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Enterrement de Lahd au Liban: la trahison ne doit pas être banalisée

Enterrement de Lahd au Liban: la trahison ne doit pas être banalisée
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Par Samer R. Zoughaib

Des voix se sont timidement élevées au Liban pour réclamer que le collaborateur en chef d’«Israël» au Liban, Antoine Lahd, décédé à Paris la semaine dernière à l’âge de 88 ans, soit inhumé au Liban. Mais les Libanais se sont mobilisés contre cette demande qui vise à récompenser un traitre pour son dernier voyage.

Ancien général de l’armée libanaise, Antoine Lahd a été recruté par les «Israéliens» pour prendre la tête de «l’Armée du Liban-Sud (ALS)», la milice auxiliaire de l’ennemi dans la partie occupée du pays, afin de succéder au Enterrement de Lahd au Liban: la trahison ne doit pas être banaliséemajor Saad Haddad. En acceptant de collaborer avec «Israël», Lahd, un officier proche de l’ancien président de la République Camille Chamoun, trahit son serment d’officier dans lequel il jure sur son honneur de ne servir que le drapeau libanais. Mais le voilà, en 1984, au service de la «croix de David». Il sert de supplétif à l’armée d’occupation et exécute à la lettre ses plans militaires et politiques. En plus de haute trahison, Antoine Lahd est coupable de crimes contre son propre peuple. Pour le compte des «Israéliens», il a chassé de leurs villages des milliers de familles libanaises, dont des membres étaient soupçonnés de collaborer avec la Résistance. Il est responsable, directement ou indirectement, de la mort de centaines de Libanais, tués aux barrages «Israéliens» dans la zone occupée, ou dans des bombardements de l’armée d’occupation. Dans la prison de Khyam, placée sous son autorité, des milliers de Libanais et de Palestiniens ont été incarcérés sans jugement pendant des années. Beaucoup ont été atrocement torturés, certains sont morts à cause des sévices qu’ils ont subit.

La fuite vers «Israël»

Enterrement de Lahd au Liban: la trahison ne doit pas être banaliséePour le punir de ses crimes, une jeune résistante, Souha Béchara, tente de l’assassiner en 1988, après s’être fait admettre dans la famille du collaborateur comme répétitrice. Atteint de plusieurs balles tirées à bout portant, il est grièvement blessé et son bras gauche est resté paralysé. Souha Béchara sera arrêtée et passera dix ans dans la sinistre prison de Khyam, où elle subira les pires traitements. Elle sera libérée en septembre 1998.

En mai 2000, après la libération du Liban-Sud, l’ALS s’effondre subitement et Antoine Lahd s’enfuit en «Israël». Il abandonne ses hommes et leurs familles et se réfugie chez ses protecteurs. Il ouvre un restaurant libanais à «Tel-Aviv» et publie, en 2004, une autobiographie en hébreu intitulée: «Au milieu d'une tempête».

Après un procès par contumace, la justice libanaise l’a condamné à mort pour «haute trahison, intelligence avec l'ennemi et participation à des enlèvements, actes de violence et meurtres».

Antoine Lahd est l’exemple même du traitre à sa patrie, du collaborateur des ennemis de son pays, du tortionnaire et du déserteur. Dans tous les pays du monde, un homme ayant eu le même profil est déchu de sa nationalité, jugé et condamné pour haute trahison, sans avoir la possibilité  d’invoquer des circonstances atténuantes.

Sit-in de protestation

Et malgré cela, une minorité de Libanais, qui ne le considère pas comme un traitre, a réclamé sur les réseaux sociaux le rapatriement de sa dépouille afin qu’elle soit enterrée dans son village natale de Kfarkatra, dans le Chouf.

Le souci de ces personnes n’est pas de voir Antoine Lahd reposer en paix sur la terre de ses ancêtres mais de banaliser la trahison, un premier pas vers la normalisation des relations avec «Israël».

Mais c’est sans compter sur le patriotisme et la vigilance d’une majorité de Libanais, qui refuse que la trahison nationale soit considérée comme un simple point de vue. Des dizaines de personnes ont organisé un sit-in sur la route de l’aéroport pour exprimer leur refus d’accueillir au Liban la dépouille d’«un traitre qui a consacré sa vie à servir l’ennemi et à persécuter les résistants.» «La terre du Liban renferme les corps d’honorables résistants et non pas les cadavres de collaborateurs des ordures», s’est indigné l’un des participants au rassemblement de protestation.

Jeunes et moins jeunes brandissaient des pancartes dénonçant Antoine Lahd, qui avait accepté de recevoir la nationalité «israélienne» après sa fuite du Liban. Certains participants ont critiqué les autorités libanaises qui n’ont pas déchu le collaborateur en chef de sa nationalité libanaise.

Les protestataires se sont dispersés dans le calme, promettant de recourir à l’escalade si la dépouille d’Antoine Lahd était rapatriée au Liban.

L’imam de la mosquée al-Ghofrane, à Saïda, cheikh Houssam al-Ilani, a pour sa part exhorté le gouvernement libanais de ne pas autoriser le rapatriement de la dépouille de Lahd. Le dignitaire religieux a déclaré, dans un communiqué: «Le gouvernement libanais ne doit pas permettre l’enterrement de Lahd au Liban, afin qu’il serve d’exemple à tous ceux qui vendent leur patrie et choisisse de servir l’entité sioniste plutôt que leur pays». Cheikh Ilani a ajouté que «les collaborateurs d’Israël n’ont d’autres choix que de se livrer à l’Etat libanais afin qu’ils soient jugés».

Source : French.alahednews

 

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