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Téhéran: Les vrais aspects de la crise avec Ryad

Téhéran: Les vrais aspects de la crise avec Ryad
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Dans le diagnostic et la lecture de la crise entre Ryad et Téhéran, un responsable iranien commence son analyse par les événements du 11 septembre 2001. A cette époque l’ancien président américain Bill Clinton a dit «ce qui est arrivé à New York et Washington ce jour-là, est le côté sombre de la mondialisation!»

Téhéran: Les vrais aspects de la crise avec Ryad

L’ancien maître de la Maison Blanche voulait à travers ces déclarations, mettre en évidence le jeu de la lumière et de l’obscurité lorsqu’ils sont en mouvement opposés. Tout comme la planète lorsque le soleil éclaire un coté le coté opposé plonge dans l’obscurité. La mondialisation applique cette même approche entre le nord et le sud. Lorsque la mondialisation a éclairé le nord tout le sud a plongé dans l’ombre. C’est de ce coté du monde que les terroristes sont sortis pour se venger des autres.

Le responsable iranien fait la même lecture pour la situation en Arabie saoudite. Le pouvoir là bas, comme tout le monde le sait, est historiquement le produit d’un mariage entre deux structures : la famille des Saoud et la doctrine wahhabite. Ce mariage a résisté durant de longues décennies, il a réussi à surmonter de nombreux défis, particulièrement les événements du 11 septembre 2001. A cette époque George W. Bush a prononcé à Ryad un discours sur le changement du pouvoir. Il est allé jusqu’à demander aux responsables saoudiens l’accès aux programmes scolaires. Une tentative de trouver une réponse à la question existentielle de Bernard Levis «pourquoi nous détestent-ils». Mais la main qui manipulait George Bush a réussi à détourner rapidement l’attention de ce dernier vers d’autres directions et d’autres pays, où des guerres pouvaient être menées, de Kaboul jusqu’à Bagdad. C’est ainsi que le régime saoudien a pu survivre à la folie du Cowboy américain.

Toujours selon la lecture du responsable iranien, avec Obama, le pouvoir saoudien s’est comparu à nouveau devant le défi existentiel. Cette fois plus proche de ces environs et ces enjeux. A travers le printemps arabe, les révoltes populaires, le renversement des régimes et des gouverneurs, et le renouvellement des élites des structures et la structuration des états. C’est alors qu’a commencé le conflit politique au sein du royaume saoudien entre la structure familiale et la composition religieuse. Durant le règne du roi Abdallah la famille a essayé de faire un pas vers l’avant. Le monarque a adopté une série de procédures pour l’ouverture, de l’élection du choura, passant par l’université quasi-mixte, jusqu’aux dépenses visant à l’amélioration des citoyens saoudiens.

En revanche la composition religieuse du royaume a très mal pris cette ouverture et a adopté des mesures plus strictes traduites comme un mouvement de recul. Cela l’a conduit à plus de fanatisme plus de salafisme, et donc un isolement plus grand dans son dogmatisme.

De loin, l’Iran observait les deux mouvements, poursuit le responsable iranien. Nous surveillons leur développement, parce que nous étions conscients que tout changement aura des répercussions sur l’entourage régional et donc impérativement sur nous. Peu à peu, nous remarquons que les relations entre les différentes composantes de ce pays vont vers plus de divergence et de dissonance. Cette situation prédisait la rupture du contrat marital entre les deux fondateurs de ce royaume ce qui pourrait aboutir à une crise majeure au sein de la monarchie saoudienne.

Soudainement à la croisée du destin, le régime a trouvé une solution à sa crise : la solution à ces problèmes internes est la création d’un ennemi externe. Un ennemi commun à ces deux composantes qui puisse les unir, un ennemi à la famille saoudienne tout comme à la doctrine wahhabite. Ils ne trouvent devant eux que l’Iran, ajoute le responsable iranien. Téhéran foyer de la révolution islamique, était la seule qui pouvait être présentée en tant qu’ennemi. Un ennemi à la péninsule arabe en tant que représentante de l’image perse, et un ennemi et au wahhabisme en tant que force chiite. La politique saoudienne commençait à s’esquisser à travers ces arguments.

Mais pourquoi ce raisonnement a-t-il éclaté de cette façon en ce moment précis ?

La réponse est claire : l’Arabie saoudite a gardé le sang froid durant les premières années des révolutions arabes en attendant la position américaine à l’encontre de l’Iran.

Malgré une décennie de négociations entre Téhéran et Washington, la croyance dominante était celle que l'Occident en général et l'Amérique en particulier, mèneront une guerre contre la révolution de Khomeiny, à la place de Riyad.

Cette croyance se basait sur deux différends ente l’Iran et l’occident qu’aucune négociation ne pouvait régler : le nucléaire et «Israël».

Mais la nouvelle politique d’Obama à la maison blanche a surpris tout le monde en assurant la solution à ces deux problèmes. Le président américain est allé encore plus loin en dépassant les lignes rouges qu’aucun président ou responsables occidentaux n’osaient franchir : l’acceptation du nucléaire iranien, et la confrontation avec Netanyahu sur le fondement de la politique américaine dans la région.

Face à cela il ne reste plus au royaume saoudien que la confrontation avec l’Iran non pas pour renverser le régime iranien mais pour préserver l’union au sein du royaume et éviter sa chute.

Comment l’Iran agira face à cela ? Le responsable iranien affirme que la politique iranienne ne changera pas. Depuis l’établissement de la république islamique guidée par l’Imam Al-Khomeiny ,l’Iran était consciente des défis de la présence d’une république révolutionnaire islamique dans la région. C’est pourquoi la politique iranienne s’est toujours basée sur deux politiques principales pouvant lui procurer l’unanimité nécessaire : le brandissement de la bannière palestinienne d’une part et la bannière de l’union islamique de l’autre. Mais si ces deux politiques ne réussissent pas dans la confrontation avec Ryad ? Le même responsable répond, il y aura alors trois probabilités. La première, le dialogue ouvert et sincère, la seconde c’est que l’une des deux parties change et la dernière serait le désastre…

Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l’équipe du site

 

 

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