noscript

Please Wait...

ramadan2024

Discours du secrétaire général du Hezbollah

Discours du secrétaire général du Hezbollah
folder_openDiscours complets access_time depuis 8 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

 
Le 5 mai 2015

Bienvenue à tous je voudrais ce soir évoquer plusieurs sujets : d'abord la situation au Yémen, en étant aussi bref que possible, je dirai ensuite quelques mots sur l'Irak, sur les développements en Syrie et enfin, je parlerai de la situation au Liban et en particulier dans la chaîne orientale et au Qalamoun.

Je commence donc par le Yémen. Il y a quarante jours, le régime saoudien a déclaré la guerre au Yémen, sous le nom de la «tempête de la fermeté». Il a fixé à cette guerre une série d'objectifs énumérés par le porte-parole officiel de cette tempête et de la coalition. Ces objectifs ont même été énoncés par les médias saoudiens, les responsables saoudiens et «les chaînes satellitaires de cette même tempête», comme je les appelle. 26 jours après le début de l'agression, le 21 avril 2015, la coalition qui se tient derrière elle a annoncé la fin de la «tempête de la fermeté», car selon le communiqué officiel, elle a atteint les objectifs qui lui étaient fixés. La coalition a annoncé par conséquent, qu'elle entamait une nouvelle phase appelée «Ramener l'espoir» chez le peuple yéménite, à laquelle elle a aussi fixé des objectifs sur lesquels je reviendrai par la suite.

Depuis ce jour, l'opération dite de ramener l'espoir se poursuit. Autrement dit, l'agression se poursuit. Nous sommes face à une vaste opération de désinformation et de tromperie à l'égard de l'opinion publique qui a commencé avec le début de cette nouvelle phase. Cette gigantesque désinformation est très dangereuse. Nous devons donc nous y arrêter pour l'évaluer avant de clore le volet yéménite par une prise de position à laquelle j'appellerai.

Si nous revenons à l'affirmation saoudienne qui dit que la tempête de la fermeté a atteint tous les objectifs qui lui étaient fixés, il s'agit en fait de la plus grosse tromperie depuis l'annonce de la fin de cette tempête. Des journalistes, des médias, des politiciens, des responsables, la presse arabe, tous ces fayots ont félicité l'Arabie et la coalition pour cette grande victoire et tout le monde reprend l'affirmation selon laquelle la tempête de la fermeté a atteint tous les objectifs qui lui étaient fixés.

Je dois reconnaître, à ce sujet, que malheureusement, nos médias ne sont pas aussi efficaces que ceux qui évoluent dans la sphère de l'agresseur. Ils n'ont ni les moyens, ni l'expansion des médias de cette fameuse tempête. Mais la question reste la suivante : qui peut accepter une telle désinformation ?

En tant que citoyen arabe, et comme la guerre est menée au nom des Arabes et de l'arabité, j'ai donc le droit de demander où sont les objectifs atteints ? Quels sont-ils ? Pas seulement au bout de 26 jours, mais au stade d'aujourd'hui, au quarantième jour du début de la tempête de la fermeté ? Que l'on me donne un seul objectif atteint en ces 40 jours ! L'Arabie ou plutôt le régime saoudien et ses alliés ont-ils ramené la prétendue légalité au Yémen ? Abed Rabbo Mansour Hadi est-il revenu au Yémen, à Sanaa ou à Aden ? Ont-ils empêché l'armée yéménite et les comités populaires d'avancer là où ils le souhaitaient ? Ont-ils confisqué les armes d'Ansarallah comme c'était prévu dans le communiqué du début? Ont-ils réalisé les autres objectifs, ou l'un d'eux seulement ? Pas du tout. Même l'objectif principal qui est de ramener le Yémen sous l'hégémonie du régime saoudien n'a pas été atteint. Ont-ils réussi à chasser l'hégémonie iranienne, comme ils le disent mais qui n'existe que dans leurs cauchemars ? Il faut en finir avec la duperie et les mensonges. Moi je dis que l'on me donne un seul objectif qui a été réalisé. Il n'y en a pas. La tempête de la fermeté a été close après un échec flagrant. Et cet échec est du principalement à Dieu bien sûr, mais aussi à la solidité, au courage et à la détermination du peuple yéménite et au fait qu'il appuie l'armée et les comités populaires. C'est cela la vraie raison de l'échec de l'agression et du fait que la tempête de la fermeté n'a pas atteint ses objectifs déclarés. Il y en a peut-être d'autres, mais ils sont secondaires et à ce jour, on peut dire que nous sommes face à un échec flagrant et à une défaite cuisante dans cette bataille mais nous ne parlons pas de toute la guerre. A ce stade, le peuple yéménite a enregistré une victoire.

J'en arrive à la nouvelle phase, celle de ramener l'espoir. Il s'agit d'une nouvelle duperie, destinée à couvrir la défaite du premier round. Autrement dit ceux qui ont lancé la tempête de la fermeté ont compris qu'ils ne pouvaient pas atteindre les objectifs qu'ils avaient fixés. Ils avaient en réalité fixé des objectifs immenses qui exigent une bataille de longue haleine qui exige une opération terrestre. Ils n'osent pas mener cette opération. Ils continuent de chercher des soldats à louer pour la mener. Nous avons ainsi appris il y a quelques jours que des soldats sénégalais devraient venir en Arabie pour s'y battre.

En tout état de cause, ils ont fixé en apparence, des objectifs plus modestes et qui paraissent plus réalisables à l'opération dite de ramener l'espoir au Yémen. C'est là une nouvelle tromperie qui commence par décréter que les objectifs de la tempête ont été atteints et qui prétend entamer une nouvelle phase aux objectifs plus modestes qui empêcheront un échec flagrant.

Revenons aux nouveaux objectifs fixés pour l'opération dite de ramener l'espoir :

Il s'agit d'abord d'accélérer le retour au processus politique, selon la résolution du Conseil de sécurité et l'initiative du Conseil de coopération du Golfe et la dynamique du dialogue interne. Ensuite, il est dit qu'il faut poursuivre la protection des civils et la lutte contre le terrorisme. Il est ensuite prévue de poursuivre l'évacuation des ressortissants étrangers, tout en augmentant les aides humanitaires et médicales à la population yéménite et en ouvrant la voie eux efforts internationaux. En même temps, il faut continuer à faire face aux opérations militaires des milices houthies et de ceux qui les appuient ( selon le texte) et les empêcher d'utiliser les armes pillées dans les casernes ou amenées par contrebande de l'étranger. Enfin, il faut assurer une coopération internationale pour empêcher l'arrivée des armes par voies aériennes et maritimes à ces milices. Ce sont là les objectifs annoncés pour l'opération destinée à ramener l'espoir au Yémen...

Bien entendu, il s'agit de feux objectifs. J'en reparlerai par la suite. L'agresseur a conservé le même objectif, celui de contrôler le Yémen, de le faire plier et de le ramener sous l'hégémonie saoudienne et américaine. Mais ce qui se passe aujourd'hui montre l'impossibilité d'atteindre cet objectif et de faire plier le Yémen.

Pour en revenir aux objectifs déclarés de l'opération dite de ramener l'espoir, oui, ils peuvent paraître réalisables. Allons donc mener un dialogue politique. Ils prétendent protéger les civils. Certes, ils lancent des raids aériens et ils bombardent, mais ils prétendent que ces attaques ont pour objectif de protéger les populations civiles, de lutter contre les terroristes et d'imposer un blocus maritime et aérien pour empêcher l'arrivée d'arrivée d'armes aux milices et pour entraver leurs mouvements.

En pratique, cela signifie que l'agresseur est descendu du sommet de l'arbre. Il en est à son milieu. Il lui reste encore un peu d'espace avant d'atteindre le sol. En d'autres termes, il a renoncé à ses grands objectifs et il en a fixé d'autres plus modestes dont on ne pourra pas dire qu'il ne les a pas atteints. En réalité, il cache ainsi son impuissance.

Sa nouvelle tromperie est dans le fait qu'il affirme qu'à travers cette nouvelle phase, il travaille pour la réalisation de ces nouveaux objectifs. Mais le fait-il réellement ? C'est ce que nous allons voir.

Depuis le début de la première opération et cela continue, les bombardements visent les habitations civiles. Il s'agit donc de protéger les civils en en tuant le maximum. Plus même, il utilise, selon certaines associations humanitaires, des armes prohibées comme les bombes ç fragmentation que nous avons connues au Liban parce qu'elles ont été lancées par Israël pendant la guerre de 2006.

Le second objectif déclaré est celui de combattre le terrorisme. Mais le résultat jusqu'à présent c'est d'offrir des armes et des munitions à Al Qaëda qui a pu ainsi contrôler de nouvelles régions du pays qui n'étaient pas son sous contrôle jusque-là. Le résultat c'est aussi le bombardement de l'armée yéménite et des comités populaires pour les empêcher de s'opposer à une avancée d'Al Qaëda.

L'agresseur fait donc exactement le contraire des objectifs qu'il se fixe. Par exemple, il prétend vouloir intensifier les aides humanitaires. Mais en réalité, il empêche l'arrivée des aides humanitaires. Il bombarde les aéroports, en particulier celui de Sanaa, dont il bombarde les pistes pour l'empêcher de fonctionner. A cet égard, tout le monde sait comment l'agresseur a bombardé l'aéroport de Sanaa pour empêcher un avion iranien porteur d'armes humanitaires d'atterrir.

Au sujet du processus politique, ce qu'il a fait jusqu'à présent, c'est compliquer le dialogue politique au lieu de le faciliter. Car au lieu d'attendre l'arrivée de l'envoyé des Nations Unies pour appeler toutes les parties à un dialogue en terrain neutre, dans un pays qui n'a pas participé à l'agression contre le Yémen ( c'est une condition posée par les forces nationales et islamiques yéménites qui rejettent l'agression), l'Arabie a ordonné à son ami Abed Rabbo Mansour Hadi d'appeler à un dialogue rapidement à Riyad, probablement le 17 mai. Autrement dit, les saoudiens ne veulent pas d'un véritable dialogue ni d'un processus politique. Ce qu'ils font s'appelle donc une entrave au dialogue et non la facilitation d'un tel dialogue.

Enfin, la quatrième tromperie est celle de faire croire au monde que l'Arabie a arrêté son agression contre le Yémen. Elle a affirmé avoir suspendu la tempête de la fermeté et mener actuellement une opération limitée. Ce n'est pas seulement une tromperie, c'est un mensonge et une fraude. La guerre se poursuit de la même façon depuis le début de l'opération dite pour ramener l'espoir. Elle est même devenue plus féroce et plus criminelle. Rien n'a changé sauf les objectifs déclarés et le nom.

Aujourd'hui, l'objectif de cette agression devient de plus en plus clair, ainsi que le refus de l'armée, du peuple yéménites et des forces nationales de plier face à l'agression et de revenir à l'époque de l'hégémonie. Les forces vives du Yémen insistent sur leur indépendance et sur la souveraineté de leur pays face à l'agression. C'est clair depuis 40 jours. Il y a deux semaines nous avions d'ailleurs dit qu'aucun indice de reddition n'est visible. C'est encore valable aujourd'hui. Plus même, ces forces yéménites, l'armée, les comités populaires, les tribus et autres sont en train de prendre l'initiative dans les régions frontalières. De même, sur le terrain, ces forces sont en train d'avancer. Car comment expliquer autrement le fait que l'armée de l'air saoudienne a effectué entre 120 et 150 raids en quelques heures sur des régions précises à Aden ? Ceux qui s'y connaissent en questions militaires savent ce que cela indique.

Il y a donc une volonté yéménite décisive et ferme de ne pas reculer et de ne pas céder. C'est la décision des Yéménites, leur volonté et leur affaire. Il reste une autre question, celle de la responsabilité du monde et en particulier des pays de la région ( ainsi que des peuples de la région) face à ce qui se passe.

Il faut faire face à ce que fait l'agresseur sur le plan humanitaire : ce blocus maritime, aérien et terrestre, empêcher l'arrivée des vivres, des médicaments et des produits médicaux, empêcher leur circulation entre les différentes régions du pays et le bombardement des dépôts présumés de vivres, de médicaments et de produits médicaux, ainsi que du fuel. C'est ce qui se passe actuellement et les organisations humanitaires parlent d'une véritable catastrophe humanitaire.

Cela n'affectera certainement pas la volonté des Yéménites. J'évoque simplement ce sujet pour parler de la responsabilité du monde face à cette réalité. Aux agresseurs, je dis que cette tactique, voire cette stratégie, de tuer les femmes et les enfants des résistants pour les faire plier est vouée à l'échec. Elle a déjà été tentée au Vietnam et elle a échoué. Mais plus récemment, elle a déjà été tentée à Gaza et au Liban et elle a échoué. Dans toutes ses guerres à Gaza et au Liban, Israël a utilisé ce procédé imposant un blocus et visant les civils. Gaza est encore soumise à un blocus et le Liban a été bombardé pendant 33 jours. Est-ce que cela a affaibli la résistance ? Est-ce que cela a entamé sa détermination et l'a poussée à reculer ? Pas du tout. Au contraire, cela la poussée vers plus de solidité et vers plus de victoires.

Je dis donc aux agresseurs : tout ce que vous faites sur le plan humanitaire ne changera rien à l'équation qui commande ce conflit. Il ne fera que vous enlaidir encore plus et montrer votre visage le plus affreux. Le peuple yéménite s'est d'ailleurs uni pour défendre sa souveraineté, son indépendance et sa dignité. Je ne veux pas évoquer ce volet, mais rappeler au monde ses responsabilités. Les pays du monde, et en particulier les pays arabes et islamiques devraient oeuvrer en faveur de la levée du blocus, de l'arrivée des aides humanitaires, qu'il s'agisse de vivres ou de médicaments et autres produits de première nécessité, pour permettre au peuple yéménite de survivre. Ils doivent agir à travers le Conseil de sécurité, les ONG ou de manière à briser le blocus avec tous les moyens disponibles. C'est la responsabilité des Etats mais aussi des populations et des sociétés civiles. Mais je rappelle qu'en dépit de cette tragédie humanitaire, rien n'entamera l'héroïsme, l'enthousiasme et la détermination des Yéménites. Cette stratégie cruelle et inhumaine ne poussera pas un peuple qui a la détermination, le commandement, des martyrs et de la volonté à céder.

Voilà ce que j'ai voulu dire sur le dossier yéménite.

Au sujet de l'Irak : après le contrôle de Daech de Mossoul et de plusieurs provinces irakiennes il y a quelques mois et ses menaces contre les provinces restantes et d'autres pays de la région, comme la Jordanie, l'Arabie et le Koweit, une coalition présidée par les Etats-Unis a été formée pour le combattre. Si vous vous en souvenez, dans un discours comme celui-ci, j'avais dit que les Etats-Unis ne sont pas sérieux dans leur guerre contre Daech. La question va donc prendre du temps et les Etats-Unis ne sont pas pressés. Ils chercheront plutôt ) exploiter la menace que représente Daech et son comportement pour servir son projet dans la région. J'avais même dit que le projet américain pour l'Irak et pour la région c'est la partition des Etats existants. Vous pouvez revenir à ce discours. Il s'agit donc de partager la région en mini-Etats confessionnels et ethniques. Par exemple, en Irak, il y a une première division entre Arabes et Kurdes puis une autre pour les musulmans divisés en sunnites et chiites. Même chose pour la Syrie, pour le Yémen, pour la Libye et d'autres. Nous avons dit que l'objectif des Etats-Unis est de diviser la région en Etats confessionnels et ethniques, qui seront faibles et dont les frontières seront floues pour permettre une instabilité interne. Ces Etats seront en conflit entre eux. Ce qui signifie que nous nous dirigeons vers la légalisation des guerres civiles dans la région de manière à ce qu'elles durent des centaines d'années. C'est ce que veulent les Etats-Unis et Israël pour les populations de la région, pour nos pays, nos peuples et nos Etats. C'est ce que nous avions dit lorsque Daech avait commencé son invasion à Mossoul.

Aujourd'hui, les Américains dévoilent leurs véritables intentions. Ils sont arrivés au stade qui leur permet de commencer l'exécution de leurs véritables intentions. Le premier pas vers la légalisation de la partition de l'Irak et sa transformation en partition officielle c'est la loi sur laquelle travaille le congress américain qui permet à l'exécutif américain d'armer des composantes de la société irakienne sans en référer au gouvernement central irakien. Autrement dit, ils se comportent avec le gouvernement actuel comme s'il était pour les chiites et considèrent qu'il existe une autre composante sunnite avec laquelle il faut, en tant qu'Américains, traiter directement. Même chose avec la composante kurde. Autrement dit aussi, il n'y a plus de gouvernement central en Irak, ni de pays uni.

Comme tout le monde l'a compris, ceci n'est qu'un début. Quel est donc l'argument avancé pour cela aujourd'hui et est-il logique ? Tout le monde se souvient que lorsque l'autorité religieuse à Najaf à appeler à la mobilisation générale contre Daech, elle n'avait pas spécifié certaines régions au détriment d'autres, ni mentionné une partie de la population au détriment des autres. Elle avait appelé à défendre tout l'Irak, territoire et peuple, et à le protéger contre Daech. Le gouvernement irakien s'est aussi comporté à partir de ces considérations. Le combat de l'armée et de la mobilisation populaire n'était pas mené sur des bases confessionnelles, régionales et ethniques. Preuve en est la province de Salaheddine, étiquetée malheureusement en province sunnite. Des martyrs de l'armée, des forces de l'ordre et des forces populaires y sont tombés. En Irak, les habitants ne se comportent pas sur la base de considérations confessionnelles ou ethniques, disant : cette province est à nous, l'autre non et que chacune arrache seule ses épines. Le gouvernement, les autorités supérieures, le Parlement et les forces politiques principales ne se comportent pas sur cette base.

Il n'y a donc pas de raison qui permette aux Américains de se comporter ainsi et de fournir des armes directement aux composantes de la société irakienne. Le pire c'est que les Américains ne tiennent pas leurs engagements et ne fournissent pas au gouvernement irakien les armes et les munitions requises. Il y a donc une volonté américaine de ne pas permettre au gouvernement irakien et à ses forces armées d'être efficace dans sa confrontation avec Daech à Mossoul et à Anbar. Plus même, il y a une volonté américaine d'utiliser ce fait pour traiter directement avec les composantes irakiennes pour arriver à l'étape de la partition.

Ce fait est extrêmement dangereux. L'autorité religieuse de Najaf a très vite donné sa position claire et franche sur la nouvelle décision américaine en la refusant totalement. Elle a aussi demandé à toutes les autres parties de prendre une position historique claire à ce sujet, notamment au Parlement, au gouvernement, aux différentes forces politiques. Certaines ont d'ailleurs adopté des positions au plafond élevé.

Certains pourraient dire que c'est une question irakienne et par conséquent se demander en quoi nous sommes concernés. Pourtant il est de notre responsabilité de refuser cette démarche car il ne s'agit justement pas d'une question irakienne, indépendamment de la région. Cette question commence en Irak, mais ne s'arrête pas là.

Peuples de notre région, gouvernements de notre région, générations actuelles qui suivent ces défis, vous devez prendre conscience du fait que cette démarche est le pas vers une étape particulièrement dangereuse, extrêmement dangereuse. Ce qui se prépare si ce pas est pris, est la partition de l'Irak puis celle de la Syrie, du Yémen et d'autres pays. Je voudrais ici avertir les pays complices des Etats-Unis d'Amérique dans le plan de partager l'Irak, la Syrie et le Yémen que la partition ne les épargnera pas. Elle arrivera immanquablement jusqu'à eux et j'entends par là l'Arabie saoudite. C'est pourquoi nous ne pouvons pas nous taire sur cette question.

Revenez au passé, lorsque les gangs juifs commençaient à prendre le contrôle de la Palestine. On disait la même chose. Aujourd'hui on dit : c'est une question irakienne. De quoi vous vous mêlez ? Ou bien une question syrienne, ou encore yéménite et égyptienne ?
C'est une erreur fatale. Le sort de la région est le même pour tous. Notre histoire, notre présent et notre avenir sont les mêmes. Les dangers qui la menacent sont aussi les mêmes pour tous. Notre génération ne peut pas commettre la même erreur que les précédentes qui ont cédé, se sont affaiblies et ont manqué de courage en donnant la Palestine à Israël. Ce ne sont même pas ces générations qui souffrent aujourd'hui à cause d'Israël, mais toutes celles qui se sont succédé depuis. Nos enfants et nos petits enfants subiront les conséquences de nos actes si nous n'assumons pas nos responsabilités face à ce dangereux projet de partition qui fera entrer toute la région dans des guerres confessionnelles et ethniques pour des siècles.

Où sera la dignité des peuples de la région et quel sera leur sort si la région est plongée dans des guerres sans fin ? On me reproche parfois de parler de dignité alors que les gens peinent pour gagner leur vie et assurer la nourriture et le logement. Mais même de tout cela il ne restera rien si les guerres civiles font rage.

Aujourd'hui combien y-a-t-il de réfugiés, d'affamés, de vies détruites et brisées ou perdues ? Combien y a-t-il d'occasions manquées ? D'ailleurs à la base de toute vie digne, de toute prospérité, il y a la stabilité et la sécurité, la vraie stabilité et la sécurité réelle. C'est donc ce dont on veut nous priver en partageant la région en Etats en conflits entre eux, pour que les Etats-Unis restent l'arbitre et Israël la puissance dominante.

Nous appelons donc à ne pas prendre à la légère cette démarche. Il faut l'affronter et l'empêcher de se réaliser. Il faut aussi éteindre le feu de la discorde. Ce projet en est encore à ses débuts. Si on parvient à le stopper à ses débuts, on pourra aussi arrêter d'autres démarches du même genre.

Au sujet de la Syrie, je vais parler avec une grande transparence en donnant quelques exemples.

Ces derniers temps, après la chute de la ville de Jisr el Choughour dans la province d'Idlib aux mains des éléments armés, il y a eu un flot de rumeurs véhiculées par les chaînes satellitaires et les médias, ainsi que par les réseaux sociaux. Une guerre psychologique d'une grande férocité a donc été menée ( vous savez qu'il existe dans cette région, depuis des années, des chambres noires pour les guerres psychologiques) cherchant à profiter de la moindre occasion, de la plus petite lacune ou incident pour lancer une offensive auprès de l'opinion publique.

Certaines de ces rumeurs ont été axées sur l'aspect confessionnel. L'idée véhiculée disait à peu près ceci : après la chute de Jisr el Choughour qui intervient après celle de la ville d'Idlib, le régime syrien est fini. Il vit ses dernières semaines. Je résume parce que je ne veux pas être une partie de cette guerre psychologique. L'armée syrienne a perdu sa capacité de se battre et elle s'effondre. Certains ont même été jusqu'à dire que les alliés de la Syrie l'ont abandonnée. La situation interne en Syrie faisait l'objet de mensonges et les gens influencés par cette campagne commençaient à voir vers où ils devaient fuir. Il a même été dit que la côte syrienne était devenue à portée des éléments armés et toujours dans le cadre de la discorde confessionnelle, il a été dit que les alaouites de la côte s'apprêtaient à fuir vers le Liban. Bref une image étrange et incroyable a commencé à être véhiculée. il est vrai que le mensonge est gratuit. Nous étions donc devant une véritable guerre psychologique et ils croyaient pouvoir ainsi réussir là où la guerre mondiale déclarée à la Syrie depuis quatre ans avait échoué. Ces rumeurs peuvent être efficaces de temps en temps. Par exemple, à Mossoul, et dans la province de Salaheddine en Irak, cela a marché, puisqu'une partie de l'offensive de Daech était psychologique.

Il faut donc ne pas écouter ces rumeurs et ces mensonges. Les Syriens et les Libanais en particulier doivent comprendre que tout ce qui se dit à ce sujet fait partie de la guerre psychologique. Ce n'est pas nouveau. Depuis quatre ans, nous entendons régulièrement annoncer la chute imminente du régime syrien. Pourtant, lorsque cela se disait il y a quatre ans, la situation était plus difficile que celle d'aujourd'hui. Les combats avaient lieu à l'intérieur de la Syrie, à Damas même, à Alep et à Homs et dans plusieurs régions. Aujourd'hui, la situation est différente et tout cela n'est plus possible.

Je vais maintenant répondre à certaines allégations, l'une après l'autre :

Ce qui se dit au sujet de la position iranienne est totalement faux. Il y a quelques jours l'imam Khamanéi a évoqué ce sujet et il a précisé que les négociations portent sur le dossier nucléaire et rien que sur lui. Et même en menant ces négociations, nous restons soucieux des intérêts de nos alliés, a-t-il ajouté. L'Iran n'a donc pas abandonné la Syrie et n'est pas près de le faire.

Même chose pour la Russie. Je connais certes moins bien la Russie que l'Iran, mais je ne vois aucun indice qui permet de croire que le commandement russe est sur le point de lâcher la Syrie.

Nous devons chercher les raisons de ce qui se passe parfois sur le terrain, dans le terrain lui-même. Il faut ainsi voir pourquoi Idlib est tombée, quelle était la situation des éléments armés, de l'armée, des forces en présence. Il faut voir s'il y a eu une lacune dans l'administration, la gestion de la bataille, la logistique. Même chose pour la chute de Jisr el Choughour. Il ne faut donc pas chercher les raisons dans la situation internationale ou régionale. Comment le régime syrien et son armée pourraient-ils être en train de s'effondrer alors qu'ils se battent sur plusieurs fronts et marque parfois quotidiennement des points ? Comment concilier les deux affirmations ? En réalité, lorsqu'il y a chute d'une position ou d'une localité, il faut en rechercher les raisons dans les réalités du terrain pour éviter qu'elle ne se reproduise.

Dans chaque guerre, il existe des rounds. Certains peuvent être gagnés, d'autres perdus. Remporter un round ne signifie pas remporter la guerre. Depuis quatre ans, l'armée syrienne et els forces populaires ont remporté de nombreux rounds et elles n'ont jamais affirmé avoir gagné la guerre. C'est pourquoi aujourd'hui ce qu'on peut dire de plus méchant à leur égard c'est qu'elles ont perdu un round. Mais il ne faut pas miser sur ce round et en déduire que la guerre a été perdue. Ce que font les autres c'est profiter de ce round pour relancer leur guerre psychologique. C'est un petit point qu'ils marquent alors qu'ils n'ont cessé depuis des années de décevoir leurs partisans et d'aller de désillusion en désillusion. Il y aura d'autres rounds et leurs allégations s'effondreront une fois de plus si Dieu le veut.

Ce sont donc les limites de ce sujet. Il y a certes au Liban des gens pressés, ils le sont depuis quatre ans en tentant d'échanger leurs félicitations pour la réussite de leurs paris. Mais à chaque fois ils découvrent qu'il s'agit de fausses noces, où il n'y a ni marié ni mariée et qu'ils sont en train de se moquer d'eux-mêmes. En tout état de cause, nous devons faire attention à ce sujet et en étudier tous les aspects avant de nous laisser influencer.

Au sujet du Hezbollah, je voudrais dire ce soir à nos familles et à nos chers frères syriens : nous étions avec vous et nous le resterons. Quels que soient les développements, nous serons là où nous devons êtres. Récemment, nous avons été dans des lieux où nous n'étions pas au cours des années précédentes. Nous estimons que cette bataille n'est pas seulement celle du peuple syrien. Nous avons déjà dit cela lorsque nous sommes entrés dans cette bataille. Nous ne sommes pas entrés dans cette bataille pour des raisons émotionnelles, ni personnelles, ni confessionnelles ou partisanes. Nous sommes entrés dans cette bataille sur la base d'un diagnostic clair et global dont la justesse se confirme chaque jour. Nous défendons ainsi le Liban, la Syrie, nous-mêmes et l'ensemble de la région. Si nous voulions attendre l'unanimité interne au sujet de notre participation à la bataille, les groupes armés se seraient étendus dans plusieurs régions du Liban, sans citer de noms. Nous traitons donc cette question et nous assumons nos responsabilités et nous acceptons les sacrifices. Certains vont aussitôt dire : qui vous demandé de le faire ? Il ne faut pas attendre dans ce genre de situation une demande officielle. Il s'agit d'une responsabilité humaine, morale, nationale et religieuse. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés en attendant que l'ennemi progresse. Nous sommes prêts à assumer les responsabilités et certains nous appuient en assumant leurs responsabilités politiques et médiatiques et même populaires. Nous les remercions tous. Nous payons le prix du sang pour que les gens puissent vivre en sécurité et en toute dignité. je ne veux pas entrer aujourd'hui dans la polémique de qui a commencé et a amené l'ennemi ici...

Si nous faisons une lecture objective de la situation dans la région au cours des quatre dernières années nous découvrons que ceux qui ont amené ces groupes armés et les ont utilisés pour faire chuter des régimes commencent à prendre conscience du fait qu'ils sont incontrôlables et qu'ils n'ont pas de limites. Ils ont une pratique barbare et une vision détournée de l'Islam. Ils ne suivent aucune autre loi que la leur. Le charme commence à se retourner contre le sorcier. Mais en attendant qu'ils en soient totalement convaincus, nous continuerons à assumer nos responsabilités en comptant sur Dieu et en croyant dans notre victoire, qui finalement vient de Dieu. Dans toutes les batailles pour l'honneur, les nations et les peuples, pour la dignité, les libertés et les symboles sacrés, il est normal que Dieu tienne Sa promesse et aide celui qui écoute l'appel du devoir en lui donnant la victoire dans toutes les arènes de combat... Que Dieu vous bénisse.

Comments

//