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Le Qatar aide la Turquie à soigner son image

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Deux otages turcs retenus au Liban ont été libérés, le 19 octobre, en échange de plusieurs pèlerins chiites libanais retenus en Syrie. La Turquie, qui ne veut pas paraître soutenir les factions islamistes en Syrie, a fait appel au Qatar pour tenir le rôle de médiateur.

Deux pilotes turcs de la compagnie Turkish Airlines retenus en otage au Liban depuis plus de deux mois ont été libérés le 19 octobre. Cette libération s'inscrit dans le cadre d'un marchandage, puisque neuf pèlerins chiites libanais retenus en otage en Syrie par des groupes rebelles sunnites viennent également d'être libérés.

La journaliste Asli Aydintasbas, du quotidien turc Milliyet, pointe l'implication remarquée du Qatar dans ce dénouement : «Lorsque le groupe chiite libanais qui avait enlevé les pilotes turcs a réclamé contre leur libération celle des pèlerins libanais, l'affaire a pris un tour très compliqué. C'est à ce moment-là que la Turquie a introduit le Qatar dans le jeu. La Turquie avait déjà essayé d'intervenir pour faire libérer ces pèlerins enlevés en mai 2012, mais elle n'y était pas parvenue, dès lors que ces pèlerins avaient été transférés vers d'autres groupes sunnites sur lesquels Ankara n'avait qu'une capacité d'influence limitée.»

«Dans le contexte d'une opposition syrienne de plus en plus fragmentée, il est apparu que le dernier groupe à retenir les pèlerins libanais était lié à une mouvance islamiste financée par des capitaux qataris, écrit la journaliste. Les renseignements turcs (MIT), ainsi que le ministère des Affaires étrangères turc ont alors considéré positivement une implication du Qatar dans cette affaire. En impliquant le Qatar, Ankara poursuivait un objectif allant au-delà du simple dénouement d'une prise d'otages.»

Manipulation des factions islamistes syriennes


«En effet, poursuit l'éditorialiste de Milliyet, en mai 2013, lors de la visite à Washington du Premier ministre Erdogan et de Hakan Fidan, patron du MIT, l'administration américaine avait fait part de son inquiétude à l'égard des groupes islamistes radicaux actifs dans le nord de la Syrie. Bien que, depuis six mois, Ankara tente de limiter les entrées et sorties de ces groupes ainsi que leurs activités sur le sol turc, de nombreux articles sont parus dans la presse internationale [et surtout américaine] pour souligner les liens étroits qui existeraient entre la Turquie et ces organisations extrémistes.»

Et Asli Aydintasbas d'ajouter : «Le gouvernement turc ne voulait donc pas laisser s'installer l'impression selon laquelle il manipulerait à sa guise les factions islamistes radicales actives dans le nord de la Syrie, laissant ainsi croire qu'il suffirait de donner un ordre pour que ces groupes lui obéissent. Dans ce contexte, la médiation du Qatar ne pouvait qu'être accueillie favorablement. D'ailleurs, l'avion qui a ramené les pilotes turcs le 19 octobre au soir était un appareil qatari. L'affaire a ainsi été menée à la suite de pas moins de douze rencontres entre les ministres turc et qatari des Affaires étrangères auxquelles ont été associés les services de la chancellerie du Premier ministre et le MIT.»

Le rôle de la Turquie en question au Proche-Orient

Murat Yetkin, dans Radikal, estime que «tant le Premier ministre Erdogan que le ministre des Affaires étrangères et que le patron du MIT - qui fait l'objet d'une campagne de dénigrement médiatique [dans la presse américaine] derrière laquelle Ankara voit la main d'Israël - se sont réjouis du dénouement de cette crise. Ces trois personnes étaient en effet mises sous pression tant par l'opposition que par l'opinion publique qui estimaient que les otages turcs étaient victimes de la politique syrienne [favorable à l'opposition] du gouvernement AKP.»


«Ce répit ne sera que de courte durée, poursuit M. Yetkin. L'enlèvement de ces pilotes turcs et leur libération grâce à la collaboration du Qatar, de l'Iran et du Liban ont en effet montré que la rue arabe n'était plus pour les civils turcs aussi sûre qu'à l'époque où l'on pouvait y voir fleurir des posters d'Erdogan. Et plus le conflit entre sunnites et chiites s'exacerbera, plus la position de la Turquie sera compliquée. La conférence de paix sur la Syrie, prévue à Genève en novembre, donne toutefois l'occasion à Ankara de se replacer dans le jeu. Il est vrai que ces dernières semaines Erdogan a commencé à montrer qu'il prenait ses distances avec les groupes extrémistes sunnites syriens [l'armée turque a même bombardé des positions de ces groupes à la mi-octobre]. Cette tendance devrait encore se renforcer dans les jours qui viennent.»


Source : Courrier international

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