’ailleurs l’existence d’énormes pressions exercées par les Saoudiens pour encercler et isoler le Hezbollah et la décision de Nilesat s’inscrirait donc dans ce cadre. Les autorités égyptiennes ont donc voulu faire plaisir aux dirigeants saoudiens qui leur avaient vivement reprochés leur peu d’enthousiasme à placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes au cours de la dernière réunion de la Ligue arabe. La colère des dirigeants saoudiens était d’autant plus violente que les Egyptiens avaient affirmé que la décision de la Ligue arabe n’est pas contraignante. Il n’en fallait pas plus pour que les Saoudiens menacent les Egyptiens de suspendre ou de réduire leur aide financière à l’Egypte. Tout comme ils avaient menacé le Koweït de représailles, ainsi que le sultanat d’Oman s’ils refusaient de considérer le Hezbollah comme une organisation terroriste. Les autorités égyptiennes ont donc préféré jeter du lest aux dirigeants saoudiens au sujet de la chaîne Al Manar pour ne pas avoir à faire des concessions sur d’autres dossiers comme la guerre en Syrie ou la coalition menée par Riyad au Yémen.

Pour satisfaire Riyad...

La liberté de la presse ainsi que la chaîne Al Manar ont donc été les victimes de la décision égyptienne destinée à satisfaire les Saoudiens, qui veulent à tout prix mener la guerre au Hezbollah, l’encercler, l’isoler et éteindre sa voix, croyant pouvoir réussir là où «Israël» a échoué. Mais comme à son habitude, le Hezbollah avait étudié toutes les possibilités et prévu des scénarios pour chaque hypothèse. La décision de Nilesat n’a pas pris Al Manar de court, la chaîne s’étaient immédiatement placée sur le satellite russe. Mais cela ne rend pas pour autant la décision égyptienne moins grave. En principe, il y a un contrat clair avec tous les abonnés de Nilesat qui prévoit dans de très rares cas la possibilité pour le satellite arabe de suspendre la diffusion d’une chaîne abonnée. Mais une fois de plus, les dirigeants saoudiens ne tiennent pas compte des lois et des règlements. Ils sont en colère contre le Hezbollah qu’ils considèrent comme le principal responsable de l’échec de leurs plans dans la région, en Syrie, au Yémen et à Bahreïn en particulier, sans parler du Liban où ils commencent à sentir que leur influence est en train de baisser. Ils ont donc décidé de riposter de la façon qu’ils connaissent le mieux , à savoir la répression de la liberté d’expression.

La décision de Nilesat confirme une fois de plus clairement que la Ligue arabe est actuellement sous le contrôle du royaume wahhabite et que la marge de manœuvre des autres pays arabes est en train de se réduire. Les dirigeants saoudiens qui jusqu’à récemment se contentaient de demi mesures, de manipulations de loin et de combats par d'autres parties interposées sont désormais passés à l’offensive et ils sont en première ligne de toutes les confrontations avec l’axe de la résistance. Ce qu’ils ne comprennent toutefois pas c’est que de tels agissements sont en train de détruire l’illusion qu’ils avaient bâtie pendant des années sur leur attachement à l’arabité et sur leur volonté d’aider les autres pays arabes moins riches que le leur. Avec chaque nouvelle décision répressive, c’est un peu plus de leur masque qui tombe. Les populations arabes ne sont plus dupes et du Yémen à la Syrie, en passant par l’Irak et même la Jordanie, l’Algérie et l’Egypte, nul n’ignore plus qu’ils ont des liens avec l’ennemi israélien et avec toutes les forces du mal qui sont en train de détruire la région et son tissu social. Mais le plus important, c’est aussi que dans le monde d’aujourd’hui, on ne peut plus étouffer les médias. A l’ère des moyens de communications généralisés, si un satellite se ferme, d’autres sont ouverts, sans parler d’internet et de tous les réseaux sociaux. Dans le monde d’aujourd’hui, on ne peut plus museler la presse et le pire régime totalitaire ne peut plus gagner une guerre contre les médias... Au contraire, la décision de Nilesat a d’ailleurs suscité une vague de solidarité avec la chaîne Al Manar et même des parties politiquement proches des régimes arabes qui n’ont pas condamné la décision de suspendre Al Manar. C’est un indice de l’état d’esprit populaire contre toute décision qui réprime les libertés. Enfin, quand on est dans le droit, on ne craint pas les médias, mais c’est quand on a peur de la réalité qu’on cherche à les faire taire...

Source : French.alahednews

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