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La Russie, l’Iran, la Syrie et l’Irak s’allient contre le terrorisme

La Russie, l’Iran, la Syrie et l’Irak s’allient contre le terrorisme
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Par Samer R. Zoughaib     

Après l'échec de l'Occident dans la lutte contre le terrorisme incarné par le groupe «Daech» et ses dérivés, une nouvelle coalition, sérieuse celle-ci, commence à prendre forme. Elle est composée de la Russie, de l'Iran, de l'Irak et de la Syrie. Cette alliance avance ses pions face à des puissances occidentales dépassées et inefficaces.

Les événements au Moyen-Orient, avec comme épicentre la Syrie, s'accélèrent à la vitesse grand V depuis que la Russie a qualitativement et quantitativement renforcé sa présence militaire dans ce pays. Après avoir vociféré, les Etats-Unis et leurs partenaires européens se résignent à accepter le fait accompli imposé par Moscou en Syrie. La Russie, l’Iran, la Syrie et l’Irak s’allient contre le terrorismeLeur action se limite désormais à limiter les dégâts et tenter de préserver quelques acquis avant que les grands changements initiés par l'«axe de la Résistance», sous l'impulsion de la Russie et de l'Iran, ne commencent à prendre racines.

Il faut dire que Vladimir Poutine, qui a déployé ses talents de fin stratège, a choisi le moment opportun pour abattre ses cartes. Déjà à l'été 2013, il avait offert à Barak Obama une porte de sortie pour l'extraire du piège dans lequel il s'était enfermé avec l'affaire de l'attaque chimique dans la Ghouta orientale, imputée au régime mais vraisemblablement perpétrée par des groupe armés à la solde des pétromonarchies du Golfe pour, justement, provoquer une intervention militaire américaine contre l'armée syrienne. Le président russe avait à l'époque proposé le démantèlement de l'arsenal chimique syrien. Cette fois-ci, M. Poutine a invoqué la crise des migrants, qui effraie l'Europe, et la propagation du terrorisme, pour aider les Occidentaux à faire marche-arrière. Les Européens et les Américains ont saisi la perche tendue par les Russes pour opérer un virage et abandonner leur position qui consistait à réclamer le départ du président Bachar el-Assad avant toute solution de la crise syrienne.

Poutine met les points sur les «i»

Avant son discours devant l'assemblée générale des Nations unies, M. Poutine a clairement exprimé sa pensée. Lors d'une interview à la chaine de télévision CBS, dimanche 27 septembre, il a déclaré que la Russie ne reconnaissait qu'une seule «force conventionnelle légitime en Syrie, il s'agit de l'armée syrienne dirigée par le président Assad». Il a précisé qu'il cherchait à mettre en place avec les pays de la région un «cadre de coordination» afin de combattre les terroristes du groupe «Daech» en Irak et en Syrie. «Nous avons proposé de coopérer avec les pays de la région. Nous aimerions avoir une plateforme commune pour une action collective contre les terroristes», a-t-il expliqué. M. Poutine a dit qu'il avait «personnellement informé» les souverains saoudien et jordanien de sa proposition et qu'il avait informé également les États-Unis.
Dans son entretien avec CBS, M. Poutine a aussi constaté l'échec des efforts américains pour entraîner et équiper des rebelles syriens modérés. «Seuls 60 de ces combattants ont été correctement entraînés et 4 ou 5 seulement sont en fait armés, les autres ayant déserté avec des armes américaines pour rejoindre l'EI», a-t-il déclaré.

M. Poutine n'a pas attendu la réaction des Occidentaux pour concrétiser sa stratégie. Une chambre d'opération commune entre la Russie, l'Iran, l'Irak et la Syrie a déjà été mise en place pour coordonner la lutte contre «Daech», le Front al-Nosra (la branche syrienne d'Al-Qaïda) et leurs dérivés.
Un porte-parole du gouvernement irakien a en effet affirmé, dimanche, que Bagdad va renforcer la coordination du renseignement dans la lutte contre «Daech» avec la Russie, la Syrie et l'Iran. «Il s'agit d'une commission de coordination entre quatre pays dans le champs du renseignement militaire dont le but sera de partager et d'analyser l'information», a précisé Saad Al-Hadithi.

Défaire le terrorisme, priorité de l'Iran

Dans le même temps, l'Iran s'est dit prêt à discuter avec les Etats-Unis, la Russie et les Européens d'un éventuel plan d'action en Syrie une fois les terroristes défaits. «Ce n'est pas un problème pour nous d'entamer des discussions pour déterminer et mener à bien le plan d'action suivant, après que les terroristes auront été chassés du territoire» syrien, a déclaré le président Hassan Rouhani dans un entretien avec la radio américaine publique NPR. «Mais nous devons tous agir de concert et avoir une formule pour chasser les terroristes, immédiatement», a-t-il souligné. «Nous devons parler des options à venir» avec le gouvernement syrien et «toutes les parties concernées», dans le but «d'aboutir en commun à un plan d'action», a-t-il dit.

M. Rohani a insisté que le sort de la Syrie et du président Assad ne pourrait être décidé que par les Syriens eux-mêmes: «En fin de compte, le dernier mot, et le mot le plus important, revient au peuple de ce pays».

Ces développements consacrent la nouvelle donne politico-militaire en Syrie et en Irak, qui est confirmée par les reculades des responsables occidentaux.

Ainsi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se sont entretenus dimanche à New York de l'engagement militaire russe en Syrie, des moyens de réduire le conflit qui dure depuis quatre ans et demi dans ce pays et de la possibilité d'y assurer une transition politique. «Il y a eu un vaste échange de vues sur les implications militaires et politiques de l'engagement russe en Syrie, qui s'est accru», a déclaré un haut responsable américain qui a requis l'anonymat.

Cette réunion entre les deux chefs de la diplomatie visait à préparer l'entretien, lundi en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, entre les présidents Barak Obama et Vladimir Poutine. John Kerry et Sergueï Lavrov «ont discuté non seulement de la nécessité de réduire le conflit mais aussi, si cela est possible, de reprendre les discussions en vue d'avancer sur la possibilité d'une transition politique» en Syrie, a ajouté le responsable américain.

Pour sa part, le président français François Hollande a déclaré que la France «discute avec tous et n'écarte personne» dans la recherche d'une solution politique en Syrie, en allusion au président Assad. Il y a à peine quelques semaines, Paris faisait du départ de Bachar al-Assad une condition préalable à toute solution politique.

Le Premier ministre britannique a, lui, été plus explicite. Selon le Sunday Telegraph, David Cameron a accepté l'idée que le président syrien reste temporairement au pouvoir pendant qu'un gouvernement d'union nationale est formé en Syrie.

M. Cameron a par ailleurs déclaré que la Grande-Bretagne et la Russie devraient consolider leurs efforts afin de combattre les terroristes de l'«Etat islamique». «Nous sommes persuadés que l'EI représente un grand danger non seulement pour la Russie et l'Europe, mais aussi pour d'autres pays du monde. C'est pourquoi nous devons trouver des moyens de collaboration. Le premier ministre étudie la possibilité de frappes contre l'EI et estime qu'il faut agir», a rapporté un représentant de M. Cameron.

Le président turc Recep Tayyeb Erdogan avait adopté une position similaire la semaine dernière. Seules l'Arabie saoudite et les autres pétromonarchies du Golfe restent intransigeantes... mais totalement déconnectées des réalités géopolitiques.

Source : French.alahednews

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