noscript

Please Wait...

Discours pour le 25ième anniversaire de la radio An Nour

Discours pour le 25ième anniversaire de la radio An Nour
folder_openDiscours complets access_time depuis 10 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Le 9 mai 2013


Comme d'habitude, je voudrais au début saluer les présents qui ont choisi de participer à cette rencontre destinée à rendre hommage à certains de nos frères et sœurs pour les efforts qu'ils déploient depuis 25 ans. Les sujets sont toutefois nombreux. Mais je compte consacrer une partie du discours à la radio et aux médias en général. Je passerai ensuite à la situation interne, que nous ne pouvons pas ignorer, même s'il ne se passe pas grand-chose. Mais la situation palestinienne et l'agression israélienne sur les alentours de Damas nous impose d'évoquer ces deux sujets de la plus haute importance.

Izaat al Nour

Je voudrais rendre hommage à tous les frères et sœurs qui travaillent dans cette station de radio, à ceux qui y ont travaillé et qui ont choisi d'aller ailleurs, certains travaillent encore. Je voudrais saluer les anciens directeurs et le directeur actuel le frère Youssef Zein. Je dois aussi évoquer le Dr Hassan elKolla, dont la disparition nous a surpris à ce moment-là. Je voudrais en tout cas remercier tous les frères et sœurs dans cette radio résistante, pour leur loyauté, leurs efforts, leur foi, leur détermination, leur créativité et leur professionnalisme, mais surtout pour leur foi.

Cette station de radio a commencé comme une partie intégrante du chemin de la résistance et comme les autres composantes de cette résistance avec peu de moyens, un nombre réduit de personnes et avec une expérience limitée et naissante. Mais en même temps, il y avait un grand espoir dans l'avenir, une grande confiance en soi et dans la possibilité de réaliser la victoire dans tous les domaines.

Tout comme la résistance a commence avec un petit groupe doté de quelques kalachnikovs et des grenades, la radio Al Nour a commencé dans une petite chambre, avec un microphone, un petit émetteur et un enregistreur manuel.

Ce sont les débuts qui racontent à eux seuls la simplicité, la pureté et l'esprit d'initiative. Exactement comme la résistance à ses débuts. J'étais donc à mon lieu de travail. Les circonstances étaient évidemment délicates. Nous n'avions pas encore cette structure hiérarchisée, mais un cadre simple et modeste. Les frères me contactent et me demandent si j'ai un poste de radio. Je réponds par l'affirmative. Ils me demandent si ce poste capte les fréquences FM. Je réponds aussi par l'affirmative et ils me suggèrent alors de mettre une fréquence précise. J'entends alors : «ici Izaat al Nour». Je demande à qui appartient cette station et on me répond : c'est celle du Hezbollah et de la résistance. C'est comme cela que cette radio est née.

Tout comme la résistance s'est développée sur le terrain, les médias de la résistance ont aussi pris de l'ampleur, avec le même esprit et la même limpidité, la même détermination et le même sérieux, le même dévouement et la même créativité. Les médias de la résistance ont suivi l'action de la résistance sur le terrain et nous considérons que la radio al Nour est une partie intégrante de la résistance et ne se contente pas de la suivre.

Chaque fois que je rencontrais les frères des médias dans les abris et les lieux étroits où nous nous retrouvions, je leur disais : vous êtes dans la résistance exactement comme vos frères qui combattent dans les premières lignes. Chacun a son rôle et sa fonction. Izaat al Nour a ainsi déployé d'importants efforts, comme l'ont souligné les frères avant moi pour arriver à cette place de premier plan qu'elle occupe actuellement.

Son rôle était connu depuis le début, sur le plan de la résistance, tout au long des années qui ont abouti à la libération. Son rôle en 2000 est connu et elle a aussi pris de l'ampleur pendant la guerre de 2006 et après cette guerre. Les frères doivent désormais se préparer pour l'après-après guerre de 2006. Izaat al Nour est une partie intégrante des médias de la résistance. C'est donc un média engagé, qui n'a pas un but commercial ou lucratif ou encore de notoriété.
Ce média est porteur d'un message et défend une cause. Il souffre, s'émeut et se réjouit car il est avec les combattants qui sont sur les premières lignes, il est issu de ces gens qui résistent dans leurs terres et meurent dans les massacres.

Izaat al Nour est un média engagé et c'est pourquoi la loyauté et la fidélité étaient primordiales pour elle.

D'ailleurs la loyauté et la fidélité sont primordiales dans la religion des Prophètes. Elles sont dans la pensée, dans l'intention, dans la parole, dans l'exercice et dans la pratique. L'engagement est aussi primordial et il fait partie de nos valeurs religieuses, culturelles, jihadistes, morales et humaines. Nous le répétons à chaque occasion et en cette période, il est bon de faire ce genre de rappels.

Parfois, les médias se laissent entraîner dans le mensonge, dans la déformation des faits par souci de scoop ou à cause d'arrières pensées politiques. Mais moi j'ai toujours dit à ceux qui travaillent dans nos médias qu'il ne s'agit pas ici de faire des scoops. Il faut donc sortir de l'esprit de compétition traditionnel. Nous devons être sincères. C'est primordial dans notre engagement.
Le rôle d'un média est d'informer, de donner les faits, non d'inventer des objectifs qui n'existent pas, de déformer des faits ou de transmettre de fausses informations. Le média doit rester loyal. Je vais même être encore plus franc : il nous arrivait de dire à nos frères : la transmission de certaines informations peut être nocive pour une situation ou pour un climat politique. Elle peut se transformer en incitation qui servirait l'ennemi. Nous ne sommes donc pas obligés de donner toutes les informations. Nous pouvons en dissimuler quelques unes, mais nous ne devons jamais mentir, déformer ou inventer. Nous devons avant tout être sincères.

Même dans la guerre psychologique menée contre l'ennemi, la sincérité est notre force. A cet égard, il faut préciser que l'ennemi lui-même reconnaît la capacité de la résistance à mener une guerre psychologique efficace. Pourquoi ? Parce qu'à côté des performances sur le terrain, la résistance a mené une guerre psychologique sincère et loyale.

Mais celui qui véhicule des menaces et invente des faits, il est rapidement découvert, d'autant que la guerre psychologique est principalement destinée à l'ennemi et celui-ci a tôt fait de découvrir le faux du vrai. S'il comprend que tout ce qui est dit est faux, que deviendra la crédibilité de cette guerre psychologique ? Elle sera annulée et l'ennemi se lancera dans des attaques car il pensera que celui qui invente des faits n'a plus que ce moyen pour se donner de la force. La guerre psychologique est donc basée sur la sincérité et c'est là qu'elle peut réussir. L'expérience de la résistance au cours des trente dernières années est concluante à cet égard.

Aujourd'hui, le plus grave problème auquel font face les médias dans le monde et dans le monde arabe, et excusez-moi de le dire, au Liban aussi (il y a aujourd'hui des chaînes de télévision, des sites internet, de la presse écrite etc), c'est le manque de crédibilité, l'absence de sincérité et d'honnêteté, ainsi que le mensonge et la falsification, dans tous les domaines ; en politique, en matière de sécurité, d'économie, de relations étrangères et dans les informations en général.

L'occasion était le 25 ième anniversaire de la fondation de Radio Al Nour, mais le secrétaire général du Hezbollah en a profité pour parler de la situation régionale, d'autant, comme il l'a dit lui-même, qu'il ne se passe pas grand-chose sur la scène locale. Et comme dans son précédent discours, sayed Nasrallah a parlé de stratégie avec une grande clarté, adoptant des positions sans détours et sans laisser aucune place à l'interprétation. « Comme la Syrie s'est tenue aux côtés de la résistance libanaise et palestinienne, nous nous tenons aujourd'hui aux côtés de la résistance syrienne dans le Golan », a-t-il martelé, ajoutant que « la résistance libanaise est prête à recevoir des armes qui peuvent briser l'équation en vigueur », comme a proposé d'en envoyer le président syrien.

A ces messages forts, Nasrallah a encore ajouté un autre : «empêcher la Syrie de basculer entre les mains des Etats-Unis, d'Israël ou des takfiristes, fait désormais partie de la bataille pour la Palestine».

Sur le plan interne, il s'est contenté de quelques phrases, rappelant qu'avec ses alliés, le Hezbollah n'a pas voulu rééditer l'expérience du 14 mars avec Mikati, en refusant de le nommer et de coopérer avec lui, avant de lui mener une guerre sans merci, au Liban et à l'étranger pour le pousser à la démission. Le Hezbollah et ses alliés ont donc nommé Tammam Salam, sachant qu'il a été choisi par le 14 mars dont il est d'ailleurs une des figures. Mais le Hezbollah et ses alliés ont vu en lui une personne calme, modérée avec laquelle ils peuvent coopérer. « Mais si nous voulons participer, nous devons nous sentir présents », a précisé le sayed. C'est pourquoi, il réclame, avec son camp, une représentation au gouvernement proportionnelle à leur poids au Parlement. Selon lui, l'intérêt national exige la formation d'un gouvernement de partenariat national et il a souligné le fait qu'il ne faut pas perdre du temps. Au sujet des élections, il a rappelé que le Hezbollah votera en faveur du projet orthodoxe si celui-ci est soumis au vote le 15 mai. Mais si ce projet tombe, il reconnaît que son camp n'a pas de projet de rechange et il est prêt à tout discuter, car le pire pour lui, c'est le vide institutionnel. Au sujet des pèlerins retenus à Aazaz, il a affirmé que le Hezbollah a fait tout ce qu'il devait faire, la balle étant maintenant dans le camp de Aazaz. Au sujet des obus qui tombent régulièrement au Hermel, il a annoncé d'un ton sibyllin qu'il y aura sans doute bientôt une solution.

Mais c'est surtout sur les dossiers palestinien et syrien que le sayed s'est étendu :

Au sujet de la situation en Palestine, Nasrallah a précisé que la menace ne porte plus seulement sur la terre et le peuple, mais sur l'identité et les symboles sacrés. Tout en reconnaissant que «l'ennemi israélien sait saisir les chances qui s'offrent à lui», il a affirmé qu'«Israël» estime que c'est un bon moment pour soutirer de nouvelles concessions aux Arabes, avec un Syrie neutralise, une situation interne au Liban confuse, l'Iran encerclé.... Alors que beaucoup misaient sur le printemps arabe pour aboutir à une position plus ferme et plus noble en faveur des droits arabes, certains pays du printemps arabe, en plus de pays du Golfe sont au contraire prêts à plus de concessions. «Ceux-là considèrent la mosquée Al Aqsa comme un poids historique, non comme une cause, a lancé Nasrallah, et ils attendent l'occasion de faire de nouvelles concessions»... C'est pourquoi, selon lui, on a vu des ministres arabes -dont certains des pays où le printemps a eu lieu- entourant le secrétaire d'Etat américain, pour annoncer une nouvelle initiative arabe qui repose sur l'échange de terrains. En dépit de son importance, Netanyahu a considéré que cette concession était insuffisante. Ce qu'il faut, pour le Premier ministre israélien, c'est reconnaître la judaïté de l'«Etat d'Israël». «Des dirigeants arabes sont prêts à accepter cette condition, mais ils ne sont pas prêts à aider des milliers de musulmans sunnites qui meurent de faim au Soudan, à aider les habitants de Jérusalem», s'est écrié Nasrallah. Ce qui pourrait donc se passer c'est qu'«Israël» craint un fait accompli et finisse par imposer la division de la mosquée Al Aqsa en deux, une pour les musulmans, l'autre pour les Juifs.

L'agression israélienne contre la Syrie a occupé une grande place dans le discours de sayed Nasrallah. Selon lui, cette attaque avait plusieurs objectifs : d'abord sortir la Syrie du conflit arabo-israélien, d'autant que ce pays n'a pas signé de paix avec «Israël» et au contraire, il a aidé les résistances libanaise et palestinienne. Ensuite, le bombardement des alentours de Damas visait à faire plier le commandement syrien, en lui disant que s'il continue à aider la résistance, «Israël» lui mènera une guerre véritable, puisque Netanyahu avait affirmé que cette attaque vise à empêcher le renforcement des moyens du Hezbollah au Liban.

La riposte syrienne ne s'est pas fait attendre. Certains voulaient une action frappante, soit par souci du moral des populations arabes, soit pour entraîner le régime dans une guerre avec «Israël» qui l'enfoncerait encore plus. Mais le régime a préféré une autre façon de riposter. Il a d'abord déclaré que la Syrie va donner encore plus d'armes à la résistance et même plus, des armes nouvelles qui remettent en question l'équation actuelle. En d'autres termes, la Syrie ne sera plus un passage pour les armes, mais leur origine et la deuxième riposte est l'ouverture du front du Golan. Alors qu'«Israël» veut sortir la Syrie du conflit arabo-israélien, le commandement syrien a décidé d'y entrer directement. Ce sont donc là des ripostes stratégiques. La troisième riposte a consisté dans l'installation de batteries de missiles et dans diverses autres mesures militaires qui ont poussé les Israéliens à multiplier les messages d'apaisement.

Nasrallah a encore rendu hommage au commandement syrien qui a des nerfs solides, des convictions et une grande sagesse, doublée d'un cerveau stratégique. Il faut selon lui, préserver cet axe qui a déjà remporté des victoires et mis en échec de nombreux projets préparés pour la région. «Nous serons aux côtés de ceux qui se sont tenus à nos côtés depuis des dizaines d'années» , a déclaré sayed Nasrallah, qui a consacré une partie de son discours, occasion oblige, au rôle des médias, qui peuvent faire partie intégrante de la résistance, tout en se souciant d'abord d'informer. C'est d'ailleurs, selon lui, ce qui rend crédibles les médias de la résistance.

Je ne crois pas qu'il existe dans l'histoire de l'humanité un exemple similaire de déformation systématique, du mensonge, de tentatives de ternir l'image de personnalités, de peuples, de nations pour en arriver aux symboles religieux et aux grands Prophètes comme le Prophète Mohommad, de Jésus, de Moïse, de religions, de cultures, de mouvements de résistance. C'est sans doute du à l'évolution et à la révolution technologique, mais il y a désormais un dénigrement systématique et une désinformation préméditée. Au point que s'il entend une information sur une chaîne satellitaire, il faut la vérifier, écouter ce que disent les autres et mener en quelque sorte sa propre enquête. C'est ainsi qu'on entend parfois des informations sur des combats féroces qui n'existent pas... Vous vivez tout cela.

Aujourd'hui, une grande partie des médias semble avoir perdu sa mission principale de transmettre les faits, la réalité et l'information. Elle s'est dotée d'une nouvelle mission, celle de déformer, de désinformer et de mentir. Ce qui laisse forcément des traces.

Face à cette confrontation, nous devons rester attachés à notre sincérité, à notre honnêteté, à notre attachement à la mission qui nous est confiée, quelle que soit l'ampleur de la campagne dirigée contre nous. Nous n'avons pas le droit de mentir, de faire de la diffamation ou de lancer des accusations injustes, ou encore d'inventer des faits. C'est cette attitude qui nous permettra de réussir car elle a le soutien de Dieu et c'est lui qui renforce la crédibilité et donne la victoire.

Parce qu'ils sont restés respectueux de leur mission et basés sur l'honnêteté et la précision, les médias de la résistance ont pu faire de grandes réalisations et être des partenaires dans la victoire, dont ils ont accompagnés chaque pas et chaque étape.

Ces médias ont réussi, il faut le rappeler, à renforcer la détermination des moujahidins et à réveiller la oumma. Rappelez-vous cette période où nous appelions au réveil de la oumma, alors que les gens semblaient avoir perdu l'espoir, qui pensaient que la bataille était perdue d'avance. A cette époque, le sang, la voix et l'image travaillaient de pair et disaient aux gens d'avoir confiance en Dieu, d'avoir confiance dans leur peuple et dans sa capacité à réagir et par conséquent à obtenir la victoire.

Montrer le droit et la réalité, défendre la résistance qui a été depuis le premier jour la cible d'attaques, accusée tantôt de terrorisme et tantôt d'être à la solde d'un axe régional, ou d'un Etat, sans parler des tentatives de diabolisation et de déformation de l'image. Aujourd'hui, trente ans après, ces accusations ne sont plus de mise, elles appartiennent à une autre époque.

Les médias de la résistance ont contribué à défendre l'image de celle-ci, son aspect humain, moral, jihadiste, l'image du sacrifice, du dévouement, de la fidélité et de la loyauté dans la défense d'un peuple, d'une patrie, de la dignité de la oumma et des croyances sacrées. En même temps, ces médias ont largement contribué à déstabiliser l'ennemi en atteignant son moral. Ils ont été une partie importante de la guerre psychologique et ils ont réussi à dévoiler la fragilité de cette armée que l'on disait invincible.

Si Dieu le veut, les médias de la résistance et à leur tête Izaat al Nour, continueront à remplir leur mission et leur devoir jihadiste, même si cette phrase peut déranger certains ces jours-ci. Ils continueront à remplir leur devoir jihadiste aux côtés de la résistance qui regarde avec espoir et confiance la victoire à venir.

La cause palestinienne

Les menaces qui pèsent aujourd'hui sur la cause palestinienne sont doubles. Elles portent sur la terre et sur l »identité. Car une terre peut être occupée pendant vingt, cinquante, ou même cent et deux cents ans, sans reconnaître l'identité de l'ennemi. Tant qu'il en est ainsi, cela signifie que le combat continue. Mais lorsque l'on reconnaît l'identité de l'ennemi, cela signifie que pour beaucoup, le combat est terminé, l'identité, les milliers de détenus, les symboles sacrés musulmans et chrétiens, Jérusalem, la mosquée Al Aqsa en particulier, n'existeront plus.

Ce qui se passe actuellement dans la région aide hélas l'ennemi à profiter des chances qui lui sont offertes. Et nous devons reconnaître qu'il est fort en la matière, alors que nous sommes les maîtres des occasions perdues. L'ennemi sait saisir les chances pour imposer de nouvelles réalités en Palestine, en Syrie, au Liban et dans la région.

Lorsqu'il regarde autour de lui, l'ennemi constate que les silencieux se taisent encore plus alors que ceux qui s'intéressent à ce qui se passe en Palestine sont occupés ailleurs et doivent affronter des défis importants, il se dit : pourquoi ne pas profiter de l'occasion ? C'est normal.

L'ennemi voit aussi que le régime officiel arabe est aujourd'hui plus disposé à faire des concessions. Je dis bien aujourd'hui, après hélas, le printemps arabe. Pendant le printemps arabe, l'ennemi a connu une période de terreur, de confusion et d'angoisse. D'ailleurs, le peuple palestinien, ainsi que les mouvements de résistance, dont nous-mêmes, avions placé beaucoup d'espoirs dans ce printemps arabe, espérant qu'il aboutira à ce que le régime arabe soit plus présent, plus attaché aux droits arabes. Mais ce que nous avons vu c'est cette image affligeante d'un grand nombre de ministres arabes, dont certains de pays où le printemps a sévi, entourant le secrétaire d'Etat américain et prêts à faire d'énormes concessions aux dépens de la cause et de la terre palestiniennes. Cela ne devrait-ils pas être triste pour l'ami et réjouissant pour l'ennemi ? Je ne vais citer de noms. Nous avons assez de problèmes comme cela. Mais vous n'avez qu'à regarder la photo. De plus, quelle a été la réponse israélienne ? C'est cela la leçon à tirer de tout cela. Vous, les Arabes, vous croyez marcher sur des ruines. Mais ce n'est pas le cas. Vous avez simplement poussé la résistance palestinienne dans ses derniers retranchements et vous l'avez placée dans l'impasse.

La Syrie affronte une guerre très dure. Et le Liban, vous savez tous ce qu'il y a au Liban... C'est donc le moment. Car vous supposez de plus que l'Iran est encerclé et menacé. C'est donc le moment d'offrir aux Américains ce que vous n'osiez pas donner dans le passé, non ce que vous n'étiez pas convaincus de donner.

Je vous le dis à ma responsabilité, dans ce monde et dans l'autre : ce système arabe officiel se comporte avec la Palestine et son peuple, avec la mosquée Al Aqsa, Jérusalem, l'Eglise de la Nativité et les réfugiés palestiniens comme s'ils sont un poids historique, non une cause. Il est décidé depuis longtemps à en finir et à se débarrasser de lui, mais il attend l'occasion et d'avoir le courage de le faire.

C'est la réalité. C'est pourquoi vous voyez que chaque fois que l'occasion le permet, il se précipité vers plus de concessions et plus de privilèges accordés à l'ennemi. Surtout lorsqu'il constate que nul ne lui demande des comptes.

Même concernant la mosquée Al Aqsa, c'est le même paysage. Il fut un temps où l'on disait : si cette mosquée est visée, si sa coupole est visée, le monde arabe réagira de la plus terrible des façons.

Je constate aujourd'hui avec tristesse que certains ulémas prêchent dans les mosquées et tiennent le même discours que celui de Clinton après les négociations de Wye Plantation, entre le président Arafat et Ehud Barak. Je me souviens que Clinton avait dit à cette période : je ne comprends pas comment pensent ces gens au Moyen Orient. Ils sont en conflit au sujet d'une vielle mosquée. Nous sommes disposés à vous donner une terre et construisez la plus belle mosquée. Et aujourd'hui, certains disent : la priorité n'est pas à la mosquée Al Aqsa. Qu'est-ce d'ailleurs que cette mosquée ; des murs, des colonnes...Un jour viendra où on dira plus que cela.
La priorité est donc ailleurs : comment nous devons nous entretuer en Syrie, en Irak, au Pakistan etc... comment nous devons pousser le Liban vers le ravin. Mais la mosquée Al Aqsa , l'un des plus grandioses symboles musulmans n'est plus la priorité. Comment se soucier d'un régime arabe officiel usé ? Quelles sont ses convictions ?

Quelle a été la réponse en «Israël» ? Un ministre du gouvernement a rapporté que Netanyahu a estimé que l'échange de territoires est un détail. Elle sera évoquée dans le cadre des négociations. Mais le problème n'est pas là. Le problème est dans la reconnaissance du peuple palestinien et des Arabes de la judaïté de l'Etat. Autrement dit, en contrepartie de la concession gratuite, les Arabes n'ont rien reçu. Au contraire, l'Israélien a haussé le ton. Ce qui est demandé, ce n'est pas quelques terres çà et là, mais une reconnaissance arabe officielle -et pas seulement palestinienne- de la judaïté de l'Etat. L'initiative américaine et la visite de John Kerry dans la région vise à atteindre cet objectif.

Nous n'avons pas le temps d'entrer dans les détails. Mais je demande aux ulémas, aux intellectuels, aux orateurs et à ceux qui écrivent et mènent des débats d'expliquer à nos populations et à l'opinion publique ce que signifie la reconnaissance de la judaïté de l'Etat. Quels sont les risques d'une telle reconnaissance sur les réfugiés, sur les lieux sacrés, sur les Palestiniens de 48 et sur la lutte du peuple palestinien depuis des dizaines d'années.

Demain, ils diront que cette terre est juive et que le peuple palestinien l'a violée. On réclamera des indemnités aux arabes et ils seront prêts à les verser. Ils ne sont pas prêts à dépenser une partie des centaines de milliards de dollars dont ils disposent pour aider les milliers de musulmans sunnites qui meurent de faim en Somalie, tout comme ils ne sont pas prêts à aider véritablement les déplacés syriens en Syrie et hors de ce pays. Au point que les gouvernements jordanien et libanais (d'autres aussi) en sont réduits à mendier auprès des instances internationales. Ils ne sont pas prêts à aider de façon réelle les «Jérusalemiens» pour qu'ils restent sur leur terre de la valeur d'un des stades sportifs pour les olympiades ou la coupe du monde de football. Mais ils sont prêts à verser des indemnités aux juifs.

Il apparaîtra un jour que ce n'est notre faute, celle de nos enfants et de nos aïeux, du second calife, de l'armée des musulmans, avant le Fateh islamique et après. Nous leur verserons des indemnités et nous dirons que cette terre est la leur et non celle du peuple palestinien.

Il y a donc des dangers immenses et nombreux, culturels, sécuritaires, humains, économiques et de civilisation qui devront être expliqués.

Certains diront : où est le problème. Ils veulent un Etat et juif. Les deux mots existent. Pourquoi ne pas les leur donner ensemble ? Deux mots, plus deux mots et vous voyez où nous en sommes 50 ans après...

Dans le cadre des efforts israéliens -ce que nous appelons l'aptitude à saisir les occasions-, ce qui se passe autour de la mosquée Al Aqsa, les agressions d'hier contre les «Jérusalemiens» palestiniens, l'attaque accomplie par les colons, l'arrestation du mufti d'Al Qods pendant quelques heures.

Où vont-ils ? Il y a aujourd'hui une crainte véritable de les voir entrer à l'intérieur de la mosquée Al Aqsa et que cela soit normal. Même s'ils ne l'ont pas encore fait.

Le peuple palestinien a consenti des sacrifices depuis 1967, date de l'occupation de Jérusalem est- pour défendre la mosquée Al Aqsa souvent avec sa chair et celle de ses enfants et de ses femmes. Et nous voyons au final qu'il n'y a ni de monde arabe ni de monde musulman.

Nous leur disons : Jérusalem, ils répondent : la Syrie.

C'est donc le moment pour l'Israélien pour entrer dans la mosquée Al Aqsa, comme il l'avait fait avec l'esplanade Al Ibrahimi. Il y aura des problèmes et encore des problèmes et un compromis sera conclu ; la moitié de la mosquée aux musulmans pour qu'ils y prient et la seconde aux juifs. Et cette solution sera acceptée par les musulmans.

Avant de parler de destruction de la mosquée ou de la construction d'un temple, la crainte aujourd'hui est celle de la confiscation de la mosquée.

Comment affronter ces dangers et les circonscrire ? Cela explique une prise de position importante. J'y reviendrai à la fin du discours.

Mais la question qui se pose pour les Palestiniens, ce peuple courageux et noble, qui a tant souffert et qui souffre encore depuis 65 ans et qui est abandonné de tous, est la suivante : sur quoi misons-nous ? Pouvons-nous miser de nouveau sur le régime arabe officiel, alors que seuls quelques noms ont changé ? Devons-nous continuer à parier ou bien ne serait-il pas préférable d'oublier les détails et de nous tenir au sommet de la montagne et nous nous demanderons alors : la Palestine, le Liban, la Syrie, l'Irak, la Jordanie, toute la région, où vont-ils ? A ce moment, nous prendrons position.

L'agression sioniste contre la Syrie

Dans ce contexte arabe affligeant et désolant, il est important de saluer la position du parlement jordanien, indépendamment de la réponse que donneront le pouvoir et le gouvernement jordaniens. Mais en ces temps durs, cette position du Parlement jordanien est un pas expressif et un message fort.

Toujours dans l'aptitude à saisir les chances, je voudrais évoquer l'agression israélienne contre la Syrie.

Vous avez entendu beaucoup d'analyses et de positions, mais je voudrais d'abord m'arrêter sur le paysage global, celui de l'ensemble de la région, ainsi que les défis qu'elle affronte actuellement. L'ennemi israélien bombarde les alentours de Damas à travers plusieurs raids dont nous avons tous vu les images sur les chaînes de télévision. Tout le monde devrait s'arrêter sur ce fait. L'Israélien a malheureusement parlé de l'ennemi de l'ennemi et de l'ami de l'ami. Et nous qu'avons-nous fait ? N'est-ce pas là pourtant le principe de nos convictions islamiques, notre critère et la base de notre attitude ? Cela pour le résumé général. Je vais entrer maintenant dans le vif du sujet.

En effectuant ces raids, l'Israélien avait des objectifs qu'il cherche à atteindre dans la foulée des opérations. Nous comprenons toujours l'ennemi à travers ses objectifs, surtout au cours des deux dernières années. Il est clair que son objectif- qui est aussi celui d'autres parties- est de faire sortir la Syrie de l'équation régionale et du conflit arabo-israélien. D'autant que la Syrie n'a pas conclu un accord de paix avec l'ennemi comme d'autres pays arabes.

Il y a certes un accord d'amnistie, mais tout le monde sait, l'ennemi avant l'ami, ce que la Syrie a offert aux mouvements de résistances au cours des dernières décennies et particulièrement à la résistance palestinienne et à la résistance libanaise. Un jour viendra où nos frères de la résistance palestinienne diront clairement sur les tribunes ce qu'ils disent dans leurs cercles privés. Ils diront notamment : dans toute l'histoire des régimes arabes, aucun d'eux ne nous a donné autant que celui de Bachar Assad. C'est ce qu'ils disent dans les cercles privés. Qu'ils me pardonnent car certains pourront penser que le sayed cherche à les coincer mais cette étape est celle de la reconnaissance des parts de droit.

L'Israélien sait parfaitement que l'une des principales sources de force de la résistance au Liban et en Palestine est la Syrie. Il y a bien sûr aussi la République islamique d'Iran. Mais pour l'instant, nous parlons de la Syrie. C'est pourquoi il veut sortir la Syrie de l'équation et encercler la résistance en Palestine et au Liban. Laissons de côté la résistance en Palestine, vous connaissez tous les derniers développements. Il veut donc encercler la résistance au Liban. Comment ? Pour lui, cela signifie qu'il faut arrêter tout appui matériel, moral, en armes qui va à la résistance
.
Je vais maintenant essayer de supposer ce que dit l'Israélien au sujet de la Syrie et de la résistance au Liban.

A une période, il a dit qu'il n'acceptera pas que des armes qui brisent l'équilibre actuel soient transmises à la résistance au Liban. Au cours de cette période, il a dit clairement : j'empêcherai la croissance de la force de la résistance au Liban. Je ne permettrai pas que de nouvelles armes soient ajoutées à celles qu'elle possède déjà. C'est cela à ses yeux, la croissance de la force. Il a donc bombardé les environs de Damas. Je voudrais m'arrêter sur ce point pour mieux comprendre la riposte syrienne.

Nous allons sortir un peu des détails pour parler de stratégie. Qu'a dit l'ennemi à la Syrie ? Indépendamment des cibles visées par les raids- ce n'est pas à moi de les dire, mais au commandement et au gouvernement syriens- il a dit, selon ce que je suppose : si vous continuez à aider la résistance, cela signifie la chute du régime. Autrement dit, l'objectif réel de l'agression israélienne vise à faire plier la Syrie, à briser sa détermination et celle de son peuple pour la sortir du conflit avec l'ennemi. Pour les Israéliens, si les Syriens veulent s'entretuer, c'est leur affaire, mais ils ont eux, d'autres calculs. Ils doivent malgré tout atteindre leur objectif et les raids sont effectués dans ce but.

Entre parenthèses, je veux signaler que les chiffres que vous avez entendus sur les chaînes satellitaires au sujet des 300 martyrs ou plus sont entièrement faux. Hélas, il y a une volonté sur ces chaînes d'amplifier le nombre des victimes, tout en saluant quasiment le fait que l'aviation israélienne bombarde des installations et des positions syriennes. C'est très triste. Mais selon mes informations vérifiées, il y a quatre ou cinq martyrs parmi les soldats qui gardaient ces zones.

C'est donc l'objectif de l'agression : sortir la Syrie du conflit avec «Israël». Dans ce cas quelle doit être la riposte ?

Premièrement, il faut mettre en échec l'objectif de l'ennemi. Il faut donc maintenir le lien avec les mouvements de résistance et, au minimum prendre ses précautions. Mais si on peut, il faut retourner le sort au sorcier et c'est ce qu'a fait le commandement syrien.

Comment ? Certes, certaines bonnes âmes souhaitent que la Syrie bombarde l'ennemi en Palestine occupée, pour le moral. De leur côté, de mauvaises âmes souhaitent aussi une telle réaction de la part de la Syrie dans l'espoir qu'elle provoquera une guerre entre la Syrie et «Israël» et qu'il ne restera plus deux pierres l'une sur l'autre. C'est le langage de la rue, de la raison, de la stratégie et de la tactique.

La riposte syrienne, la voici. Ecoutez-moi :

La première riposte est destinée à l'Israélien qui dit vouloir mettre un terme à la force grandissante de la résistance : s'il considère que la Syrie est la voie de passage des armes vers la résistance, eh bien elle continuera à faire passer de telles armes. C'est une très grande décision stratégique. Plus que cela, la Syrie a décidé de remettre à la résistance des armes qualitatives qui n'étaient pas en sa possession jusqu'à présent. Autrement dit, la force grandissante qu' «Israël» veut empêcher deviendra encore plus puissante. Nous nous dirigeons donc vers ce qui va rompre les équilibres actuels.

Qui est donc ce commandement et ce régime ? Citez-moi un seul régime arabe qui a le courage de donner officiellement une seule mitraillette à la résistance palestinienne. Je ne dis pas une roquette ou un missile, qu'il s'agisse des pays du printemps arabe ou non. Qu'il s'agisse d'un émirat, d'un royaume ou de n'importe quel autre régime. Nous sommes donc devant un cas unique en son genre : un régime bombardé par les Israéliens qui déclare : je vais donner à la résistance des armes qu'elle n'obtenait pas auparavant.

C'est cela la réponse stratégique et elle est bien plus importante que le lancement d'un missile ou le bombardement d'une cible en Palestine occupée.

Deuxièmement : l'Israélien dit vouloir sortir la Syrie de l'équation de la lutte avec lui et la seconde riposte, qui n'est pas moins importante que la première est la suivante : le front du Golan sera désormais ouvert devant la résistance populaire. C'est normal.

A tous ceux qui critiquaient dans le passé le commandement syrien au sujet du Golan, nous répondions que le Liban n'est pas le Golan. Au Liban, en raison du fait que le monde considère l'Etat faible, il existe une marge de manœuvre et cet Etat ne paiera pas pour les actions de la résistance. Mais en Syrie, l'Etat central est fort et cette marge n'existe donc pas. En voulant transformer les menaces en occasion à saisir (N'est-ce pas ce que l'on dit dans l'administration ?), en imposant une guerre à la Syrie, vous avez affaibli l'Etat central et la marge permettant la naissance d'une résistance populaire au Golan existe désormais. C'est une grande réponse stratégique.

Troisièmement :Je n'entrerais pas dans les détails car cette riposte concerne les forces syriennes. Il s'agit de mesures sur le terrain comme l'installation de rampes de missiles dirigées contre la Palestine occupée. Des ordres sont donnés pour qu'elles soient utilisées immédiatement sans un recours au commandement central. Ces mesures ont d'ailleurs effrayé les Israéliens qui ont pris à leur tour des mesures et ont commencé à envoyer des messages d'apaisement. Quels sont les indices politiques et les conséquences sur le moral de toutes ces mesures ? Elles sont importantes parce qu'elles signifient clairement à l'Israélien qui veut que la Syrie se replie sur elle-même que désormais les unités du régime ont l'ordre de riposter immédiatement aux bombardements sans attendre un feu vert du commandement. Qui ose faire cela dans le monde arabe ?

En général, lorsque je parle ainsi, certains commencent à dire : le sayed s'est emporté. Il est tendu. Je vous rassure tout de suite : je ne suis tendu, ni emporté. Mais la nature de l'occasion, l'enthousiasme et le fait de parler devant vous me poussent à utiliser un tel ton.

Je voudrais donc dire que la résistance à retrouver la Syrie dans ses ripostes stratégiques. Elle est donc prête à recevoir des armes qualitatives d'un type qui peut briser les équilibres.

Concernant la première riposte, j'insiste donc : la résistance au Liban est prête à recevoir ce type nouveau d'armes offensives et elle est prête à les protéger et à les conserver et elle est digne de les posséder. Elle les utilisera pour défendre son peuple, sa patrie et ses symboles sacrés.

Concernant la seconde riposte, nous disons : comme la Syrie s'est tenue aux côtés du peuple libanais et appuyé sa résistance populaire, matériellement et moralement, pour qu'elle soit en mesure de libérer le Sud du Liban, nous déclarons être prêts à nous tenir aux côtés de la résistance populaire syrienne et nous sommes prêts à lui donner un appui matériel et moral et à la coordination en vue de la libération du Golan.

La troisième riposte est devenue une grande affaire dont nous préférons ne pas parler pour l'instant.

Frères et sœurs, ce que je dis n'est pas le fruit de l'émotion, de l'enthousiasme ou de la réaction. En faisant une évaluation calme de ce qui se passe dans la région dans son ensemble montre qu'il y a en Syrie un commandement aux nerfs solides. Je parle par expérience. Nous savons ce que c'est que de mener la guerre avec les obus qui pleuvent et les immeubles qui s'effondrent autour de nous. Le commandement en Syrie a donc les nerfs solides et beaucoup de raison. Il dirige la bataille contre «Israël» avec un cerveau stratégique, et non avec colère et emportement. C'est en tout cas la façon dont je comprends ce qui s'est passé au cours des derniers jours. Je peux vous l'assurer, jusqu'à présent, c'est cet axe résistant qui a accompli, depuis les années 90 jusqu'à aujourd'hui, des réalisations et marqué des points, mettant en échec de nombreux projets des puissances hégémoniques et occupantes pour contrôler notre région. Si cet axe a pu faire de telles réalisations, c'est à cause de son courage, de son sang froid, de sa détermination, de son sérieux, loin des surenchères et si Dieu le veut, il atteindra la victoire dans l'avenir.

Je vais donc maintenant faire le lien entre les deux sujets. Celui qui veut que la mosquée Al Aqsa continue à appartenir à ses fils, que les symboles religieux chrétiens et musulmans en Palestine demeurent à leurs fils, celui qui veut que Jérusalem revienne à ses fils et à la oumma, celui qui veut rendre aux Palestiniens leurs droits et l'espoir, cela ne se fera ni au sein de la Ligue arabe, ni dans le cadre des Nations Unies et du Conseil de sécurité. Il faut revenir à la case départ et aux choix de la résistance. Au peuple palestinien et à tous les peuples de la région qui refusent l'hégémonie israélienne sur leurs pays, je dis que vous ne trouverez personne pour se tenir à vos côtés à part celui qui le fait depuis des années. Il semble même que la situation dans ce domaine, aille de mal en pis. Faites donc en sorte de préserver ceux qui se tiennent à vos côtés et de préserver vos éléments de force dans cet axe porteur de grands espoirs.

C'est pourquoi nous sommes avec tous les efforts sérieux pour aboutir à un compromis politique en Syrie et pour éviter que ce pays tombe entre les mains de l'Amérique, d'«Israël» et des takfiristes.

C'est en toute clarté la bataille de la Palestine, de Jérusalem et de la mosquée Al Aqsa. Arrêtez de comploter et que les hommes libres, nobles et de bonne volonté- qui sont nombreux dans la région-, travaillent pour réaliser le compromis.

Il est honteux de laisser l'Américain qui complote pour détruire la Syrie se présenter comme le sauveur de ce pays à travers la solution politique. Même chose pour la Ligue arabe et l'OCI qui ont détruit ou laissé détruire la Syrie. C'est une honte historique. Les pays arabes et musulmans doivent réagir et sauver la face avant de recevoir les instructions de leur grand maître. Ils doivent traiter la situation, d'autant que le temps qui passe apporte encore plus de sang versé, de victimes et de destructions. Dans l'intérêt de qui ? De l'ennemi israélien. C'est donc notre position, en toute clarté et transparence.

Deux mots maintenant sur la situation libanaise pour qu'on ne dise pas que nous l'ignorons.
Sur le plan interne, tout le monde fait des efforts, mais en même temps, hélas, chacun accuse l'autre de vouloir le vide.

En ce qui nous concerne, nous voulons qu'un gouvernement soit formé le plus tôt possible, nous voulons qu'une nouvelle loi soit votée au Parlement et nous voulons la tenue des élections à la date prévue ou avec un report technique, ce qui est normal. Nous voulons cela et je vous le dis, notre situation est très bonne. Des gens disent une chose à la télévision, mais nous savons ce qu'ils disent dans leurs réunions privées. Nous connaissons ainsi beaucoup qui ont été déçus et dont les analyses ne se sont pas vérifiées ou encore qui ont été surpris par la direction du vent qui a commencé à changer dans la région. En tout cas, si vous voulez des élections maintenant, nous sommes prêts et si vous les voulez plus tard, nous sommes prêts aussi.

Nous ne poussons absolument pas vers le report des élections. Nous sommes avec leur tenue et avec la formation d'un gouvernement.

Pour qu'on ne dise pas qu'il s'agit de généralités, nous disons, au sujet du gouvernement, que nous avons une attitude différente de celle du 14 mars après la désignation du Premier ministre Négib Mikati.

Notre camp avait désigné le Premier ministre Mikati et pas eux. Ils ne lui ont pas donné leur confiance et il leur a quand même proposé de participer à un gouvernement d'union nationale. Notre camp était favorable à la formation d'un tel gouvernement. Mais c'est le 14 mars qui a refusé. A ce moment-là, les négociations n'avaient pas atteint le stade de la représentation et des portefeuilles. Ils ont ensuite mené une guerre féroce contre ce gouvernement allant même jusqu'à pousser le monde entier à boycotter le Premier ministre et son gouvernement, l'accusant d'être à la solde du Hezbollah. Ce furent ensuite deux années d'incitation et de menaces. Ils ne lui ont pas donné une seule chance et nous avons vu des manifestations, des fermetures de routes, des pneus brûlés, des affrontements, tout cela dans le but de faire tomber le gouvernement.

La démission ensuite a été présentée. Je n'ai pas le temps pour analyser ce développement. Mais le camp adverse a nommé Tammam bey Salam. Ne nous cachons pas derrière notre doigt, c'est le camp adverse qui a désigné Salam et il a choisi un des siens. Notre camp a accepté cette désignation et il a traité avec elle d'une façon positive. Nous avons vu dans la personne de Tammam bey un personnage modéré, équilibré, calme avec lequel nous pouvons coopérer. Ce qui a ouvert une porte et donné une chance au pays ; allons donc vers un gouvernement d'union nationale, de partenariat national, de sauvetage national et d'intérêt national, non de défi.

Nous voulons être des partenaires, participer, être présents. De leur point de vue, ce sera un gouvernement chargé d'organiser des élections. Pour nous, il ne sera pas exclusivement chargé de cette mission. Mais pour le Premier ministre désigné, si la seule mission du gouvernement est d'organiser les élections, quelle est la différence dans ce cas entre 8, 9 ou 10 ministres ? Pour nous, il y a une différence. Lorsque nous réclamons une participation équivalente à notre poids au Parlement -et je ne parle pas du poids véritable car ils savent que le poids parlementaire n'est pas le poids populaire réel, chacun élaborant une loi électorale à sa mesure pour lui donner le maximum- c'est parce que nous pensons que même s'il a une durée de vie limitée, ce gouvernement sera chargé de diriger le pays, l'Etat, la sécurité, la paix civile, l'économie et la situation sociale, même pour une semaine. Il a donc des responsabilités. C'est pourquoi le mieux est que toutes les parties y participent.

Certes, dans la Constitution, ce point n'existe pas. Mais il n'y en a pas d'autre non plus. Cette question est donc laissée ouverte. On peut donc former un gouvernement d'union nationale, avec les parties représentées selon leur poids parlementaire ou réel, on peut ignorer certaines parties. Qu'on ne donne donc pas pour argument la Constitution. L'intérêt national, d'accord. Nous voulons comme vous un gouvernement d'intérêt national, surtout en cette période particulière, sur le plan interne et régional, avec les agressions régulières contre le Liban et la tension régionale. L'intérêt national exige toutefois la formation d'un gouvernement de partenariat réel national, sans s'arrêter à de petites considérations si cela permet de réaliser le partenariat national. Je dis donc de ne pas perdre du temps avec ces points. Notre camp est attaché à la représentation selon le poids parlementaire, pour se sentir un partenaire à part entière et pour partager ainsi les responsabilités.

Un jour, deux semaines ou trois, nous sommes en train de perdre du temps. Je ne suis pas en train de fermer la marge de manœuvre. Je suis simplement sincère et franc. Car certains disent que nous sommes en train d'entraver la formation du gouvernement pour en rester à la gestion des affaires courantes. Formez donc le gouvernement en tenant compte des poids parlementaires et vous rassurerez tout le monde et vous direz à ceux qui le craignent que ce gouvernement ne vise personne.

Au sujet de la loi électorale, nous nous approchons de la date fatidique du 15 mai. Le président de la Chambre Nabih Berry a annoncé une séance à cette date. Les commissions ont adopté le projet orthodoxe. En ce qui nous concerne, je vous l'affirme, -je ne reviendrai pas sur les motifs, car il y a un petit débat avec nos alliés sur cette question, nous en avons parlé longuement dans le passé-si ce projet est soumis au vote, nous voterons en sa faveur. Nous nous sommes engagés à ce sujet, quels que soient ceux qui votent pour et ceux qui le rejettent. Nous sommes clairs et ce n'est pas une manœuvre. Nous ne cherchons pas non plus à gagner du temps. Nous sommes clairs dans notre engagement. Si ce projet est adopté au Parlement, il suivra son cours constitutionnel et nous verrons alors ce qui se passera. Car il faudra alors tenir compte de la position du chef de l'Etat et celle du Conseil Constitutionnel. Si ce projet n'est pas adopté au Parlement, je le dis en toute franchise, notre camp n'est pas d'accord sur un autre.

Attendons donc le 15 mai. Si le projet orthodoxe est voté, ce sera fait. Sinon, nous discuterons ensemble pour étudier la formule de rechange et les choix de l'après 15 mai. Si le projet orthodoxe n'est pas voté, y a-t-il un autre projet susceptible d'obtenir la majorité des voix des députés ? Je ne crois pas qu'à ce stade, quelqu'un a eu une vision claire de ce qui peut se passer.

Vous rendez-vous compte de ce que nous faisons de nous-mêmes, nous Libanais ? Nous perdons du temps, encore et encore pour qu'au final, voir à la dernière minute si nous sommes en mesure de produire quelque chose. En tout cas, je l'affirme clairement : nous ne sommes pas avec le vide institutionnel. Le Hezbollah n'est pas avec le vide institutionnel. Tous les choix autres que le vide sont négociables à nos yeux.

Deux phrases encore. Au sujet des détenus d'Aazaz, je peux dire que ce que nous devions faire, nous l'avons fait. Inchallah, les choses iront dans le bon sens et le reste relève de la responsabilité de l'Etat et cela suffit. Nous voulons que cette affaire aille dans le bon sens et nous ne voulons pas que la politique et les médias s'en mêlent. Je voulais juste rassurer à ce sujet.
Le second point concerne les obus qui tombent de temps à autre sur certaines régions libanaises, surtout aujourd'hui, des obus sont tombés dans la région de Chawaghir et du Hermel. Je dis aux habitants de Kasr, Hermel, Chawaghir, Hoch Sayed Ali, Sahlat el May et toutes les autres localités, vous subissez et vous souffrez aujourd'hui. C'est une partie du prix payé par le peuple syrien, la Syrie et le Liban. Nous devons l'accepter, mais certainement, nous devons faire en sorte que cela cesse et je crois que cette affaire est en train d'être traitée.

Encore une fois, je salue les frères et les sœurs à Izaat al Nour, tous ceux qui travaillent dans les médias au sein de la résistance et tous ceux qui travaillent dans le secteur médiatique et qui appuient la résistance et suivent son action. Je voudrais les remercier tous et leur exprimer mon estime.

Traduit par French.alahednews

Comments

//