noscript

Please Wait...

Bent el-Houda: La vengeance du destin

Bent el-Houda: La vengeance du destin
folder_openRapports access_time depuis 8 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

    Par Sara Raad

«Si seulement ces arbres savent que je parte. Si seulement ces pierres comprennent que je parte. Si seulement ces murs connaissent que je parte et que je ne puisse plus se déplacer auprès d’eux. Si seulement ces portes ressentent que je parte et que ma main qui était la première à les ouvrir, ne les ouvrira jamais plus tard.
Ses fleurs que j’ai arrosées par mes larmes, connaissent-elles que je m’en vais pour toujours ?
Ses arbres que j’ai soignés depuis qu’ils étaient de petits germes, réalisent-ils que leur mère ne reviendra jamais ?
Ses bancs qui m’ont embrassée longtemps, se rappelleront-ils de moi ? Ou me substitueront-ils tout de suite par un autre résident ?
Et mon crayon qui a tracé mes douleurs et mes bonheurs, se souviendra-t-il de mes caresses ? Si seulement il perçoit que je l’abandonne pour toujours.
Oh si seulement tout ce qui m’entoure, tout le monde, connaît que je parte!»

Bent el-Houda: La vengeance du destin

Le 9 avril 1980, tout le monde a pu savoir qu’elle est partie sans retour, qu’elle a quitté cette Vie, opprimée, persécutée et tyrannisée, mais toujours forte, courageuse et ferme.
Amina el-Sadr, connue pour Bent el-Houda, l’écrivaine vertueuse de ces douces phrases a été neutralisée avec une barbarie sans égal par l’assassin Saddam Hussein.
L'ayatollah Mohammed Baker el-Sadr et sa sœur Amina Bint el-Houda, violée sous les yeux de son frère, ont été torturés à mort à Bagdad: les forces sécuritaires de ce tyran ont planté des clous dans la tête du chef religieux et lui ont brûlé la barbe.
Quelques heures plus tard, Saddam a ordonné de traîner sa jeune sœur, qui avait perdu conscience suite à la torture sauvage, vers sa cellule, où il s’est mis personnellement à frapper la pieuse dame par un fouet. Ensuite, il a demandé de couper ses seins, ce qui a fait éclater son frère, le dignitaire Mohammed Baker, de colère.
Le criminel a fait sortir ensuite son revolver, et a tiré sur le dirigeant religieux, puis sur sa sœur.
Tout de suite, les deux détenus sont tombés en martyre.

Bent el-Houda: De l’enfance au martyre

Née en 1937 à  Kadhimiya (au nord-ouest du Bagdad), dans une famille connue par le savoir, le djihad et la piété, la martyre Amina fille de l’ayatollah Sayed Haider el-Sadr était la plus jeune parmi ses deux frères et sa sœur.

Bent el-Houda: La vengeance du destin

Dès sa naissance, Bent el-Houda n'a pas vu son père et ne s’est jamais souvenue de lui puisqu’elle était née orpheline. Mais ses deux frères, Sayed Ismaïl et Sayed Mohammed Baker el-Sadr ont compensé cette absence en lui fournissant toute tendresse et affection.
Très jeune, sa mère lui a enseigné les principes de la lecture et de l’écriture. Elle a fait preuve d’une bonne capacité à apprendre, à comprendre et à analyser. Ses frères ont continué plus tard la tâche de leur mère. Ces nouveaux enseignants ont éduqué cette élève géniale les sciences de la littérature arabe, alors elle est parvenue à rédiger des poèmes dans ses premières années.
C’était l’étincelle d’une écrivaine brillante qui a enrichi la culture islamique par ses œuvres.
Ses écrits publiés dans le magazine «Les lumières» en 1966 reflètent les aspects culturels et islamiques de sa personnalité.
Il convient de noter que «Les lumières», un magazine publié par un groupe de savants à Najaf, n'était qu’une plate-forme pour les élites et n’exposait que les œuvres spéciales.
L’écrivaine Bent el-Houda était l’inauguratrice du récit islamique engagé.
Elle a tenté, par ses ouvrages au style simple mais riche, de cultiver et d’éduquer les femmes musulmanes afin d'assurer leur dignité et de les protéger de la délinquance et de l’ignorance.
Parmi ses ouvrages, qui illustrent un nouvel esprit, une pensée claire et une résolution des problèmes contemporains, on cite: Les éléphants gagnent, La tante perdue, Deux femmes et un homme, Conflit, Une rencontre à l'hôpital, Si seulement je connais, Les mémoires du pèlerinage…
De plus, la martyre vertueuse était l’une des fondatrices des écoles «az-Zahra» à Bagdad, Najaf et Kadhimiya en 1967. Ces écoles visent à éduquer les élèves, outre les sciences primaires des écoles publiques, les principes islamiques.
Surnommée «Zeinab de l’époque», en référence à notre Dame sainte Zeinab qui avait un rôle éminent dans l’histoire islamique, Amina el-Sadr jouait un rôle similaire: elle soutenait toujours son frère l’ayatollah Mohammed Baker el-Sadr, expliquait ses études et ses fatwas aux femmes, lui transmettait les questions de ces dernières, et elle mobilisait les femmes de la société pour dénoncer la tyrannie.
Bent el-Houda était la vraie partenaire de l’ayatollah el-Sadr, durant sa vie et dans son martyr.
La nuit de 9 avril 1980, vers 10h, l'ayatollah Mohammed Baker el-Sadr et sa sœur Amina Bint el-Houda, qui ont été torturés à mort dans les geôles des autorités irakiennes, ont été enterrés dans le cimetière de «La Vallée de la Paix» dans la ville sainte du Najaf. Un événement qui témoigne pour toujours de la barbarie du criminel Saddam Hussein.

La chute du tyran

23 ans plus tard, le 9 avril 2003, Saddam Hussein est tombé comme il a gouverné, par le fer et le feu.
Après avoir menacé et pratiqué sans scrupules la violence à tous les plans, ce dictateur est tombé.

Bent el-Houda: La vengeance du destin

C’était la fin du premier homme d'Etat ayant eu recours à l'arme chimique contre sa population. En 1988, pendant la guerre Irak-Iran (1980-88), l'aviation irakienne a largué sur Halabja (nord-est) toute une gamme d'agents chimiques. Ce bombardement fut la plus grande des attaques irakiennes aux gaz contre des civils: quelque 5.000 Kurdes irakiens, en majorité des femmes et des enfants, ont été tués en quelques minutes, et 10.000 blessés.
D'autres atrocités marqueront pour toujours le règne de Saddam: La campagne Anfal, en 1987-1988 où quelque 182.000 personnes ont été tuées dans des déplacements massifs de populations kurdes du nord au sud de l'Irak, les exécutions sommaires et les tueries dans des villages kurdes et chiites, les cadavres des soldats iraniens gazés dans les marais, les exécutions de dignitaires religieux chiites en 1980 et 1999…
La cruauté était l'art de ce tyran. Sa domination s'est basée sur la terreur et la torture. A son époque, la douleur, l'humiliation et la mort faisaient partie de la scène publique quotidienne irakienne.
Après avoir écrasé dans le sang ses rivaux, concentré les pouvoirs aux mains de ses seuls hommes de confiance, quadrillé le pays par un système de services de renseignement à plusieurs niveaux, il se sentait donc suffisamment à l'aise à l'intérieur pour pouvoir s'offrir à une ouverture à son voisinage.
Toujours numéro un à tuer et massacrer, Saddam était, cette fois aussi, le premier président arabe qui a attaqué un pays arabe voisin: En août 1990, il lance son armée à l'assaut du Koweït. Ses troupes ont occupé ce petit pays du Golfe pendant sept mois, où elles ont perpétré des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre. Même lorsque la «mère de toutes les batailles» échoua, il ne sut pas, non plus, tirer les leçons de sa défaite.
Sa stratégie claire de châtiment et de torture a considérablement affecté les Irakiens et le monde entier.
Personne n’a échappé, le 9 avril 2003 au déboulonnage d’une statue de Saddam Hussein sur la place Fardaous de Bagdad, symbolisant ainsi la chute du régime tyrannique.
Le 9 avril, fut la date qui illustre la vengeance du destin, la date qui doit être bien gravée dans la mémoire et l’esprit de chaque responsable, mais surtout de chaque oppresseur et tyran.
{Ne crois surtout pas que Dieu soit inattentif aux agissements des injustes}, [Ibrahim/42]

Source: french.alahednews

Comments

//