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La version complète depuis la chute de Sanaa jusqu’à la fuite de l’aéroport

La version complète depuis la chute de Sanaa jusqu’à la fuite de l’aéroport
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Lorsque les combattants du mouvement Ansarullah et des comités populaires ont pris le contrôle de la capitale Sanaa, et que l'accord de paix et de partenariat entre les forces politiques a été signé le 21 septembre dernier - jour de la victoire de la révolution yéménite bénie- les Etats-Unis ont cru qu'il s'agissait d'un «nuage passager» qui ne durera pas jusqu'au début d'automne. Ils ont cru que les combattants d'Ansarullah «plaisantaient» et qu'ils ne tarderaient pas à reculer sous la pression des menaces et des intimidations internationales. Ils semblaient en outre incapables de diriger un pays gisant sous une grande quantité de défis et de risques.

A ce moment, Washington a comme d'habitude, fait appel à ses outils traditionnels pour exprimer sa colère: des communiqués des instances américaines compétentes -le département d'Etat et la Maison Blanche- un communiqué présidentiel du Conseil de Sécurité, puis un communiqué des ambassadeurs des dix pays parrainant l'initiative des pays du Golfe, une initiative qui a avorté la révolution du peuple yéménite le 11 février 2011. Il était normal de condamner ce qu'ils appellent le recours aux armes et à la violence pour prendre le contrôle de la capitale.

Mais, rapidement, les Américains ont découvert que l'événement est plus important que ce qu'ils se sont figurés, eux qui regardaient avec mépris le peuple yéménite. Ils ont soudainement remarqué un changement radical dans la direction de cette étape. La première scène de l'épreuve fut à l'aéroport de Sanaa qui a reflété des indices sur l'avenir.

L'aéroport en premier

Les comités populaires qui sont devenus le superviseur essentiel de l'action de tous les services,La version complète depuis la chute de Sanaa jusqu’à la fuite de l’aéroport ont mis en place de nouvelles mesures liées à l'activité de vols depuis et vers le Yémen. Les Américains ne jouissaient plus d'un traitement exceptionnel, ils sont devenus soumis aux ordres de la loi diplomatique. Un avion militaire américain a essayé de vider une cargaison pour la faire entrer au Yémen au profit de l'ambassade américaine. L'avion s'est vu refuser de vider sa cargaison, parce que celle-ci n'était pas conforme au (manifeste) présenté aux autorités douanières. Seuls les produits conformes ont été acheminés et les autres rejetés.
Un autre avion militaire américain a tenté de vider une cargaison d'armes au profit des forces spéciales yéménites, alors que des voitures de l'ambassade américaine devraient la transporter au siège desdites forces. Les comités populaires ont refusé ceci et ont insisté à ce que des forces spéciales yéménites reçoivent la cargaison dans le même aéroport. Les Américains ont campé sur leur position et les comités populaires ont refusé une fois de plus. La cargaison a rebroussé chemin.

En outre, le portefeuille diplomatique ne passe plus d'une façon arbitraire qui méprise les règles en vigueur. Au contraire, tout passe sous le contrôle légal des comités populaires selon une source proche du mouvement Ansarullah.

Les Américains ont réalisé qu'un grand changement est en train de s'opérer, que les déplacements de l'ambassadeur américain ne sont plus comme par le passé, et qu'ils ne ressemblent pas à l'hégémonie et à la domination des Etats-Unis dont les ambassadeurs se comportent dans les pays arabes comme étant des hauts commissaires insoumis à toutes les lois dont la convention de Vienne qui organise les relations diplomatiques entre les pays. Une insoumission qui va jusqu'à organiser des convois réservés aux ambassadeurs américains qui dépassent ceux de certains rois, princes et présidents arabes.

Washington a haussé le plafond de sa position envers la révolution yéménite et a fait passer au Conseil de Sécurité une résolution imposant des sanctions sur trois personnes accusées d'entraver le processus politique au Yémen. Il s'agit de l'ancien président Ali Abdallah Saleh et des deux dirigeants du mouvement Ansarullah Abdel Khaleq el-Houthi et Abdallah Yehya el-Hakem, connu au Yémen sous le nom d'Abou Ali el-Hakem. Mais il semble que les Américains n'aient pas bien compris la leçon et qu'ils demeurent sous le choc après la chute de Sanaa et d'autres provinces du Nord aux mains des comités populaires. Ils pensaient avant ces développements que soumettre le Yémen sous le chapitre VII à la base de la résolution 2140 datant du février 2014 constituera une dissuasion à toute force yéménite voulant aller loin dans ses choix décisifs. Cette résolution visait avant tout Ansarullah. Mais tous les changements stratégiques ont survenu suite à cette résolution, à savoir depuis le lancement de Sayed Abdel Malek Badreddine el-Houthi la révolution populaire le 4 aout jusqu'à sa victoire le 21 septembre dernier.

Un espion au bureau du président

Les Américains ont tenté de contourner les exploits de la révolution et de donner un souffle de force au régime produit avec l'Arabie Saoudite à la base de l'initiative des pays du Golfe. Ils ont accepté l'accord de paix et de partenariat mais ils ont essayé de le contourner à travers la nomination par le président Abed Rabbo Mansour Hadi du directeur de son bureau Ahmad ben Moubarak de former un gouvernement de compétences.

Sayed Abdel Malek a haussé le ton, poussant ben Moubarak à se désister rapidement sous la pression des menaces fermes des Houthis. Ben Moubarak est l'homme des Etats-Unis au Yémen avec d'autres hommes entrainés par Washington pour devenir les symboles de la prochaine étape.

Les Américains ont repris leur jeu. Ils ont fait pression sur leur équipe pour promulguer la Constitution qui stipule le partage du Yémen en six provinces dans un processus visant à effriter le pays. Ils ont chargé Ben Moubarak de cette tâche, et celui-ci a entamé l'élaboration du projet au cours de séances aux Emirats Arabes Unis (pour des raisons inconnues dans l'apparence mais qui sont en réalité connues!) et a tenté de le faire passer par des voies déviantes à la commission nationale chargée de contrôler les recommandations du congrès du dialogue sans que le président Hadi ne reforme cette commission à la base de l'accord de paix et de partenariat. 

Les comités populaires ont fait face avec force à cette tentative désespérée. Ils ont arrêté ben Moubarak alors qu'il était en route à la réunion consacrée à la promulgation du brouillon de la Constitution. 

Des documents et des enregistrements sonores ont été retrouvés chez ben Moubarak comprenant tous ses appels avec le président Abed Rabbo Mansour Hadi. Les Américains ont été choqués de cette mesure révolutionnaire. L'ambassade américaine s'est précipitée de publier un communiqué réclamant la libération immédiate de ben Moubarak, avant même que le président ne le réclame. Mais le choc qui a ébahi tout le monde fut la découverte de documents et des enregistrements sonores par la voix de ben Moubarak, documentés dans son téléphone portable. Ces enregistrements comprennent tous ses appels téléphoniques avec son président Abed Rabbo Mansour Hadi et ont montré que ben Moubarak a eu recours à des voies déviantes pour faire passer le projet de partage du pays en six provinces. Bref, il s'est avéré que ben Moubarak est un espion américain dont la mission est de diriger le président Hadi et non pas le contraire. 

Parmi ses projets les plus dangereux fut le projet stratégique sécuritaire qui détermine les défis qui menacent le Yémen - certes du point de vue américain, le mouvement Ansarullah figure à la tête de ces menaces. Les modalités de la lutte contre ce mouvement ont montré qu'elles sont un produit américain qui a été traduit en arabe. L'objectif en était d'entrainer le pays dans un chaos sécuritaire. 

Abou Ali Hakem

Il a été renversé par Washington, et toutes les tentatives de libérer ben Moubarak ont été vaines, après que ce dernier a refusé de se désister en l'absence de garanties. En effet, il a réalisé la colère du président Hadi qui a été tenu au courant de sa traitrise. Des dignitaires de la province de Chabwa se sont alors intervenus auprès du mouvement Ansarullah qui leur a remis ben Moubarak et ce dernier a immédiatement quitté pour l'Arabie Saoudite, mettant fin avec humiliation à ses aspirations politiques. C'est ainsi que les comités populaires ont avorté le projet du partage du Yémen, et le président Hadi ainsi que son Premier ministre Khaled Bahhah ont démissionné après le refus du premier de mettre en application les clauses du communiqué présidentiel qu'il a accepté au début.

Après une opération ponctuelle face à la tentative des forces de la garde présidentielle de s'étendre dans certaines régions de la capitale entourant le palais présidentiel et le siège du président, tous les sièges de l'Etat sont devenus sous le contrôle et la protection des comités populaires. Tout ceci et Washington surveille avec étonnement comment un régime qu'il a bâti depuis trois ans est en train de s'effondrer sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Même l'ambassadeur américain a pressenti que tout est en train de changer à tel point que son convoi a été arrêté dans une rue de la capitale pendant trois heures sur un barrage des comités populaires pour avoir enfreint à la loi. Des activistes ont partagé une photo de son convoi pendant son arrestation. On lui a interdit de passer jusqu'à ce qu'il se soit engagé de ne pas se déplacer dans la capitale. Il n'est plus possible de recourir au service de la sécurité nationale, allié des Américains, après que ses sièges sont devenus sous le contrôle des comités populaires.

Lors de la lecture de la déclaration constitutionnelle, Abou Ali Hakem, sanctionné internationalement, s'est assis au premier rang, habillé du treillis militaire officiel.

Les Américains ont réalisé que le convoi de la révolution passe sans que personne ne puisse l'entraver. Toutefois, les comités populaires ont continué à tendre la main au dialogue tout au long des jours des négociations parrainées par Jamal ben Omar. Lorsque les révolutionnaires ont senti la pulsion de la manœuvre et la tentative de gagner du temps, et après la fin des ultimatums, le commandement de la révolution a décidé, grâce au mandat populaire qui lui est accordé par le congrès national élargi, tenu à Sanaa, de promulguer la déclaration constitutionnelle qui dirige le processus de la direction de l'étape provisoire. Cette annonce a été faite au palais présidentiel en présence de hauts dirigeants politiques et militaires, une annonce qui a choqué encore plus les Américains.

Ils s'attendaient à une autre mesure surprenante: le deuxième choc est survenu après la formation de la commission sécuritaire suprême, dirigée par le chargé d'affaires du ministère de la défense, le lieutenant Mahmoud Sobeihi et ayant regroupé des dirigeants militaires et sécuritaires de l'armée et du reste des services gouvernementaux, ainsi que des dirigeants sécuritaires et militaires parmi le mouvement Ansarullah, dont Abou Ali el-Hakem. Cette commission a été chargée de diriger le pays dans l'attente de la formation des institutions constitutionnelles stipulée par la déclaration constitutionnelle. Ainsi, l'homme qui fut interdit de voyage et dont les comptes bancaires étaient gelés à travers les banques du monde (sachant qu'il est en réalité pauvre et ne possède même pas ses subventions journalières), est devenu l'un des décideurs sécuritaires et militaires au Yémen. Le message est clair: l'intimidation par les sanctions ou autres sont vaines.

Une révolution diplomatique

Washington a réalisé que l'époque du mandat est révolue et qu'il est temps aux relations diplomatiques basées sur la loi, le respect mutuel, la protection des intérêts légitimes et la fin de tous les intérêts illégaux. Ils ont compris qu'il est désormais interdit de s'ingérer dans les affaires du Yémen, comme l'a dit Sayed Abdel Malek Badreddine el-Houthi dans son discours. Cette grande puissance acceptera-t-elle que ce pauvre pays dévasté impose ses conditions? Et que son ambassadeur à Sanaa devient comme les autres ambassadeurs arabes à Washington qui doit respecter les normes et les règles de l'action diplomatique, et qu'il ne rencontre personne qu'à travers le feu vert du ministère yéménite des affaires étrangères?

Le grand test du nouveau processus diplomatique a eu lieu lorsque le secrétaire des affaires politiques au ministère yéménite des affaires étrangères Hamid Awadi a convoqué, sous ordre des comités populaires, tous les ambassadeurs arabes et étrangers accrédités à Sanaa pour les informer des derniers développements constitutionnels et pour les rassurer que les relations diplomatiques resteront en vigueur selon les normes, et que les missions diplomatiques resteront sous la protection de l'Etat yéménite. Tous les ambassadeurs sont venus au siège dudit ministère à l'exception de l'ambassadeur américain qui pensait qu'il ne devait pas être présent à une réunion pareille. Les comités populaires ont réagi à la rébellion de l'ambassadeur US. Ils ont mené une action militaire aux alentours du siège de l'ambassade, interdisant toute entrée ou sortie pour faire comprendre à ceux qui y résident que l'époque du mandat est révolue effectivement et non formellement et que le comportement de l'ambassadeur est inacceptable.

Les Américains ont contacté les autorités omanaises à Mascate pour mener une médiation avec les comités populaires pour faciliter leur sortie du siège de l'ambassade vers l'aéroport. Les moyens de communications ont été coupés et il ne reste personne dans les services sécuritaires sur laquelle ils puissent compter surtout au service de la sécurité nationale, pour les aider dans toutes les questions, dont leur guerre aérienne sur l'organisation al-Qaëda. Les hauts officiers sont devenus une source de doute pour leur implication dans les nouvelles formations chargées de diriger l'étape transitoire. Et celui qui a rejeté le membership du comité a démissionné, et il ne reste plus que le choix de prendre la fuite.

Les Etats-Unis ont fermé leur ambassade au Yémen et son ambassadeur a quitté ainsi que les membres de sa mission diplomatique et celle de renseignements et de l'unité de protection spéciale de la marine américaine. Mais la façon dont il a quitté ne fut pas une nouvelle passagère. Premièrement, les Américains ont contacté les autorités omanaises à Mascate pour mener une médiation avec les comités populaires pour faciliter leur sortie de l'ambassade vers l'aéroport. Ils ont accepté et les Omanais ont effectué les contacts nécessaires et envoyé un avion omanais à l'aéroport de Sanaa pour transporter la mission US, selon une source proche des comités populaires s'exprimant au site al-Ahed. L'accord a été appliqué à la lettre selon la loi. Lorsque les membres de la mission sont arrivés avec l'équipe de protection de la Marines et dont le nombre est de 128 membres, les comités populaires les ont obligés de déposer les armes et de laisser les clés de leurs véhicules blindés à la porte de l'aéroport. La police yéménite, sous la supervision des comités, a reçu lesdites voitures comme le stipulent les conventions de Vienne. Les membres d'Ansarullah n'ont pas mis la main sur lesdites voitures comme l'a affirmé le directeur du département des relations extérieures au mouvement Hussein el-Ezzi. Ils détestent les Américains et boycottent tous leurs produits, voire ils craignent de les utiliser par peur d'être équipés d'appareils d'espionnage.

Destruction de la mémoire d'espionnage

Avant de prendre la fuite, les membres de l'ambassade ont détruit tous les documents parce qu'ils craignaient que ces derniers tombent aux mains des comités populaires. Des dizaines de milliers de documents, des cassettes vidéo, des CD, des ordinateurs, des caméras de surveillance ont été brulés. Même les armes qui se trouvaient dans le dépôt de l'ambassade ont été incendiées.

Arrestation du convoi de l'ambassadeur à Sanaa pour avoir enfreint à la loi

Il est clair que les Américains ont senti que l'expérience de la prise d'assaut de leur ambassade à Téhéran après la révolution islamique pourra se répéter. A cette époque, les Américains avaient détruit tous les documents par des machines de destruction, mais les Iraniens ont pu accéder à des informations très importantes sur l'activité de l'ambassade en rassemblant les papiers déchirés. Et pour ne pas reprendre l'expérience, Washington a demandé de bruler les papiers au lieu de les déchirer. L'objectif en est d'empêcher les comités populaires de connaitre les complots tramés dans le siège de l'ambassade, dont entre autre les rencontres avec certaines forces politiques et toutes ces réunions sont enregistrées audio-visuellement. L'ambassadeur US a lui-même brulé le contenu de sa bibliothèque, et une mémoire datant de plusieurs décennies. Les Yéménites attendront un nouveau Julien Assange ou des dizaines d'années pour que ces documents soient révélés au grand jour.

Washington a exprimé aussi sa colère à l'aéroport lorsqu'il a laissé les voitures qui ont transporté les membres de sa mission et de la marine à l'aéroport. Ils ont été démunis de leurs armes à leur montée à bord de l'avion.

Pourquoi les Américains ont soudainement quitté le Yémen? Ont-ils craint un appel via la télévision à manifester pour commémorer le souvenir que la révolution du février 2011? Les Américains ont-ils craint la reprise de l'expérience en Iran? La réponse est connue par les Américains. Mais en conclusion, l'ambassade US où travaillaient 250 Turcs pour son élargissement, est devenu un grand sérail vide. S'agit-il d'une fermeture temporaire ou définitive? Comment les Etats-Unis traiteront avec le Yémen alors qu'ils sont hors du pays? Quels sont les choix US pour la prochaine étape avec le nouveau régime dirigé par les comités populaires? Qui assurera la couverture aux raids aériens américains qui transgressent la souveraineté du pays et qui tuent des yéménites sous prétexte de combattre al-Qaëda? Le président Hadi a dit un jour que les Américains sont meilleurs que les Yéménites dans la lutte contre al-Qaëda, parce qu'ils sont plus expérimentés et ne tuent pas les civils comme les pilotes yéménites. L'époque de ce président a pris fin et personne ne pourra le restituer, ni le conseil de Sécurité ni personne d'autre.

Dans un article ultérieur, nous répondrons à certaines questions.

Source : Al-Ahednews

 



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