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Changement des priorités françaises : une volte-face spectaculaire Les droits de l’homme à la sauce saoudienne

Changement des priorités françaises : une volte-face spectaculaire
Les droits de l’homme à la sauce saoudienne
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   Par Soraya Hélou

Il n’y a plus de doutes sur la question. Ce qui n’était encore que des balbutiements est désormais confirmé. La France politique et médiatique a modifié son approche à l’égard de la crise en Syrie.

Cela a commencé par de timides reportages sur la vie en Syrie dans les régions contrôlées par «Daech» et par un début de mobilisation des milieux conservateurs français à l’égard des chrétiens de Syrie menacés par la dictature théocratique et la barbarie représentées par ce groupe extrémiste dans les colonnes de quotidiens comme Le Figaro et sur des chaînes de télévisionChangement des priorités françaises : une volte-face spectaculaire
Les droits de l’homme à la sauce saoudienne relevant de la même mouvance politique comme LCI ou encore TF&. Mais désormais, toute l’intelligentsia française s’y met. Le dernier événement médiatique dans ce sens a eu lieu sur la chaîne cryptée Canal Plus, considérée comme proches des milieux intellectuels socialistes. Dans son talk-show du samedi soir, réputé pour son insolence, et présenté par le célèbre animateur Thierry Ardisson, la chaîne a abordé la guerre en Syrie avec deux invités, un intellectuel tunisien qui a milité en faveur de la collaboration avec le régime syrien et un homme d’affaires syrien qui a lui aussi pris ses distances avec l’opposition syrienne. L’idée directrice du présentateur était la suivante : au final, face à la menace que représente «Daech» à la fois pour les Syriens et pour l’Europe, une coopération avec le régime de Bachar al-Assad est finalement justifiée. «Après tout, a lancé M. Ardisson, la France a bien collaboré avec Staline contre Hitler, pendant la seconde guerre mondiale !». Le ton est ainsi donné et le terrain est désormais prêt pour une volte- face de la politique française à l’égard de la Syrie et du régime qui y est en place. Cette volte-face avait effectivement commencé avec la visite spectaculaire effectuée par le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à Téhéran juste après la signature de l’accord sur le dossier nucléaire le 14 juillet dernier. Mais il a fallu pratiquement deux mois de préparation du terrain pour trouver une explication acceptable à fournir à l’opinion publique française montée depuis des années contre le régime syrien et son président Bachar al-Assad. D’abord les reportages et les informations se sont multipliés dans les médias français, écrits et audiovisuels au sujet des méfaits de «Daech», de la sauvagerie de cette organisation et de son comportement intolérant à l’égard des minorités en Syrie et en Irak. Brusquement, ce n’était plus un sujet de tabous d’évoquer dans les médias français les horreurs commises par «Daech» alors que pendant quatre ans, selon les médias français c’était le régime syrien qui commettait toutes les exactions. Même la mort du caméraman de la chaîne publique France 2, Gilles Jacquier à Homs au début de la guerre en Syrie a été occultée lorsque l’enquête menée par les Nations Unies a montré que l’opposition syrienne avant même la création de «Daech» avait tué le caméraman. L’affaire avait été soigneusement étouffée et il a fallu attendre quelques ouvrages, dont un de l’ancien chef des Renseignements français Alain Choué et un autre du journaliste Georges Malbrunot qui avaient fait scandale en France avant d’être soigneusement occultés par les médias pour que cette hypothèse soit évoquée.
Désormais, la situation est différente et de plus en plus de voix s’élèvent pour condamner «Daech» et préparer le terrain à un changement des priorités françaises en Syrie. La menace que représente cette organisation pour la France et l’Europe en général est relayée dans les médias qui en profitent pour poser la question évidente suivante : comment lutter contre cette organisation et éviter la propagation de la menace vers l’Europe ? Il y a quelque temps, le président français François Hollande affirmait qu’il n’était pas question pour la France de participer à la «coalition» contre «Daech» formée par les Etats-Unis parce que, selon lui, «bombarder cette organisation profitait au régime de Bachar al-Assad». Mais depuis que l’éclatement de l’affaire des migrants syriens vers l’Europe et la France entre autres pays, les autorités françaises ont soudain accepté de faire partie de la «coalition militaire» et leurs avions ont même effectué de premiers raids dimanche sur «des camps d’entraînement de Daech en territoire syrien». Aucun média français n’a critiqué cette décision. Au contraire, comme ils l’avaient fait pour relayer la décision officielle de mener la guerre au régime syrien, ils défendent aujourd’hui celle d’attaquer «Daech», sans plus chercher à renverser le régime syrien. Les médias français s’arrachent désormais les chercheurs et les journalistes qui  donnent la priorité à la destruction de «Daech», que cela profite ou non au régime syrien et publient des tribunes d’anciens ambassadeurs européens qui affirment qu’au final, le président syrien a une assise populaire et surtout sa présence est préférable à celle de «Daech» d’autant que les migrants syriens fuient essentiellement les régions contrôlées par cette organisation. Pour la France donc, qui était le fer de lance de la lutte pour le renversement du régime syrien, la priorité est donc à lutter contre «Daech». L’équation se résume ainsi : pour éviter le flux de migrants, «il faut une solution politique en Syrie qui élimine l’organisation de l’Etat islamique (EI ou Daech)». Certes, les autorités françaises continuent de prôner mollement le départ du président Bachar al-Assad à la fin de la période transitoire. Mais un revirement politique aussi spectaculaire pourrait bien en préparer un autre qui le serait encore plus…

Source: french.alahednews

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