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Maaloula, la ville blessée

Maaloula, la ville blessée
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  Par Souraya Hélou

Pire encore que les combats dans la ville presque sainte de Maaloula, la seule du monde où les habitants parlent encore la langue de Jésus, l’araméen, est la polémique politique qui se développe autour d’elle. Et pire encore que cette polémique politique, c’est le silence coupable des médias occidentaux et celui des responsables des grandes démocraties, qui pourtant seMaaloula, la ville blessée préparent à aller en guerre contre la Syrie, sans tenir compte de leurs opinions publiques peu soucieuses de se lancer dans une nouvelle aventure militaire.

Le spectacle est tellement affligeant qu’on n’arrive plus à trouver des mots pour le qualifier ou le décrire. Plus de 5000 chrétiens, selon l’«Observatoire des Droits de l’Homme» (pourtant proche de l’opposition syrienne), ont été contraints à l’exode, alors que des groupes proches d’al-Qaïda ont investi la localité et s’en prennent à ses symboles religieux, notamment l’église historique de Sarkis et Bakhos et celle de Saint Elias. Malgré cela, les pôles chrétiens du 14 mars n’ont qu’un souci, nier les faits pour ne pas être critiqués par leurs bases respectives pour être les alliés objectifs de ceux qui détruisent les églises et poussent les chrétiens à l’exode. On a ainsi eu droit la semaine dernière à une pertinente déclaration du secrétaire général du 14 mars, l’ancien député Farès Souhaid qui avait estimé que l’attaque de Maaloula est «un coup du régime syrien». Pourtant, n’en déplaise au M. Souhaid, les vidéos mises en ligne par l’opposition syrienne elle-même montrent bien que la localité chrétienne a été investie par les combattants proches du Front al-Nosra. Il y en a même qui est encore plus pathétique que les autres puisqu’elle montre deux sœurs, photographiées de loin pour qu’on ne voit pas la terreur dans leurs yeux et auxquelles un interlocuteur invisible enjoint de raconter comment elles ont été traitées par les extrémistes. D’une voix tout sauf convaincante, les deux sœurs précisent qu’elles sont bien traitées et leurs mots tremblants (on peut voir la vidéo sur youtube) sont plus poignants à entendre que les images les plus cruelles.

Au point que l’on se demande pourquoi elles sont restées sur place, alors que les habitants sont partis? Justement, elles ont écouté ceux qui leur disaient qu’elles n’avaient rien à craindre et qu’il fallait bien garder ces églises si précieuses pour les chrétiens mais aussi pour l’humanité toutMaaloula, la ville blessée entière. Farès Souhaid, ce grand «défenseur de la démocratie et des libertés» n’a que faire de ces détails. Tout comme il refuse de tenir compte du fait que l’attaque de Maaloula a commencé par un attentat suicide contre le barrage de l’armée syrienne à l’entrée de la localité. Cette attaque qui ne peut avoir été accomplie que par un extrémiste -puisque ce sont les seuls à utiliser ce genre de procéder- a tué tous les soldats en poste au barrage et a facilité l’entrée des combattants de l’opposition dans la ville. D’ailleurs, après des affrontements intermittents, lundi le 9 septembre, l’opposition a affirmé qu’elle contrôle désormais la localité. Comment dans ce cas, le régime pourrait-il avoir monté le coup, au risque de perdre cette zone et de donner une victoire gratuite à l’opposition?

Comprenant que M. Souhaid avait fait une déclaration le moins qu’on puisse dire est qu’elle inopportune, le chef des Forces libanaises Samir Geagea a voulu rectifier le tir lundi et il n’a rien trouvé de mieux que d’affirmer que «l’opposition qui contrôle Maaloula n’est pas djihadiste». «Ce sont des membres de l’Armée libre de Syrie». Dans ce cas, pourquoi les églises ont-elles été attaquées et pourquoi dans la vidéo postée sur youtube, les deux sœurs ne précisent pasMaaloula, la ville blessée l’identité de nouveaux occupants de la localité? Et si ces membres de l’opposition sont si rassurants, pourquoi les habitants de la ville ont-ils fui les lieux? Combien de chrétiens doivent-ils encore mourir ou quitter leurs maisons et leurs villages pour que les chrétiens du 14 mars reconnaissent enfin qu’ils ont fait les mauvais choix et qu’ils sont les alliés directs ou non, volontaires ou non, d’al-Qaïda et du Front al-Nosra?

Mais en réalité, comment leur en vouloir, puisque leurs maîtres en Occident, ne font pas mieux? C’est à peine si les médias occidentaux mentionnent Maaloula dans leurs bulletins télévisés ou dans leurs articles, sans parler de l’exode des chrétiens et des destructions systématiques des symboles chrétiens. Ils se contentent de l’évoquer comme s’il s’agissait d’une bataille banale dans la lutte que se livrent les forces du régime et celles de l’opposition. L’Occident chrétien -qui n’a d’ailleurs plus de chrétien que le nom- se soucie bien peu de ces villages à l’origine du christianisme et de ces lieux de pèlerinage qu’ils ne visiteront jamais. Ils ont bien oublié al-Qods occupée (Jérusalem), sacrifiant leur foi à l’autel des intérêts économiques et de ceux des Israéliens. Tout ce qui compte à leurs yeux, c’est que le régime syrien soit brisé et avec lui l’axe de la résistance. Même si pour cela, les chrétiens de la région doivent en payer le prix et si les extrémistes d’al-Qaïda risquent de contrôler la Syrie et les pays voisins. Drôle de stratégie qui pousse l’Occident à s’allier à son ennemi pour se débarrasser d’Assad et de ses alliés. On aurait cru pourtant que la leçon de l’Afghanistan avait été concluante…

Source: french.alahednews

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