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Discours de commémoration de la victoire divine de 2006

Discours de commémoration de la victoire divine de 2006
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Nous nous retrouvons aujourd'hui pour la commémoration annuelle d'une date chère à mon cœur, celle de la résistance, de l'héroïsme, de la victoire et de l'épopée historique.

En cette occasion bénie, nous devons d'abord réitérer nos remerciements à Dieu qui a stabilisé les cœurs et éclairé les esprits et qui a donné au Liban et aux Libanais, à la résistance libanaise et à l'armée libanaise cette victoire qui est en réalité, celle de la oumma. C'est un don divin à toute la oumma, puisque la menace était à celle-ci. Nous y reviendrons.

Merci à Dieu donc toujours pour tous ses bienfaits que nous ne pouvons pas énumérer. Notre devoir est aussi, en cette occasion, de remercier les martyrs qui ont donné leur sang et leur vie que nous puissions vivre dignes et qui continuent d'ailleurs à tomber avec courage et dévouement. Nous devons aussi évoquer le martyr Hajj Ibrahim Hajj connu sous le nom de Abou Mohammed Selman, qui avait pris le commandement de la résistance dans le village de Aïta al Chaab pendant 33 jours. Nous adressons un hommage à tous les martyrs de la résistance dans toutes ses formations organisations et dans tous ses partis, à tous les martyrs de l'armée et des Forces de sécurité, aux martyrs de la Défense civile et à ceux des médias, bref à tous les martyrs qui ont payé leur vie à cause de cette agression injuste. Je voudrais rendre hommage à tous les blessés, à tous les déplacés qui sont partis en étant convaincus qu'ils allaient revenir sur leur terre, à toutes les familles des martyrs, des blessés et à celles qui ont été poussées à l'exode. Je voudrais encore rendre hommage aux familles qui ont accueilli les déplacés et à tous ceux qui ont participé à la réalisation de cette victoire, qu'ils soient présidents ou responsables. Je vais laisser de côté ceux qui n'ont pas participé et ceux qui, au contraire, ont tenté d'entraver cette victoire car je ne veux pas ouvrir de contentieux avec qui que ce soit. Je voudrais aussi rendre hommage à tous ceux qui ont contribué à cette victoire à l'étranger, à ceux qui nous ont aidés même en prenant des risques, je vise en particulier la République islamique d'Iran et la Syrie. Mais je voudrais surtout rendre hommage à ceux qui se sont battus avec courage et continuité, bravant tous les dangers, sans jamais faiblir ou douter, qui ont réussi à déjouer les manœuvres et les tactiques de l'ennemi, je parle bien sûr des résistants qui ont poussé l'ennemi à demander les Etats-Unis pour mettre un terme à la guerre, notamment dans les derniers jours, jusqu'à la victoire divine et historique.

Nous devons aussi évoquer avec respect et estime tous les chefs de la résistance, surtout ceux qui sont morts, notamment sayed Abbas Moussawi, cheikh Ragheb Harb et le chef hajj Imad Moghnié, alias Hajj Radouane dont le rôle dans cette victoire était très, très important et tous ceux qui ont construit cette résistance jour après jour. Enfin, il faut encore rendre hommage à celui qui a fondé la résistance au Liban, l'imam Moussa Sadr, d'autant que nous sommes à quelques jours du souvenir de sa disparition.

Chers frères et sœurs, beaucoup de choses ont été dites au sujet de la guerre de juillet, des discours et des conférences ont été donnés, des livres ont été écrits, des études ont été établies, des leçons ont été tirées par l'ennemi et par les amis et même chez nous, ainsi que dans la région et le monde. Et cette guerre, ses résultats et ses conséquences continuent à faire l'objet d'études, de débats et d'investigations.

Car, en toute simplicité, il ne s'agissait pas d'une petite bataille, mais d'une véritable guerre avec des retombées et des objectifs politiques, psychologiques, économiques et historiques, qui dépassent le Liban et la Palestine et concernent plutôt la région et peut-être le monde. Il suffit de nous rappeler ce qu'avait dit à ce moment la secrétaire d'Etat américaine de l'époque Condoleezza Rice : «Ce sont les contractions de l'accouchement du Nouveau Moyen Orient». La guerre avait donc des objectifs régionaux et des retombées internationales. Tout cela est apparu après la fin de la guerre - même si beaucoup d'éléments étaient aussi apparus pendant la guerre-, dans les écrits, les analyses, les mémoires des généraux ennemis, des ministres des Affaires étrangères et même d'importants penseurs américains l'ont écrit.

Il est donc apparu que la guerre de juillet était un épisode dans un long feuilleton. Il était requis en juillet 2006, à travers la guerre d'en finir avec la résistance au Liban, la détruire et non seulement la désarmer. Il fallait la briser pour l'empêcher de se réarmer et de se restructurer. Il fallait aussi en tuer les chefs et tous les cadres, ainsi que le plus grand nombre de résistants tout en arrêtant le reste. Vous vous souvenez qu'à cette époque, ils avaient préparé une prison qui pouvait contenir 10000 détenus dans une des colonies au Nord ou au centre.

La guerre devait permettre de procéder à un changement structurel. Il s'agissait du premier épisode du feuilleton qui devait se poursuivre en frappant la Syrie qui avait eu le tort de soutenir la résistance, de lui donner des armes qualitatives et des missiles. Ce que je dis, ce n'est pas de l'analyse, mais des informations. Il fallait donc briser le régime syrien et amener à la place un autre allié aux Etats-Unis.

Je voudrais rappeler que tout cela est arrivé en 2006, c'est-à-dire après l'invasion américaine de l'Irak et l'importante présence militaire américaine dans la région. La troisième partie de ce feuilleton consistait dans le fait de frapper la résistance palestinienne, notamment dans la bande de Gaza. Ceux qui ont donné ces informations avaient dit que tout cela devait avoir lieu avant la fion de 2006, car il y avait cette année-là des élections de mi-mandat au Congrès américain et les néoconservateurs de George W Bush voulaient les mener avec brandissant trois trophées : la tête de la résistance au Liban, celle du régime syrien et la tête de la résistance en Palestine à Gaza.

Si on revoit les médias américains de cette époque, on remarque qu'ils contenaient une amplification de l'importance du Hezbollah, du Hamas, du Jihad islamique et du régime syrien, pour les accuser d'avoir un grand rôle dans le terrorisme. Tout cela était une préparation psychologique et médiatique de cette guerre. George W Bush aurait pu par la suite dire aux Américains et au monde : j'ai vaincu ces trois têtes du terrorisme. Je suis le seul à pouvoir garantir les intérêts des Etats-Unis. Vous devez donc me réélire. Après avoir obtenu cette victoire, il se serait tourné vers la République islamique pour la faire chuter à son tour.

Ce processus avait deux objectifs principaux : D'abord, permettre aux Etats-Unis de contrôler totalement les ressources de pétrole et de gaz : l'Irak ; c'était fini, les mouvements de résistance étaient neutralisés ainsi que l'Iran et au Golfe, ils sont présents. Ensuite, et c'est là l'objectif réel de la destruction des mouvements de résistance et de la Syrie, il s'agit d'éliminer la cause palestinienne et d'imposer un compromis aux palestiniens et aux Arabes selon les conditions israéliennes.

Ce processus était destiné à atteindre cet objectif. Et les éléments étaient l'occupation directe américaine de l'Irak et avant, de l'Afghanistan dont le territoire avait été occupé après le 11 septembre 2001. Ensuite, «Israël» qui était chargée de frapper la résistance au Liban. Il fallait aussi faire chuter le régime syrien à travers la guerre et en finir avec la résistance en Palestine pour atteindre ces objectifs.

Comment ce processus a-t-il été entravé ? Par qui et Pourquoi ?

La résistance au Liban et la résistance légendaire du Liban, ainsi que tous ceux que j'ai remerciés au début ont assuré la victoire de la résistance pendant la guerre de juillet et ont au moins travé ce processus.

Pourquoi ?

Car le terrain - j'en ai parlé lors de la Journée de Jérusalem et je renouvelle aujourd'hui ce que j'avais dit en parlant de nos frères à Gaza et de nos frères palestiniens- a obligé «Israël» à crier. Lorsque l'ennemi atteint un stade où il ne peut plus rien faire, ayant épuisé les possibilités des raids aériens, les forces navales et terrestres ont montré leurs limites, les opérations au-delà des frontières sont devenues très risquées et les Israéliens ont compris qu'ils se dirigeaient vers une véritable catastrophe militaire. Ils ont demandé aux Américains d'arrêter la guerre. Tout ce qui a été écrit, les Mémoires publiées et les déclarations de tous ceux qui étaient à New York à cette époque et ont participé de près ou de loin aux négociations qui se déroulaient là bas confirment ce processus.

Donc, la résistance du et au Liban ont permis la victoire. Ainsi que la résistance populaire et l'intégration populaire de la résistance, et en troisième lieu, il faut parler de la résistance politique qui a poussé le Conseil de sécurité, , les Américains, les Israéliens et les Européens à renoncer à la plupart des conditions qui étaient posées au cours des premières semaines de l'agression pour arrêter celle-ci.

Quel a été le résultat ?

1- La résistance est restée au Liban. Elle n'a pas été éliminée. Sa structure est restée, ainsi que ses armes. Au contraire, elle est devenue plus puissante et ses capacités ont augmenté, ainsi que la confiance dont elle jouit.
2- La guerre n'a pas atteint la Syrie, car elle a été arrêtée au Liban. Si la situation au Liban s'est transformée en catastrophe pour les Israéliens comment auraient-ils pu étendre le conflit à la Syrie ?
3- La guerre contre Gaza a été reportée, au moins jusqu'à 2008, même si avant l'agression contre le Liban, il y avait des bombardements aériens israéliens violents contre Gaza.

Je dirais même plus : la résistance s'est amplifiée contre les forces américaines en Irak, ainsi que la résistance politique et la volonté irakienne de lutter contre l'occupant américain. C'est d'ailleurs ce qui a poussé celui-ci à se retirer sans laisser derrière lui des casernes et des positions militaires et sans même obtenir l'immunité pour ses soldats et officiers. Aux Etats-Unis, les néoconservateurs ont perdu les élections, une nouvelle administration est arrivée et tout ce processus est tombé.

Cela ne signifie pas que les objectifs américains sont tombés. Nous devons toujours garder en tête le fait que les Américains ont des objectifs stables dans la région.

Pour les atteindre, ils suivent des processus différents, des plans et des projets différents. Si l'un tombe, ils passent au second, puis au troisième et ainsi de suite. Ce n'est que lorsque tout le projet américano-sioniste, dont une partie est israélienne- dans la région sera totalement vaincu qu'il n'y aura plus de projets et de processus et de plans. Mais avant cela, il faut rester vigilant.

Donc, cette guerre a échoué. Je dis cela pour entrer dans la partie essentielle du discours ce soir, mais aussi pour rappeler l'importance politique et historique de cette victoire qui a été réalisée en juillet 2006, dans le sillage des développements.

Cette victoire historique a donné naissance à cette réalisation politique, militaire, culturelle, morale, humaine historique. Ses conséquences continuent à se faire sentir aujourd'hui. Enfin, je voudrais aussi assurer face aux dangers et aux menaces, actuels et à venir, que nous sommes tous en mesure de les affronter et de mettre en échec les processus qui consistent en des complots contre notre région, nos pays, nos peuples et nos croyances. En 2006, lorsque les Américains se sont lancés dans ce processus, ils possédaient tous les éléments de force. Je peux même dire qu'à cet instant, ils étaient à l'apogée de leur force. Aucune force dans le monde n'avait d'ailleurs atteint la puissance des Etats-Unis après 2001 et 2002. Ils étaient à l'apogée de leur force, militaire, sécuritaire, politique, médiatique, économique et au niveau des SR. Au cours de cette décade, les Etats-Unis étaient réellement «l'hyperpuissance», au sommet de leur force. D'autant qu'il n'y avait plus d'Union soviétique, il n'y avait plus de camp socialiste, ni de camp arabe. Les circonstances régionales et internationales étaient donc aussi en faveur des Etats-Unis. Ceux - et je ne parle pas d'une force en particulier mais d'un climat général, au Liban, en Syrie, en Irak, en Palestine et en Iran- qui ont pu défaire un tel processus dans de telles circonstances qui n'étaient pas en leur faveur, peut donc le faire dans d'autres circonstances plus faciles. Je dis cela pour le rappel.

A mon avis, ce qui se passe aujourd'hui à Gaza comme guerre et agression israélienne est une partie d'un nouveau processus. Ce processus a été aussi mis en échec et la région pourrait connaître des développements qui doivent être lus et évalués différemment. Toute la région arabe est entrée dans une phase nouvelle.

Sur la base de cette nouvelle réalité, les Américains (ou en tout cas l'autre camp) ont dessiné un nouveau processus qui devrait leur permettre d'atteindre leurs objectifs qui sont : contrôler la région est ses puits de pétrole, donner l'avantage à «Israël» et liquider la cause palestinienne en imposant aux Palestiniens et aux Arabes des conditions favorables à «Israël». Les processus et les tactiques changent, mais les objectifs restent les mêmes.

Ce qui se passe aujourd'hui à Gaza est donc une partie de ce nouveau processus. Gaza est un épisode de ce nouveau feuilleton, ou une nouvelle étape qui porte, comme c'était le cas dans le passé, deux éléments : le premier, c'est l'action américaine militaire directe, qui, dans le passé avait occupé l'Irak et à travers lui contrôlé le Golfe et le second : «Israël», son armée et ses guerres.

Après les revers subis en Irak et en Afghanistan, les Américains hésitent aujourd'hui à revenir militairement dans la région au moins sur le plan des soldats au sol. C'est pourquoi, lorsqu'ils parlent d'intervenir en Irak, les responsables (Le secrétaire d'Etat à la défense, le chef d'état major et le secrétaire du Département d'Etat) précisent qu'il n'est pas question d'envoyer des troupes au sol. Cela exprime d'ailleurs une réalité donnée.

Deux éléments sont donc utilisés aujourd'hui au service du nouveau processus (Permettez-moi d'être franc et d'appeler les choses par leur nom. Essayons d'ouvrir un peu nos cœurs et nos esprits, car nous faisons tous, au Liban et dans la région, face à une menace existentielle. Nous ne parlons donc pas de privilèges ou d'acquis supplémentaires, de ce qui est mieux ou préférable mais de notre existence).

Ce nouveau processus est plus difficile et plus dangereux que le précédent. Il ne s'agit pas de faire chuter un gouvernement ou un régime pour le remplacer par un autre, tout en conservant les pays, les frontières, les entités et les tissus sociaux. Il s'agit d'un processus dont nous avons beaucoup parlé ces derniers temps et qui consiste à détruire des Etats, des armées et des entités, ainsi que des sociétés. Nous n'avons pas besoin de preuves, même si nous y reviendrons plus tard. Les Américains sont lancés dans ce processus et ceux qui sont avec eux et Israël. Ils veulent dessiner une nouvelle carte de la région. Sur quelle base ? La précédente avait été dessinée après les deux guerres mondiales. Maintenant de quelle base s'agit-il ? Des restes de populations, d'Etats et de populations. Il ne s'agit pas de reconstruire et de réhabiliter des bâtiments endommagés en préservant leur structure initiale. Non il s'agit de bâtir du nouveau sur les restes et les morceaux, sur les cœurs effrayés et les esprits troublés et perdus. Nous avons ainsi vu des images très choquantes, celle de l'hélicoptère, irakien ou américain, à Sinjar qui emmenait des femmes et des enfants. Avez-vous vu leurs visages, leurs yeux ? C'est sur la base de cette terreur, de ces déchirements et de ces angoisses qu'ils veulent construire du nouveau en misant sur le fait que les populations seront tellement effondrées et terrorisées qu'elles seront prêtes à accepter toutes les solutions. Dans une telle situation d'effondrement et de chaos, ceux qui ont dressé les plans apparaîtront comme les sauveurs et le plus grand ennemi devient une planche de salut. C'est vers cela qu'on cherche à entraîner la région.

Qui sont les principaux éléments de ce nouveau processus ?

Les Israéliens. J'ai parlé de leur rôle dans la destruction de Gaza. L'objectif concret est de détruire la résistance, la désarmer et détruire son infrastructure, au point de pousser la population à détester tout ce qui a trait à elle de près ou de loin.

Le second élément, et qui n'est pas moins dangereux que le premier, c'est le courant takfiriste, dont la principale et la plus importante concrétisation est aujourd'hui Daech (L'Etat Islamique en Irak et au Levant).

Je reviendrai plus tard sur les détails, mais je voudrais poser maintenant la question centrale de ce discours : est-il possible de vaincre ce nouveau processus ? Je le crois et je le dis aux Libanais, aux Syriens, aux Irakiens et aux Palestiniens, ainsi qu'à tous les peuples de la région. Oui nous pouvons défaire ce nouveau processus, comme nous l'avons fait avec le précédent. Mais il ne suffit pas de le souhaiter. Il faut aussi travailler dans ce sens. Le défaire exige des conditions et des éléments de force ainsi que des efforts.

Je vais développer deux titres pour nous aider à défaire ce processus.

Le premier titre consiste à croire et à être convaincu de la réalité de la menace existentielle qui pèse sur nous tous. Il faut donc répondre à cette question. Y a-t-il un danger qui nous menace tous ?

Le second se résume ainsi : cette menace, si nous avons dit qu'elle existe, est-elle sérieuse, existentielle ou secondaire ? Il faut définir ce danger, en comprendre toutes les dimensions, et non vivre dans le déni, en disant qu'il n'y a rien de grave. Une telle attitude serait une grave erreur. Car elle fera de celui qui l'adopte un être totalement démuni face à la menace car il ne s'y est pas préparé et n'a pris aucune mesure préventive, il n'a établi aucun plan. Il aura perdu son temps et il sera trop tard pour les regrets. Celui qui adopte cette attitude de déni est arrogant et inconscient, il vit en dehors du temps et loin des réalités.

Mais s'il ne faut nier l'existence d'un tel danger, il ne faut pas non plus l'amplifier, car cela va créer une vague de panique qui va pousser les gens vers le désespoir et le sentiment de défaite. Ils ne songeront alors plus qu'à faire leurs valises et à partir ou à se cacher, car il existe un danger inévitable et qu'il n'y a pas moyens de lui résister. Comme cela s'est passé avec l'invasion mongole dans le temps.

Ni l'exagération ni le déni ne sont des attitudes efficaces. Ces deux processus sont faux. La bonne attitude est de se convaincre qu'il y a une menace, d'en définir la force et les moyens et de chercher à l'affronter.

Maintenant, il s'agit de voir justement comment affronter cette menace, comment la mettre en échec et la défaire définitivement. Il faut chercher des éléments concrets, et non bâtir sur des illusions ou refaire des choix qui ont déjà montré leurs limites et leur échec. Nous devons trouver nous baser sur des données sérieuses, réalistes, issues de notre oumma, de notre passé et de l'histoire de l'humanité, en tenant compte des rapports de forces régionaux et internationaux. Nous devons donc dire : ou nous avons les moyens de lutter. Nous devons ensuite établir un plan, avec des éléments et des points précis pour affronter la menace. Tout cela est possible. En regardant la guerre de juillet 2006 et celle de Gaza aujourd'hui et hier, les expériences de la résistance et celles des peuples de la région, du monde arabe et musulman, nous devons tirer les leçons du passé. Nous, dans cette région, nous avons vécu des expériences difficiles dans tout le monde arabe, pendant des dizaines d'années. Parfois, ces expériences étaient décevantes et humiliantes, notamment le projet israélo-sioniste expansionniste.

Au début du siècle dernier, ils ont commencé à amener dans la région, en Palestine, des sionistes sous couvert de paysans et de commerçants. A cette époque, les Juifs n'avaient rien dans cette région. Si, à cette époque, vous aviez dit aux Arabes que les Juifs comptent faire un Etat dans la région, dans le cadre du projet sioniste, ils vous auraient ri au nez, en qualifiant le projet de plaisanterie. Lorsqu'ils ont commencé à les amener dans la région, peu de gens ont vu le véritable danger que cela représentait. Certains l'avaient pris à la légère et d'autres ne l'avaient carrément pas vu, alors que d'autres encore l'avait minimisé. Enfin, certains l'ont placé sous le signe de l'humanitaire : ces gens ont fui la guerre en Europe et nous avons des terres vides ici. Pourtant, dès leur arrivée, ces gens ont commencé à se regrouper sur la base d'unités sécuritaires. En fait, rien n'avait été laissé au hasard. Mais les peuples, les élites, les gouvernements et la plupart des gens n'ont rien vu venir. Certains avaient compris ce qui se passait, ils avaient tiré la sonnette d'alarme, mais la grande majorité n'avait rien voulu entendre. Nous sommes arrivés à 1948 et malgré cela, certains n'ont rien vu venir, prétextant que la terre palestinienne est vaste. Ils n'avaient pas compris que les Israéliens avaient déjà un œil sur Jérusalem et sur d'autres régions. En 1967, certains arabes continuaient à trouver des excuses aux Israéliens et affirmaient qu'ils n'ont pas d'ambitions terrestres dans le monde arabe, ni de volonté expansionniste, ni en Cisjordanie, ni à Jérusalem est, ni en Jordanie, ni au Golan, ni dans certaines parties du Liban. Non, pour eux, tout ce qu'a fait Israël en 1967, était une guerre préventive, parce qu'il avait obtenue des informations selon lesquelles les armées arabes et en particulier les armées égyptienne et syrienne avaient l'intention de lancer une bataille décisive contre lui, avec à leurs côtés, les factions de la résistance palestinienne. Les pauvres israéliens avaient donc mené une guerre préventive, mais ils ne cherchaient pas à s'étendre. Cela n'avait-il pas été dit dans le monde arabe ?

La menace n'a cessé de grandir au point que l'armée israélienne est devenue l'une des plus puissantes du monde et son Etat l'un des plus puissants du monde. Il menace, viole, détruit, commet des massacres, se rend à la table des négociations et veut imposer ses propres conditions. Comment en sommes-nous arrivés là ? Il faut revenir à la question du début : ces sionistes venus de tous les coins de la planète représentaient-ils ou non une menace ? Et s'ils en représentent une quelle est sa dimension ? Quels sont ses éléments de force et ses moyens ? Il fallait commencer par là.

Ensuite, il fallait voir comment lutter contre cette menace. Et là, il faut le reconnaître, de mauvais paris ont été souvent faits.

Certains ont ainsi misé sur la communauté internationale, sur les institutions internationales et sur les relations du monde arabe avec la communauté internationale. Certains ont ainsi cru les Anglais, d'autres les Français et d'autres encore les Américains. Certains ont misé sur une intervention internationale ou sur celle de la Ligue arabe. D'autres ont attendu l'adoption d'une stratégie arabe unifiée - c'est arrivé au Liban, en Palestine et dans la plupart des pays qui ont eu une confrontation avec le projet sioniste- et ont misé sur l'unité du monde arabe et musulman. Nous avons attendu cela de dix ans en dix ans et cela fait 70 ans qu'il en est ainsi, si l'on revient aux débuts du siècle dernier.

A certains moments, le processus de négociations a été choisi, en appelant à l'aide la conscience internationale et en arguant de la charte internationale des droits de l'homme et de la Convention de Genève. Cela n'a abouti à rien, comme vous pouvez le constater aujourd'hui.

La seule attitude qui a montré qu'elle était la bonne, tout au long de ces expériences a été le recours à la lutte armée, qu'on appelle encore la guerre de libération ou l'option militaire. Des bandes terroristes appuyées par certains Etats étrangers avaient occupé la terre palestinienne et en avait chassé les habitants, transformant le peuple palestinien en population errante. Il aurait donc fallu que la oumma se soulève, prépare ses armées et prépare des factions de résistance et que toutes ses forces ensemble travaillent à chasser les occupants et à ramener les Palestiniens sur leur terre. C'était la seule voie juste.

Elle a pourtant été partiellement prise. Les factions de la résistance palestinienne sont nées en 1948 et même avant. Il faut rappeler ces faits historiques.

Cela a donc continué ainsi jusqu'à la confrontation en Egypte, à la fin des années 50, ce pays a affronté une agression tripartite qui était en quelque sorte une préparation de la guerre de 1967 contre Israël. Il y a eu ensuite la guerre de 1973, lorsque les armées syrienne et égyptienne ont mené des batailles héroïques, qui se sont terminées comme nous le savons tous.

Dans cette longue confrontation, chaque fois qu'il y a des victoires, des acquis et des réalisations, ils ont toujours été dus à l'option de la résistance et non aux autres options qui ne sont qu'une façon déguisée de nous moquer de nos populations et de nous-mêmes.

Une autre option qui a été développée pendant quelque temps a été l'idée de former un lobby arabe qui soit le pendant du lobby sioniste et qui soit en mesure de faire pression sur l'administration américaine pour aboutir à une solution au Moyen Orient. Il s'agit bien sûr de propos qui n'ont pas de poids véritable ; ce n'est pas seulement de la théorie mais c'est de l'illusion et du mensonge.

En partant de cette longue expérience dans le dossier israélien, o, comprend qu'aujourd'hui, le pari sur les habitants de Gaza et sur les groupes jihadistes , sur la volonté de sa population, et sur sa résistance est du au fait qu'ils ont tous choisi de ne pas se rendre à l'ennemi. En dépit de l'ampleur des souffrances et de la destruction, en dépit des martyrs, Gaza a choisi de ne pas plier l'échine devant l'ennemi. Elle a choisi de résister et elle n'avait d'ailleurs pas d'autre choix. Tout frère ou soeur palestiniens qui revoient tout le processus depuis ses débuts au siècle dernier ne peuvent qu'aboutir à cette conclusion : la voie de la résistance est la seule possible et elle ne peut que mener à des résultats concrets. Elle l'a d'ailleurs déjà fait dans certains endroits.

Voilà comment les titres s'appliquent à ce dossier qui continue d'être d'actualité et qui continue d'être une menace dangereuse, celui du projet sioniste.

J'en arrive à la seconde menace qui est en elle-même un projet dangereux et existentiel non seulement pour le Liban, mais aussi pour toutes les populations de la région. Je voudrais, à ce stade, ne pas m'adresser seulement aux Libanais, mais à tous ceux qui peuvent nous entendre dans le monde arabe pour leur dire, qu'indépendamment des divergences dans les points de vue et dans l'attribution des responsabilités depuis trois ans, n'est-il pas temps de regarder les choses en face. Ne sentez-vous pas que les accusations et les polémiques ne servent plus à rien et qu'il serait temps de procéder à une réévaluation de la situation face à cette menace grave et existentielle qui pèse sur toute la région ?

Je parle bien sûr de Daech. Parlons des faits.

Aujourd'hui, cette organisation est devenue un Etat qui contrôle une grande superficie géographique, en Syrie et en Irak. Il faut rappeler que cette superficie est bien plus grande que celle de nombreux Etats de la région. Dans cette superficie, Daech contrôle des ressources énergétiques, pétrole et gaz, et même des fleuves importants. Il a des quantités énormes d'armes et de munitions et il vend le pétrole, sans oublier le fait que certains l'aident dans cela.Quand on pense que certains Etats ont du mal à vendre leur pétrole et que Daech parvient à écouler le sien des questions se posent sur le rôle de certains pays régionaux et internationaux...Cet Etat dispose aussi d'un grand nombre de combattants, dont plusieurs ne sont ni Syriens, ni Irakiens. Ils viennent donc de l'étranger et leur arrivée en Irak et en Syrie a été facilitée par certains Etats ce qui soulève aussi de nombreuses questions. Cet Etat a encore une idéologie, un projet et une vision, ainsi que des méthodes dont on a eu des exemples en Syrie et en Irak, à travers les massacres perpétrés, le fait de tuer des innocents, des civils et tous ceux qui ne partagent pas ses croyances et sa vision et même à travers sa guerre contre ses propres alliés, ses frères partageant les mêmes croyances... C'est ainsi que nous voyons des combats dans le rif d'Edlib et dans le rif d'Alep. Des fois, le front Al Nosra, qui est un allié naturel est épargné et d'autres fois, il est attaqué. Regardez comment il sait faire peur à ceux qui ne sont pas de son avis, comment il égorge les innocents et laisse ensuite les films circuler sur les réseaux sociaux et sur les chaînes satellitaires. Regardez comment il a aussi tué des ulémas sunnites, des gens de tous els bords et de toutes les confessions, car pour, lui, ce sont tous des ennemis de l'Etat islamique. Il a sa propre pensée, ses propres lois et tous ceux qui ne les partagent pas, même s'ils sont sunnites, sont ses ennemis. N'y a-t-il pas eu des exemples concrets de cette pensée intolérante. Regardez maintenant la dernière guerre de Daech contre les Kurdes. Ceux-là ne sont ni chrétiens ni chiites. La plupart d'entre eux est sunnite. Au cours de cette dernière guerre en Irak, 1,5 millions de personnes ont été poussées à l'exode par Daech et la plupart d'entre elles sont des sunnites. Il y a certes des chrétiens, des Azédites et des chiites, mais la majorité sont des sunnites. La vague Daech n'épargne donc personne, ni sur le plan des religions et des confessions, ni sur celui des ethnies. Daceh ne respecte rien, ni les croyances des autres, ni leurs symboles sacrés. Il veut imposer son mode de vie par la terreur et les armes, à tout le monde y compris aux musulmans sunnites. Pourtant ce mode de vie n'a rien à voir avec l'islam, ni avec le Coran. Vous n'avez qu'à demander aux ulémas ce qu'ils en pensent.

Ce paysage existe donc et ce n'est nullement une plaisanterie. Ce groupe annonce son plan et présente sa carte. Il menace et gronde. Mais le plus grave est qu'il pose une base qui lui permet de se développer. Nous ne devons pas nous cacher derrière notre petit doigt. Je ne dis pas que tous les sunnites constituent sa base, non, mais certains milieux partagent ses vues et ses méthodes, certains pensent qu'il faut tuer tous ceux qui ne sont pas de leur avis et plus précisément les égorger. Ceux qui nient cela ne vivent pas dans la réalité. Et par conséquent, ne sont pas habilités à assumer la responsabilité d'une famille ou d'un groupe.

Quant à ceux qui se tiennent derrière Daech, cela est une autre histoire. Certains disent que c'est le régime syrien ou les services de renseignements irakiens et iraniens. D'autres encore sont convaincus que c'est le Hezbollah qui manipule Daech. Mais cela ne mérite pas de commentaire tant c'est stupide. Oui, certains Etats régionaux aident et encouragent Daech. Je ne veux pas inclure les Etats-Unis au sein des Etats qui sont derrière Daceh. Je ne sais pas si ce qui a été attribué à Hillary Clinton est vrai. Mais ce que je peux dire c'est qu'ils ont certainement ont fermé les yeux et facilité son expansion, en croyant pouvoir en profiter. Daech est certainement infiltré par des services de renseignements différents, et les Américains ont donc leur influence. Consciemment ou non, Daech est en train de servir les intérêts américano-israéliens dans le nouveau processus en cours.

Voilà où nous en sommes. J'en arrive à la dernière partie de mon discours. J'invite chaque Libanais, chaque Palestinien, Chaque Syrien, chaque citoyen du Golfe à mettre de côté ses sensibilités partisanes pou confessionnelles, ses émotions et ses affinités pour voir clairement le danger qui nous menace tous. Regardons les choses en face : Y a -t-il des membres du Hezbollah à Deir Zor ? à Raqqa, à Mossoul ? Pourquoi Daech a-t-il pris le contrôle de ces régions ? Daech constitue-t-il une menace pour les seuls chiites ? Ou uniquement pour les chrétiens, les yazidites et les alaouites ? Il est une menace pour nous tous et en premier pour les sunnites.

C'est pourquoi, en toute sincérité, nous souhaitons que nul ne présente la confrontation qui se déroule dans la région comme étant confessionnelle. Il ne s'agit pas d'une guerre entre musulmans et chrétiens, ni confessionnelle, ni entre les sunnites et les chiites. C'est une nouveau genre de guerre. C'est la guerre de Daceh à l'esprit takfiriste qui prône l'égorgement et l'élimination, contre tout le monde. Elle n'a pas son semblable dans l'histoire, ni du temps du prophète, ni du temps des Califes. Elle veut balayer la géographie sociale, dont la présence des minorités, sur laquelle a été construite la région. Elle veut balayer une histoire qui remonte à 1400 ans avec ses églises, ses minarets, ses symboles sacrés. Daech n'a rien à voir avec cette histoire. Il veut tout effacer car il est contre tout le monde.

Nous devons donc commencer par connaître le danger qui nous guette.

Ensuite, nous devons passer à la seconde étape qui est de voir ce que nous pouvons faire pour le combattre ? Devons-nous par exemple prendre exemple sur la manière d'affronter la menace israélienne qui est encore de mise ? Devons-nous miser sur la communauté internationale, parler avec les Américains, les Français et les Anglais, sachant que les Russes sont trop occupés avec l'Ukraine ? Mais il faut aussi se demander quelle communauté internationale est prête à intervenir et pour le compte de qui ? Que l'on me comprenne bien, je ne cherche pas une intervention américaine, mais je demande : comment Daech a-t-il pu prendre Mossoul, la province de Ninive, une grande partie de la province de Salaeddine et entrer à Diala, en ayant accompli des massacres -tout cela est diffusé par les chaînes de télévision-, et la communauté internationale n'a pas bougé ? Pourquoi le sens humain de Obama n'a-t-il pas été secoué, ni celui de l'administration américaine ? Des centaines de milliers de chrétiens ont été poussés à l'exode et tous ces gens n'ont pas réagi. (A cet égard, je voudrais dire aux chrétiens du Liban si certains d'entre vous croient que les chrétiens ont une quelconque importance pour l'Occident et pour les Américains, ils sont suspects. En cas de danger, ils vous diront ce qu'ils ont dit aux chrétiens d'Irak : vous êtes les bienvenus, vous serez accueillis en tant que réfugiés et nous vous donneront nos nationalités. C'est le fameux projet que l'un de vos grands a entendu de la bouche d'un ancien président français). Il ne faut donc pas attendre la moindre aide de la part de la communauté internationale, ni du Conseil de sécurité ou de l'ONU. Ils n'ont pas réagi pour les chrétiens, les chiites et les Yazédites. Même les Kurdes qui ont été tués à Mossoul, à proximité de Kirkouk, à Sinjar etc n'ont pas suscité une réaction concrète de leur part. Ils n'ont pas non plus bougé pour les Turkmènes et les Arabes. Ils n'ont bougé que lorsque Daech s'est approché de Erbil, à cause de l'importance sécuritaire économique et politique que représente la zone kurde pour les Américains. Ils sont alors intervenus pour dire à Daech : voilà les limites. Vous ne devez pas aller plus loin. Au-delà de ces limites, vous pouvez égorger les sunnites, les chiites, les chrétiens, réaliser un génocide contre les Yazidites, vous pouvez faire ce que vous voulez. Mais ne touchez pas à Erbil. Ca c'est le Kurdistan qui a une place et des considérations différentes sur la carte régionale. Cette attitude est claire. Alors, nous, les Palestiniens, les Libanais, les Syriens, les Irakiens et les Jordaniens, que devons-nous attendre ? La Ligue arabe ? Une stratégie arabe unifiée ? Ici, je voudrais être clair : lorsque quelqu'un se sent menacé dans son existence, attend-il pour réagir que l'unanimité autour de sa position soit réalisée ? Y a-t-il des exemples dans l'histoire qui le montrent ? Non.

Si nous sommes d'accord sur la réalité du danger qui nous guette, la question qui se pose est la suivante : comment devons-nous l'affronter ? Quelles sont nos possibilités et quels sont nos moyens ? De quelle manière et selon quelle méthode ? Les Irakiens, les Syriens, les Palestiniens et tous les peuples de la région se trouvent face à de grandes responsabilités. Je voudrais m'adresser aux Libanais en considérant que c'est valable pour les autres peuples et les autres pays. Dieu merci, il y a des leaders, des ulémas, des autorités, des partis et des forces vives capables d'assumer les responsabilités.

Je vais donc entamer le volet libanais. Aujourd'hui, Daech est devenu une menace concrète et pressante. Il ne s'agit plus d'une menace lointaine qui peut attendre 2, 3, Ou 5 ans. Cela, c'était possible avant l'invasion de Mossoul. Maintenant, l'ensemble de la région se trouve devant une situation nouvelle. Désormais, en une nuit tout peut arriver. Daech est une menace réelle pour l'Irak et par la force pour la Syrie et les autres pays de la région, notamment la Jordanie, l'Arabie saoudite, les pays du Golfe. Même les Turcs devraient revoir leur position. Dans ce cas, que pouvons-nous et devons-nous faire, nous Libanais ?

Des questions se posent sérieusement. Même nous, au sein du Hezbollah, nous devons discuter entre nous et avec les autres Libanais. Bien entendu, je ne suis pas en train d'appeler à la tenue d'une conférence nationale de dialogue. Car, dans un tel cadre, nous n'aboutirons nulle part. Nous devons parler, discuter, en tant que groupes, que penseurs, que contacts bilatéraux ou plus et étudier ensemble les possibilités d'action.
On entend souvent une phrase qui revient et qui veut que tout serait résolu si le Hezbollah retire ses troupes de Syrie. Je rappelle que la présente importante du Hezbollah se situe de l'autre côté de la frontière, dans la région de Qousseir et du Qalamoun. Je pose la question aux Libanais, et aux habitants de la Békaa en particulier, qu'ils soient chrétiens et musulmans : sérieusement si le Hezbollah retire ses hommes de Syrie, il n'y aura plus de danger pour le Liban ? Daech renoncera à venir au Liban et n'aura plus de projet de s'y étendre ? Certains responsables libanais iront alors Mossoul, s'assoiront à côté de Abou Bakr el Baghdadi et prendront la carte de la région avant de lui demander de laisser de côté les 10452 km2 (peut-être qu'ils ont augmenté maintenant), puisque nous avons parlé avec le Hezbollah et il va retirer ses hommes du Qousseir et du Qalamoun ? Ce retrait protègera-t-il effectivement le Liban ?

Mettons de côté pour l'instant les raisons de notre participation aux combats en Syrie. Cela ne sert plus à rien maintenant. Ce débat n'aboutit nulle part, puisque chacun apporte ses faits et on tourne en rond. Aujourd'hui, la région dans son ensemble est en danger et l'heure n'est pas aux débats stériles. C'est un peu comme en 2006. Les immeubles étaient en train de s'effondrer et certains s'amusaient à dire que c'est la faute du Hezbollah parce qu'il a pris trois soldats en otages...

Il faut donc laisser ces débats à plus tard. L'avenir dira qui a eu raison ou non. Mais aujourd'hui, il y a une menace imminente et la responsabilité nationale exige de nous de voir comment l'affronter, comment protéger notre pays, notre Etat, notre peuple, notre tissu social et notre région. C'est pourquoi je pose sérieusement la question : notre retrait de Syrie protègera-t-il réellement le Liban ou bien notre présence le fait-elle ?
Une idée revient actuellement dans les débats, celle d'élargir le champ d'application de la résolution 1701 qui doit contrôler les frontières au Sud pour qu'elle s'étende aux frontières avec la Syrie. Certains disent : seulement le long de la Békaa. C'est une question sérieuse. Ces gens-là disent : après la guerre de juillet, la situation est stable au Sud et Israël qui circulait auparavant en toute liberté ne peut plus maintenant le faire, ou en tout cas, réfléchit longuement avant d'entreprendre la moindre agression. Tout cela grâce à la résolution 1701 et à la présence de la Finul !. A ceux-là, je voudrais poser la question suivante : est-ce réellement à cause de la 1701 et de la Finul ? De qui vous moquez-vous ? Allez poser cette question aux habitants du Sud, ces habitants qui ont souffert pendant 60 ou 70 ans des exactions israéliennes. Demandez-leur s'ils croient que c'est la 1701 qui protègent le Sud. Alors, comme cela, les malheureux soldats de la Finul protègent le Sud, alors qu'ils ont eux-mêmes besoin de protection. S'il n'y avait pas un environnement favorable, un Etat et une armée, ces soldats de la FINUL pourraient à peine assurer leur propre protection. Ce qui protège le Sud et le Liban, c'est bien la fameuse équation : armée-peuple-résistance. Les soldats de la FINUL connaissent bien les capacités de la résistance en missiles et en hommes. Ils savent aussi que l'armée libanaise a une idéologie nationale qui remplace les moyens et lui donne la force de protéger le pays. Ce n'est donc pas le parapluie international et les Forces de la FINUL qui protègent le Sud. Que nul ne se moque des Libanais et leur dise : nous protégeons Ersal, Laboué, Kaa, Rass Baalbeck, Zahlé, , le Mont-Liban, le Akkar etc en déployant sur place des troupes internationales sous la bannière de la FINUL. D'ailleurs, d'où vont venir ses troupes ? je vous le dis, il existe un projet, un processus américain qui cherche a tout détruire. Demandez à vos alliés qui ont peut pour leurs Etats ce qu'ils pensent de ce processus et de ce projet. Nous perdons notre temps avec cette idée d'étendre la 1701. Malgré cela, je dis qu'il faut en discuter sérieusement.

Au cours des dernières années et dans le précédent gouvernement dont nous étions membres, il était question d'adopter une politique de dissociation à l'égard du dossier syrien. Mais la question est la suivante : cette politique protège-t-elle le Liban ? Si par exemple, à Dieu ne plaise, Daech parvient à occuper la Syrie et se trouve à nos frontières à Chebaa, Hasbaya, Baalbeck et la frontière nord, le Liban sera-t-il à l'abri et protégé ? La dissociation protège-t-elle le Liban ? Il n'y a donc aucun lien avec ce qui se passe en Syrie ? Que Daech et Al Qaëda viennent à nos frontières, cela importe peu, nous sommes à l'abri ? Est-ce vraiment une attitude réaliste ? Je ne parle pas ici en tant que résistant qui se sent redevable à la Syrie. Je parle en Libanais, soucieux de son nationalisme, et je demande si cette politique de dissociation - que nous ni les autres n'avons jamais appliquée et les autres continuent à ne pas l'appliquer jusqu'à nos jours- protège réellement le Liban ? L'armée libanaise est attaquée, ses soldats sont enlevés, certains sont égorgés et avec cela, il est interdit de parler avec la Syrie sous prétexte de la politique de dissociation ? Est-ce logique ?

Nous devons dialoguer pour répondre à toutes ces questions. La présence du Hezbollah en Syrie protège-t-elle ou nuit-elle au Liban ? Nous devons en parler. Quant à ceux qui croient que le Liban n'est en danger, ceux-là ont un véritable problème de vision. Par contre, si nous sommes d'accord sur l'imminence du danger qui nous guette, parlons ensemble de ce qui pourrait nous aider à protéger notre pays.

Je voudrais conclure par quelques grandes lignes :

Lorsqu'une menace existentielle pèse sur un pays ou une société, il faut changer les priorités pour qu'elles s'adaptent à cette situation. On ne peut plus continuer à discuter de choses importantes mais qui deviennent secondaires face à l'urgence de la menace.
C'est pourquoi j'appelle aujourd'hui les Libanais à prendre conscience du danger existentiel et exceptionnel qui les guette. Je ne cherche pas à amplifier la situation ou à les démoraliser. C'est pour moi, la réalité.
Face à ce danger, nous devons revoir nos priorités. Cela exige pour commencer de la sincérité et de la loyauté dans la manière d'affronter le danger. Autrement dit, les calculs confessionnels, politiques, partisans et personnels doivent être mis de côté. Faire face au danger exige du sérieux et l'esprit de sacrifice. Revoir ses positions, changer d'avis dans l'intérêt du pays n'est pas honteux ; Au contraire, c'est une preuve de responsabilité, de conscience et d'huamisme.

Ensuite, face au danger, il faut chercher les éléments de force et les rassembler pour pouvoir aller à la confrontation.
Le premier élément de force est l'armée et les forces de sécurité officielles. Au départ, il faut que la protection du pays soit la responsabilité de l'armée et des forces de sécurité. Ce sont ces forces qui doivent protéger les frontières, ni le Hezbollah, ni d'autres forces. L'Etat doit être conçu sur cette base et dans cette optique.

Certains pourront alors dire : mais c'est vous qui empêchez cela ! Et je leur réponds : pas du tout. Avons-nous empêché qui que ce soit de donner des armes à la troupe ? De lui donner des blindés ou de lui faire des donations ? Au contraire, nous accueillons favorablement toute aide donnée à l'armée. Mais ce qui compte c'est qu'elle lui arrive effectivement, non qu'elle s'arrête au stade des propositions ou d'armes qui ne font pas le poids face aux B7, aux BKC. Il faut donner à l'armée des armes réelles et celle-ci avec les autres forces de sécurité sont responsables de protéger les gens et le pays.
Donc, en premier lieu, il faut appuyer l'armée. Un projet avait été conçu pour que les politiciens déclarent en trois minutes leur appui à l'armée. Je ne sais pas ce qu'est devenue cette idée. Mais je vais dire maintenant ce que j'allais déclarer en 3 minutes : Il faut un appui réel, populaire et officiel à l'armée. Un appui moral et matériel, car ce n'est pas seulement le matériel qui compte. L'appui réel à l'armée c'est de la doter d'équipements, de matériel, d'effectifs, de moyens, mais surtout que l'armée ait le moral, en plus d'une idéologique stable et d'une volonté de se battre, dans la dignité et la tête haute. Cela c'est la responsabilité de l'Etat et de la population.

Aujourd'hui, le plus grand appui à l'armée est que tout l'Etat se tienne à ses côtés qu'elle retrouve ses militaires pris en otages, ainsi que les membres des FSI emmenés avec eux. Chaque minute qui passe pendant laquelle ces militaires sont entre les mains de leurs ravisseurs est une minute d'humiliation pour le Liban. Que personne ne considère ces propos comme une incitation contre l'Etat. Nous parlons ainsi parce que notre cœur est avec ces militaires et avec l'Etat. Nous avons le même sentiment lorsque nous pensons à nos détenus dans les geôles israéliennes. Nous éprouvions le même sentiment d'humiliation pour chaque détenu dans les prisons israéliennes qu'il soit membre du Hezbollah ou non.

Concernant les militaires de l'armée et des FSI entre les mains des ravisseurs, nous considérons que ce dossier relève de la responsabilité de l'Etat. Il doit être réglé de manière à préserver la dignité de l'armée et des FSI, ainsi que celle de l'uniforme.
Il ne faut pas leur lancer des accusations et si c'est le cas, il faut les rejeter totalement. De temps à autre, certains parlent « d'armée des croisés » ou encore « d'armée safaouie, à la solde du Hezbollah ». C'est absolument faux. L'armée est nationale et elle est soucieuse de ne pas avoir de problème avec les formations politiques libanaises, que serait-ce alors si cette formation est une composante importante de la résistance ? Y a-t-il un intérêt national à provoquer des conflits entre l'armée et la résistance ? Bien sûr que non.

Tous les politiciens savent que l'armée n'est pas un instrument entre les mains du Hezbollah. De telles accusations ne devraient pas être portées. Et lorsqu'elles le sont, elles doivent être rejetées. Cette armée est celle de tous les Libanais. Elle a besoin de notre appui à tous sur tous les plans. La même logique s'applique aux forces de sécurité. Nous devons faire cela pour avoir une armée forte, dotée de matériel et de capacités et avec un moral élevé, une grande confiance en elle. Une telle armée peut renverser les équations, ou en tout cas y apporter de grands changements. Nous devons donc tous être avec l'armée.

Deuxièmement, il faut préserver le gouvernement actuel. Il ne faut pas que ce gouvernement s'effrite quels que soient l'ampleur des conflits politiques entre ses composantes. C'est aujourd'hui la seule institution qui fonctionnel, indépendamment de l'importance et de la quantité de son action. Tout le monde voit que le Parlement est paralysé alors qu'il n'y a pas de présidence de la République, indépendamment de ceux qui assument la responsabilité de cette situation. Ce gouvernement existe donc. Le maintenir fait partie des éléments de force du Liban dans sa façon de faire face au danger, en attendant l'élection d'un président et la formation d'un nouveau gouvernement.

Troisièmement, il faut arrêter les incitations confessionnelles et partisanes ; je dirais même toutes les formes d'incitation. Prenons l'exemple de Ersal : il y a beaucoup à dire, avant, pendant et après. Mais nous autres, nous avons choisi de nous taire, car le moment est particulièrement délicat. Nous aurions beaucoup à dire au sujet de l'armée, de la structure du pays, sur la sécurité, sur la politique etc mais malgré cela, nous avons choisi de nous taire. Pourtant, vous le voyez, on parle une fois des groupes armés et dix fois on attaque le Hezbollah. Franchement, ils peuvent même nous critiquer mille fois, cela ne changera rien, sauf que cela augmentera le niveau de tension dans le pays.

J'ai lu aujourd'hui dans la presse que les FSI ont arrêté celui qui se tient derrière « la brigade des sunnites libres ». Je ne sais pas dans quelle mesure c'est vrai, je ne sais pas qui il est, quelles sont ses connections et qui se tient derrière lui. Mais très vite, des médias ont commencé à faire des analyses et à sauter aux conclusions. Pour moi, cet homme doit être jugé comme toute autre personne coupable d'incitation à la discorde confessionnelle. J'espère aussi que ce sera le début d'un processus qui touchera les politiciens qui incitent à la discorde confessionnelle. Que nul ne dise que cela touche aux libertés individuelles. L'incitation à la discorde est comme la voiture piégée. Ce n'est pas une question de liberté et il faut assumer les responsabilités nécessaires pour qu'elle cesse.

Quatrièmement : il faut procéder à des réconciliations populaires dans les régions, sans attendre les grandes réconciliations politiques qui peuvent ou non avoir lieu. Il faut donc que dans les régions, les habitants se rapprochent les uns des autres. Il faut prendre des initiatives de façon transparente. Au final, l'avenir de Ersal est avec Baalbeck-Hermel. Mes frères et mes amis à Ersal, votre avenir est avec la Békaa du Nord, non avec le Front Al Nosra et avec Daech et avec ce qui se passe au-delà de la frontière. Que les habitants de Ersal racontent ce qui s'est passé avec eux, je ne parlerai pas à leur place. Mais ils ont une longue expérience avec les villages voisins. Il faut prendre des initiatives : Ersal, Laboué, Al Aïn, Nabi Osman, Kaa, Ras Baalbeck, tous ces habitants doivent se retrouver, car la menace pèsent sur eux tous et tout le monde paiera le prix, les habitants de Ersal, qui l'ont déjà fait, en tête.

Dans les autres régions, là où le tissu social a été ébranlé, il faut prendre des initiatives de rapprochement. Comme entre Bab Tebbaneh et Jabal Mohsen, entre la banlieue sud et Choueifate, Saïda et ses alentours, Chebaa et ses voisins, Rachaya et Hasbaya etc. Nous devons tous travailler sous le titre du rapprochement et de la lutte contre la discorde. Ce n'est pas la seule responsabilité de l'Etat mais celle de nous tous., leaders, autorités religieuses, parties politiques etc.

Certains ne veulent pas de ce discours, mais ils doivent l'entendre : il faut une coopération même minimale avec la Syrie au sujet du dossier des réfugiés. Ce n'est pas vrai que les Syriens veulent que les réfugiés restent au Liban. Ce n'est pas vrai que nous ne pouvons pas trouver de solution à ce dossier avec la Syrie. Mais cela ne peut pas être le fait d'un parti. Cela ne peut être fait que par deux Etats et deux gouvernements. Mais tout le monde est d'accord sur la gravité de ce dossier.

C'est aussi un dossier dangereux, sans entrer dans les détails. Alors, où est la solution ? Est-on encore en train d'attendre la chute du régime syrien ? Ou alors attend-on la victoire de Daech ? Si ce groupe contrôle la Syrie, croyez-vous réellement que les réfugiés rentreront chez eux ? Ou bien au contraire, seront-ils plus nombreux au Liban ? Qu'attendons-nous, quelqu'un peut-il me l'expliquer ?

L'arrogance et le refus de voir les choses comme elles sont ne résoudront pas le problème. Il faut parler officiellement avec la Syrie. Il n'y a pas d'autre possibilité. Nous devons nous asseoir avec les Syriens et leur dire : nous avons un million et demi, plus ou moins je ne sais pas, de réfugiés syriens chez nous. Or certaines régions en Syrie sont sûres et les gens y vivent normalement. Comment pourrions-nous ramener une partie des réfugiés là bas ? Et ceux qui viennent de zones en conflits, comment pourrions-nous les aider et régler leur problème ? Nous devons être prêts à nous entraider sur ce dossier. Au lieu d'organiser des congrès, de prononcer des discours et d'utiliser ce dossier dans le discours politique pour marquer des points sur l'autre, il faut chercher des solutions concrètes. Certains leaders chrétiens parlent de menace sécuritaire, politique et démographique etc. Mais si l'on veut être sérieux, il faut se dire que ce sont des réfugiés syriens alors que nous avons autour de nous, la mer, la Palestine et la Syrie. Comment, dans ce cas, résoudre le problème ? En les envoyant en Australie ? Non, il faut parler avec les Syriens, que nous les aimions ou pas, que nous soyons avec ou contre le régime. Quels que soient les qualificatifs que nous donnions au régime syrien, il faut parler avec lui, c'est ce que font en général les Etats entre eux et qui est à la base des relations internationales.

Il faut donc parler avec les Syriens du dossier des réfugiés et plus tard en tant que Libanais, nous devons parler avec eux de la possibilité d'extension de la résolution 1701 à la frontière avec la Syrie. La Finul ne peut rien faire à cet égard. Même l'armée, seule ne peut pas non plus se déployer tout le long de cette frontière, car il ne s'agit pas là de 60 ou 70 kms ! Il va falloir descendre de l'arbre sur lequel vous êtes perchés. Nous devons vous en convaincre. La question ne se limite plus à un danger pour les chiites, pour les sunnites ou pour tel parti, tel courant, les druzes, les chrétiens. Le danger guette tout le monde.

Nous en arrivons à la présidence de la République. Il est certain que l'élection d'un président et le retour à l'action du Parlement et des institutions en général seraient de nature à renforcer la capacité du Liban face au danger qui nous guette.

A ma manière directe et franche, je voudrais dire- même si j'ai déjà parlé assez longtemps- : cela suffit d'aller et de venir, de tourner autour du pot. Au sujet de la présidence, vous savez avec qui vous devez parler. Au sein du 8 Mars, nous n'avons pas de médiateur, en dépit de notre diversité, nous parlons tous d'une même voix. Ceux qui veulent discuter ce sujet savent avec qui ils doivent le faire. Nous appuyons un seul candidat et vous connaissez la première lettre de son nom. Cessez donc de perdre du temps, un temps précieux pour le Liban. Cessez de miser sur des développements régionaux ou internationaux. Qu'attendez-vous donc ? Dans ce sujet, les Libanais sont les seuls à décider. N'attendez donc pas une décision qui viendrait de l'étranger. Soyons donc précis.
Il faut enfin donner une priorité, ou autant que possible, aux dossiers sociaux. C'est nécessaire sur le plan humain et moral. Il faut régler la question de l'échelle des salaires, des journaliers de l'EDL, de l'Université libanaise, de l'eau. Tout cela aide à consolider l'immunité libanaise face au danger. Car comment pourrions-nous affronter un danger existentiel alors que certains villages manquent d'eau ? L'homme ne peut pas rester sans eau et électricité et en réglant ces questions, nous serions en train de faire baisser la tension au Liban.

Je ne prétends pas avoir proposé ce soir un plan d'action. J'ai soumis une série de propositions et je souhaite que nous en discutions tous ensemble. Il ne s'agit pas, je le répète, de prendre une photo autour d'une table, mais d'initier un dialogue profond, responsable et sincère, que nous soyons prêts à faire des sacrifices. A ce sujet, je vous affirme que nous sommes prêts au sacrifice. Nous avons tous les jours des martyrs et des blessés dans la bataille et nous ne serons pas avares dans ce domaine avec notre peuple, avec notre pays et nos symboles sacrés. Pour nous, c'est une bataille pour l'honneur, pour la dignité, pour l'existence libre. Nous sommes prêts au sacrifice et ceux qui ont un fils unique demandent : pourquoi empêchez-vous mon fils d'aller au combat ? Je vais même vous en dire plus : si les résistants avaient attendu pour lutter contre Israël qu'il y ait une unanimité interne autour de ce choix, Israël serait aujourd'hui à Beyrouth et à Tripoli. Si les Palestiniens, les Libanais et les Syriens avaient attendu un consensus arabe pour faire le choix de la résistance, Israël s'étendrait aujourd'hui du Nil à l'Euphrate, avec les Egyptiens.

Je vais maintenant conclure en deux phrases rapides :

La première est destinée aux Libanais et aux peuples de la région : il est possible de défaire Daech et ses frères. Ce n'est pas du tout impossible et la guerre contre Israël est plus dure que celle contre Daech. Contre cette organisation, une partie de la guerre est psychologique, une autre est un effondrement et des infiltrations, mais pour l'instant, je ne souhaite pas entrer dans les détails.

Est-il possible d'affronter ce danger ? Oui. Ce courant n'a pas d'avenir dans la région sauf si nous restons les bras croisés. Ce courant n'a pas d'avenir si les Irakiens se rassemblent et assument leurs responsabilités. De même pour les Syriens et pour les Libanais, ainsi que pour tous les pays arabes. Oui, la victoire est possible, elle peut même être plus facile que contre Israël, sauf si nous enfouissons nos têtes dans le sable. Dans ce cas, s'il a face à lui des Etats faibles et effrayés, ce courant peut envahir des pays entiers.

En cette commémoration de la guerre de juillet, j'appelle à une position nationale et responsable, à une position arabe responsable, au resserrement des rangs autour de l'armée, du gouvernement et à la prise de conscience des grandes responsabilités sur le plan des médias et de la politique. Nous savons quelle est l'importance de défendre notre pays pour qu'il continue à être la tête haute, digne et fort et pour que ses églises et ses mosquées restent debout, et toutes ses composantes unies. Cete victoire est possible, quelle que soit la partie qui se tient derrière Daech.

La seconde phrase est la suivante : là aussi je tiens à être clair : nous ne renoncerons pas à notre responsabilité. Nous ne comptons pas émigrer et nous n'avons pas une autre nationalité que la libanaise. Nous resterons sur cette terre debout. Si le combat nous est imposé, nous ne l'éviterons pas et nous serons enterrés ici. Nous avons fait ce choix. Mais nous sommes prêts à dépasser aujourd'hui tous les conflits du passé avec toutes les composantes de notre pays, car la patrie est en danger. Nous devons assumer cette responsabilité et c'est ainsi que nous serons en train de respecter le sang des martyrs déjà tombés il y a huit ans comme maintenant. C'est ainsi que nous serons en train de préserver les espoirs placés dans la résistance. Nous devons, nous Libanais, être à la hauteur de notre pays, à la hauteur pour le défendre et à la hauteur de la victoire qui nous attend, si nous assumons nos responsabilités. Nous ne fuirons pas, nous ne serons pas vaincus. Que nul ne fasse sa valise pour émigrer. Il faut rester dans ce pays et comme la guerre de juillet 2006 a changé le cours de la région, ce petit pays, le Liban, changera lui aussi le cours de la région. Je vous donne rendez-vous pour de nouvelles victoires Inchallah.

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