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Discours à l’occasion du jubilé d’argent de la fondation de l’hôpital Al Rassoul Al Aazam

Discours à l’occasion du jubilé d’argent de la fondation de l’hôpital Al Rassoul Al Aazam
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Le 28 octobre 2013

Je voudrais au début vous souhaiter la bienvenue pour votre participation à cette cérémonie chère à nos cœurs destinée à honorer des moujahidins qui ont consenti de nombreux sacrifices et une institution généreuse et moderne. De nombreux espoirs ont été placés en elle et elle a été à la hauteur des attentes.

Nous sommes aujourd'hui devant cette réalisation et cette évolution, car l'hôpital Al Rassoul Al Aazam s'est développé et a atteint un haut niveau de professionnalisme, depuis sa fondation et sa mise en fonction dans le cadre et grâce au soin de l'association du martyr. 

Au nom de mes frères et de mes sœurs dans la résistance, je salue ce chemin jihadiste et croyant pratiqué par nos frères et sœurs pour aboutir à ce résultat. Je voudrais exprimer notre fierté face à ce travail soutenu et inlassable, face à la sagesse et à la planification, la fidélité et la loyauté, ainsi que le sens permanent des responsabilités qui a permis de traverser toutes les étapes et les obstacles depuis les années 80. Cette institution est l'une de celles de la résistance, qui a suivi toutes les étapes de la résistance et a accompagné sa lutte, a pansé ses blessures et soigné ses souffrances, tout en aidant les familles des martyrs tout au long des années écoulées.
Nous remercions Dieu pour la bénédiction d'avoir de telles personnes qui travaillent dans cette institution. Celle-ci a été réellement fidèle aux instructions et au testament du sayed des martyrs, sayed Abbas Moussawi et elle a servi les gens avec ce qu'elle a de plus précieux.

Je tiens aussi à saluer le fondateur de cette institution, un homme de bien aux mains blanches qui a consenti de nombreux sacrifices et a déployé de nombreux efforts au service du Liban et des Libanais. Il s'agit du frère uléma sayed Issa Tabatabaï qui a passé sa jeunesse et maintenant sa maturité en aidant les Libanais et en particulier les familles des martyrs. Nous souhaitons pouvoir lui rendre un peu de ses bienfaits et nous prions Dieu de le couvrir de ses bénédictions. 

Il me faut aussi saluer tous les frères et les sœurs, surtout ceux qui ont accompagné cette institution depuis ses débuts, il y a 25 ans et qui continuent avec la même fidélité. 

Un mot aussi pour l'administration actuelle qui a déployé de nombreux efforts au cours des dernières années pour que l'institution atteigne ce niveau. Je voudrais rendre en particulier hommage au médecin de la résistance, le frère moujahed blessé Dr Ibrahim Atwé qui s'est toujours tenu aux côtés des frères qui combattaient tout près des premières lignes et que les blessures qui ont failli lui coûter la vie n'ont pas empêché de continuer à guérir celles des autres. Par la même occasion, je rends hommage à tous les autres médecins qui travaillent dans cet hôpital sans relâche en espérant que Dieu saura compenser leurs sacrifices au service de ce peuple et de cette résistance victorieuse, qui mérite ce qu'il y a de mieux, et tous nos sacrifices et nos efforts. Je rends donc hommage à toute cette couche de la population qui aide ceux qui souffrent à cause et pour la résistance. Nous leur devons bien cet hommage et ce grand merci.
Sur le plan public, je voudrais traiter deux sujets, le premier humain, qui est d'ailleurs dans la prolongation de l'occasion de ce discours et le second est politique. 

Concernant le premier sujet, je pars de la libération des ex-détenus d'Aazaz. J'en profite pour bénir cette libération et féliciter les frères pour leur liberté retrouvée, ainsi que leur retour parmi leurs familles et au sein de la patrie. Je remercie tous ceux qui ont porté leur cause et ont contribué à sa fin heureuse. Ce happy end et l'accueil qui a été réservé aux e-otages d'Aazaz suscitent de nombreux espoirs chez ceux qui vivent des expériences similaires et réveillent en nous des sentiments et des émotions qui nous font nous sentir encore plus responsables. A partir du cas des ex-otages d'Aazaz, il nous faut confirmer la poursuite des autres dossiers proches, au niveau des responsables et à celui de la population. Il faut donc leur définir un cadre qui en facilite le suivi. 

Nous partageons ainsi avec les Libanais et les Syriens le souci d'obtenir la libération des deux évêques Yazigi et Ibrahim. De même, nous éprouvons de la responsabilité pour les Libanais disparus ou enlevés dans le cadre des événements en Syrie, en commençant par Hassan Mokdad jusqu'aux Libanais de la localité de Maaroub et d'autres villages de la Békaa. Je ne veux pas entrer dans les noms car certains doivent être vérifiés, mais je dois aussi évoquer le photographe Samir Kassab. 

Sur le plan officiel, il faut qu'une partie soit chargée du dossier. Vous pouvez considérer que la Sûreté générale l'est, ou en désigner une autre. Mais il faut désigner un responsable. Comme cela, s'il y a un développement, tout le monde saura à qui s'adresser. Toutes les suggestions et les initiatives lui seront soumises et proposées. Ce responsable suivra le dossier du début jusqu'à la fin. De la sorte, l'affaire ne sera pas noyée dans les cris habituels libanais et enlisée dans le quotidien politique. Cela doit être fait. De même, l'ouverture des vieux dossiers doit être faite. En voyant les ex-détenus d'Aazaz en liberté, de nombreux Libanais qui ont des personnes disparues pendant la guerre ou détenues encore en Syrie ( ou bien elles croient que ces personnes sont détenues en Syrie) ont dû ressentir une certaine amertume ou de la nostalgie. C'est normal. Au lieu de faire de la surenchère sur ces dossiers, il vaut mieux charger une partie précise de la poursuite de ces dossiers. D'autant que les surenchères et les polémiques ne libèrent pas les prisonniers et ne clarifient pas le sort des personnes disparues. Je me souviens qu'il y a quelques années, un travail a été fait sur ce dossier. Il y avait des demandes libanaises précises et des demandes syriennes précises. Des listes ont été présentées et des personnalités participant à la conférence du dialogue ont été mises à contribution pour aider à la conclusion de ce dossier. Nous faisions partie de celles-là. Mais le processus n'a pas été complété. Je pense qu'il y a aujourd'hui une possibilité. Même s'il y a actuellement un gouvernement chargé de l'expédition des affaires courantes. Certains pensent que ce dossier peut attendre la formation d'un nouveau gouvernement. Soit mais il faut commencer par désigner une partie qui serait chargée de ce dossier. En tant que pays, Etat et peuple qui se respectent, nous devons ouvrir tous les dossiers à caractère humanitaire. Il y en a plusieurs. Cette ouverture doit se faire de façon responsable. Une des leçons de la libération des ex-détenus d'Aazaz, c'est que nous sommes au Liban un peuple et un Etat qui respectent leurs citoyens. Indépendamment des détails, de qui a aidé et de qui a entravé, le résultat est ce qui compte le plus. En résumé, 11 Libanais ont été enlevés et ils n'ont pas été abandonnés, au contraire, tout a été fait pour obtenir leur libération. Nous sommes certes un pays du Tiers monde, mais avec un Etat et un peuple qui se respectent. Indépendamment des cris et des polémiques qui ont suivi cette opération et celle des Libanais disparus au large de l'Indonésie, les Libanais ont été libérés et les dépouilles restituées. Le Liban n'a pas abandonné ses fils. Et cela, c'est l'école de la résistance qui n'accepte pas d'abandonner même les dépouilles ou ce qui en reste de ses fils aux mains de l'ennemi. Nous disions : c'est vrai que nos martyrs sont enterrés dans la terre sacrée de Palestine, mais nous préférons les rapatrier au Liban... Il nous faut donc ouvrir tous les dossiers. Nous avons des dossiers en suspens en Syrie, au Liban, en «Israël», chez l'ennemi israélien et chez le frère syrien. Avec l'ennemi, il y a par exemple le détenu Yehya Skaff, et les autres Abdallah Alyane et Mohammed Farran ainsi que des milliers de Libanais disparus avec l'invasion israélienne de 1982. Qui est derrière leur enlèvement et leur disparition ? Des milices libanaises, l'armée d'Antoine Lahad ou de son prédécesseur Saad Haddad ? ou les Israéliens ? Selon le droit international, c'est l'envahisseur qui assume la responsabilité de ces disparitions. C'est un dossier qui dort et dont nul ne parle. Il ne s'agit donc pas seulement des détenus et des disparus en Syrie ? Nous avons devant nous un dossier énorme et un chiffre impressionnant. Selon celui qu'on m'a donné, on parle de 17000 disparus, dont certains sont des Palestiniens et parmi lesquels il y a probablement des Palestiniens. Il faut leur ajouter le dossier des quatre diplomates iraniens accrédités au Liban disparus... Qui suit ces dossiers ? Est-il correct de les laisser à la seule responsabilité de la résistance ou d'une partie d'entre elle ? 

En évoquant le dossier des personnes disparues qui a besoin d'une décision, je me souviens qu'un jour, le gouvernement du Dr Sélim Hoss, que Dieu lui donne longue vie, en a pris une très importante à ce sujet. Mais au final, les familles des personnes disparues n'ont pas cédé. Il faut donc en reparler avec courage et sens des responsabilités. Ce qui compte c'est de créer un cadre sérieux, ou même deux ou trois, l'essentiel est qu'il y ait une partie chargée de les suivre.
Au sujet du côté syrien, je crois qu'une occasion a été perdue au cours des dernières années, quand ce dossier a été suivi. La chance peut encore être saisie à travers les contacts précédents et les rencontres avec le commandement syrien. J'ai entendu des propos directs sur une volonté syrienne permanente d'aboutir à une conclusion réaliste et possible de ces dossiers. Cela exige naturellement un sens des responsabilités, du courage, de la persévérance et au final à la décision de trancher la question.

En plus de ces dossiers, il y en a un très important qui suscite de grandes émotions chez de nombreux Libanais, dont moi, lorsque j'ai assisté à la libération des otages en «Israël» ou celle des détenus d'Aazaz. Ce dossier est toujours présent dans nos mémoires, c'est celui de l'imam Moussa Sadr et de ses deux compagnons, cheikh Mohammed Yacoub et Abbas Badreddine. Ce dossier concerne donc l'imam de la résistance, un imam qui s'est battu et s'est dévoué pour lutter contre l'injustice, la négligence et les privations. Ce dossier ne touche pas seulement une famille ni même une communauté, une résistance ou un peuple. Elle touche à la dignité de la nation et celle de la oumma. C'est une affaire nationale par excellence. On peut donc doubler les efforts. L'Etat doit assumer ses responsabilités et ne pas se contenter, en toute franchise, de la rejeter sur les épaules du président de la Chambre Nabih Berry ou sur le ministère des affaires étrangères, en considérant que le ministre est actuellement chiite suivant la logique suivante : «voilà, c'est entre les mains des chiites, qu'ils le traitent comme ils le souhaitent. Ils sont concernés». Il ne s'agit pas non plus de le jeter sur les épaules de la famille de l'imam Sadr. C'est une affaire nationale qui concerne tous les libanais, l'Etat libanais et le peuple. 

Je ne vous cache pas qu'au cours des derniers mois, nous avons envoyé des messages aux frères au sein de la République islamique et nous leur avons même demandé d'intervenir de nouveau auprès des autorités libyennes, en doublant les efforts. Mais l'Etat aussi doit le faire, en plus des efforts déjà déployés. 

Pour ne pas rester dans les généralités, il y a aujourd'hui deux personnes qui peuvent donner des informations sur ce sujet. La première est en prison, il s'agit de Abdallah Sanoussi et la seconde se déplace dans les hôtels arabes notamment dans les pays du Golfe, c'est l'ancien chef des SR et ministre des affaires étrangères de Kadhafi Moussa Koussa. Ces deux personnes ont travaillé dans les services secrets libyens et peuvent donc mener au lieu où se trouvent l'imam Sadr et ses compagnons. Qu'attendent les responsables pour leur parler. Ils n'ont pas besoin de guetter pour cela la solution du problème du pouvoir en Libye. Sanoussi est en prison et attend d'être interrogé. Jusqu'à présent, les autorités libyennes actuelles entravent cet interrogatoire. Mais la seconde personne est en liberté et les pays dans lesquels circule Moussa Koussa et qui paient les frais de ses déplacements, se disent amis du Liban. Pourquoi ne pas demander à l'entendre et clore enfin ce dossier ? 

J'ai voulu ouvrir ces dossiers que d'habitude nous n'évoquons pas car nous sommes trop pris par nos problèmes habituels et nous nous perdons dans les méandres des querelles qui ne mènent nulle part. Ces dossiers sont humanitaires, moraux et nationaux et l'Etat doit assumer ses responsabilités et les confier à des personnes qualifiées et compétentes qui se dévoueront pour aboutir à leur conclusion. 

Avant de passer aux questions politiques, je voudrais encore dire un mot sur les ex-détenus d'Aazaz et je ne souhaite pas entrer dans les détails de cette affaire. Depuis le début, lorsqu'il a été question de les libérer et que des avions ont été envoyés pour les ramener au Liban et que nous avons adressé des remerciements, nous avions décidé de ne plus évoquer cette question. Nous étions convaincus que le travail silencieux et sérieux était plus utile dans ce dossier, d'autant que la partie qui les avait enlevés était inconnue. S'agissait-il d'une partie politique, opposante, extrémiste ? S'agissait-il d'un gang qui travaille de son propre chef et pour son compte ou bien elle est liée à une partie régionale ? Ce n'était pas clair. C'est pourquoi nous étions toujours inquiets pour la vie et pour la santé de ces otages et nous pensions que tout propos de notre part pouvait être exploité contre eux. Mais aujourd'hui, je crois que ce dossier doit être gardé et étudié. J'invite la justice, les responsables et même le peuple à le faire. Pourquoi ces hommes ont-ils été enlevés ? Dans quel but ? En dernier, il a été question de libérer des prisonnières en contrepartie, mais nous avions promis cela depuis un an. Or, les ravisseurs ont disparu et n'en ont plus parlé. Il y a autre chose. Certains parlent d'argent, d'autres de détenues. Mais il se pourrait que ce dossier ait une dimension essentiellement politique. 

En tout état de cause, nous ne souhaitons pas lancer des accusations dans ce dossier. Mais les ex-otages et leurs familles ont le droit de savoir qui a entravé leur libération dans un premier temps et qui les a gardés en détention et comment les choses se sont finalement déroulées. Il ne faut pas laisser ces questions sans réponses car il y a des droits qui doivent être préservés et des leçons qui doivent être tirées. Des masques doivent tomber, s'il y a eu tromperie... 

J'en arrive aux questions politiques.

Permettez-moi de commencer rapidement par la Syrie, d'abord parce que la situation dans ce pays occupe la région et le monde et ensuite parce que tout ce qui se passe en Syrie a des répercussions sur le Liban. Tout, au Liban, sur le plan sécuritaire, social, humain, le dossier des déplacés, la situation politique, économique et financière, tout, absolument tout dépend de ce qui se passe en Syrie. Sur la base suivante : que le régime syrien est sur le point de tomber. Certains vivent dans le rêve de rentrer au Liban par l'aéroport de Damas. Ils ne veulent pas rentrer au pays par l'aéroport de Beyrouth, parce que la Syrie va changer de camp et d'axe. Ce qui leur permettre, ainsi qu'à leur camp, de renforcer leur position interne, de manière à pouvoir imposer leurs conditions et pratiquer leur politique d'exclusion sur la scène libanaise. 

Je ne vais pas entrer dans la polémique de qui bloque les dossiers au Liban. Disons que vous le faites et nous le faisons aussi. Je crois que les Libanais sont fatigués de ces sujets. 

Au final, ce sont les Libanais qui jugeront qui est en train de paralyser le Parlement, qui empêche la tenue d'une réunion du gouvernement chargé de l'expédition des affaires courantes. Il y a pourtant des dossiers vitaux qui ne supportent pas d'attendre. J'y reviendrai. Les Libanais diront qui empêche de légiférer et qui empêche la tenue d'une réunion pour le dialogue. Nous en avons assez de dire que c'est vous et que vous répondiez : c'est vous. Je crois qu'en ce qui nous concerne, tout a été dit sur ce sujet. C'est le peuple libanais qui devrait se prononcer avec objectivité et son verdict servira de base à la suite des développements. 

Pour en revenir à la situation en Syrie, il y a eu de grands développements au cours des derniers mois, en Syrie, mais aussi dans la région et le monde. En Syrie, les choses vont dans un sens précis. 

Commençons par la situation sur le terrain. Je vais énumérer quelques points : la situation sur le terrain évolue en faveur de l'armée arabe syrienne et de toutes les forces populaires qui l'aident. Les groupes de l'opposition armée ne parviennent pas à faire la moindre percée sur le terrain, ni à modifier les rapports de forces, selon la condition qu'ils avaient posée pour accepter de participer à la conférence de Genève. Le rapport des forces est donc en faveur du régime. De plus, les luttes entre les groupes de l'opposition ont causé des milliers de morts et causé de grandes destructions dans plusieurs régions. L'humeur interne en Syrie a changé à cause du comportement des groupes de l'opposition sur le terrain et cela suite à de développements dans la région et dans le monde. L'opinion publique dans le monde arabe et islamique et dans le monde en général a aussi changé. C'est ce que nous avons pu observer au cours des dernières semaines difficiles, lorsqu'il a été question d'une agression américaine et occidentale contre la Syrie. L'opposition syrienne s'est montrée incapable d'unifier ses rangs, en dépit des efforts internationaux dans ce sens. L'opposition de l'intérieur s'est détachée de celle de l'extérieur. Le front hostile au régime syrien est en train de se défaire à cause des événements en Egypte et de leurs conséquences internes et régionales. De nombreux pays au sein de ce front sont de plus en plus occupés par leurs problèmes internes. La possibilité d'une attaque américaine contre la Syrie a été écartée. La résistance populaire et militaire du régime, sa patience, sa sagesse et sa capacité à relever les défis tout cela a abouti aux résultats suivants qu'il ne sert à rien de vouloir nier par arrogance : 

Il n'y a pas de solution militaire en Syrie. Certains continuent à s'entêter sur le sujet. Mais cela ne sert à rien. Le monde entier, sauf une exception sur laquelle je reviendrai tout à l'heure, est arrivé à cette conclusion. 


La solution possible et acceptée est politique. La voie qui y mène est le dialogue sans conditions préalables. Celui qui en pose bloque en réalité le dialogue - comme cela se passe d'ailleurs au Liban-Le monde veut aller au dialogue politique pour aboutir à une solution politique, qui bénéficie d'un appui international, régional et interne. 

Ce qui se dit aujourd'hui au sujet de la conférence de Genève 2, indépendamment de certaines conditions et de certains détails, ouvre un horizon. Je crois que le Liban et les pays voisins et ceux de la région, qui ont subi négativement les conséquences de la crise syrienne, profiteront de la solution politique sur tous les plans. Tout le monde doit donc pousser vers une telle solution.
Il y a toutefois un pays qui est encore «très en colère». Je ne cherche pas à attaquer, ni à ouvrir une polémique, je me contente d'exposer des faits, qui ne sont même pas des secrets. La première lettre de son nom commence par ... l'Arabie saoudite ! Ce n'est pas un secret. Le royaume wahabite est toujours très fâché de la situation en Syrie. 

Des dizaines de milliers de combattants ont été envoyés en Syrie, de tous les coins du monde, de Tchétchénie, du Caucase, des pays arabes et musulmans et même de l'Allemagne, de la France, de l'Autriche, de la Belgique, de la Grande Bretagne et des Etats-Unis. Ils ont été armés et ont reçu des fonds. On parle de 30 milliards de dollars dépensés jusqu'à présent dans ce but. Sans parler de la pression médiatique et politique, de l'isolement, du blocus, des sanctions, de l'incitation etc Tout a été utilisé. Je peux dire que le front adverse voulait faire chuter le régime syrien et mettre la main sur la Syrie et il a tout fait dans ce but. Mais il n'a pas réussi. 

Ce monde est celui du possible. Au final, ces gens doivent chercher comment traiter la question et le feu ne peut pas continuer à être allumé et à brûler tout sur son passage parce qu'un pays est fâché et qu'il cherche à tout paralyser et à saboter Genève 2 ou à reporter cette conférence.
Vous entendez tous les jours aux nouvelles qu'un groupe de brigades s'est détaché des autres, qu'une nouvelle brigade a été formée, un nouveau groupe s'est constitué, une armée est née etc. Tous ces groupes refusent le dialogue politique et contestent la représentativité de la Coalition nationale syrienne et rejettent la solution politique en Syrie. 

Que signifie : entraver la solution politique en Syrie ? Cela veut dire encore plus de sang, de victimes, de destructions, sans parler de l'augmentation des drames sociaux, économiques, politiques, sécuritaires et humains, des conséquences graves sur le Liban, la Jordanie, l'Irak, la Turquie et tous les pays de la région, ainsi que sur la cause palestinienne. Cela signifie aussi de l'entêtement, mais un entêtement sans horizon, absolument stérile. Je dirais même qu'il faut saisir cette chance de dialogue, car la situation d'aujourd'hui sera meilleure que celle qui suivra. Les développements ne sont pas en faveur de ceux qui entravent, ni en Syrie, sur le terrain, ni sur les plans régional et international. Il est donc préférable d'aller maintenant vers la solution et le dialogue politiques. En réalité, tous ceux qui souffrent avec et pour le peuple syrien et sont tristes en voyant tout le sang versé, les destructions, les déplacés doivent, en cet instant précis plus que jamais, pointer du doigt ceux qui entravent, rejettent et empêchent la solution politique. Leur identité est claire et il n'est nul besoin des écoutes américaines pour les reconnaître.

L'Organisation de Coopération islamique avait appelé à une solution politique, ainsi que la Ligue arabe. S'ils sont sincères, qu'ils enlèvent les obstacles et facilitent le dialogue politique. 

Pour en arriver au Liban, il faut dire que le résultat est l'échec du front international , régional et interne pour contrôler la Syrie. Point à la ligne. 

Certaines chaînes satellitaires commencent d'ailleurs à en parler, en reconnaissant qu'ils ont échoué dans certains points ou sous estimé d'autres, ou encore à certains moments, ce front ne savait pas ce qu'il voulait. En réalité, c'est faux. Le front savait ce qu'il voulait, mais il a échoué. C'est tout. A partir de là, il faut être réaliste au lieu de s'entêter et profiter de la voie ouverte pour panser les blessures de la Syrie, la reconstruire et lui redonner son rôle. C'est en premier la responsabilité des Syriens, et ensuite celle de tous les peuples et les Etats de la région. C'est cela le résultat, sauf si nos partenaires au sein de la patrie, le 14 Mars et en particulier le Courant du Futur, ont une autre lecture ou ont fait un rêve différent ou encore ont des données particulières. Dans ce cas, ils ont un problème dans la lecture des développements et dans les données. Mais c'est un autre problème. 

A partir de cette conclusion, j'entre directement dans les questions libanaises. Je dis au 14 Mars, cela suffit. Mettez de côté la question d'attendre les développements en Syrie. Cessez de reporter et de retarder. Au contraire, le temps ne joue pas en votre faveur et pourrait au contraire, améliorer la situation de vos adversaires. Il est certes malheureux de s'exprimer ainsi.
Lorsque hajj Abou Hassan (le chef du bloc de la résistance Mohammed Raad) a parlé dans ce sens, il ne vous adressait pas des menaces, mais évoquait des données réelles. Nous avons accepté aujourd'hui la formule «9-9-6». Mais il se pourrait, si les circonstances changent, que les gens n'acceptent plus cette formule. 

Ce n'est pas une menace, mais un conseil. Nous vous disons : voilà ce qui se passe en Syrie et celui qui veut rentrer par l'aéroport de Damas restera ainsi là où il est. Il est préférable pour lui de revoir sa position et qu'il rentre par l'aéroport de Rafic Hariri qui est ouvert à tous les Libanais qui veulent rentrer au Liban. Il n'y a pas de problème à ce sujet. Soyons plus directs et définissons les responsabilités.

Je voudrais rappeler un discours que j'avais prononcé il y a deux ans et dans lequel j'avais accusé le 14 mars de miser depuis 2005 sur plusieurs échéances régionales, cinq ou six en fait. Il s'agissait d'échéances délicates. Mais tous ces paris ont été perdus. Je vous avais dit ce jour-là : vous misez sur des changements en Syrie, mais votre pari échouera. Aujourd'hui, c'est fait. Ce pari a effectivement échoué. Venez donc qu'on parle du Liban et de nos questions libanaises. Mettez donc les pieds sur terre et cessez de rêver. Etudions ensemble les dossiers importants pour les Libanais, l'échelle des salaires, le pétrole, la sécurité, les contractuels de l'EDL, le développement, la politique, la loi électorale, l'élection présidentielle. Tout est en suspens...

J'ai dit au début que je ne veux pas entrer dans la polémique des parties responsables du blocage actuel. Aujourd'hui le pays entier est paralysé. A nos yeux, cette paralysie est injustifiée. Il n'est pas nécessaire de lier la tenue de la conférence du dialogue à la formation du gouvernement. Il n'est pas nécessaire de lier la tenue des séances parlementaires pour légiférer à la formation du gouvernement. Tout cela n'est pas nécessaire à nos yeux. Mais nous devons travailler de concert. Pourtant, pour régler les dossiers en suspens, ils veulent un gouvernement, tout le pays est paralysé à cause de leurs conditions ? Nous voulons aller vers les points que nous pourrions avoir en commun. Pour eux, la clé de toutes les solutions est dans la formation d'un gouvernement. Nous avons alors accepté la formule 9-9-6. Mais ils la rejettent sous prétexte qu'elle nous donne le tiers de blocage. Autrement dit, le gouvernement qui pourrait être formé sur cette base pour être paralysé. A nos yeux, si un tel gouvernement est formé, l'atmosphère générale se détendra au Liban, les gens recommenceront à se retrouver et à se reparler ; la conférence de dialogue pourra se tenir. Le Parlement pourra reprendre son travail et les lois qui concernent les problèmes des citoyens pourront être adoptées. De même, les décisions au Conseil des ministres qui n'exigent pas les deux tiers des voix des ministres seront adoptées et nul ne pourra les paralyser. Que restera-t-il ? Justement, les décisions qui exigent les deux tiers des voix. C'est seulement là qu'une paralysie pourrait avoir lieu. Mais c'est une possibilité, non une certitude. Je m'adresse maintenant à tous les Libanais, y compris aux politiciens : nous sommes devant deux possibilités : la première consiste à maintenir le blocage actuel, indépendamment des responsabilités. Car le pays est tellement divisé verticalement que même si un camp fait assumer à l'autre la responsabilité du blocage, ses partisans le suivront, mais pas ceux de l'autre camp et vice versa. Cela ne changera rien au niveau de l'opinion publique et pendant ce temps, le pays, l'Etat, les gens seront perdus. La seconde possibilité est différente. Vous devenez modestes, comme nous l'avons fait en acceptant la formule 9-9-6. Car notre représentation réelle et parlementaire mérite plus que 9 ministres sur 24. La formule est adoptée et les trois quarts du pays recommenceront à fonctionner. Seuls pourraient rester en suspens les dossiers qui exigent les deux tiers des voix des ministres et qui sont définis par la Constitution. Si l'on veut miser sur la raison, laquelle des deux possibilités est préférable pour le Liban ? Que dit aussi le sens des responsabilités et l'intérêt des Libanais. En ce qui nous concerne, nous pensons que la seconde hypothèse est bien meilleure pour les Libanais et pour le pays. 

Donc, le 14 Mars accuse notre camp de paralyser le pays et vous vous considérez comme les bons citoyens, loyaux à la patrie. Celle-ci ne mérite-t-elle pas un petit sacrifice de votre part ?
Vous dites que vous faites des sacrifices, trop même et maintenant ca suffit. Pourtant la situation actuelle ne mérite-t-elle une telle concession, qui n'en est en fait pas une puisqu'il s'agit de donner une partie de son droit à celui qui le mérite. La formule 9-9-6 n'est pas un sacrifice pour qui que ce soit, ni un cadeau, ni un bienfait. Entre deux choix, elle est simplement la voix de la raison, du nationalisme et de la responsabilité.

A supposer que tout cela ne vous convainc pas et que vous continuez à considérer qu'il n'y a aucune possibilité pour former un gouvernement, pourquoi dans ce cas, continuez-vous à empêcher la tenue des séances parlementaires ? D'autant que dans vos salons privés, vous reconnaissez que les réunions parlementaires pour étudier les projets de lois sont constitutionnelles. Votre refus de les tenir est politique. Pourquoi tout ce sabotage et cette paralysie ? 

Il y a pourtant des dossiers qui ne peuvent pas attendre. Je vais le dire franchement : la grande majorité des ministres sont en faveur d'une réunion gouvernementale pour le dossier du pétrole. Je pourrai y ajouter celui de Tripoli et le dossier sécuritaire en général. Les ministres du gouvernement chargé des affaires courantes sont pratiquement tous d'accord pour cela. Il reste le Premier ministre et le président. A vrai dire, je n'ai pas d'estimation précise de la position du chef de l'Etat : est-il pour ou contre ? Je l'ignore. Par contre, je ne sais pas pourquoi le Premier ministre hésite ? Sans doute parce que des pressions énormes sont exercées sur lui. Elles l'étaient déjà avant et elles l'ont poussé à démissionner. A ce sujet j'aurais souhaité que ceux pour lesquels il a démission lui en soit reconnaissants et le respectent au moins dans la forme, tout en cessant de l'insulter. Nous savons tous pourquoi le Premier ministre a démissionné. Aujourd'hui, l'Arabie exerce des pressions pour empêcher la tenue d'une réunion du gouvernement. Le Courant du Futur et le 14 Mars exercent aussi des pressions sur le président de la République, je ne sais pas si elles sont puissantes ou non. Par contre, je sais qu'elles sont énormes sur le Premier ministre et très vite, les questions sont ramenées au débat confessionnel...Alors qu'en fait, il est constitutionnel.

J'appelle le président de la République, le Premier ministre et les ministres à tenir un conseil des ministres et j'invite les forces politiques hors du gouvernement à avoir pitié du pays pour faire baisser leurs pressions et cesser de faire un problème sur tout. Car il y a deux dossiers urgents qui ne supportent pas d'être reportés. Le premier d'entre eux est celui du pétrole. A ce stade, nous réclamons la tenue d'une réunion du Conseil des ministres pour étudier ce dossier sans conditions préalables. Il faut voir combien de blocs il y a, comment les exploiter. Ces sujets n'attendent pas et ils concernent tous les Libanais. 

Le temps ne joue pas en faveur du Liban et Israël attend pour voler les ressources du Liban et travaille jour et nuit pour cela, alors que nous pataugeons dans notre incapacité à former un gouvernement ou à réunir celui qui existe. C'est un vrai drame. 

Je ne veux pas qualifier ce manquement à la responsabilité, mais dans le meilleur des cas, il perd les droits des Libanais à un avenir meilleur, sur le plan financier, économique, social et de développement. 

Le second dossier est celui de la sécurité en général et de Tripoli en particulier. Ce qui se passe dans cette ville est triste et affligeant pour nous tous et il ne doit pas se poursuivre. La seule solution n'exige pas de nombreuses réunions, mais une décision ferme du gouvernement libanais et la coopération de toutes les forces politiques, religieuses, sociales et populaires dans toutes leurs diversités. La décision ferme doit consister à confier à l'armée la responsabilité de la situation dans la ville, avec l'aide des autres forces de sécurité. L'armée se déploiera dans tous les axes et dans toutes les régions et les quartiers et prendra des mesures fermes et radicales qu'elle sera en mesure de protéger. C'est la seule solution, réalisée par l'armée libanaise et les forces de sécurité. Ce n'est pas en demandant l'aide de Daech ou de al Nosra que la solution peut se régler. Au contraire, ces deux formations la compliquent et compliquent aussi la situation dans tout le pays. D'ailleurs, dites-moi où Daech et Al Nosra ont instauré le calme et la paix, en Syrie, l'exemple est concluant. 

Déployer l'armée à Tripoli et les institutions de l'Etat, ainsi que l'ouverture des routes ne suffisent pas pour rétablir le calme dans la ville. Il faut aussi que les notables locaux, les dignitaires religieux et les forces en présence cessent d'adopter des positions en flèche, visant à augmenter la tension et à inciter les gens les uns contre les autres, dans tous les quartiers de la ville, y compris à Bab Tebbaneh et Jabal Mohsen. Les ulémas dans les mosquées doivent appeler à ne pas porter les armes et à respecter l'armée. Ils doivent interdire de tirer sur l'armée et les forces de sécurité. C'est cela la solution. C'est une solution libanaise, interne qui consiste dans une grande décision politique de protéger l'armée et les forces de sécurité qui doivent se déployer dans la ville. 

Ce dossier était pressant au cours des derniers jours, à cause des combats, des tirs et des victimes et des blessés qui tombent. Mais en général ; le dossier sécuritaire est difficile et dangereux. Les différents services de sécurité savent où se trouvent les voitures piégées dans telle ou telle autre localité et jusqu'à maintenant, ils n'ont pas bougé. Nous condamnons toutes les explosions, dans la banlieue sud ou à Tripoli et les auteurs de ces explosions doivent être entraînés devant la justice et ne pas avoir la moindre couverture politique. La justice doit aussi assumer ses responsabilités. Mais ce dossier ne peut pas être traité par l'Etat par à coups, selon l'humeur du moment ou lorsqu'il en a le temps. Le sang et l'argent des Libanais y sont en jeu. Toutes les régions sont menacées ; Des voitures piégées sont placées dans certaines régions. Certaines ont été découvertes comme celle de Maamoura ou les explosifs de Hoch al Harima dans la Békaa. L'Etat est concerné. C'est à lui d'assumer les responsabilités à travers une décision claire du Conseil des ministres. Il ne faut pas se contenter de condamner après l'explosion. Il faut agir avant pour empêcher de telles explosions dans toutes les régions du Liban.

Ces deux dossiers ne supportent pas le report et le retard, quelle que soit la logique voulue, qu'elle soit religieuse, morale, nationale ou constitutionnelle. Mais ce qui empêche de les traiter est une raison politique, les calculs politiques et les rivalités politiques. 

A cette occasion, nous saluons les sacrifices et les dons d'une association humanitaire de haut niveau qui se consacre au service de l'homme, de sa santé, de son moral et de son bonheur. Elle cherche à l'aider dans toutes les difficultés qu'il peut avoir. Mais l'idée est d'en faire une institution nationale pour tout le pays, le peuple et l'Etat pour qu'elle les sorte de la maladie, de la rivalité, du vide, des failles et des dangers qui menacent aujourd'hui notre existence même.

Mes frères, ce n'est pas seulement la présence chrétienne qui est menacée dans la région. Les chrétiens ont raison d'avoir peur et d'organiser des conférences. Mais aujourd'hui, tout le monde est menacé, les sunnites, les chiites, les druzes, des peuples entiers sont menacés... ».La région se dirige vers plus de chaos, de conflits de haines et de désordre. Que pouvons-nous faire pour aider un malade dans cette situation -les médecins le savent plus que nous- Ils l'envoient immédiatement vers les soins intensifs . C'est ce que nous devrions faire pour notre pays et nous sommes en mesure de sauver notre pays et de l'aider à traverser avec succès cette période difficile...

Traduit par Al-Ahednews

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