noscript

Please Wait...

ramadan2024

Un environnement protecteur

Un environnement protecteur
folder_openAnalyses access_time depuis 13 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Fadwa Nassar

Au cours de son discours à l’occasion de la journée du blessé résistant, le 16 juillet dernier, sayyid Hassan Nasrullah, secrétaire général du Hezbollah, a insisté sur le rôle de l’environnement protecteur à la collaboration avec l’ennemi sioniste, comme un des facteurs les plus importants ayant entraîné la recrudescence de ce fléau dans la société libanaise.
La découverte récente par les services de renseignements de l’armée libanaise de trois collaborateurs dans la société de communications Alfa a sonné l’alarme : les collaborateurs pullulent et cela est dû à un environnement politique où ils se sentent à l’abri de toute poursuite.
Dans la bande de Gaza également, qui a subi une guerre meurtrière en décembre 2008 – janvier 2009, les collaborateurs furent nombreux, avant, pendant et après cette guerre. Le gouvernement palestinien de Ismaël Haniyyé a lancé récemment une véritable chasse pour les extirper de la société avant de lancer une campagne, d’une durée d’un mois, où le collaborateur est invité à se faire connaître et à se repentir, pour obtenir la grâce. Sinon, le châtiment sera des plus douloureux. Car les critiques ont été sévères envers le gouvernement lorsqu’il avait décidé d’exécuter les traîtres et autres criminels, des associations de droits de l’homme ayant jugé les exécutions illégales. De plus, les traîtres et collaborateurs semblent être nombreux, les services de renseignements sionistes ne laissant aucun moyen de côté pour les enrôler : pressions et chantages, appâts du gain rapide sont les armes les plus utilisées par l’ennemi. C’est pourquoi le gouvernement et les appareils sécuritaires palestiniens de Gaza ont lancé cette vaste campagne expliquant d’abord les moyens utilisés par les sionistes, afin de protéger la société contre ce fléau, puis la campagne du repentir.
Que ce soit au Liban ou à Gaza, la présence de la résistance armée n’est pas supportable pour l’Etat sioniste, qui cherche par tous les moyens à obtenir des renseignements pour pouvoir attaquer sans risque d’erreurs. A Gaza, malgré tous les collaborateurs et la guerre criminelle, les appareils israéliens n’ont pu découvrir le lieu de détention du soldat israélien capturé en 2006, ce qui montre que les Brigades d’al-Qassam sont parvenues à protéger ce secret dont le coût est inestimable. Les Brigades d’al-Qassam ont mis en pratique les paroles de sayyid Hassan Nasrullah, au début de la guerre israélienne de 2006, disant que seules des négociations indirectes et l’échange des prisonniers pourraient ramener les soldats israéliens à leur société. Au Liban, les services de renseignements israéliens n’ont pu découvrir, malgré la présence d’un grand nombre de collaborateurs, où se situaient les zones les plus sensibles de la résistance islamique. Malgré l’espionnage de certaines parties de la FINUL pour le compte des sionistes, au sud du Liban, et malgré la présence de collaborateurs, le Hezbollah est parvenu, ici aussi, à maintenir secret ce qu’il juge devoir l’être.
Il reste que l’environnement politique assurant la protection des collaborateurs s’est étendu, au cours des décennies passées, que ce soit au Liban ou en Palestine, pour ne pas parler des autres pays arabes. Il peut être perçu et senti à différents niveaux. D’abord, le fait de considérer Israël comme un Etat normal, ou devenu normal (à cause de sa présence dans la région depuis 60 ans) et non comme une entité coloniale ayant occupé la Palestine et expulsé une grande partie de sa population. Cette vision s’est malheureusement développée dans le monde arabe après les accords d’Oslo et la conférence de Madrid, qui a suivi la seconde guerre du Golfe, lorsque les puissances occidentales ont jugé que le fruit était mûr (lire les Arabes sont affaiblis) pour imposer cette conception de la nature de notre conflit avec l’entité sioniste. Il faut cependant remarquer que cette vision aurait pu être généralisée, dominer la région et assurer un bel avenir à l’entité sioniste si la résistance islamique au Liban et en Palestine n’avait pas accentué sa lutte et obligé l’Etat sioniste et ses amis à reculer. Entre 1993 et 2000, date de la libération du sud Liban et de la Bekaa et du déclenchement de l’intifada al-Aqsa, les opérations des résistants, en Palestine et au Liban, mettent en difficulté cette vision mensongère, surtout lorsque les sionistes réagissent par des assassinats et des massacres, dévoilant encore plus leur vrai visage criminel. Par conséquent, la résistance est parvenue, dans les deux pays, à mener une contre-offensive, en ancrant la culture de la résistance.
Néanmoins, la conception d’un Etat d’Israël « partenaire dans la région » a creusé son chemin dans les pays arabes, et notamment au sein d’une certaine élite économique, intellectuelle ou politique, qui bénéficie largement d’un soutien financier et politique de la part de pays européens et des Etats-Unis : la floraison des ONG dans la société dans les territoires de l’Autorité palestinienne, à cette époque, n’est pas gratuite. Ils serviront à saper l’organisation politique des masses palestiniennes, à les détourner de la lutte nationale et surtout à détruire les acquis de la première intifada en Cisjordanie et Gaza.
Mais au Liban, cet environnement a des racines plus profondes, puisqu’une certaine classe politique n’a pas hésité à faire alliance avec l’armée sioniste pour détruire la résistance palestinienne avant 1982 ou à signer un accord humiliant avec lui en 1984 suite à l’invasion israélienne. La nature confessionnelle du pouvoir libanais fait partie de cet environnement favorable, où certains chefs confessionnalistes pensent trouver auprès d’Israël ou des puissances étrangères de quoi les aider à affirmer leur domination sur le Liban.
Quelle que soit l’ancienneté de cet environnement, au Liban ou en Palestine, il présente toutefois des traits communs: banalisation du fait sioniste par la reconnaissance de fait de la présence coloniale dans la région, soumission à la volonté américaine qui n’est pas perçue comme une alliée des sionistes, mais comme une partie « neutre », dénigrement de la résistance qui est accusée d’être responsable des guerres et des crimes commis par les sionistes, dénigrement de la culture de la résistance devenue pour certains « culture de la mort » et que ce soit en Palestine ou au Liban, la célébration du « droit à la vie », de la « joie de vivre », notions hypocrites cachant avant tout le refus d’assumer sa responsabilité vis-à-vis d’un ennemi qui rêve de dominer la région depuis un siècle.
En Palestine, toutefois, c’est l’environnement politique dominant dans la partie encore occupée et colonisée qui procure un sentiment d’impunité et d’assurance aux collaborateurs, même à Gaza. Lorsque le premier ministre Salam Fayyad accepte de participer à la conférence de Hertzelia où les chefs sionistes élaborent leur stratégie sécuritaire et politique, lorsque Ahmad Qrai’ n’hésite pas à rencontrer, saluer et à sourire à la criminelle de guerre Livni, lorsque les appareils sécuritaires palestiniens du gouvernement de Ramallah font des manœuvres et rencontrent les appareils sionistes, sous la direction du général américain Dayton, lorsque ces mêmes appareils font la chasse et emprisonnent les résistants à peine sortis des prisons israéliennes, lorsque Mahmoud Abbas n’hésite pas à dénoncer la résistance militaire et à s’excuser chaque fois que des résistants parviennent à mener une opération en Cisjordanie même, lorsque des journalistes palestiniens rencontrent les journalistes israéliens dans le but de normaliser les relations, c’est toute une culture politique qui est parvenue à s’infiltrer dans un secteur de la société palestinienne.
Au Liban, le fait de considérer que les armes de la résistance sont un obstacle à la vie politique du pays, le fait d’accepter ou même de solliciter l’ingérence américaine ou française dans la sécurité du pays, le fait de considérer l’Iran ou la Syrie comme des ennemis, au même niveau ou même pires, pour certains, que l’Etat sioniste, le fait d’accepter sans broncher l’entrée des produits israéliens et de dénigrer les campagnes de boycott, accepter de rencontrer les Israéliens dans des conférences organisées par l’Union européenne, sous la houlette de l’union autour de la méditerranée, conçue d’ailleurs spécialement pour normaliser les relations entre les sociétés arabes et israélienne, tout cela fait partie de l’environnement politique sur lequel comptent les collaborateurs pour poursuivre leurs crimes.
Dans cet environnement politique et culturel, la collaboration sécuritaire avec l’ennemi, responsable de la mort de centaines, voire de milliers de citoyens, la destruction des pays et l’assassinat de dirigeants de la résistance, devient un simple point de vue, discutable certes, mais non un crime suprême. C’est pourquoi les collaborateurs se sentent bien à l’abri.

Comments

Breaking news

//