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Provocation israélienne

Provocation israélienne
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Pierre Rousselin
"Le Figaro"
11 Mars 2010


L'annonce par Israël de la construction de 1600 logements à Jérusalem-Est, le jour de la visite du vice-président américain, Joe Biden, et au moment où s'engagent des négociations indirectes avec les Palestiniens, est une provocation. Qu'une telle décision puisse être prise montre que les discussions à venir n'ont pas beaucoup de chances d'aboutir.
Joe Biden a-t-il flairé un piège? Sa réaction a mis de longues heures à venir et a été plutôt mesurée. Il a «condamné» l'annonce qui avait été faite et a marqué sa mauvaise humeur en arrivant avec plus d'une heure de retard au dîner offert par le premier ministre Benyamin Nétanyahou.
Mais le communiqué du vice-président américain reste modéré. Il dénonce le moment choisi pour cet «acte unilatéral» qui
«sape la confiance». Sur le fond, Joe Biden évite cependant de rappeler l'opposition des États-Unis et de la communauté internationale à la colonisation. Il se garde aussi de rappeler le moratoire temporaire que le gouvernement israélien avait lui-même accepté en novembre pour la Cisjordanie.
Compte tenu de l'appel initial de l'Administration Obama à un gel complet de la colonisation, y compris à Jérusalem-Est, il y a là une évolution très nette de la position américaine, que le gouvernement Nétanyahou cherche apparemment à exploiter.
Si l'on en juge par la réaction très négative de la presse israélienne (l'article de Haaretz), l'affront fait à Biden pourrait toutefois se retourner contre ses auteurs, accusés de compromettre les relations avec les États-Unis.
Provenant des ultraorthodoxes qui tiennent le ministère de l'Intérieur, la provocation montre, en tout cas, que le premier ministre Benyamin Nétanyahou ne contrôle pas les éléments les plus extrémistes de son gouvernement. Il se confirme ainsi que la composition de la coalition au pouvoir en Israël est le principal obstacle à toute avancée du processus de paix.
Alors que les ponts n'ont jamais été coupés entre Israël et l'Autorité palestinienne, le fait que des négociations directes soient impossibles et qu'il faille passer par le truchement de la médiation américaine montre à quel point l'exercice reste formel.
La perspective des élections au Congrès en novembre et l'accumulation de dossiers prioritaires à Washington ne favorisent pas un engagement résolu de la Maison-Blanche, condition indispensable à des progrès.

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