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Le sommet de Syrte: beaucoup de bruit pour rien…

Le sommet de Syrte: beaucoup de bruit pour rien…
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Par Souraya Helou

Une fois de plus, les dirigeants arabes ont montré leur incapacité à se montrer à la hauteur de la gravité des événements. Réunis dans le cadre du sommet de Syrte, ils n’ont réussi qu’à exposer leurs divergences et la petitesse de leurs soucis. Alors qu’Israël poursuit inlassablement et sans la moindre honte la judaïsation de Jérusalem et de la Cisjordanie, ils n’ont rien trouvé de mieux que de demander au président américain Barak Obama de  s’en tenir à sa position initiale de réclamer le gel des colonisations. Il leur a ainsi échappé que le président américain a déjà modifié cette position, en cherchant à trouver des formules de compromis avec les dirigeants israéliens pour sauver sa face sans les contraindre à revenir sur leur décision stratégique. Il a aussi échappé aux dirigeants arabes qu’en 1170, il y avait quatre juifs à Jérusalem. En 1850, ils sont devenus 5000 et en 2009, ils ont atteint le chiffre de 400 000. Et le pire est encore à venir avec le projet de construire 1600 unités d’habitation…
Les dirigeants arabes réunis ont bien décidé d’accorder une aide d’un montant de 500 millions de dollars destinée à un plan pour sauver Jérusalem, mais ils l’ont assortie d’une condition : cet argent ne sera débloqué que lorsque le Hamas et l’OLP se réconcilieront. Autant dire jamais, puisque le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a transporté son conflit avec le Hamas devant les dirigeants arabes en accusant l’organisation islamiste de chercher à faire un coup d’Etat contre lui. Il a d’ailleurs eu à ce sujet un échange peu amène avec le président syrien Bachar Assad qui lui rappelait que le Hamas fait de la résistance contre "Israël". Et Abbas a rétorqué sèchement : « Notre choix est celui de la paix ». Ce qui a poussé le président syrien à s’opposer à la décision arabe de bénir la reprise des négociations indirectes entre les Palestiniens et les Israéliens, consacrant ainsi l’abandon du principe de l’unanimité dans les décisions du sommet arabe, en vigueur jusque-là.  Assad a même déclaré : « Il ne s’agit pas de négociations mais de droits arabes qu’il faut défendre ». Mais la décision finale n’a pas tenu compte de sa position, la tendance générale arabe étant de donner une chance à l’administration Obama. Les milieux populaires arabes craignent toutefois que le sort des 500 millions de dollars ne soit identique à celui des deux milliards de dollars décidés en 2009 pour la reconstruction de Gaza, qui n’ont jamais été versés car les dirigeants arabes avaient aussi bloqué sur la question du destinataire de cette somme. Comme ils refusaient de la donner au Hamas qui contrôle Gaza, l’argent est resté dans leurs poches…
A une étape aussi difficile pour la région, le souci principal d’une grande partie des participants au sommet de Syrte était aussi de refuser tout dialogue avec l’Iran. La proposition a été faite par le secrétaire général de la Ligue Amr Moussa dans le cadre de sa vision d’une politique de bon voisinage avec les pays environnants le monde arabe. Avec la Turquie, c’est déjà fait. Il reste l’Iran. Mais là, blocage total, notamment de la part du ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Ghait qui n’a pas voulu entendre parler de l’ouverture d’un dialogue avec la République islamique, accusée, selon lui, de s’ingérer dans les affaires arabes à travers le Hamas et le Hezbollah et d’avoir un projet hégémoniste pour la région. L’idée a donc été abandonnée et au lieu de rendre hommage à un pays qui aide la résistance contre "Israël" sous toutes ses formes, les participants au sommet de Syrte ont préféré se replier sur des considérations purement confessionnelles, oubliant l’intérêt de la Palestine.
Plus que jamais, à travers ce sommet, les dirigeants arabes ont montré  qu’ils étaient plus dévoués à l’administration américaine qu’à la cause palestinienne et qu’ils s’inscrivaient dans une logique de reddition plutôt que dans la lutte contre "Israël". Leur grande bataille est désormais « la reconquête de l’Irak »pour le ramener dans le giron arabe, non pas en combattant l’influence américaine, mais celle de l’Iran. Toutefois, le président irakien Jalal Talbani a préféré se rendre à Téhéran plutôt que d’aller à Syrte, pour participer à un sommet des pays voisins de l’Iran qui se tenait au même moment.
Dans un grand élan de nationalisme arabe, les participants au sommet de Syrte ont décidé de tenir leur prochain sommet ordinaire, en mars 2011, en Irak. Mais d’ici-là, ils devraient tenir un sommet extraordinaire en septembre pour faire le point sur les développements dans le dossier israélo-palestinien. Comme cela, le délai de quatre mois qu’ils ont accordé à l’administration américaine aura expiré et ils décideront de l’attitude à suivre.
 Il est certain qu’"Israël" attend avec crainte ce sommet extraordinaire, terrorisé à l’idée que les pays arabes pourraient choisir de l’affronter… Depuis le temps, les dirigeants israéliens ont compris que du côté des Arabes, les paroles ronflantes tiennent lieu d’actes. Heureusement que dans ce monde arabe si las et si inerte, il y a aussi une population qui résiste et des chefs qui l’appuient au Liban, en Syrie et à Gaza…

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