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Discours à l’occasion de la naissance du prophète et de la semaine de l’unification islamique

Discours à l’occasion de la naissance du prophète et de la semaine de l’unification islamique
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Le 25-janvier-2013

Mes frères et sœurs, je voudrais d'abord bénir cette occasion sacrée qui nous réunit aujourd'hui. Je vais d'ailleurs commencer par développer ce point et parler du paysage général, avant d'évoquer les élections israéliennes pour conclure avec la situation au Liban.

En général, lorsque nous voulons évaluer une personne et porter un jugement positif ou négatif sur elle, nous utilisons le principe des notes. Il y a aussi des critères reconnus dont deux principaux : le premier porte sur les qualités personnelles de la personne au niveau de la personnalité et des capacités et le second porte sur ses actes et leurs résultats, sur ce qu'elle a fait aux autres. 

Concernant le premier critère, nous constatons que notre Prophète possède toutes les qualités humaines et dans tous les domaines, Il a atteint le sommet. L'éloge qui en est fait dans le Livre de Dieu ainsi que ce qu'ont dit les Prophètes qui l'ont précédé à son sujet- qu'ils aient cru en lui ou qu'ils aient été ses ennemis- ont reconnu Ses qualités. D'ailleurs, ses rivaux et ses ennemis n'ont pas réussi à trouvé en lui une seule faille par laquelle ils auraient pu se faufiler. Même son illettrisme est un point en sa faveur et montre la profondeur de Son lien avec Dieu Tout Puissant. Si nous laissons de côté les atteintes qui lui ont été faites, il faut constater qu'il est rare qu'une personnalité fasse autant l'unanimité et soit l'objet de tant de louanges. 

Nous en arrivons au second critère. Là aussi on peut mesurer l'ampleur de Ses réalisations et de ce qu'Il a laissé, notamment cette oumma qu'il a fondée et qui continue à vivre aujourd'hui sur des valeurs humaines et croyantes. Avant Lui, la vie dans la péninsule arabe était basée sur la distinction sur la base du sexe, entre les hommes et les femmes, mais aussi sur la base de l'ethnie et sur les bases tribales et familiales. Ce Grand Prophète est venu dire à tout le monde : Vous êtes tous fait de chair et de sang. Il leur a dit : Les hommes sont égaux comme les dents d'un peigne. Il a aussi mis un terme à la pratique d'enterrer les petites filles en rappelant aux êtres humains que Dieu les a créés mâles et femelles, peuples et tribus. L'homme et la femme ont une même valeur humaine, tout comme les blancs, les noirs, les jaunes et les rouges. Comment les gens ont pris ce discours est une autre affaire. Mais le Prophète a tenu un discours humain qui allait à l'encontre des usages, des traditions, des cultures, des traditions et de l'inconscient populaire. IL leur a dit : vous avez tous la même valeur humaine, mais vous vous distinguez par vos bonnes actions, vos qualités et votre éloignement des mauvaises actions. Le Prophète a aussi évoqué les démunis, les pauvres, les orphelins et Il a demandé de les aider, pas seulement sur le plan matériel, dans un but précis, et pas seulement pour obtenir une place au Paradis. Le Prophète a été encore plus loin en disant : Vous devez aimer et respecter les pauvres, les miséreux et les orphelins. Vous devez aussi avoir de la considération pour eux, vous asseoir avec eux, partager leurs repas. Plus que cela encore. Le Prophète a voulu mettre un terme à l'égoïsme chez les hommes pour les plus privilégiés soient en mesure de souffrir avec les autres, de chercher à les aider et à leur faire plaisir...

Malheureusement, il y a aujourd'hui, une campagne suspecte et bien étudiée contre Le Prophète pour ternir son humanité et son appel religieux. C'est là d'ailleurs l'un des plus importants défis auquel doivent faire face la oumma islamique et ses ulémas. 

J'en arrive au paysage général. Nous assistons aux atteintes au Prophète, tantôt par le biais de films et tantôt par le biais d'articles de presse qui ne peuvent être discutés sur le plan des idées et de la logique. S'il s'agissait de critiques réalistes, elles pourraient être discutées, preuve contre preuve, argument logique contre argument logique. Mais nul ne peut accepter les insultes contre les croyances sacrées. Nous devons certes exprimer notre colère et notre condamnation de ces atteintes. Mais nous devons aussi agir avec responsabilité et faire connaître au monde ce Prophète avec toutes Ses qualités. Il faut clarifier le fait que ces atteintes n'ont rien à voir avec Le Prophète et que le monde entier puisse connaître Sa personnalité hors normes. A quelque chose malheur est bon. Nous qui parlons ces derniers temps de nos confessions et de nos particularités, nous sommes tous d'accord sur le Prophète. Déployons des efforts pour Le faire connaître au monde. C'est une priorité et une responsabilité pour tous les musulmans, quelles que soient leurs confessions. Ils ne doivent négliger aucun effort et travailler sur tous les aspects et dans tous les domaines pour que la véritable grandeur du Prophète apparaisse au monde. Aucune négligence ne doit être commise car l'autre camp poursuit sa bataille. Ce qui s'est passé n'est donc pas un accident de parcours. Des parties qui savent exactement ce qu'elles veulent sont derrière les atteintes au Prophète. Nous l'avons déjà dit dans d'autres occasions. L'objectif est de semer la discorde entre les chrétiens et les musulmans et entre les musulmans eux-mêmes. Il s'agit de pousser les musulmans à des réactions impulsives. Bref, beaucoup d'objectifs sont ainsi recherchés à travers ce qui se passe et tout cela doit être affronté. 

L'un des grands défis dans notre région réside justement dans la multiplication des conflits, des affrontements et des divisions dans plusieurs pays du monde arabo-musulman qu'ils soient entre les musulmans ou entre les chrétiens et les musulmans comme au Nigéria. Mais pour être réaliste, je dois dire que les conflits dépassent le caractère confessionnel ou religieux. Il y a ainsi des conflits dans des pays dont la population est entièrement musulmane et appartient à la même confession. Par conséquent, on ne peut pas résumer les conflits et les défis dans la région au simple statut de conflits confessionnels ou religieux. Ce qui se passe est bien plus important. 

Au Liban, nous sommes une partie de cette région. Nous avons nos problèmes propres et nous faisons partie du monde arabo-islamique. Que nous le voulions ou non, le Liban est peut-être l'un des pays qui subit le plus l'influence de ce qui se passe autour de lui. Je voudrais soulever quelques points à ce sujet : 

1-Si vous voyez des conflits, des bouillonnements et des problèmes dans la région, vous ne devez pas en être effrayés. Que personne ne cherche à nous effrayer. Les conflits existaient auparavant tout au long de l'histoire des musulmans et des autres. Les conflits existent depuis que Dieu a créé ce monde. C'est l'histoire de l'humanité et les hommes ont toujours eu des ambitions, des envies, des étroitesses d'esprit etc. C'est normal. Le vrai problème se pose lorsque nous ne savons pas comment gérer ces crises et lorsque nous perdons de vue à cause d'elles nos priorités. Le problème est lorsque nous perdons nos nerfs et notre capacité à prendre des décisions, lorsque nous perdons l'initiative, l'éveil et le sens des responsabilités. Nous autres, nous restons responsables. Nous ne sommes ni effrayés, ni choqués et nous pouvons surmonter les crises ou en tout cas réduire leurs conséquences négatives.

2-Même dans les pays où il y a une diversité confessionnelle, religieuse ou ethnique, le conflit n'est pas toujours, dans sa profondeur et son essence, confessionnel ou religieux. Je donnerai des chiffres. Je ne parle pas des divergences et des conflits idéologiques ou théologiques, mais des affrontements qui produisent des guerres et des divisions. La plupart de ces affrontements ont des motivations et des objectifs politiques liés au pouvoir et à la volonté de contrôler les ressources de la nation. Ils n'ont par conséquent rien à voir avec la religion, les chiites, les sunnites ou les chrétiens. 

Je n'ai pas le temps de trop m'étendre sur la question, mais je donnerai deux ou trois exemples. Les plus grandes guerres dans l'histoire des musulmans sont entre Bani oumayya et Bani alAbbas. Ces guerres ont provoqué des dizaines de milliers de morts. Mais quel est le lien entre la guerre de Bani al-Abbas et de Bani Oumayya et l'islam ? Il s'agissait d'un conflit pour le pouvoir et pour la direction de la oumma. Plus tard, entre elAmine et alMaamoun, tous deux abbasides. Il y a eu une longue et terrible guerre qui a duré des années et elle n'avait rien à voir avec les sunnites et les chiites. Il y a eu un conflit sur le pouvoir et des guerres ont été menées dans ce but. Elles ont fait des dizaines de milliers de morts. De même, le pouvoir des Abbasides a duré des centaines d'années. Les luttes de pouvoir entre les émirs, les invasions des villes n'avaient non plus rien à voir avec les sunnites et les chiites. La religion a pu être exploitée dans ce but mais elle n'est pas à l'origine ni la cause du conflit.

Je vais évoquer un passé plus proche. La guerre entre les Ottomans et les Mamelouks il y a 500 ans. Elle n'avait rien à voir avec les sunnites et les chiites et avec la religion. Les Ottomans ont vaincu les Mamelouks qui à leur tour avaient remporté de grandes victoires. Ce n'était pas un conflit confessionnel. S'il y avait des conflits confessionnels, ils ne constituaient pas l'essentiel et restaient marginaux. 

Il y a quelques années, il y a eu une importante guerre dans la région, qui a mis les bases d'une nouvelle époque dans la région, en y amenant les flottes américaines et autres. Il s'agit de la guerre de Saddam Hussein contre le Koweit. S'agissait-il d'une guerre religieuse ? D'une guerre entre les sunnites et les chiites ? Il s'agissait d'une guerre pour le contrôle du pétrole et de la terre, d'une guerre pour le pouvoir. Certes, comme je l'ai dit, à certains moments, on peut exploiter la question religieuse ou confessionnelle. Si par exemple, la guerre entre les Mamelouks et les Ottomans était une guerre pour le pouvoir, s'il y a eu une guerre entre les Safaouistes et les Ottomans, elle est devenue une guerre entre sunnites et chiites. Je ne veux pas prendre position entre les Safaouistes et les Ottomans. Sur le plan de la vérité historique, il s'agit d'une guerre pour le pouvoir. De même, si les Ayoubistes et les Mamelouks se font la guerre, il s'agit d'une guerre pour le pouvoir. Et si elle oppose les Ayoubistes et les Fatimistes, elle ne devient pas pour autant une guerre confessionnelle, puisqu'au fond, elle reste une guerre pour le pouvoir. 

Il en est de même aujourd'hui où la plupart des conflits actuels portent essentiellement sur le pouvoir. Ils n'ont rien à voir avec les confessions et les religions. Il s'agit de conflits politiques. C'est ainsi le cas de la guerre menée par Saddam Hussein contre la République islamiste d'Iran. Elle a duré plus de 8 ans. Dieu merci, il n'avait pas alors donné au conflit un aspect confessionnel pour une raison très claire c'est qu'une grande partie des officiers et des soldats de l'armée irakienne qui combattaient en Iran étaient chiites. Il ne pouvait pas par conséquent dire que le conflit était confessionnel. Il a donc dit que la guerre opposait les Arabes aux Perses. Malheureusement, aujourd'hui, certains régimes arabes qui n'ont rien à voir avec le sunnisme et qui ne font rien pour les sunnites, qui ont oublié la Palestine et les millions de sunnites qui vivent au bord du seuil de la pauvreté, tout comme ils ont oublié les millions de sunnites au chômage ainsi que la proportion entre les sunnites et les chiites dans le monde, dès que le conflit se produit avec l'Iran, ils parlent immédiatement de guerre sunnito-chiite. A ceux-là, je dis : non le conflit n'est pas entre sunnites et chiites. C'est la guerre de Saddam Hussein et des régimes qui se sont tenus à ses côtés. Sur cette base, que devons-nous faire aujourd'hui ? Nous devons maintenir le conflit, tout conflit, au Liban, en Syrie, en Irak, à Bahrein, en Egypte, en Tunisie ou ailleurs sous l'angle politique. Nous devons le maintenir dans son cadre politique et par conséquent, éviter tout discours confessionnel et religieux ainsi que toute mobilisation ayant ce caractère. 

Il existe en effet des gens capables de sortir le géant de sa bouteille, mais ils ne peuvent pas l'y ramener. Il y a beaucoup d'exemples sur cela. On peut donc créer un serpent confessionnel à travers un certain discours. Mais on ne peut pas le contrôler. Nous devons donc être très prudents. Car ce serpent peut tout détruire avec son venin. 

Il nous est aussi demandé de maintenir le problème dans ses limites normales. Autrement dit, s'il y a un problème dans un pays arabe, il fait qu'il reste dans les limites de ses frontières. Il ne faut pas généraliser et relier les dossiers entre eux ou les mélanger car il deviendra plus difficile de les régler. Nous devons éviter aussi que les conflits atteignent un degré de vie ou de mort, de vainqueur et de vaincu. La solution ? Il faut que les différentes parties soient plus patientes et surtout qu'elles aient recours au dialogue car il vaut mieux que d'aller vers l'affrontement. Même là où il y en a déjà eu, nous devons chercher à instaurer un dialogue et tenter de trouver un compromis ou un traitement. C'est ce que nous prônons aujourd'hui dans toutes les arènes, de Syrie à Bahrein, du Yémen à la Libye et à la Tunisie, à l'Irak et au Liban pour que personne n'y aille vers l'affrontement. 

Au final, tout le monde a des paroles à prononcer, tout le monde a une logique et tout le monde a des droits. Nous devons nous écouter les uns les autres et tenter de régler nos différends de façon acceptable, même si cela doit prendre du temps. Tout vaut mieux que l'affrontement qui détruit nos sociétés et nos pays, alors que l'Occident et «Israël» nous regardent...

A cet égard, je me souviens de l'imam Moussa Sadr qui, dans les années 70, avait organisé un grand meeting à Tyr pour évoquer les droits des déshérités. Mais lorsque la guerre civile a commencé, il a suspendu son mouvement de revendication car il a dit que l'Etat est en train de disparaître et le pays est en train de se détruire. Nul ne détruit un Etat et un pays pour des réformes et des revendications. Celles-ci se réalisent par le dialogue et le compromis. S'il faut une confrontation, qu'elle soit pacifique.

Aujourd'hui, la responsabilité des élites dans notre monde arabo-musulman, des ulémas, des penseurs, des médias est plus importante que jamais. 

Je vais aborder les élections israéliennes. En résumé, on peut en tirer les conclusions suivantes :si beaucoup de personnes ne se sentent pas concernées par ce qui se passe dans l'entité israélienne, nous le sommes. Quels que soient les soucis du Liban et de la région, nous nous sentons concernés par ce qui se passe dans l'entité israélienne, puisque c'est là le cœur de nos problèmes. C'est là que tout a commencé et tout ce qui se passe aujourd'hui s'inscrit dans le cadre de la volonté de le perpétuer. Je ne veux pas entrer dans les analyses. Je donnerai simplement les conclusions qui montrent un recul des partis fondateurs de cette entité, comme le parti travailliste et le Likoud. Leur recul est clair ainsi que l'absence d'un parti fort qui joue le rôle de leader. C'est d'ailleurs ce à quoi Netanyahu avait appelé, mais les élections n'ont pas montré l'émergence d'un parti fort capable de diriger cette entité. On peut aussi relever l'absence de leader essentiel. Vous vous rappelez lorsque Sharon menaçait le monde arabe, tout le monde avait peur ; sauf certains qui me disaient : il ne pourra rien faire. Mais Sharon est le dernier des rois d'«Israël». Après lui, que voyons-nous ? Netanyahu a été accepté parce qu'il n'y avait pas d'autre choix. Autrement dit, Netanyahu est ce qu'il y a de mieux aujourd'hui pour eux.

Il n'y a donc pas de grands leaders, les partis religieux extrémistes ont progressé, les partis politiques et les blocs parlementaires se sont multipliés. Ce qui complique le processus de prise de décision ainsi que la gestion du pays. Les élections ont montré l'existence d'une crise de commandement au sein de l'entité, une crise de partis et une crise de confiance. L'entité est donc en crise. Mais nous ne devons pas être leurrés, ni hier, ni aujourd'hui, ni demain par l'existence de droite, de gauche et de centre...Concernant la Palestine, Jérusalem, les réfugiés palestiniens, les droits arabes au Liban, en Syrie, en Palestine, en Egypte et ailleurs, concernant les visées israéliennes et la menace des régimes et des peuples de la région, il n'y a ni centre, ni droite, ni gauche, ni extrémistes ni autres, tous se ressemblent. Les expériences passées nous ont montré que la plupart des guerres israéliennes ont été menées par la gauche. Alors que personne ne se lance dans des analyses. Tous ont la même attitude. Le changement est dans la multiplication des partis et des coalitions qui rend plus difficile et plus compliquée la prise de décision. Mais le projet, la vision, les visées et les menaces ne changeront pas. La garantie de Gaza est dans sa résistance et la garantie des Palestiniens est dans la réconciliation nationale et dans leur attachement à la résistance. La garantie du Liban, quelle que soit l'identité de ceux qui gouvernent l'entité est dans la fameuse équation : armée-peuple-résistance. C'est notre force nationale qui protège le Liban. C'est la capacité de créer un équilibre dans le rapport des forces, une sorte de dissuasion, qui protège le Liban. A ce moment-là, on pourra exploiter nos ressources pétrolières. Les années d'expérience avec l'ennemi israélien nous ont appris cette leçon. C'est aussi la même situation à l'échelle de la région. C'est pourquoi je dis que la meilleure réponse aux élections israéliennes, indépendamment du vainqueur, est encore plus d'attachement à la résistance. Nous devons coopérer tous pour que le Palestinien soit plus fort à Gaza, en Cisjordanie, en Palestine et hors d'elle. 

Même chose au Liban :

Aujourd'hui, le sujet le plus important qui occupe la scène politique est la loi électorale et les prochaines élections. 

Je vais parler un peu de ce sujet, d'autant qu'au sein du parti, nous continuons à ne pas donner d'interviews et nous sommes un peu à l'écart du débat politique. Nous nous en tenons à cette position, car, hélas, une grande partie du paysage politique et médiatique ne montre pas l'existence d'un débat rationnel et objectif, pour ne pas dire poli et respectable, puisqu'il y a un grand flot d'insultes. Nous préférons rester à l'écart -dans ce cas c'est bien utile- de débats qui tombent aussi bas. 

Le sujet de la loi électorale est toujours délicat pour les Libanais. Mais dans cette période, il l'est encore plus, pour les forces politiques et, il faut bien le reconnaître, confessionnelles, en raison de la période difficile que traversent le Liban et la région. Pour être plus précis, si nous parlons en tant que chrétiens et musulmans, nous pouvons dire que les appréhensions des chrétiens sont plus importantes, non seulement à cause de la situation libanaise, mais aussi à cause de ce qui se passe dans la région. 

Nous ne pouvons pas dire que les chrétiens exagèrent. Quand ils voient ce qui est arrivé aux chrétiens en Irak, en Syrie, au Nigéria et ailleurs, ils sont inquiets, indépendamment de ce qui provoque cette peur. Je ne suis pas en train de faire assumer des responsabilités, mais de décrire une situation. 

Les complications dans la région ont ajouté des problèmes dans le débat actuel et dans la vision de la loi électorale. 

L'idée actuelle est qu'il ne s'agit pas d'élections ordinaires et que le Parlement qui en sera issu ne sera pas non plus ordinaire. L'impression est qu'il s'agit d'une échéance cruciale. Pourtant, lorsque j'ai parlé d'une assemblée constituante, un tollé s'est élevé contre moi. Mais aujourd'hui, un grand nombre de ceux qui discutent de la prochaine loi électorale le font dans l'esprit d'une constituante. C'est leur droit naturel. Mais cela a un résultat c'est que dans cette période particulière, nous au Liban, nous devons être patients les uns avec les autres. Nous devons prendre notre temps et discuter longuement pour tenter de calmer toutes les appréhensions, même si certaines sont plus nombreuses que d'autres. 

Dans ce contexte, le plus important est de mettre de côté les accusations, car elles ne servent à rien et sont parfois insultantes. Je vais donner un exemple. J'ai entendu certains députés, certains chrétiens et d'autres appartenant à des courants politiques divers qualifier le projet grec orthodoxe de celui du Hezbollah et de celui de Bachar Assad. L'ancien vice-président de la Chambre Elie Ferzli est membre de la rencontre orthodoxe. En tout cas, ce n'est pas une manière constructive de mener un débat pour définir les contours d'une étape cruciale pour le Liban. Si l'on en croit ces allégations, le Hezbollah aurait élaboré le projet et l'aurait imposé au général Aoun au ministre Frangié, au parti Tachnag et à force de surenchères, ils ont entraîné Bkerké, les Kataëbs et les Forces libanaises dans le sillage.

Dire cela comporte est humiliant pour tous les chrétiens du Liban, y compris Bkerké et tous les leaderships que l'on soit d'accord ou non avec eux. Il ne s'agit pourtant pas de quelques articles de presse. Non, on en parle systématiquement et je crois qu'il y a un manque de sens des responsabilités dans l'approche de ce dossier. Et en premier, il s'agit d'un mensonge et d'une diffamation. Par ailleurs, si le Hezbollah est en mesure de dicter sa volonté à ses alliés chrétiens et d'entraîner par la suite tous les chrétiens dans ce sillage, donnez-nous donc le contrôle de ce pays et qu'on en finisse. On le voit bien, ces allégations sont totalement exagération. Mais plus important que cela, elles sont insultantes pour les chrétiens. 

La réalité est totalement différente. Certes, nous avons été les premiers auxquels le projet grec orthodoxe a été proposé. Notre première réaction, (certains l'oublient) a été d'émettre des réserves, voire le refus. Mais nos alliés nous en ont ensuite parlé et ils nous ont expliqué leurs appréhensions ainsi que le contexte et nous avons accepté. C'est ce qui s'est passé et la précédente approche qui manque de sens des responsabilités est fausse.

Parlons maintenant des intentions. Que certains cherchent à se doter de leur volume véritable qu'ils croient amoindri dans les autres formules, c'est leur droit naturel. Sinon, pourquoi feraient-ils de la politique ? Mais on ne peut pas discuter un projet de loi en se basant uniquement sur les intentions.

Certains ont même été jusqu'à dire que Amal, le Hezbollah, le général Aoun et le ministre Frangié appuient le projet grec orthodoxe pour faire sauter les élections. C'est bien entendu faux.
Nous avons plusieurs choix et plusieurs projets. Nous ne discutons pas sur la base des intentions et nous n'adoptons pas le style des accusations. En ce qui nous concerne, nous au Hezbollah, le principe de base dans l'approche de tout projet électoral est le système proportionnel. Indépendamment de notre volume et de ce que ce mode de scrutin nous donne (certains diront qu'il nous donnera la majorité des sièges au Parlement. C'est peut-être vrai et c'est peut-être faux, car dans ce pays, les alliances se font et se défont et les avis changent et sont influencés par la situation dans la région. Il se peut donc que la proportionnelle nous transforme en minorité parlementaire), nous pensons qu'il est juste et assure une représentation équitable des courants politiques, des confessions et au-delà d'elles. 

Nous acceptons aujourd'hui que le Liban constitue une seule circonscription électorale sur la base du scrutin proportionnel. Nous acceptons aussi la proportionnelle avec les mohafazats comme circonscriptions. . Nous acceptons les grandes circonscriptions, le projet du gouvernement (proportionnelle est 13 circonscriptions, le projet grec orthodoxe, nous sommes flexibles, mais le point qui nous intéresse est l'adoption de la proportionnelle. 

Pourquoi l'insistance sur ce mode de scrutin ? Parce qu'il donne à chacun la chance d'être représenté au Parlement. Il donne à tous ceux qui ont un minimum de popularité d'être présents au Parlement. Jusqu'à présent, et il se peut que mes informations sur le sujet soient incomplètes, l'autre camp proteste contre la proportionnelle en invoquant la présence des armes. Développons un peu le sujet. 

Cette résistance existe depuis 1992 et en cette année-là, nous avons participé aux élections législatives. Comme nous l'avons fait en 1996, 2000, 2005 et 2009. Où avons-nous utilisé nos armes et dans quelle circonscription pour imposer des choix électoraux ? C'est un indice clair, aussi bien sur les intentions que dans les faits. Depuis 1992, nous n'avons pas utilisé nos armes dans aucune circonscription électorale. 

De plus, les armes dont ils se plaignent comme étant un facteur d'influence sur le cours des élections ne sont plus celles de la résistance. Tout le monde est armé. Par contre, il est impossible que nous songions à utiliser le missile « zalzal » ou « fajr5 » contre un village qui ne vote pas comme nous le voulons. Il suffit d'un kalachnikov pour faire peur aux électeurs et cette arme existe chez tous les Libanais ou la plupart d'entre eux dans toutes les régions libanaises.
Il faut encore signaler que si les armes du Hezbollah sont influentes sur le cours des élections, elles le sont plus dans un mode de scrutin majoritaire que dans la proportionnelle. Car dans le système majoritaire, il suffit d'obtenir 51 pour cent des voix. Alors que dans la proportionnelle, quelle que soit l'ampleur de l'influence des armes, elles restent inefficaces sur une certaine proportion d'électeurs et il devient plus facile de faire élire un député par le biais de cette proportion. C'est dire que le prétexte des armes ne tient pas la route. Je ne veux pas en dire plus. C'est suffisamment clair.


Je n'accepte donc pas l'invocation des armes dans le scrutin électoral. Ni chez nous, ni chez d'autres. Je ne défends pas seulement le Hezbollah. Mais on n'a pas vu un groupe utiliser les armes pour imposer un choix électoral, même si celles-ci existent au Liban. 


Mais plus grave que les armes militaires, sont les armes financières, l'argent. Un responsable qui appuie le camp adverse m'a dit un jour directement : en 2009 nous avons versé 3 milliards de dollars américains dans les élections législatives dans ce petit pays qu'est le Liban. Je lui avais d'ailleurs répondu en plaisantant : si nous avions su cela, nous vous aurions dit donnez-nous les 3 milliards et prenez les élections. 


Qu'est-ce qui est plus dangereux : les armes ou l'argent ? Les médias qui entrent dans chaque maison et dont certains ne sont malheureusement ni équitables ni justes et inventent des faits et des histoires qui sont utilisés pour l'incitation ? Qu'est-ce qui est donc plus dangereux, les armes ou les médias ?
Nous autres, nous aimons les débats rationnels et objectifs. Je respecte ainsi la crainte des volumes et je n'ai aucun problème avec elle. Mais ceux qui refusent la proportionnelle refusent de reconnaître le volume de chaque partie, parce que ce système donne à chacun la juste proportion de sa popularité. Certains croient que leur garantie de survie réside dans le gonflement de leur volume. Je comprends cette approche, mais il faut en fin de compte tenir compte de toutes les craintes. 

Je le dis en toute franchise, les chrétiens à travers le projet grec orthodoxe ont cette crainte. Pour éviter les surenchères, parce que certains y ont déjà recours, je dirai que nous sommes prêts à voter en faveur de ce projet. Je parle bien sûr pour le Hezbollah. 

S'il y a demain une séance parlementaire plénière, et si des projets sont soumis au vote, nous voterons en faveur du projet du gouvernement, de celui du Liban une seule circonscription et du projet grec orthodoxe, en dépit des réserves de certains de nos alliés que nous respectons d'ailleurs. Je suis clair sur cette question. Que personne ne dise donc que le Hezbollah et Amal font de la surenchère et font des tactiques pour diviser les chrétiens. Nous sommes sincères et convaincus de ce sujet. 

Les chrétiens, dans leur grande majorité, sont convaincus que ce projet leur donne la chance de réajuster leur représentation au Parlement. Ce projet leur permet d'aboutir à ce qu'ils considèrent comme la parité réelle, même s'il y a un conflit sur la définition de cette parité. Nous, musulmans, dans toutes nos confessions, donnons aux chrétiens cette chance. Allons donc au Parlement et à des élections où aucun ne pensera qu'il aura moins que son volume. Et celui qui a d'habitude plus que son volume ne pourra pas le faire cette fois. Pas de problème. Qu'il soit modeste dans cette période. Le prochain parlement pourrait une chance historique à travers laquelle les gens pourront étudier réellement comment faire des réformes et moderniser leur système. Ils pourront discuter en toute liberté, puisque toutes les composantes sont représentées équitablement. Ils n'auront plus besoin de créer des structures parallèles pour étudier les réformes. Ils pourront en toute liberté décider, voter, appuyer ou non les politiques du gouvernement. Donnons-nous cette chance. Pourquoi pas ?

En ce qui nous concerne, nous sommes ouverts au débat. Comme il y a des craintes chez les chrétiens, il y en a aussi chez les musulmans. Nous devons donc en débattre et nous sommes convaincus de cette voie. 

J'invite donc les Libanais à discuter de la loi électorale, sur la base d'une loi équitable. Nous irons ensuite aux élections. Mais ils doivent ôter de leur tête l'attente de ce qui se passe en Syrie. C'est surtout vrai pour ceux qui attendaient la chute de Damas et un changement dramatique en Syrie pour ensuite renforcer sa position au Liban et se retourner contre le camp adverse. Mettons désormais ce sujet de côté. Les données sur le terrain et les données politiques, régionales et internationales montrent que les rêves de certains ne se réaliseront pas. 

Je ne veux pas entrer dans le dossier syrien, d'autant que notre position est claire. Je veux simplement dire : mettons ce sujet de côté. Nous ne voulons pas utiliser la situation en Syrie pour imposer notre volonté à d'autres Libanais et que personne ne songe à utiliser ce sujet contre nous. Dialoguons plutôt. Le Liban est notre pays, ce peuple est le nôtre et nous avons nos problèmes, nos composantes et notre diversité. Nous avons nos confessions et des forces transconfessionnelles. Nous avons nos peurs, nos aspirations. C'est pourquoi je souhaite que nul ne traite le projet électoral comme s'il s'agissait d'une simple élection. Même s'ils ne le disent pas clairement, tous considèrent en fait que ces élections jetteront les bases d'une nouvelle ère pour le Liban. 

Je dirais encore que le fait que le pays soit plongé dans l'étude d'une nouvelle loi électorale ne doit pas empêcher le gouvernement de se pencher sur les problèmes quotidiens des citoyens, d'initier un dialogue sérieux et productif avec les syndicats, de traiter le problème de l'Université libanaise, celui des réfugiés syriens et celui des prisons, mais aussi les questions sécuritaires. Je voudrais à cet égard joindre ma voix à ceux qui réclament les procès des prisonniers islamistes. C'est une cause juste. Il y a des détenus emprisonnés depuis 4 ou 5 ans sans procès. On attendait la salle du tribunal, elle est désormais construite. Il faut donc entamer les procès. Le fait de les maintenir sans jugement est une injustice, indépendamment de ce que je pense d'eux. 

Lorsqu'il y a une cause juste, nous devons tous l'appuyer. Il ne s'agit pas de libérer les détenus n'importe comment. Ils doivent être jugés, mais ils ne doivent pas rester des années sans jugement. C'est bon pour les détenus islamistes mais aussi pour tous les détenus dans les prisons libanaises. Nous devons continuer à traiter ces sujets, en tant que Libanais et en tant que gouvernement. La loi électorale ne doit pas nous détourner de ces problèmes. J'espère que le dossier électoral sera traité d'une façon positive avec l'esprit d'arriver à un résultat utile pour le présent et pour l'avenir du Liban. 

Traduit par French.alahednews

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