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Une chance de réconciliation inter-palestinienne à saisir…

Une chance de réconciliation inter-palestinienne à saisir…
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Par Soraya Hélou

A quelque chose malheur est bon. Comme l’avait prévu le secrétaire général du Hezbollah au cours de son dernier discours vendredi, la tragédie de « la flotille de la liberté » ouvre la voie à une véritable réconciliation inter-palestinienne. Elle offre aussi une chance réelle pour obtenir la levée du blocus imposé à Gaza par l’ennemi israélien depuis quatre ans. Mais pour que ces chances bien réelles soient saisies, les dirigeants arabes doivent réagir rapidement et efficacement. Chose qu’ils n’ont malheureusement pas l’habitude de faire. La réunion des ministres arabes des AE convoquée d’urgence au Caire n’a pas été à la hauteur de la situation. Comme d’habitude, les deux axes arabes se sont opposés : celui qui se qualifie de modéré a refusé de prendre des mesures de protestation concrètes, alors que l’axe opposé, ayant pour chef de file la Syrie, a réclamé la suspension des négociations indirectes entre les palestiniens et les israéliens. Le communiqué final est resté timide et confus à l’image de ceux qui l’ont rédigé. L’affaire aurait pu en rester là s’il n’y avait pas un nouveau facteur qui est entré sur la scène arabe. Il s’agit de la Turquie, dont neuf volontaires ont été sauvagement assassinés par les commandos israéliens à bord du navire Marmara. Non seulement les prises de position des dirigeants turcs ont été d’une grande fermeté, allant même jusqu’à brandir la menace de la rupture des relations diplomatiques avec Israël et à promettre de juger les commandements israéliens s’ils osaient juger un des militants turcs, mais de plus, les manifestations populaires se sont multipliées à Ankara et à Istamboul. Les dirigeants turcs ont exigé la libération par Israël de tous les volontaires participant à « la flotille de la liberté », se présentant ainsi comme le protecteur de tous les militants appartenant à 44 nationalités différentes. La Turquie, qui avait déjà amorcé un net changement dans sa politique à l’égard d’Israël, a ainsi pris la tête de file de ceux qui réclament une attitude ferme contre Israël, ainsi que la levée du blocus imposé à Gaza. Elle a, en quelque sorte, adopté la position attendue depuis des années de la part des Arabes, qui, eux, continuent à hésiter et à être divisés. La Turquie étant aussi un membre de l’Otan et ayant des relations étroites avec les Etats-Unis, sans compter l’horreur de ce qui s’est passé, de nombreuses parties dans le monde ont commencé à réclamer la levée du blocus. Au point que les dirigeants israéliens ont commencé eux-mêmes à parler d’allégement et de solutions de rechange.

Mais le rôle de la Turquie ne s’arrête pas là. Elle s’est désormais imposée comme le pays le plus fort dans la région -fort non seulement militairement, mais populairement et en raison de ses relations internationales-, au point que les dirigeants arabes s’y rendent les uns après les autres et remettent entre ses mains leurs dossiers épineux. Premier à se rendre à Istamboul, le président syrien Bachar Assad qui avait depuis quelque temps amorcé un rapprochement stratégique avec Ankara, modifiant ainsi les cartes régionales. Assad a même pris une importante décision, confiant à la Turquie le dossier de la réconciliation inter-palestinienne et lui remettant totalement la carte du Hamas, pour qu’elle négocie à sa place. On sait que ce dossier épineux a tenté d’être traité par les Saoudiens qui avaient réussi à conclure l’accord de réconciliation de la Mecque, aussitôt signé, aussitôt oublié, avant d’être confié aux Egyptiens, qui, en dépit de nombreuses réunions, n’ont pas réussi à pousser les deux parties à signer un accord. Aujourd’hui, et pour la première fois, la situation semble différente. La carte du Hamas a été remise au premier ministre turc par le président syrien alors que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s’est à son tour rendu en Turquie, en guise d’acceptation de sa médiation. Gaza et la Cisjordanie n’ont jamais été aussi proches et avec l’impulsion d’une partie étrangère, la Turquie, qui jouit désormais d’un grand respect et d’une grande sympathie auprès des arabes, le dossier de la réconciliation pourrait enfin connaître des développements positifs. Dans l’émotion et l’indignation qui ont suivi le massacre de la flotille de la liberté, les clivages traditionnels semblent un peu atténués, d’autant que le monde entier, à des degrés divers et parfois en silence, a condamné Israël pour son comportement dans cette affaire. Les deux camps palestiniens n’ont donc plus de raison de rester en conflit et Mahmoud Abbas ne peut plus ignorer le terrible blocus imposé à Gaza. Il envoie d’ailleurs une délégation de l’OLP sur place, dans un signe de volonté de reprise du dialogue. Entourée de son aura de force qui a su s’imposer face à "Israël", la Turquie pourrait faire le reste et travailler sérieusement à un rapprochement entre les deux camps palestiniens. Reste à savoir si les parties arabes qui ont longtemps pris en charge ce dossier sans le traiter sérieusement, comme si elles cherchaient plutôt à laisser un camp l’emporter sur l’autre, accepteront facilement de céder leur rôle à la Turquie. La chance réelle existe donc, mais les arabes modérés feront de tout pour la laisser passer…

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